Dernier train pour Busan - Actualité anime

Dernier train pour Busan : Critiques

Critique du film : Dernier train pour Busan

Publiée le Jeudi, 01 Janvier 1970

Depuis une décennie environ, les films coréens (ou Asiatiques en général) sortent de plus en plus souvent de leurs frontières et nous parviennent plus facilement, plus besoin de passer par des sites de fans pour se tenir au courant de l'actualité cinématographique asiatique (encore que...) "Dernier train pour Busan" en est encore un bel exemple!
Réalisé par Yeon Sang Ho, qui est loin d'être un débutant, mais dont c'est le premier film en prises de vies réelles, le film nous raconte le périple de quelques survivants à bord d'un train tentant d'échapper à un virus zombie...des zombies qui ont décidément la côte depuis quelques années, qui n'ont jamais autant été à la mode, et qui pourraient presque commencer à lasser!
Dans ce contexte où on nous sert du zombie à toutes les sauces, il faut savoir tirer son épingle du jeu pour ne pas faire quelque chose de déjà vu et éviter les maladroites comparaisons avec Walking Dead, série qui a certes démocratisé et popularisé les zombies, mais qui n'a rien inventé non plus!
Pourtant au milieu de cette surenchère de zombies, les films asiatiques les mettant à l"honneur sont bien peu nombreux...donc quelque part Dernier Train pour Busan se présente presque comme une exception qui intrigue...


Sok Woo vit à Séoul avec sa jeune fille Soo Ahn, mais il est bien peu présent pour cette dernière, se laissant déborder par son travail de Trader. La petite fille veut retourner voir sa mère qui vit à Busan, son père lui promet de la conduire à la gare le lendemain...
Le matin suivant le père et la fille montent dans un train pour Busan dans lequel s'engouffre une jeune femme semblant être malade...elle finira par dévorer une hôtesse...
Dans le train, les différentes chaînes de télé annoncent que c'est la panique en Corée, suite à des attaques violentes de gens "contaminés"! Les passagers prennent peur, d'autant que le virus se répand à travers les wagons! Un petit groupe de survivants va alors tout tenter pour survivre et atteindre Busan en vie...il paraît que la ville a échappé à la contamination et qu'elle est protégée par l'armée...


Très rapidement, suite à la scène d'ouverture nous montrant un livreur renverser une biche qui va se relever alors que ce dernier avait constaté son décès, on comprend à quoi on a affaire (pour ceux qui vont voir un film sans savoir de quoi il s'agit)... Le ton est donc donné d'emblée et les choses vont aller très vite ensuite. Le film prend juste le temps d'introduire les deux personnages principaux, expose la distance qui les sépare, l'incompréhension de ce père pour sa fille, et très vite on monte dans le train. Là encore on découvre quelques personnages dont on devine qu'ils auront un rôle plus ou moins important pour la suite (sinon pourquoi nous les présenter?) et on entre dans le vif du sujet!
La contamination commence et avec elle tous les artifices liés à ce genre de films: la peur et l'angoisse qui prennent le pas sur tout le reste, la méfiance qui séparent les passagers, l'incompréhension bien sûr et cette volonté de sauver ses proches quitte à sacrifier les autres...a ce niveau donc "Dernier Train pour Busan" n'invente rien, c'est du déjà vu, et si le huis clos apporte forcément un élément narratif fort et permettant de faire monter encore plus l'angoisse, là encore ce n'est pas nouveau...
Et pourtant on se laisse très vite prendre au jeu et on se laisse porter par la mise en scène de  Yeon Sang Ho très dynamique et alternant les plans ingénieux et angoissants.
La bonne idée du film est que contre toute attente, il ne s'agit pas réellement d'un huis clos, du moins pas sur toute sa longueur, puisqu’à plusieurs moments dans le film les personnages, et donc les spectateurs, sortent du cadre du train et de ses wagons étroits et laissant peu de place à la fuite...
Un peu d'air donc, mais pour mieux nous ramener dans un espace clos et réduit... Ces quelques moments où le spectateur pense pouvoir respirer un peu ne sert qu'à renforcer la menace extérieure et donc à presque donner le sentiment que ce train plein de zombis est plus sécure que ne l'est un espace ouvert...après tout dehors la menace peut venir de partout, dans le train elle ne peut venir que de deux directions, devant et derrière, et on peut toujours fermer les portes pour laisser les mangeurs de chair derrière soi...


Le film se présente donc comme une fuite en avant, une fuite des villes contaminées vers un endroit plus sur à bord d'un train qui ne peut plus faire marche arrière, et une fuite vers les wagons de tête pour laisser un maximum d'espace entre les contaminés et les non contaminés...
C'est là que la dimension humaine du film entre en jeu: pour citer Walking Dead, parce qu'il fallait bien le faire au moins une fois, la menace ne vient pas seulement des morts, mais aussi des vivants: alors que certains personnages s’entraident, d'autres, plus égoïstes, provoquent la mort d'autres non contaminés! Et à ce niveau on reconnaît le tour de force du réalisateur par l'implication du spectateur qui en arrive à ressentir de la colère pour ces fameux égoïstes (qu'on identifie dès le début du film)... Là encore rien de neuf, mais qu'importe à partir du moment où c'est bien fait...ce qui est sans nul doute le cas ici!


Plus qu'un simple plaisir régressif de film de zombies, on trouve un message engagé du réalisateur qui condamne l’égoïsme et la recherche du profit, quel qu'en soit le prix. Là encore rien de bien neuf, mais le message est clair et Yeon Sang Ho insiste dessus!
La cause du virus est clairement identifiée, une société de produits chimiques, la chose ayant été favorisée par les actionnaires et les boursicoteurs qui ne se souciaient que du profit. Et ce n'est pas un hasard si le personnage le plus détestable du film n'est autre qu'un patron égoïste ne se souciant que de son propre bien-être!

Mais à côté de ça, la force du film est qu'on s'attache grandement aux personnages, même si rapidement on devine que le rôle de certains n'est que de se sacrifier!
Le père, remarquablement interprété par Gong Yoo, mannequin, mais surtout remarquable acteur, va évoluer tout au long du film pour passer de l’égoïste capitaliste à l'altruiste se sacrifiant pour ses proches. La relation avec sa fille est incroyablement touchante et parviendra sans trop de peine à vous tirer quelques larmes.
A leurs côtés on trouve d'autres personnages forts comme cette femme enceinte, très protectrice envers Soo Ahn et son colosse de mari qui malgré son apparence de brute va se montrer lui aussi très protecteur...


Le film est porté par une musique forte, bien que discrète, qui accompagne le spectateur dans les moments clés du film.
La réalisation est tantôt dynamique et nerveuse, tantôt plus posé, marquant l'alternance entre les moments de folie et de répits. Yeon Sang Ho se sert de son expérience d'animateur pour rendre le film très "graphique" et cela fonction merveilleusement bien!
Le doublage est sans faille et se montre à la hauteur du film!

Certes le sujet n'a rien d'original, le déroulement du film ne l'est pas forcément plus, mais au-delà du simple film de zombie, Dernier Train pour Busan est un film fort et touchant traitant des relations humaines, plus émouvant qu'effrayant, il vous marquera sans nul doute!
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20