Digimon Adventure 02 - Actualité anime

Critique de l'anime : Digimon Adventure 02

Publiée le Vendredi, 01 Octobre 2021

Chronique Partie 1 (épisodes 1 à 21) :

Pour beaucoup, Digimon rappellera un phénomène survenu durant la même période que l'émergence de Pokémon, au tout début des années 2000. Beaucoup trop relégué au rang (mensonger) de clone des monstres de poche, Digimon est tombé dans l'oubli en France durant une très longue période. Aujourd'hui, la saga est présente, bien qu'assez discrète, via la diffusion télévisée des dernières séries en date (Digimon Fusion et Digimon Appmon), tandis qu'ADN et Crunchyroll ont permis de remettre sur les devant les séries dites « Adventure », correspondant aux histoires que nous avons connu il y a une vingtaine d'années. N'oublions pas non plus la sortie cinéma du film Digimon Adventure : Last Evolution Kizuna dont on attend toujours une édition physique, ne serait-ce pour honorer les efforts faits sur cette sortie et du doublage français qui a été enregistré à l'occasion.

Crunchyroll, c'est un peu l'un des sauveurs de Digimon en France. Tandis qu'ADN propose en VOD les trois premières saisons dans leurs versions françaises, autrement dit celles reprises du charcutage et meurtre artistique commis par la société Saban, Crunchyroll a eu l'initiative d'entamer la diffusion de ces premières saisons... en version originale sous-titrée ! Une première chez nous, qui nous permet d'enfin découvrir les séries dans leur forme véritable. La première saison, Digimon Adventure, fut mise en ligne en janvier 2021, et c'est de manière logique que Digimon Adventure 02, sa suite directe, a suivi le pas durant le printemps.

Au Japon, cette deuxième série fut lancée une semaine après la fin de la première, le 2 avril 2000. Un tout petit peu plus courte (50 épisodes contre les 54 de la première saison), elle reste chapeautée par Hiroyuki Kakudô au sein du studio Toei Animation. L'écriture du scénario est assurée par Atsushi Maekawa et Genki Yoshimura, bien qu'il faille noter les noms de Hiro Masaki, Reiko Yoshida et Yoshio Urasawa sur les scripts de plusieurs épisodes. Chiaki J. Konaka fut même de passage sur un épisode, mais nous y reviendrons. Puis, en terme de retour, l'immanquable Katsuyoshi Nakatsuru revient signer le character-design, tandis que le compositeur Takanori Arisawa apporte de nouvelles mélodies aux côtés des anciennes qui sont reprises.

Étant donné la longueur de la série, nous la décortiquerons à travail deux chroniques. Cette première partie traite des épisodes 1 à 21, correspondant à l'arc du Digimon Kaiser.


Trois ans après l'Aventure

Trois années se sont écoulées depuis le périple des enfants élus dans le monde digital, qui s'est soldé par la défaite d'Apocalymon, ramenant l'ordre des deux mondes à leurs états initiaux. Ces enfants ont grandi, Taichi et Yamato étant devenus collégiens. Takeru et Hikari, eux, sont désormais en fin d'école primaire et se retrouvent dans la même classe, au grand damne de Daisuke, un garçon idolâtrant Taichi et ayant un sérieux béguin pour la petite sœur de ce dernier. Mais derrière cette paix se cache un mal grandissant : Le monde digital est en proie à la menace d'un jeune humain qui s'est autoproclamé « Empereur des Digimon », et réduit les monstres en esclavage. Ce dernier met au point des tours noires, empêchant aux créatures des enfants élus d'évoluer et d'affronter cette menace.

Alors, il semble qu'une nouvelle génération de sauveurs doive prendre le relais. Daisuke mais aussi deux autres enfants, Miyako et Iori, se voient remettre des digivice d'un nouveau type, tandis que ceux de Takeru et Hikari prennent une forme similaire. A eux cinq, ils repartent dans le monde digital pour lutter contre l'Empereur des Digimon. Leur arme ? Un nouveau type d'évolution, le seul capable de résister aux tours noires.


Nouveau départ sur de nouvelles bases

Faire une suite d'une histoire qui semblait achevée, et ce sans se répéter, voilà le défi que devait relever la seconde série Digimon. Pour cela, c'est la carte de l'ellipse qui est jouée, une astuce permettant à la fois de mettre en avant une nouvelle génération de jeunes héros tout en donnant aux anciens des rôles de mentors mis en retrait par la très pratique présence des tours noires, empêchant les créatures que nous avons connu d'évoluer de manière classique.

Il fallait aussi raconter un nouveau scénario sans répéter l'ancien. Ainsi, si la saison première enchainait les digimon maléfiques en guise d'ennemis, le premier grand arc d'Adventure 02 fait un choix opposé avec l'Empereur des Digimon en guise d'antagoniste. L'écriture se voit ainsi poussée plus loin peu à peu, de manière à faire de cet adversaire une figure tragique et ne pas seulement la cantonner au rôle de grand méchant manichéen. Détestable à première vue, Ken Ichijôji devient peu à peu un personnage intrigant, un enfant délaissé qui ne s'est pas épanoui comme les autres. Ainsi, le choix est innovant par rapport à la série précédente, et on en vient à suivre ce premier arc à la fois pour les péripéties proposées, mais aussi pour l'évolution accordée à son grand adversaire.

Et du côté des héros, il faut s'accomoder avec une nouvelle brochette de personnages, mis à part Takeru et Hikari que nous retrouvons avec une poignée de centimètres et quelques années de plus. Là sera peut-être le plus délicat challenge d'Adventure 02, celui de parvenir à mettre de côté dans notre esprit les enfants attachants et forts que sont Taichi et son groupe pour accepter trois nouveaux héros assez différents. Daisuke joue davantage sur la figure du héro raté car tourné en dérision tantôt que Miyako est une aventurière passionnée et intrépide, et Iori une graine d'intellectuel assez renfermé sans pour autant être une copie d'Izumi. Et là aussi, le choix d'écriture est à l'opposé de la saison une. Celle-ci présentait peu à peu des personnages souffrants de tourments familiaux, notamment, mais ces nouveaux héros ne posent pas ces problématiques. L'aspect sociétal est donc présenté par le prisme de Ken, le fameux Digimon Kaiser, un choix sacrément osé pour une série jeunesse de petits monstres.

Enfin, les codes de l'univers Digimon profitent d'une facette nouvelle via ce premier arc : Les armor-evolutions. En soi, l'idée ne change pas grand chose, et vient même créer des rapports de puissance un peu confus. Néanmoins, on a droit à notre lot de transformations stylisée qui, dans l'identité, symbolisent l'héritage par rapport à la génération précédente de sauveurs.


Un premier arc clair, dense... mais long ?

L'arc narratif le plus long de la première série était celui dédié à Vamdemon (ou Myotismon), ce qui se justifiait par le nombre de rebondissements et un découpage en deux parties, celle impliquant le monde réel s'enrichissant d'ailleurs d'une belle montée en puissance. Mais ici, difficile de faire les mêmes éloges puisque l'histoire de l'Empereur des Digimon présente finalement une trame plutôt évidente, et un rythme très routinier qui peut donner l'impression de remplissage.

Le scénario n'évoluera pas tant dans cette vingtaine de premiers épisodes, si ce n'est le développement de Ken et l'apparition progressive des différentes transformations, à la manière de la saison une. Seulement, là où les évolutions de la série précédente permettaient au scénario de mettre le doigt sur les dilemmes de chaque enfant élu, la démarche est bien moins claire dans le début de 02. Une transformation intervient avant tout pour dénouer une situation, brodant au passage quelques états d'âme du héros concerné au moment opportun. Rien d'aussi poignant donc, bien que les aventures en elles-mêmes profitent de rythmes soutenus, et que la totale redondance est évitée par les retours ponctuels des anciennes vedettes de la série. Mais au final, c'est un arc qui tire en longueur qui s'offre à nous, avec bien 5 ou 6 épisodes qui ont l'allure d'un gain de temps. Fort heureusement, ces premiers épisodes nous ravissent d'une ambiance un peu différente et basée sur les allers et retours entre le vrai monde et le monde digital, une double alchimie pour le coup inédite et qui débouchent sur de savoureux instants de tranche de vie. Aussi, le final de l'arc nous récompense de notre patience de par ses teintes tragiques qui honorent l'antagoniste que fut Ken, un personnage qu'on retrouvera dans la seconde partie... dans un tout autre camp.

Et si on évoque la formule de cet arc, difficile de ne pas évoquer le fameux épisode 13. Une aventure qui a un ton résolument différent, sombre et empruntant aux ambiances lovecraftiennes. Un épisode presque hors du reste, quu n'hésite pas à proposer ses propres trouvailles qui seront ponctuellement évoquées par la suite, mais jamais développées comme il se doit. Le scénariste de cet épisode, c'est un certain Chiaki J. Konaka qui écrira Serial Exmeriment Lain, plusieurs épisodes de RahXephon et de Devilman Lady, ainsi que l'entièreté du scénario de Digimon Tamers, la troisième saison. L'auteur a sa vision de l'histoire, ce qui poussera probablement Toei à lui confier le scénario de toute une saison. On pourrait d'ailleurs évoquer la récente polémique autour de scénario drama écrit à l'occasion des 20 ans de Tamers, un écrit complotiste évoquant la cancel culture qui a largement fait parler de lui sur la toile, mais là n'est pas le sujet. Peut-être dans un futur dossier sur cette troisième saison, qui sait ?


Une technique toujours limitées (mais qui a son charme)

Produite directement après la première saison, Digimon Adventure 02 conserve les attraits de production de sa grande sœur. Aussi, la réutilisation de séquences reste une manœuvre importante des équipes de Toei Animation, surtout en ce qui concerne les séquences d'évolutions ou animations d'attaque. A vrai dire, les spectateurs bien habitués à la saga depuis ses débuts accepteront ceci comme faisant partie de l'ADN de l'œuvre, d'autant plus que la série a de petits atouts techniques sous sa manche.

C'est encore une fois la direction artistique, notamment celle des décors, qui donne un cachet aux premières séries Digimon. Adventure 02 garde donc les tons pastels si chers à sa préquelle, une simple patte qui confère à l'univers une couleur véritable. Et si les belles séquences d'animation se font rares, le dynamisme du montage reste de mise, et quelques scènes bien inspirées, à défaut de favoriser le mouvement, viennent appuyer l'élégance du bestiaire.


De la version occidentale à la VO (bis)

En février dernier, nous orientons largement notre chronique autour de Digimon Adventure sur les différences entre la version originale, que nous pouvions découvrir pour la première fois, et la version française basée sur l'adaptation de la société Saban. Un constat que nous pouvons établir, de nouveau, avec Digimon Adventure 02.

Et comme on pouvait le souligner pour Adventure premier, si l'intrigue de cette suite reste globalement la même, c'est bien les changements d'ambiance qu'on ne peut ignorer. La version française est reconnaissable par sons script très orienté humour, désamorçant parfois des situations critiques ou dramatiques. Bien entendu, cet aspect ne se retrouve pas dans cette première partie de séquelle, quand bien même les caractères de quelques personnages mèneraient à plusieurs séquences comiques. Daisuke, toujours dans l'ombre de Takeru dans sa course pour le cœur de Hikari, est un très bon exemple. Mais ces moments de légèretés sont présentés quand il le faut, au moment où le récit est posé et peut se permettre quelques élans d'humour. Car lorsque les batailles mettent en jeu la vie des personnages ou que des moments intenses surviennent, il n'est pas question pour le script de virer dans le calembour.

Musicalement, on peut apporter une petite nuance dans notre comparatif. La version Saban de Digimon Adventure 02 était marquée par une utilisation plus hargneuse de chansons rock, interprétées dans la langue de Molière par Claude Vallois, le même qui a chanté le fameux générique français. Ces chansons apportaient une ambiance endiablée à leur manière, une touche occidentalisée certes, mais qui pouvait avoir son effet. Bien-sûr, les compositions de Takanori Arisawa (parfois reprises de la série précédente, bien que de nouvelles pistes soient de la partie) donnent un rendu différent et soulèvent la pluralité des tons possibles. A côté, le chanteur Ayumi Miyazaki pousse la chansonnette sur un nouveau thème d'évolution, Break Up!, dont le rythme posé monte crescendo pour donner aux batailles une vaillance efficace. Et puisqu'on parle de musique, difficile d'ignorer le nouveau générique d'ouverture, Target ~Akai Shôgeki~ interprété par le regretté Kôji Wada, une chanson plus épique que Butter-Fly, prônant davantage l'intensité des batailles à venir plus que de représenter une ode à l'aventure comme ce fut le cas dans Adventure premier.


Conclusion

Malgré quelques limites, la première partie de Digimon Adventure 02 se révèle brillante de par sa manière de renouveler le récit tout en respectant la formule. On ressent alors la respect de l'ADN de la première œuvre, mais une volonté de faire évoluer certains codes, quitte à prendre quelques contrepieds. Le résultat est des plus honnêtes, et garni de très bonnes idées qui amènent un final d'arc poignant. Maintenant... qu'attendre de la suite ? Il faut dire que l'Empereur des Digimon était présenté comme le grand méchant, quand quelques pistes parallèles n'ont plus été exploitées depuis (cf le fameux épisode 12). Il reste pourtant 29 épisodes avant la fin de la série, car cette saison 2 aura encore bien des choses à proposer, ce qui la poussera parfois à aller encore plus loin dans l'opposition avec la série précédente.

Dans tous les cas, découvrir la seconde série Digimon dans sa langue d'origine, avec toutes les petites richesses que ça implique et dans une version haute-définition remasterisée, constitue un certain plaisir. La seule bévue vient de l'adaptation parfois maladroite de Titrafilm qui, ayant parfois le postérieur entre deux chaises entre la traduction d'époque et une version plus fidèle, cumule quelques approximations.



Partie 2 (épisodes 22 à 50) :

Digimon Adventure 02 est une série qui se démarque de l'œuvre précédente, Digimon Adventure, dans son découpage. Différents arcs, certes, mais tous étant liés dans une seule et même intrigue et connectés par divers liens si bien que c'est dans son ensemble que l'anime doit être véritablement considéré.

Dans une première partie, nous dressions un bilan des 21 premiers épisodes, soit un peu moins que la moitié de l'œuvre, afin de cibler uniquement l'arc du Digimon Kaiser. Une première partie forte dans ses enjeux, ses développements et son climax, mais qui souffrait de petites longueurs ci et là. Au sein de ce nouvel écrit, c'est sur les 29 épisodes restants que nous nous penchons.


Retour à la maison

L'arc du Digimon Kaiser s'achevait sur la défaite du fameux empereur autoproclamé. Plus qu'un échec, c'est une chute en enfer qui l'a attendu. Loin d'être un tyran conscient, le despote pensait incarner un méchant dans un monde purement virtuel, croyant fermement que les digimon ne sont qu'un amas de données et non des êtres doués de conscience et de parole. Le sacrifice de Wormmon lui a ouvert les yeux : Ce qui a fait est cruel est impardonnable, et c'est dans ces conditions qu'il abandonne son costume d'empereur, afin de regagner le monde réel.

La nouvelle génération d'enfants élus peut savourer sa victoire, tout en se questionnant sur le devenir de Ken Ichijôji. Alors que la chasse aux tours noires restantes se poursuit, le petit groupe vaque à de nouvelles aventures, les nouvelles recrues découvrant même les joies de l'évolution classique, non liée à celle des digimental. Mais peu à peu, la vraie menace sort de l'ombre. Deux individus, Arukenimon et Mummymon, transforment les dernières tours noires en des digimon factices qui sèment le chaos. Après avoir retrouvé l'œuf de Wormmon, Ken retourne dans le monde digital pour affronter ces ennemis, faire cavalier seul et ainsi opérer sa rédemption. Seulement, les enfants élus et l'ancien empereur devront bien unir leurs forces face à ces ennemis qui préparent une opération qui impactera aussi le monde réel...


Une suite qui entre dans le vif de son sujet

Le premier arc, celui centré sur le Digimon Kaiser, ne permettait de voir la construction globale de la série qu'à travers de maigres indices. Les événements de la deuxième moitié de la série confirment rapidement que la longue phase de l'empereur n'était qu'une étape, une partition jouée par des figures de l'ombre qui ont encore bien des plans en tête. Ainsi, à travers différents petits arcs, Digimon Adventure 02 opère au sein d'un unique scénario, connectant ses différents points jusqu'à mener la série vers des derniers épisodes qui montreront tardivement les véritables antagonistes. Connexions avec la première série côtoieront un développement conséquent de l'univers Digimon Adventure, pour un ensemble cherchant à la fois à rester fidèle envers les spectateurs de la première œuvre qu'à tenter de nouvelles choses, quitte à ce que ce soit maladroitement fait par moment.

Les épisodes 22 à 50 font bel et bien entrer la série dans une autre phase, plus dense et concrète, qui s'éloignera de toute linéarité pour proposer des péripéties dignes du terme « Adventure » du titre de la série. De l'exploration du monde digital jusqu'à des opérations qui mèneront les enfants élus aux quatre coins du monde, voire même dans des univers parallèles (un point très mineur mais présent), cette deuxième moitié se montre moins sage dans la forme et totalement dépaysante, une sensation qui nous ramène forcément à la saison première.


La suite de la série confirme aussi l'une de ses ambitions : Mettre les antagonistes au premier plan. Adversaire du premier arc, Ken Ichijôji revient cette fois en ami et allié, profitant d'un arc de rédemption aussi juste que touchant, lui permettant même de voler la vedette à ses congénères à bien des moments. Côté ennemis, un certain Blackwargreymon se dote aussi d'un certain panache de par sa complexité qui rappellera, à certains instants, un Mewtwo de Pokémon mais en bien plus violent. Et si on ne nommera par les deux véritables figures de l'ombre, l'une d'entre elles s'accordera aussi notre empathie durant le final de la série. Un final audacieux puisque celui-ci ne fait pas la part belle à l'épique mais à la grande humanité du titre, se faisant relief de la passion du spectateur pour le monde numérique.

Et parmi les belles idées mises en exergue par cette seconde moitié de série, on appréciera le relief pris par Daisuke, Miyako et Iori, les nouveaux venus qui manquaient parfois de panache à côté des anciens. Si les élus de la première série, aujourd'hui collégiens, conservent leurs rôles de mentors très bien dosés, les trois nouvelles tête du groupe central profite de plus d'interactions les uns avec les autres, et de caractères plus appuyés et nuancés. Prenons en exemple l'idée du remord dans le fait d'ôter la vie à un autre digimon, très présente dès les premiers épisodes de cette seconde partie, qui sera toujours traitée avec fatalité et sérieux pour le bien du scénario. A priori, Digimon Adventure : a totalement occulté cet aspect des œuvres sur lesquelles elles s'appuient.


Plus d'ambition, mais beaucoup de confusions

Par bien des points, les derniers arcs de Digimon Adventure 02 permettent d'établir un constat positif de la série. La séquelle de Digimon Adventure tente bien des choses et ne reste jamais dans sa zone de confort, fait progresser les personnages mais aussi l'univers, et s'adapte à la psychologie des fans de la première heure qui ont grandi d'un an depuis le lancement de la saga animée. Même aujourd'hui, certaines thématiques nous apparaissent pertinentes avec un regard adulte, au même titre qu'Adventure premier du nom, mais par des idées nouvelles.

Pourtant, il y a quelques points d'ombre au tableau, notamment les différentes directions du scénario qui sont empreinte de confusion. L'intrigue globale a été écrite par Atsushi Maekawa et Genki Yoshimura, là où celle de la première série était entièrement orchestrée par Satoru Nishizono. Peut-être est-ce cette dualité qui a mené à un manque d'équilibre entre de nombreux aspects, comme le plan de l'ennemi qui semble bafouiller, le contexte actuel qui manquait de teneur, certains adversaires qui ne s'imposent pas vraiment, ou des concepts qui ne trouvent qu'une place très maigre dans ce vaste ensemble (on pensera forcément à la Mer Obscure, idée amorcée dans le remarquable épisode 13 si particulier dans son ambiance). Les wagons sont toujours raccrochés, mais de manière parfois brutale, comme l'atteste l'épisode 37 qui connecte le plus d'éléments possible, et par tous les moyens. Beaucoup, beaucoup d'idées donc, pour le bien de la série souvent, mais qui constituera aussi ses aspects les plus maladroits. Il aurait fallu plus d'épisodes, ou une annulation des péripéties non indispensables à l'histoire, pour aborder cet ensemble correctement. Qu'à cela ne tienne, la série canonique suivant, Digimon Adventure tri, saura être encore plus maladroite (malgré tous ses bons points).


Le passage de la VO à la version occidentale (encore)

On aura beau rabâcher, il convient de mettre en lumière tout le mal qu'a fait la société Saban aux premières séries Digimon dans son processus de retouches/adaptations pour un public qu'elle ne pensait pas apte à recevoir tant de singularités techniques. On ne reviendra pas sur le massacre des scripts, car c'est un point de vue musical qui nous intéresse dans cet écrit.

Les génériques ont été remplacés, de même que la bande-originale de Takanori Arisawa, c'est un peu. Voir la série sur Crunchyroll permet de la découvrir en bonne et due forme, aussi on apprécie que les pistes composées pour les films soient aussi présentes pour ajouter d'autres dimensions. Parmi les grands absents de la VF mais que nous retrouvons dans cette deuxième partie, il y a deux insert-songs qui font peut-être partie des meilleurs de la licence Digimon. D'abord, la chanson Beat Hit chantée par Ayumi Miyazaki donne une ampleur épique aux évolutions Jogress, le concept de fusion propre à Adventure 02. Une piste entrainante et une véritable ode à la victoire sont on ne se lasse pas malgré l'omniprésence sur la vingtaine de derniers épisodes. Puis, il y a Bokura no Digital World, une chanson terriblement douce et mélancolique qui symbolise à la fois les adieux au monde numérique que la fin poignante de la série. A l'époque, Digimon Adventure 02 concluait le premier univers Digimon, aussi la chanson se dotait d'un sens fort. Le regretté Kôji Wada, la chanteuse AiM et les seiyû de la série donnent lieu à une bien jolie chorale qui restera dans les esprits, et fera peut-être couler quelques larmes.


Aventure non sans bémol, mais aventure marquante

Digimon Adventure 02 a, longtemps, été un vilain petit canard. Considérée comme bien moins bonne que la première série Digimon, cette saison 2 peinait aussi à convaincre par son casting principal, malgré ses antagonistes passionnants. La version originale est l'occasion de donner une seconde chance à l'œuvre et d'en apprécier toute la réelle portée. L'œuvre a des défauts, d'écriture notamment sans compter la technique limitée garnie de très nombreuses reprises de séquences d'animation, mais possède aussi ses petites richesses et une fin poignante. Il convient alors d'apprécier cette séquelle pour ses propres ambiances et ses multiples audaces scénaristiques, quand bien même la balance de progression soit parfois mal équilibrée. Crunchyroll a fait un vrai cadeau aux fans en proposant la version originale de la série restaurée (malgré les sous-titres de Titrafilm parfois aux fraises), et il convient de les saluer.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

14.5 20