Manga Interview de Fujita, l'autrice d'Otaku Otaku
Comme vous le savez, Fujita, l'autrice du manga à succès Otaku Otaku, devait être l'invitée des éditions Kana au salon Livre Paris en mars dernier, avant que la crise actuelle ne fasse tout capoter... Mais grâce à l'éditeur, et tout comme certains autres médias, nous avons tout de même pu poser quelques-unes de nos questions à la mangaka par échanges mail !
A l'occasion de la parution du volume 7 de la série cette semaine, nous vous proposons aujourd'hui de découvrir ces questions-réponses.
Quelle drôle d'idée vous a poussé à imaginer un manga autour d'otaku adultes?
Fujita : A l'époque je me trouvais face à un mur quant à l'écriture d'un manga motivant à dessiner. Je pense que je me suis donc tournée vers un thème qui était le plus proche de moi-même, pour lequel j'avais la plus grande compréhension et que je me sentais capable de dessiner: les otakus.
Quel a été votre parcours pour en arriver là ?
J'ai obtenu un diplôme artistique car je voulais devenir mangaka mais pour vivre, il a fallu que je travaille en tant qu'intérimaire pendant quelques années. Mais à un moment, je me suis aperçue que tous mes sempai du boulot étaient partis en décrochant un contrat et qu'il ne restait plus que le manager qui avait plus d'expérience que moi dans la boîte, ce qui m'a fait réaliser l'urgence de la situation. J'ai donc travaillé comme une acharnée pour boucler un projet de manga, pour le présenter à Tokyo.
Comment envisageriez-vous la vie de deux otakus enfermés chez eux en cas de confinement ? Est-ce qu'au fond, cela les changerait de leur quotidien habituel ?!
Je pense qu'il n'y a personne d'autre que les otakus pour s'amuser à fond durant un confinement. J'imagine que chacun fait ce qui lui plait chacun de son côté, parfois ensemble, pour "enjoyer" ce confinement.
A l'origine, Otaku Otaku est une œuvre dont vous publiiez les planches sur Pixiv, avant que votre travail ne soit repéré par les éditions Ichijinsha et que vous en fassiez votre premier manga professionnel. Quelles sont les grandes différences entre la version Pixiv d'origine et la version professionnelle ? Qu'avez-vous retravaillé (modifié, enrichi, supprimé...) ?
A l'époque de Pixiv, je dessinais sur du papier pour imprimante avec des plumes, pratiquement en improvisation sans prévoir une trame de fond, donc le tome 1 a été réalisé un peu comme je le sentais, beaucoup trop brouillon pour un bouquin commercialisé. Depuis que c'est devenu une série à long cours, grâce au soutien de mon éditeur, je dessine en faisant plus attention au regard du lecteur.
A cette époque, comment s'est passé le contact avec Ichijinsha ? Savez-vous ce qui a plu à l'éditeur dans votre travail ?
Je me souviens que c'était via un MP sur Pixiv.
Grâce à la postface du tome 1, on sait que vos 4 héros et les situations se basent sur certains de vos amis otakus et fujoshis. Du coup, dans tout ça, quelle est la part de « réel » et la part sortie de votre imagination ? Où s'arrête la frontière entre les deux ?
Dans la réalité, je fais une distinction nette entre la réalité et l'imagination, mais dans les manga, je rends la frontière floue. Ce n'est pas la réalité, mais ce n'est pas non plus tout à fait de l'imaginaire. Je vise cela.
En mettant en scène de façon égale personnages masculins et féminins, la série peut vraiment parler autant aux hommes qu'aux femmes. Dans quelle mesure faites-vous attention à cela ? D'ailleurs, savez-vous quel est le taux de public masculin et féminin pour votre série au Japon ?
Je pense qu'il y a une plus grande part de fans féminines, mais je suis très heureuse de voir qu'il y a aussi une certaine part de fans masculins. Comme j'aimerais dessiner un point de vue le plus neutre possible, j'essaie autant que possible de mettre ma subjectivité au placard afin de rendre les émotions et les actions des personnages le plus réaliste possible, en me basant sur des avis de différentes personnes.
Quand on parle d'otakus dans les mangas, on trouve très souvent des personnages adolescents, or vous avez choisi, de votre côté, de mettre en scène des personnages adultes qui vivent toujours leurs passions d'otaku tout en étant dans la vie active. Pourquoi ce choix ? En quoi cela vous semblait important de montrer des otakus adultes et qui travaillent ? Et quelle vision a-t-on de nos jours au Japon concernant les otakus adultes ? Est-ce facile d'assumer cela dans la société japonaise actuelle ?
Sans se limiter aux otakus, j'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui savent continuer à se consacrer à une passion même après être entrées dans la vie active. Vivre, c'est travailler, interagir avec les autres, profiter à fond de ce qu'on aime. Il y a beaucoup de choses difficiles aussi, mais si je dessine ce genre d'adultes, c'est sans doute parce que pour moi, les adultes capables de vivre leur quotidien en équilibrant tout cela me paraissent séduisants.
Remerciements à Fujita, ainsi qu'à Stéphanie Nunez des éditions Kana pour la gestion de cet échange !
A l'occasion de la parution du volume 7 de la série cette semaine, nous vous proposons aujourd'hui de découvrir ces questions-réponses.
Quelle drôle d'idée vous a poussé à imaginer un manga autour d'otaku adultes?
Fujita : A l'époque je me trouvais face à un mur quant à l'écriture d'un manga motivant à dessiner. Je pense que je me suis donc tournée vers un thème qui était le plus proche de moi-même, pour lequel j'avais la plus grande compréhension et que je me sentais capable de dessiner: les otakus.
Quel a été votre parcours pour en arriver là ?
J'ai obtenu un diplôme artistique car je voulais devenir mangaka mais pour vivre, il a fallu que je travaille en tant qu'intérimaire pendant quelques années. Mais à un moment, je me suis aperçue que tous mes sempai du boulot étaient partis en décrochant un contrat et qu'il ne restait plus que le manager qui avait plus d'expérience que moi dans la boîte, ce qui m'a fait réaliser l'urgence de la situation. J'ai donc travaillé comme une acharnée pour boucler un projet de manga, pour le présenter à Tokyo.
Comment envisageriez-vous la vie de deux otakus enfermés chez eux en cas de confinement ? Est-ce qu'au fond, cela les changerait de leur quotidien habituel ?!
Je pense qu'il n'y a personne d'autre que les otakus pour s'amuser à fond durant un confinement. J'imagine que chacun fait ce qui lui plait chacun de son côté, parfois ensemble, pour "enjoyer" ce confinement.
A l'origine, Otaku Otaku est une œuvre dont vous publiiez les planches sur Pixiv, avant que votre travail ne soit repéré par les éditions Ichijinsha et que vous en fassiez votre premier manga professionnel. Quelles sont les grandes différences entre la version Pixiv d'origine et la version professionnelle ? Qu'avez-vous retravaillé (modifié, enrichi, supprimé...) ?
A l'époque de Pixiv, je dessinais sur du papier pour imprimante avec des plumes, pratiquement en improvisation sans prévoir une trame de fond, donc le tome 1 a été réalisé un peu comme je le sentais, beaucoup trop brouillon pour un bouquin commercialisé. Depuis que c'est devenu une série à long cours, grâce au soutien de mon éditeur, je dessine en faisant plus attention au regard du lecteur.
A cette époque, comment s'est passé le contact avec Ichijinsha ? Savez-vous ce qui a plu à l'éditeur dans votre travail ?
Je me souviens que c'était via un MP sur Pixiv.
Grâce à la postface du tome 1, on sait que vos 4 héros et les situations se basent sur certains de vos amis otakus et fujoshis. Du coup, dans tout ça, quelle est la part de « réel » et la part sortie de votre imagination ? Où s'arrête la frontière entre les deux ?
Dans la réalité, je fais une distinction nette entre la réalité et l'imagination, mais dans les manga, je rends la frontière floue. Ce n'est pas la réalité, mais ce n'est pas non plus tout à fait de l'imaginaire. Je vise cela.
En mettant en scène de façon égale personnages masculins et féminins, la série peut vraiment parler autant aux hommes qu'aux femmes. Dans quelle mesure faites-vous attention à cela ? D'ailleurs, savez-vous quel est le taux de public masculin et féminin pour votre série au Japon ?
Je pense qu'il y a une plus grande part de fans féminines, mais je suis très heureuse de voir qu'il y a aussi une certaine part de fans masculins. Comme j'aimerais dessiner un point de vue le plus neutre possible, j'essaie autant que possible de mettre ma subjectivité au placard afin de rendre les émotions et les actions des personnages le plus réaliste possible, en me basant sur des avis de différentes personnes.
Quand on parle d'otakus dans les mangas, on trouve très souvent des personnages adolescents, or vous avez choisi, de votre côté, de mettre en scène des personnages adultes qui vivent toujours leurs passions d'otaku tout en étant dans la vie active. Pourquoi ce choix ? En quoi cela vous semblait important de montrer des otakus adultes et qui travaillent ? Et quelle vision a-t-on de nos jours au Japon concernant les otakus adultes ? Est-ce facile d'assumer cela dans la société japonaise actuelle ?
Sans se limiter aux otakus, j'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui savent continuer à se consacrer à une passion même après être entrées dans la vie active. Vivre, c'est travailler, interagir avec les autres, profiter à fond de ce qu'on aime. Il y a beaucoup de choses difficiles aussi, mais si je dessine ce genre d'adultes, c'est sans doute parce que pour moi, les adultes capables de vivre leur quotidien en équilibrant tout cela me paraissent séduisants.
Remerciements à Fujita, ainsi qu'à Stéphanie Nunez des éditions Kana pour la gestion de cet échange !
De tsubasadow [4303 Pts], le 19 Mai 2020 à 21h59
Merci pour cette interview qui compensera l'annulation du Salon du Livre.
De akiko [5480 Pts], le 16 Mai 2020 à 09h58
Contente d'avoir pu lire cette interview, merciiiii :D
De Theodoryna [2416 Pts], le 14 Mai 2020 à 18h13
Super ! Merci beaucoup pour cette interview !