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Dvd Chronique animation - Magical Girl Boy

Samedi, 13 Juin 2020 à 14h00 - Source :Univers Animation

Au début de l'année 2017, les éditions Akata nous proposaient de découvrir, dans leur collection WTF?!, Magical Girl Boy, alias Mahô Shôjo Ore dans son pays d'origine, courte série en 2 volumes que l'on doit à Môkon Icchokusen, dont ce fut la toute première série. Celle-ci fut publiée au Japon de 2012 à début 2014 dans le magazine Comic Be, un magazine se voulant très hétéroclite, et publiant donc autant du shôjo que du josei, du boy's love et des récits tout simplement inclassables. Récit hybride et complètement barré, cette comédie avait su sans souci nous plaire... et n'était pas destinée à s'arrêter au format papier puisque, en 2018, une adaptation en série animée est arrivée.



Pour être plus précis, l'idée d'un anime de Magical Girl Boy a vu le jour dès la fin du manga en 2014, mais n'avait à l'époque pas pu se concrétiser pour des raisons inconnues. Le projet était devenu une arlésienne, voire semblait abandonné... jusqu'à ce qu'il finisse par faire reparler de lui à la fin de l'année 2017 en dévoilant coup sur coup visuels, casting et staff, pour une diffusion au Japon ensuite prévue dès le printemps 2018 ! Produite par Signpost, une succursale du studio Pierrot anciennement nommée Pierrot Plus (celle-là même à qui l'on doit tout récemment la saison 3 de Kingdom), cette série en 12 épisodes a été assurée en grande partie par Itsurô Kawasaki (réalisateur de Pokémon The Origin, Tsukiuta, Sengoku Basara...), puisque celui-ci y a tenu à la fois les rôles de réalisateur, scénariste, et storyboarder sur la majorité des épisodes. Il fut tout de même épaulé au character design et à la direction de l'animation par Yukiko Ibe (animatrice-clé et directrice de l'animation sur un certain nombre de projets, et récemment character designer d'After School Dice Club), à la direction artistique par Yuka Hirama (qui a occupé ce rôle sur Gurren Lagann, Boogiepop Phantom, Concrete Revolutio... bref, un pedigree pas dégueu du tout), et aux musiques par Takeshi Nakatsuka (musiques de Brothers Conflict). Diffusée dans son pays du 2 avril au 18 juin 2018, elle a été diffusée en simulcast en France en vostf par la plateforme Crunchyroll, où elle est toujours disponible.

  

Nous suivons ici Saki Uno, une adolescente de 15 ans qui vit ses rêves de devenir idol avec... hum... désillusion ? Effectivement, les Magical Twin, le duo de chanteuses pop qu'elle forme avec sa meilleure amie Sayuko Mikage, est trèèèèès loin d'attirer l'attention... au contraire des Star Prince, duo masculin qui marche et qui est composé du dénommé Hyôei et, surtout, de Mohiro, grand frère de Sayuko et grand amour secret de Saki ! La vie de la jeune fille, partagée entre son quotidien de lycéenne, sa passion pour Mohiro et ses rêves d'idol, suit son cours... jusqu'au soir où, en rentrant chez elle dépitée, elle a la surprise de tomber sur un homme inquiétant tambourinant à sa porte, vêtu de noir et de lunettes de soleil, ayant une grosse cicatrice... Un yakuza furieux ? En fait, pas tout à fait... plutôt un gars qui porte le nom tout mimi de Kokoro, et qui a bien connu sa mère, du temps où elle était... euh, magical girl. Saki se voit alors adresser par Kororo la demande de prendre le relais de sa mère et de devenir à son tour la justicière qui protégera la veuve et l'orphelin dans cette ville face aux monstres qui rôdent. Saki n'en a aucune envie !... Enfin, jusqu'à ce qu'elle découvre que les monstres en ont après son cher Mohiro. Une signature de contrat en bonne et due forme plus tard, et la voici devenue une magical gir... euh boy ? En effet, il y a comme un petit "imprévu" quand elle se transforme, puisqu'elle prend l'apparence d'un gars hyper baraqué...

  

Dès cette introduction, la série nous plonge dans une déferlante de délires parodiant joyeusement l'univers si standardisé des magical girls (mais pas que). Ici, la traditionnelle mascotte animale censée être mimi est quelque peu malmenée : c'est en quelque sorte notre cher Kokoro, le gars au physique de yakuza, capable d'apparaître de manières bien absurdes (il faut voir sa tête de mafieux sur un corps de mascotte tout choupinet). Les noms d'attaque à rallonge sont neuneus. Les mignonnes barrettes deviennent des magical grenades dévastatrices, tandis que les méthodes pour vaincre les méchants monstres sont généralement plus bourrines que magiques. Et parlons-en, des monstres : entre les petites créatures toutes mignonnes se changeant en gros machins baraqués, les oursons bodybuildés (notons que leur tête ressemble un peu à celle des Puchu dans Excel Saga), ou un gros nounours à tentacules, on a droit à des designs délirants, farfelus, qui mélangent le mimi et le moche pour un résultat grotesque à souhait.

  

Mais les créatures bizarroïdes ne sont pas les seules à se transformer de façon inattendue, et Saki va donc vite le découvrir à ses dépens en devenant une magical girl un peu beaucoup trop virile et masculine pour une jeune fille en fleurs. Sur cette base, notre héros-ïne va aller de surprise en surprise dans sa mission, où viendront peu à peu se mêler d'autres personnages sérieusement gratinés. Par exemple, là où Mohiro aurait pu être un classique beau gosse populaire, on découvre plutôt un garçon un peu moumou et qui a souvent l'air complètement largué. Le manager Konami, lui, dévoile vite son fanboy neuneu pour les magical girls, au point de chercher à faire de notre héroïne une star d'un genre nouveau. Dans leur je m'en foutisme, Kokoro et la mère de Saki sont assez puissantes, surtout notre tête de mafieux qui a un don pour débarquer quand on ne l'attend pas et dans des physiques improbables. Quant à Sayuko, elle n'est clairement pas en reste, en dévoilant au fil des épisodes des traits de sa personnalité inattendus et, encore plus que Saki, un peu beaucoup trop virils.

  

Episode après épisode, le récit ne rate pas une occasion de jouer sur les clichés liés aux magical girls et au-delà, pour offrir une déferlante d'humour où on sent l'équipe (et, surtout, l'auteur d'origine) libre de faire ce qu'elle veut. Pour qui aime ce genre de comédie, c'est donc du très bon... d'autant plus que l'équipe de l'anime a eu une très bonne idée en proposant du contenu inédit. Celles et ceux qui ont lu le manga le remarqueront effectivement au bout d'un petit temps: histoire d'avoir sa propre patte et de pouvoir tenir sur 12 épisodes (on imagine qu'avec seulement les 2 tomes initiaux du manga, c'était dur), la série animée bénéficie de quelques personnages inédits, essentiellement côté rivales, ce qui permet d'avoir un certain lot de passages nouveaux et de situations enrichies, histoire de pousser le délire un peu plus loin. Ces nouveautés ont été supervisées au départ par Môkon Icchokusen, celui-ci en ayant même profité pour dessiner au Japon quelques chapitres inédits. De tout ceci, il reste toutefois une petite déception: ces personnages supplémentaires peinent à s'intégrer pleinement à l'intrigue, on sent un peu quand même qu'il s'agit de "pièces ajoutées", et leur rôle à la conclusion de l'histoire n'est pas significatif. Néanmoins, il est bon de noter qu'à l'instar du manga, l'anime bénéficie bien d'une conclusion dans son scénario, et que ses 12 épisodes se suffisent donc à eux-mêmes. De même, les situations n'ont globalement aucun mal à se renouveler au fil des épisodes, quand bien même le type d'humour reste plutôt le même.

  

Côté technique, Magical Girl Boy est un anime qui joue surtout sur ses situations barrées et sur ses designs grotesques, et de ce côté-là l'équipe a sans nul doute pu compter sur le travail de l'auteur d'origine dans son manga. D'apparence classique au premier abord, le style est d'une grande efficacité pour servir les délires. Tous aisément reconnaissables, les personnages ont un don pour dégainer régulièrement des tronches délirantes, sans oublier les créatures qui comme déjà dit sont excellentes dans leur design grotesque. C'est très coloré, assez rythmé même si certaines situations auraient pu être chouettes en étant plus hystériques dans le rendu... En revanche, ce n'est pas le genre d'anime où il faut s'attendre à une grosse claque technique. L'animation reste plutôt pauvre, on sent bien là que le staff était très limité. Mais bon, quand on sait déjà que le studio pierrot n'est pas parmi les plus qualitatifs en matière d'animation pure, il semblait presque difficile d'espérer un peu plus de l'une de ses succursales.

  

En somme, en matant Magical Girl Boy, installez-vous confortablement, rangez votre cerveau dans un tiroir, et profitez : si vous êtes amateurice d'humour complètement débile, un brin hystérique et avec un bon petit paquet d'idées grotesques (un peu dans l'esprit d'un anime comme Excel Saga, quoi), cette série devrait assurément faire aller vos zygomatiques non stop malgré ses quelques petites limites.
   
L'avis du chroniqueur
Koiwai

Samedi, 13 Juin 2020
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