Ciné-Asie Chronique Ciné Asie - Running Wild
Ce n'est pas nouveau, la Corée du Sud s'est faite une certaine spécialité des films orientés thrillers/policiers, souvent assez nerveux et brutaux mais pas toujours, et en particulier dans les années 2000. Après des succès impérissables comme Memories of Murder (2003) ou Old Boy (2004), le genre s'est enrichi de plus belle d'oeuvres tantôt excellentes tantôt plus anecdotiques, et dans le lot se trouve Running Wild, tout premier long métrage de Kim Sung-su (à ne pas confondre avec ses différents homonymes, il a auparavant brillé pour certains courts-métrages lui ayant valu quelques récompenses, et signera ensuite en 2013 le film Genome Hazard), qui en est également le co-scénariste, et qui s'est payé à la bande-son l'omniprésent Kenji Kawai. Sorti en Corée en 2006, ce long-métrage a connu un joli succès dans son pays, peut-être aidé en partie par son casting de belles gueules (en tête Kwon Sang-woo, ancien mannequin ayant également joué dans plusieurs dramas), ce qui ne l'empêche pourtant pas de s'offrir quelques idées assez fortes.
Pourtant, tout se présente de manière on ne peut plus classique. Jang Do-young est un flic ayant toujours eu tendance à faire parler les poings et l'action avant la réflexion, comme en témoignera une course-poursuite dès le début du film. Son comportement lui vaut régulièrement des mises en garde de ses supérieurs, ce qui ne l'empêche pourtant pas d'être, dans le fond, profondément honnête et intègre, d'autant plus qu'il cherche au mieux à tenir écarté des milieux mafieux son frère adoré... mais il faut croire que celui-ci savait trop de choses quand il finit par mourir poignardé en pleine rue, quasiment sous les yeux de son frère. Entre douleur et alcool, Jand Do-young dépérit, d'autant plus que dans la foulée il apprend que sa mère malade n'en a plus pour longtemps (bad karma). En lui, pourtant, naît alors une rage plus violente que jamais: il fera absolument tout pour atteindre le chef mafieux se cachant derrière l'assassinat de son frangin. Mais son but risque d'être plus compliqué que prévu, car en plus d'être mis à pied à cause de son comportement agressif, il constate que le mafieux en question, récemment sorti de prison, tache de se reconstruire une meilleure image, en menant des "actes de charité" et en se lançant dans la politique. C'est alors qu'un homme vient à sa rencontre: Oh Jin-woo (interprété par Yoo Ji-tae, dont on se souvient de la performance de méchant dans Old Boy), un procureur sérieux et intègre, qui cherche lui aussi depuis longtemps à faire tomber ce grand parrain de la mafia à force d'enquêter sur lui. Les deux hommes finiront alors par coopérer pour atteindre leur objectif...
D'un côté, un flic aux allures de chien fou enragé, doublé d'un écorché vif suite à la mort de son frère et à l'hospitalisation de sa mère. De l'autre, un procureur posé, plus bureaucratique, si sérieux avec ses dossiers qu'il en a négligé non seulement ses possibilités de montée en grade, mais aussi sa vie de famille puisque son épouse vient de demander le divorce. Deux hommes complètement opposés aussi bien dans leur personnalité que dans leur façon d'agir, mais qui sont tous les deux mus par une intégrité totale et par un profond désir de justice en voulant punir le chef mafieux, l'un par la violence et l'autre par la loi. Coopérant d'abord un peu par la force des choses sans forcément avoir d'affinités, ils finiront évidemment par nouer une certaine amitié pour atteindre leur but. La recette est on ne peut plus classique: ce genre de duo mal assorti mais en même temps assez complémentaire, on l'a déjà vu une infinité de fois. Tout comme l'histoire en elle-même d'ailleurs. Mais cela n'empêche pas forcément un film d'être bon... seulement, est-ce totalement le cas de ce Running Wild ?
Disons-le clairement: le film alterne entre de bonnes choses et des éléments plus médiocres, et autant commencer par évoquer ce qui ne va pas toujours, le premier point négatif étant un rythme pas toujours adapté. En effet, Running Wild cherche à jongler entre 3 aspects: d'un côté le thriller d'action assez dynamité (une part surtout portée par Jang Do-young), de l'autre l'enquête policière vouée à remonter jusqu'au chef mafieux, et enfin une part mélodramatique concernant l'état de santé de la mère de Jang et son possible début de relation amoureuse avec une vieille amie. L'idée est assez sympathique, mais malheureusement très mal équilibrée, car tandis que les scènes d'action se multiplient de temps à autre, l'aspect enquête, lui, finit vite par enchaîner des ellipses ou par balancer trop vite ses avancées, à tel point qu'on finit par en décrocher un peu. Le principal problème vient toutefois du 3e aspect: on comprend bien que le cas de la mère et de la potentielle future épouse de Jang sont là pour rendre le personnages plus humains, plus sensible, mais dans un contexte pareil... concrètement... ben... on s'en fout. D'autant que les quelques scènes qui les concernent, à force d'essayer d'étirer l'intensité dramatique et le pathos, en oublient de réellement travailler un peu plus le rapport que Jang peut avoir avec ces deux figures féminines. Ajoutons à cela la tendance du cinéaste à rallonger certains plans, et on arrive à un film qui s'étire sur plus de 2 heures, une durée forcément exagérée pour un scénario pourtant simple à la base. Il y a un petit paquet de longueurs: le film aurait peut-être gagné à être plus condensé, plus soutenu, plutôt que de se perdre parfois dans des considérations un peu plus guimauves ou dans certaines séquences qui n'en finissent pas. Enfin, le dernière point un peu mitigé (pour ma part, en tout cas) concerne le casting: chacun s'en globalement sort bien dans son rôle, mais la principale figure qu'est Kwon Sang-woo tend clairement à surjouer sans finesse, sans insuffler de nuances à son interprétation. Alors, la plupart du temps, il colle vraiment bien au côté écorché vif et presque autodestructeur de son personnages. Mais à plusieurs reprises, ses soudains changements vers des réactions exagérées le rendent presque ridicule, et ça ne s'arrange pas avec une écriture des dialogues qui en fait parfois trop dans la vulgarité gratuite.
Et pourtant, des bonnes choses, il y en a vraiment dans ce film: en dehors des longueurs évoquées et de l'intrigue peinant parfois à être limpide malgré son classicisme, on a là un divertissement honnête avec sa part d'action popcorn qui, la plupart de temps, se laisse bien suivre, et qui parfois tiendrait presque moins du thriller coréen que du film d'action hongkongais (encore plus quand on voit certains mouvements de caméras, l'un d'eux m'ayant par exemple rappelé - de façon moins forte - un passage de l'excellent Time and Tide de Tsui Hark). Mais surtout, le métrage marque par son final, nihiliste à souhait, quasiment sans espoir, et qui semble bien avoir quelque chose à dire sur la société coréenne, autour de la corruption de sa justice, de l'image négative que se retrouvent à avoir nos deux héros alors qu'ils sont les deux plus intègres de tous, des rapprochements de la mafia avec la politique, etc, etc...
Enfin, côté réalisation... eh bien, c'est un peu à l'image du reste: il y a du très bon voire très bon, et du carrément moins bon. Les teintes un peu grisâtres et sombres collent généralement bien au film, certains angles et mouvements de caméra sont vraiment cools... et à d'autres moments, ça devient presque imbuvable, comme quand ça se met à faire des zooms/dezooms, ou que ça devient par certains aspects presque épileptique dans le découpage (et cela, dès la course-poursuite du début). A part ça, soulignons que bien qu'il soit déconseillé aux moins de 12 ans, le film s'avère bien moins sanglant/gore que beaucoup de ses congénères (un peu de sang, et c'est tout), un côté un brin aseptisé peut-être fait pour toucher un public un peu plus adolescent, puisque le choix de Kwon Sang-woo en acteur principal semble clairement vouloir toucher les ados de l'époque.
Au bout du compte, on ne passe pas un mauvais moment devant Running Wild, mais entre des longueurs évitables (même pas utilisées pour mieux travailler l'aspect enquête), des enjeux mélodramatiques pas toujours pertinents et diverses inégalités, le film ne laisse pas forcément un grand souvenir... hormis peut-être pour sa conclusion, désespérée et qui remue pas mal.
Oh, et bien sûr, comme assez souvent avec ce genre de film, évitez la vf, aux fraises.
Pourtant, tout se présente de manière on ne peut plus classique. Jang Do-young est un flic ayant toujours eu tendance à faire parler les poings et l'action avant la réflexion, comme en témoignera une course-poursuite dès le début du film. Son comportement lui vaut régulièrement des mises en garde de ses supérieurs, ce qui ne l'empêche pourtant pas d'être, dans le fond, profondément honnête et intègre, d'autant plus qu'il cherche au mieux à tenir écarté des milieux mafieux son frère adoré... mais il faut croire que celui-ci savait trop de choses quand il finit par mourir poignardé en pleine rue, quasiment sous les yeux de son frère. Entre douleur et alcool, Jand Do-young dépérit, d'autant plus que dans la foulée il apprend que sa mère malade n'en a plus pour longtemps (bad karma). En lui, pourtant, naît alors une rage plus violente que jamais: il fera absolument tout pour atteindre le chef mafieux se cachant derrière l'assassinat de son frangin. Mais son but risque d'être plus compliqué que prévu, car en plus d'être mis à pied à cause de son comportement agressif, il constate que le mafieux en question, récemment sorti de prison, tache de se reconstruire une meilleure image, en menant des "actes de charité" et en se lançant dans la politique. C'est alors qu'un homme vient à sa rencontre: Oh Jin-woo (interprété par Yoo Ji-tae, dont on se souvient de la performance de méchant dans Old Boy), un procureur sérieux et intègre, qui cherche lui aussi depuis longtemps à faire tomber ce grand parrain de la mafia à force d'enquêter sur lui. Les deux hommes finiront alors par coopérer pour atteindre leur objectif...
D'un côté, un flic aux allures de chien fou enragé, doublé d'un écorché vif suite à la mort de son frère et à l'hospitalisation de sa mère. De l'autre, un procureur posé, plus bureaucratique, si sérieux avec ses dossiers qu'il en a négligé non seulement ses possibilités de montée en grade, mais aussi sa vie de famille puisque son épouse vient de demander le divorce. Deux hommes complètement opposés aussi bien dans leur personnalité que dans leur façon d'agir, mais qui sont tous les deux mus par une intégrité totale et par un profond désir de justice en voulant punir le chef mafieux, l'un par la violence et l'autre par la loi. Coopérant d'abord un peu par la force des choses sans forcément avoir d'affinités, ils finiront évidemment par nouer une certaine amitié pour atteindre leur but. La recette est on ne peut plus classique: ce genre de duo mal assorti mais en même temps assez complémentaire, on l'a déjà vu une infinité de fois. Tout comme l'histoire en elle-même d'ailleurs. Mais cela n'empêche pas forcément un film d'être bon... seulement, est-ce totalement le cas de ce Running Wild ?
Disons-le clairement: le film alterne entre de bonnes choses et des éléments plus médiocres, et autant commencer par évoquer ce qui ne va pas toujours, le premier point négatif étant un rythme pas toujours adapté. En effet, Running Wild cherche à jongler entre 3 aspects: d'un côté le thriller d'action assez dynamité (une part surtout portée par Jang Do-young), de l'autre l'enquête policière vouée à remonter jusqu'au chef mafieux, et enfin une part mélodramatique concernant l'état de santé de la mère de Jang et son possible début de relation amoureuse avec une vieille amie. L'idée est assez sympathique, mais malheureusement très mal équilibrée, car tandis que les scènes d'action se multiplient de temps à autre, l'aspect enquête, lui, finit vite par enchaîner des ellipses ou par balancer trop vite ses avancées, à tel point qu'on finit par en décrocher un peu. Le principal problème vient toutefois du 3e aspect: on comprend bien que le cas de la mère et de la potentielle future épouse de Jang sont là pour rendre le personnages plus humains, plus sensible, mais dans un contexte pareil... concrètement... ben... on s'en fout. D'autant que les quelques scènes qui les concernent, à force d'essayer d'étirer l'intensité dramatique et le pathos, en oublient de réellement travailler un peu plus le rapport que Jang peut avoir avec ces deux figures féminines. Ajoutons à cela la tendance du cinéaste à rallonger certains plans, et on arrive à un film qui s'étire sur plus de 2 heures, une durée forcément exagérée pour un scénario pourtant simple à la base. Il y a un petit paquet de longueurs: le film aurait peut-être gagné à être plus condensé, plus soutenu, plutôt que de se perdre parfois dans des considérations un peu plus guimauves ou dans certaines séquences qui n'en finissent pas. Enfin, le dernière point un peu mitigé (pour ma part, en tout cas) concerne le casting: chacun s'en globalement sort bien dans son rôle, mais la principale figure qu'est Kwon Sang-woo tend clairement à surjouer sans finesse, sans insuffler de nuances à son interprétation. Alors, la plupart du temps, il colle vraiment bien au côté écorché vif et presque autodestructeur de son personnages. Mais à plusieurs reprises, ses soudains changements vers des réactions exagérées le rendent presque ridicule, et ça ne s'arrange pas avec une écriture des dialogues qui en fait parfois trop dans la vulgarité gratuite.
Et pourtant, des bonnes choses, il y en a vraiment dans ce film: en dehors des longueurs évoquées et de l'intrigue peinant parfois à être limpide malgré son classicisme, on a là un divertissement honnête avec sa part d'action popcorn qui, la plupart de temps, se laisse bien suivre, et qui parfois tiendrait presque moins du thriller coréen que du film d'action hongkongais (encore plus quand on voit certains mouvements de caméras, l'un d'eux m'ayant par exemple rappelé - de façon moins forte - un passage de l'excellent Time and Tide de Tsui Hark). Mais surtout, le métrage marque par son final, nihiliste à souhait, quasiment sans espoir, et qui semble bien avoir quelque chose à dire sur la société coréenne, autour de la corruption de sa justice, de l'image négative que se retrouvent à avoir nos deux héros alors qu'ils sont les deux plus intègres de tous, des rapprochements de la mafia avec la politique, etc, etc...
Enfin, côté réalisation... eh bien, c'est un peu à l'image du reste: il y a du très bon voire très bon, et du carrément moins bon. Les teintes un peu grisâtres et sombres collent généralement bien au film, certains angles et mouvements de caméra sont vraiment cools... et à d'autres moments, ça devient presque imbuvable, comme quand ça se met à faire des zooms/dezooms, ou que ça devient par certains aspects presque épileptique dans le découpage (et cela, dès la course-poursuite du début). A part ça, soulignons que bien qu'il soit déconseillé aux moins de 12 ans, le film s'avère bien moins sanglant/gore que beaucoup de ses congénères (un peu de sang, et c'est tout), un côté un brin aseptisé peut-être fait pour toucher un public un peu plus adolescent, puisque le choix de Kwon Sang-woo en acteur principal semble clairement vouloir toucher les ados de l'époque.
Au bout du compte, on ne passe pas un mauvais moment devant Running Wild, mais entre des longueurs évitables (même pas utilisées pour mieux travailler l'aspect enquête), des enjeux mélodramatiques pas toujours pertinents et diverses inégalités, le film ne laisse pas forcément un grand souvenir... hormis peut-être pour sa conclusion, désespérée et qui remue pas mal.
Oh, et bien sûr, comme assez souvent avec ce genre de film, évitez la vf, aux fraises.
De Renoma, le 27 Avril 2020 à 12h45
Vous devriez aller voir sur Youtube Au rayon mangas qui a fait un live sur une histoire de science-fiction , il s'est bien débrouillé !