Château de l'araignée (Le) - Actualité anime

Château de l'araignée (Le) : Critiques

Critique du film : Château de l'araignée (Le)

Publiée le Lundi, 29 Juin 2015

En 1957, Akira Kurosawa offrait au monde sa vision du Macbeth de William Shakespeare. Pièce habitée sur fond de quête de pouvoir conjuguée sur un mode nô, Le Château de l'Araignée agira sur les âmes comme les alexandrins d'un poème écrit à quatre mains.

Confiant le rôle de Macbeth-Washizu au fidèle Toshiro Mifune et celui de la silencieuse Lady Macbeth-Washizu à Isuzu Yamada, héroïne de L'Elégie de Naniwa (1936) de Kenji Mizoguchi, Akira Kurosawa met en marche une machine de mort glaciale et hantée. Les protagonistes du Château de l’Araignée portent tous des masques, ils sont monolithiquement expressifs, un personnage une émotion. Macbeth-Washizu la colère figée, Lady Macbeth-Washizu un machiavélisme venimeux tracté par des particules de poussière.



Brillamment photographié par le fidèle Asakusa Nakai, Le Château de l'Araignée met la femme au cœur du complot, marionnettise l’homme et son bellicisme. Lady Washizu, tout aussi perverse et manipulatrice que la lady Macbeth de Shakespeare, tire les ficelles, fait s’opposer de grands guerriers aveuglés par une soif de pouvoir.



Kurosawa retraite les complots et pactes sapant la hiérarchie en place, toutes les malédictions sont implacablement transmutées dans un contexte nippon, la sorcellerie, les esprits cadavéreux, les samouraïs prêts à faire rouler plus de têtes, des flèches par milliers qui transpercent les âmes....



Partiellement soumis à la grammaire shakespearienne, Kurosawa segmente l’espace, les plans sont épurés (place à l'expression du nô). En extérieur, Kurosawa optera pour un déchaînement climatique géhennique; pluies battantes, souffle continu et créateurs de fumée s'associeront pour imiter le crépuscule. L'esthétisme mortuaire du Château de l'Araignée préfigurera certains plans des désenchantés Ran (adaptation libre du Roi Lear) (1985) et Kagemusha (1980). Akira Kurosawa ne cessera de questionner le pouvoir des forts, le clan des chefs vacillera sous les coups répétés du destin, quand tout est déjà écrit.

Avec le nô comme liant, Akira Kurosawa fait traverser de longs couloirs de pénombre véridique. Le Château de l'Araignée est une œuvre boueuse et décharnée, une barbarie vénéneuse.

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