Demon Slayer - Film - Le train de l'infini - Actualité anime
Demon Slayer - Film - Le train de l'infini - Anime

Demon Slayer - Film - Le train de l'infini : Critiques

Critique de l'anime : Demon Slayer - Film - Le train de l'infini

Publiée le Jeudi, 20 Mai 2021

On ne fera pas l'affront de présenter Demon Slayer tant l’œuvre fut le sujet des gros titres du monde de la pop-culture japonaise, ces deux dernières années. Le manga de Koyoyahu Gotôge, mêlant l'action au fantastique dans un Japon du début du XXe siècle, a vu sa popularité exploser avec la première saison de l'adaptation animée diffusée entre le 6 avril et le 28 septembre 2019. Produite par Ufotable sous la direction de Haruo Sotozaki, celle-ci jouit d'une qualité technique quasi irréprochable pour un format de série télévisée, et a su tirer parti du récit d'origine pour en proposer une version où l'intensité dramatique est d'avantage maîtresse, aboutissant à un divertissement intense, sans grandes prétentions scénaristiques, mais suffisant pour permettre à l'aventure de Tanjirô de nous porter et de nous faire vibrer.


Le résultat fut surprenant : Phénomène de société grâce à cette adaptation, les chiffres de vente du manga ont explosé au point qu'il soit le plus vendu au Japon l'année passée, avec plus de 82 millions d'exemplaires écoulés entre décembre 2019 et décembre 2020, loin devant Kingdom 8,25 millions qui occupent la seconde place du podium. Du côté de la France, le relancement du manga chez Panini suite au succès de l'anime a permis a l'éditeur d'avoir son nouveau mastodonte, dont les 2 millions d'exemplaires écoulés depuis ce nouveau départ permirent de porter sa politique de renaissance qui a permis à des titres comme Eden et Banana Fish de profiter d'un retour remarqué.

L'anime ne pouvait se suffire d'un format de 26 épisodes, étant donné son succès. Aussi, sa suite directe prend la forme d'un long-métrage qui voit le jour au Japon le 16 octobre 2020. Là aussi, le succès est aussi phénoménale que sociétale, le long-métrage devenant le plus gros succès du cinéma d'animation au Japon, dérobant la place de l’œuvre Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki.
Le film profite de l'exacte même staff principal que pour la série. Haruo Sotozaki a repris la direction, Akira Matsushima le character-design, et Go Shiina la composition musicale. De notre côté, la sortie du film se sera faite attendre à cause de la crise sanitaire ayant entrainé une nouvelle fermeture des établissements culturels, dont les salles obscures. C'est donc le 19 mai que Demon Slayer : Le train de l'infini voit le jour chez nous, et largement distribué via différents réseaux dont CGR.


L'arc du train de l'infini

Fait peu commun dans les adaptations fleuves de séries issues du Jump, le film Demon Slayer n'a rien d'un filler puisqu'il adapte un arc canonique du manga de Koyoharu Gotôge. L'ambition du long-métrage n'est autre que de prendre la suite de la première saison de l'anime, tandis que la seconde saison assurera sa succession. Il faudra donc passer par tous les formats audiovisuels pour profiter de l'ensemble de l’œuvre principale, ce qui rompt avec une politique visant à faire de ce type de films des morceaux destinés aux fans avant tout, et s'éloignant de la trame principale.

Dans le manga, l'arc du train de l'infini est condensé dans les volumes 7 et 8, précisément dans les chapitres 54 à 66. Après avoir repris des forces et même profité d'un entraînement dans la demeure de Shinobu, l'un des piliers des Pourfendeurs, Tanjirô, Zenitsu et Inosuke sont conviés à un voyage en train aux côtés du pilier de la flamme, Kyojuro Rengoku. Le trajet ne sera pas un simple moment de détente puisque le quatuor a une mission bien précise : Détruire le démon qui se trouve à bord et qui a déjà provoqué la disparition de dizaines d'individus, dont celle d'autres Pourfendeurs.

Rapidement, Rengoku montre tout son talent en débusquant l'ennemi à bord de l'engin. Mais tous sont finalement tombés dans le piège du véritable adversaire dont le pouvoir lui permet de plonger ses victimes dans un profond sommeil, afin de les attaquer au sein de leurs rêves...


Un déluge d'action à bord

L'arc du train de l'infini survient après un passage d'accalmie dans le grand récit de Koyoharu Gotôge. Le moment de l'entraînement de la fine équipe chez Shinobu était une transition entre deux parties intenses du manga, aussi cette intrigue est un vrai sursaut après une instant plus serein. Huit-clos au bord d'un train, teinté d'action, le scénario de l'arc constitue en réalité une seule même et grande bataille contre un ennemi rapidement défini. Ce dernier, ou plutôt ses pouvoirs, amènera des complications propices à quelques développements. Des situations inextricables à première vue, dont le quatuor phare de l'aventure devra se défaire avant de pouvoir faire parler l'épée et les souffles dans une intense bataille.

La construction de cette histoire est donc particulièrement simple, et pourtant prenante de A à Z. En soit, l'arc du train de l'infini n'est qu'une mission parmi d'autres dont les principaux arguments (surtout dans cette version cinéma) sont l'action et la réalisation. Pourtant, ce n'est pas un arc à part de l'intrigue de Demon Slayer puisque la présence de Rengoku permettra d'éventuelles révélations sur la fameuse « Danse du dieu du feu », technique dévoilée par Tanjirô contre Rui, l'une des Lunes Inférieures de Muzan, vers la fin de la saison première de l'anime. Et parce que les premiers événements de la seconde saison découleront directement de l'issue du film, difficile de faire l'impasse sur celui-ci si on souhaite suivre l'adaptation animée du début à la fin.

Dans sa construction, l'intrigue du train de l'infini est fidèle à ce qu'a proposé Demon Slayer depuis ses débuts, et assure ainsi sans mal le divertissement dans sa version audiovisuelle. Finalement, seule l'utilisation de la CGI pourra éventuellement diviser dans le visionnage. Si la réalisation de Haruo Sotozaki reste spectaculaire, notamment lors de ses grandes séquences de combat cruciales qui utilisent astucieusement les éléments 3D pour esthétiser les pouvoirs des personnages, on pourra tiquer sur la « transformation » de l'ennemi principal dont la représentation tranche avec le reste de la patte visuelle du film. Chacun sera donc juge, tout en sachant que ce type de scission visuelle est désormais monnaie courante dans les longs-métrages du genre, quand il s'agit de représenter un élément de design imposant ou grotesque qui joue une place centrale dans la production. Cet aspect technique se voit heureusement contrebalancé par tout le reste de l'aspect graphique du film : Dantesque et époustouflant, surtout dans ses affrontements finaux. Autant dire que l'expérience en salle se révèle ainsi optimale pour profiter du métrage.


L'adaptation, toujours en fidélité et drame

La marque de fabrique de l'anime Demon Slayer se divise en deux aspects. D'une part, la qualité technique parfois hors norme de quelques épisodes étonnants dans leurs séquences d'animation, un point que l'on retrouve dans le film comme nous l'avons dit (quand bien même il est difficile d'égaler la fameuse scène de la « Danse du Dieu du Feu » de l'épisode 19). D'autre part, la vision purement dramatique qu'offrait la première saison de l'anime différait assez du manga, la patte de Koyoharu Gotôge étant globalement plus légère. Les ambiances de la version animée offraient une dimension beaucoup plus mélancolique à certains développement, ce qui a contribué à rendre ceux-ci impactants malgré leur simplicité apparente.

Le film Demon Slayer : Le train de l'infini joue naturellement dans ces deux optiques, afin de conserver une cohérence vis à vis de la première saison. Il faut dire que certains basculements de l'intrigue de l'arc étaient propice à une proposition mettant le drame au premier plan, afin d'émouvoir facilement le spectateur. La fin, déjà très forte dans le manga d'origine, est particulièrement marquante dans son tragique, au sein de cette version animée. Mais c'est aussi tout le passage central des « rêves » de certains personnages qui sont croqués avec beaucoup d'émotion. Et là aussi, avoir fait l'expérience de la première saison est indispensable car ce n'est qu'en connaissant Tanjirô et son parcourt que le spectateur se verra concerné par les regrets du héros, mis en avant lors d'une bien jolie scène.


Le seul aspect sur lequel néophyte comme spectateur/lecteur confirmé seront sur un même pied d'égalité, c'est concernant le personnage de Rengoku. Figure importante du métrage au point d'en être le héros aux côtés de Tanjirô, sa place est parfaitement équilibrée tant il parvient à briller sans voler la place du protagoniste de l’œuvre. Au contraire, son moment de gloire est légitime en terme de démonstration de puissance, et servira à terme le trio central. On ne peut dire totalement que Rengoku porte le film, ce malgré son charisme et son background intéressant, puisque c'est surtout sur le climax qu'on appréciera densément le personnage. Ce final, il en est l'acteur clé via un moment intense et éprouvant, servi par une adrénaline de tous les instants et une réalisation aux petits oignons. On pourra pinailler sur l'intervention assez hasardeuse d'un certain personnage dans cette séquence, mais le reste de la proposition est percutant.


Un arc propice au format cinématographique ?

Le film Demon Slayer : Le train de l'infini adapte donc un arc du manga et ne narre pas une histoire indépendante. Cela sous-entend que l'intrigue de départ ne correspond pas à une vision cinématographique, mais à un découpage pensé pour une prépublication hebdomadaire, avec son lot de moments forts très récurrents et des sursauts nombreux. Alors, l'expérience cinéma met en avant cette rupture. Si la situation initiale est présente, l'élément perturbateur est rapidement dévoilé et les péripéties ne sont finalement qu'un grand combat contre cet ennemi présenté au préalable. En outre, le film ne laisse pas vraiment le temps de souffler, ce qui est un plus en terme de divertissement, mais qui donne vite l'impression que l'intrigue n'a pas été prévue pour ce format. On sent alors qu'Ufotable a misé sur l'expérience cinéma pour amener une proposition et éventuellement permettre une suite à l'anime avec un délais de production peut-être moindre, mais le résultat créé une certaine rupture dans le rythme. Fort heureusement, le final répond davantage à une optique cinéma grâce à un climax spectaculaire, aboutissant à une conclusion qui arrive à point nommer pour créer une fin cinématographique. En ce sens, celle-ci est marquante et laissera difficilement de marbre. Néanmoins, peut-être que l'arc du train de l'infini aurait davantage profité d'une version série télévisée, le support se prêtant davantage à l'écriture de Koyoharu Gotôge.


Du côté de la VF


D'abord proposée en version originale sous-titrée (de manière logique), la première saison de Demon Slayer a eu droit à un doublage français dès le mois de mars 2021, et ce sur la plateforme Wakanim. Une initiative louable pour ouvrir la série à un public plus large tout en satisfaisant les voxophiles, et ce sans attendre une éventuelle sortie DVD et Blu-ray qui se fait étonnamment toujours attendre, si bien qu'il est difficile de ne pas croire que le potentiel ayant-droits à totalement loupé le coche pour sortir une version physique.

Le film a aussi droit à son doublage pour sa sortie en salles, le réseau CGR ayant astucieusement partagé les créneaux entre les deux versions afin de contenter le plus de spectateur possible. Le casting principal vu sur la série signe ainsi son retour, et le timing rend difficile de ne pas croire que série télévisée et film n'ont pas été enregistré au même moment (ou alors, à très peu de temps d’intervalle). Enzo Ratsito rempile donc sur Tanjirô, Maxime Baudouin sur Zenitsu, et l'extraordinaire Christophe Lemoine sur Inosuke. Aperçu furtivement dans la série animée, le comédien Adrien Antoine (qui parlera bien aux adeptes du Marvel Cinematic Universe puisqu'il incarne le Thor campé par Chris Hemsworth) peut davantage s'exprimer sur Rengoku. Tous les quatre ont pour un point commun, celui de ne pas avoir été énormément casté sur de l'animation japonaise jusqu'à présent. Et chacun se prête très bien à l'exercice en cernant parfaitement son personnage. La candeur de Tanjirô resplendit à l'écran via la pureté du timbre d'Enzo Ratsito, quand Christophe Lemoine en fait des caisses, comme il se doit, sur un Inosuke toujours plus exubérant. La jolie surprise vient notamment d'Adrien Antoine sur Rengoku, ce dernier donnant au pilier de la flamme l'aura charismatique qui lui est due.


Conclusion

Pour tout amateur de la première saison de Demon Slayer qui souhaiterait poursuivre l'histoire par l'adaptation animée, le film Le train de l'infini est un passage indispensable puisqu'il agit en pure suite de la série animée, et fera office de pont entre les saisons 1 et 2 à terme. Une histoire simple dans ses grandes lignes est proposée dans cet arc, mais celle-ci réunit les ingrédients phare des débuts du récit en les poussant parfois au summum du drame et de l'intensité des batailles, si bien qu'il serait difficile de ressortir du visionnage déçu si on a été séduit par le manga ou l'anime au préalable. Et si le format cinéma pour un tel morceau n'est peut-être pas le plus pertinent, la production aura le mérite de nous offrir l'aventure de Tanjirô sur grand écran, via un film à la réalisation léchée malgré une utilisation de la CGI largement perfectible. Le succès international du long-métrage répond simplement à la popularité de la série et de son anime plus qu'aux qualités intrinsèques du film, mais le phénomène constituera un cas d'école qu'il sera intéressant de rappeler et d'analyser.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

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