Dvd Rencontre avec Fanny Roy, voix d'Ondine dans Pokémon
Il y a quelques mois, Paris Manga accueillait plusieurs voix emblématiques de la version française de l'anime Pokémon. Dans cette troisième partie de notre série dédiée à ces artistes, nous vous présentons notre interview de Fanny Roy, comédienne incarnant Ondine, la championne d'Azuria et première camarade féminin de Sacha. Elle a aussi été la voie d'Ellie, acolyte de Haru dans l'adaptation animée de Rave de Hiro Mashima.
Lors de cette rencontre, Fanny Roy est revenue avec plaisir sur sa carrière, et l'impact qu'a eu le rôle d'Ondine sur son métier de comédienne.
Peux-tu nous parler de ton parcours de comédienne ?
Fanny Roy : Mon cas n'est pas très original : je suis une enfant de la balle, mon père était comédien. J'en suis venue au doublage car lui y était avant moi, et j'ai beaucoup assisté à son travail quand j'étais petite. Petit à petit, j'ai eu l'envie de m'y mettre aussi. Ce n'est pas le théâtre qui m'a menée au doublage, car c'est pour moi un métier à part entière que j'ai apprécié pour ce qu'il était. C'est comme ça que je me suis lancée.
Ondine est un personnage qui a un caractère bien trempé... Te souviens-tu de ta première rencontre avec le rôle ?
Fanny Roy : J'étais contente, car je me suis dit que j'allais pouvoir mettre mon caractère bien rentre-dedans ! (rires) J'ai beaucoup aimé le rôle, Ondine était chouette à incarner.
Y a-t-il des ressemblances particulières entre toi et Ondine, côté caractère ?
Fanny Roy : Oui, je pense. Son côté rentre-dedans et dynamique me correspond bien. Puis elle se mettait à crever de trouille d'un coup devant un insecte... Ce sont des choses qui me parlaient bien.
Le caractère d'Ondine s'est tout de même adouci au fil du temps. On peut dire que le personnage a évolué à partir du moment où elle ne pensait plus à son vélo. Est-ce une progression que tu as ressenti, de ton côté ?
Fanny Roy : Plus que bien ! Car on peut être dans l'histoire, mais on peut aussi être sur un aspect de travail de comédien. Cette évolution m'a permis de calmer un peu les choses, car le rôle commençait à devenir fatiguant, aussi bien mentalement que physiquement. J'étais bien contente qu'Ondine s'asagisse, d'autant plus qu'il fallait tenir compte de toutes les scènes de combat hystériques. Au bout d'un moment, cette forme de maturité a fait du bien, elle était reposante.
Pokémon est très rapidement devenu un phénomène d'ampleur mondiale... Est-ce que la notoriété de la série animée t'a impactée d'une quelconque manière, que ce soit sur le plan personnel ou émotionnel ?
Fanny Roy : Ça m'a impactée dans le sens où, pour Pokémon, on m'a demandé de faire une voix très aigue, car Ondine a été conçue ainsi. Suite à ça, les gens ne demandaient plus à avoir Fanny Roy sur un rôle, ils demandaient à avoir Ondine. Je me suis retrouvée à devoir faire sans cesse cette voix qui devenait trop aigue pour moi, mais aussi trop fatigante. Au bout d'un moment, certaines chaines de télévision me demandaient « tout sauf Ondine », car elles aussi en avaient marre. (rires) Je ne demandais pas mieux ! J'ai mis pas mal de temps à imposer autre chose, même sur des dessins-animés. Par exemple, quand j'ai participé à la série Rave, j'ai tenté de redescendre un peu et d'être moins dans les aigus. Je voulais aussi inciter les chaînes à m'employer sur des rôles plus graves, pour avoir plus de plaisir à les faire.
En parlant de Rave, on peut souligner que c'est une série très différente de Pokémon. Tu as doublé Ellie qui est une jeune fille plus douce qu'Ondine...
Fanny Roy : Ah oui, totalement. J'ai beaucoup aimé cette série, et j'ai complètement réussi à me mettre dans le personnage. Ellie est un personnage plus posé qu'Ondine, et je voulais marquer cette différence. Elles ont tout de même des petits points communs dans leur énergie, mais je tenais à proposer quand même autre chose. J'ai travaillé tout ça avec la directrice de plateau.
Quelque chose revenait énormément à l'époque, surtout dans la version occidentale du dessin-animé Pokémon : l'histoire d'amour entre Sacha et Ondine. Est-ce quelque chose que tu as cherché à retranscrire dans ton jeu ?
Fanny Roy : Certainement, plus ou moins. (rires) Je l'ai sans doute inconsciemment intégré. Ca nous amusait beaucoup Aurélien et moi, on se demandait sans cesse s'il allait se passer un truc entre eux. Maintenant, je ne sais pas si on a davantage cherché à faire ressortir cette amourette par rapport à la version japonaise. Mais bon, je viens d'apprendre qu'il y a eu quelque chose avec Serena, ce fameux bisou dans l'escalator, je suis forcément jalouse ! (rires)
Même si Ondine ne fait plus partie de l'équipe principale de l'aventure, elle réapparaît ponctuellement de temps en temps. Comment se déroulent ces retrouvailles, éphémères, avec le personnage ?
Fanny Roy : Ça fait 20 ans que j'incarne Ondine. Ma voix évolue, forcément, je viellis. Il y a surtout un souci technique, car j'arrive toujours à récupérer Ondine côté vocal. Mais à chaque retrouvaille, il y a une nostalgie qui fait plaisir. A chaques retrouvailles avec Ondine, je trouve ça trop court, et j'ai envie de recommencer !
Tu fais du doublage, mais tu faisais aussi du théâtre. Tu pouvais parfois t'adonner à une pratique un jour, puis à l'autre le lendemain... Était-ce difficile de jongler entre ces différents arts de la comédie ?
Fanny Roy : En effet, je faisais du théâtre auparavant, mais j'ai arrêté. Pour répondre à la question : oui et non. C'était surtout fatiguant car je passais d'une technique à l'autre, et que les journées étaient longues. Pour le doublage, les journées sont de 9h-18h. Pour le théâtre, il y avait les répétitions qui précédaient les représentations en soirée, ce qui amenait beaucoup d'excitation. On ne se couchait pas avant 1h ou 2h du matin... puis rebelote dès le lendemain. C'était extrêmement fatiguant, mais ça restait passionnant. Je ne m'en plain pas !
Aujourd'hui, tu te concentres sur le doublage ?
Fanny Roy : Oui, ce n'est pas un choix fait à la légère. J'ai senti que le théâtre ne prenait pas trop, donc j'ai préféré me concentrer sur le doublage, d'autant plus que je suis aussi directrice de plateau maintenant. Je trouve énormément de plaisir dans le doublage, je ne cherche pas plus loin.
Est-ce que le fait que tu diriges désormais des doublages a renouvelé ta perception du métier ?
Fanny Roy : Bien sûr ! C'est difficile à expliquer... Aussi bien pour l'acteur qui devient directeur de plateau que l'inverse, ça permet de comprendre les difficultés de chacun en plus de nous renouveler. Maintenant que je dirige des comédiens et vois leurs difficultés, je me rends compte de certaines choses lorsque je suis moi-même dirigée. C'est très enrichissant, et ça nous permet de comprendre le travail de l'autre en plus de le respecter. On garde aussi une certaine humilité, car être directeur de plateau n'est pas simple.
Beaucoup de comédiens disent que la difficulté dans le doublage de dessin-animé, c'est l'énergie à donner. Il faut toujours être dans l’exagération. Qu'en penses-tu ? Est-ce une vision du doublage de dessin-animé que tu partages ?
Fanny Roy : C'est vraiment difficile de répondre, car ça dépend du dessin-animé. Je sais que certains sont fatigués par la sur-energie, ce qui est quelque chose qui ne me fait pas du tout peur. Pour être dans cette énergie permanence, on aurait tendance à vouloir tout jouer de la même manière. Il ne faut pas, sinon ça devient insupportable. Il faut pouvoir passer d'une énergie à l'autre, comme dans la version originale. C'est vrai que lorsqu'on a droit à beaucoup de scènes d'action comme dans certaines séries d'animation, ça peut devenir épuisant.
Personnellement, j'adore faire du dessin-animé. Je dis souvent à mes employeurs que si je pouvais faire surtout du dessin-animé, j'en serais très heureuse, bien que je ne veuille pas m'installer que dans un domaine. C'est un style qui réunit plein d'énergies différentes. Je pense même qu'on pourrait tomber dans le piège de dire que vu que c'est de l'animation japonaise, on ne fera que crier. Certains comédiens pensent parfois ça, mais les dessins-animés japonais ne sont pas que ça.
Remerciements à Fanny Roy pour l'interview, ainsi qu'à Sarah Marcadé et Amélie Nicolaud pour la tenue de la rencontre.
Lors de cette rencontre, Fanny Roy est revenue avec plaisir sur sa carrière, et l'impact qu'a eu le rôle d'Ondine sur son métier de comédienne.
Peux-tu nous parler de ton parcours de comédienne ?
Fanny Roy : Mon cas n'est pas très original : je suis une enfant de la balle, mon père était comédien. J'en suis venue au doublage car lui y était avant moi, et j'ai beaucoup assisté à son travail quand j'étais petite. Petit à petit, j'ai eu l'envie de m'y mettre aussi. Ce n'est pas le théâtre qui m'a menée au doublage, car c'est pour moi un métier à part entière que j'ai apprécié pour ce qu'il était. C'est comme ça que je me suis lancée.
Ondine est un personnage qui a un caractère bien trempé... Te souviens-tu de ta première rencontre avec le rôle ?
Fanny Roy : J'étais contente, car je me suis dit que j'allais pouvoir mettre mon caractère bien rentre-dedans ! (rires) J'ai beaucoup aimé le rôle, Ondine était chouette à incarner.
Y a-t-il des ressemblances particulières entre toi et Ondine, côté caractère ?
Fanny Roy : Oui, je pense. Son côté rentre-dedans et dynamique me correspond bien. Puis elle se mettait à crever de trouille d'un coup devant un insecte... Ce sont des choses qui me parlaient bien.
Le caractère d'Ondine s'est tout de même adouci au fil du temps. On peut dire que le personnage a évolué à partir du moment où elle ne pensait plus à son vélo. Est-ce une progression que tu as ressenti, de ton côté ?
Fanny Roy : Plus que bien ! Car on peut être dans l'histoire, mais on peut aussi être sur un aspect de travail de comédien. Cette évolution m'a permis de calmer un peu les choses, car le rôle commençait à devenir fatiguant, aussi bien mentalement que physiquement. J'étais bien contente qu'Ondine s'asagisse, d'autant plus qu'il fallait tenir compte de toutes les scènes de combat hystériques. Au bout d'un moment, cette forme de maturité a fait du bien, elle était reposante.
Pokémon est très rapidement devenu un phénomène d'ampleur mondiale... Est-ce que la notoriété de la série animée t'a impactée d'une quelconque manière, que ce soit sur le plan personnel ou émotionnel ?
Fanny Roy : Ça m'a impactée dans le sens où, pour Pokémon, on m'a demandé de faire une voix très aigue, car Ondine a été conçue ainsi. Suite à ça, les gens ne demandaient plus à avoir Fanny Roy sur un rôle, ils demandaient à avoir Ondine. Je me suis retrouvée à devoir faire sans cesse cette voix qui devenait trop aigue pour moi, mais aussi trop fatigante. Au bout d'un moment, certaines chaines de télévision me demandaient « tout sauf Ondine », car elles aussi en avaient marre. (rires) Je ne demandais pas mieux ! J'ai mis pas mal de temps à imposer autre chose, même sur des dessins-animés. Par exemple, quand j'ai participé à la série Rave, j'ai tenté de redescendre un peu et d'être moins dans les aigus. Je voulais aussi inciter les chaînes à m'employer sur des rôles plus graves, pour avoir plus de plaisir à les faire.
En parlant de Rave, on peut souligner que c'est une série très différente de Pokémon. Tu as doublé Ellie qui est une jeune fille plus douce qu'Ondine...
Fanny Roy : Ah oui, totalement. J'ai beaucoup aimé cette série, et j'ai complètement réussi à me mettre dans le personnage. Ellie est un personnage plus posé qu'Ondine, et je voulais marquer cette différence. Elles ont tout de même des petits points communs dans leur énergie, mais je tenais à proposer quand même autre chose. J'ai travaillé tout ça avec la directrice de plateau.
Quelque chose revenait énormément à l'époque, surtout dans la version occidentale du dessin-animé Pokémon : l'histoire d'amour entre Sacha et Ondine. Est-ce quelque chose que tu as cherché à retranscrire dans ton jeu ?
Fanny Roy : Certainement, plus ou moins. (rires) Je l'ai sans doute inconsciemment intégré. Ca nous amusait beaucoup Aurélien et moi, on se demandait sans cesse s'il allait se passer un truc entre eux. Maintenant, je ne sais pas si on a davantage cherché à faire ressortir cette amourette par rapport à la version japonaise. Mais bon, je viens d'apprendre qu'il y a eu quelque chose avec Serena, ce fameux bisou dans l'escalator, je suis forcément jalouse ! (rires)
Même si Ondine ne fait plus partie de l'équipe principale de l'aventure, elle réapparaît ponctuellement de temps en temps. Comment se déroulent ces retrouvailles, éphémères, avec le personnage ?
Fanny Roy : Ça fait 20 ans que j'incarne Ondine. Ma voix évolue, forcément, je viellis. Il y a surtout un souci technique, car j'arrive toujours à récupérer Ondine côté vocal. Mais à chaque retrouvaille, il y a une nostalgie qui fait plaisir. A chaques retrouvailles avec Ondine, je trouve ça trop court, et j'ai envie de recommencer !
Tu fais du doublage, mais tu faisais aussi du théâtre. Tu pouvais parfois t'adonner à une pratique un jour, puis à l'autre le lendemain... Était-ce difficile de jongler entre ces différents arts de la comédie ?
Fanny Roy : En effet, je faisais du théâtre auparavant, mais j'ai arrêté. Pour répondre à la question : oui et non. C'était surtout fatiguant car je passais d'une technique à l'autre, et que les journées étaient longues. Pour le doublage, les journées sont de 9h-18h. Pour le théâtre, il y avait les répétitions qui précédaient les représentations en soirée, ce qui amenait beaucoup d'excitation. On ne se couchait pas avant 1h ou 2h du matin... puis rebelote dès le lendemain. C'était extrêmement fatiguant, mais ça restait passionnant. Je ne m'en plain pas !
Aujourd'hui, tu te concentres sur le doublage ?
Fanny Roy : Oui, ce n'est pas un choix fait à la légère. J'ai senti que le théâtre ne prenait pas trop, donc j'ai préféré me concentrer sur le doublage, d'autant plus que je suis aussi directrice de plateau maintenant. Je trouve énormément de plaisir dans le doublage, je ne cherche pas plus loin.
Est-ce que le fait que tu diriges désormais des doublages a renouvelé ta perception du métier ?
Fanny Roy : Bien sûr ! C'est difficile à expliquer... Aussi bien pour l'acteur qui devient directeur de plateau que l'inverse, ça permet de comprendre les difficultés de chacun en plus de nous renouveler. Maintenant que je dirige des comédiens et vois leurs difficultés, je me rends compte de certaines choses lorsque je suis moi-même dirigée. C'est très enrichissant, et ça nous permet de comprendre le travail de l'autre en plus de le respecter. On garde aussi une certaine humilité, car être directeur de plateau n'est pas simple.
Beaucoup de comédiens disent que la difficulté dans le doublage de dessin-animé, c'est l'énergie à donner. Il faut toujours être dans l’exagération. Qu'en penses-tu ? Est-ce une vision du doublage de dessin-animé que tu partages ?
Fanny Roy : C'est vraiment difficile de répondre, car ça dépend du dessin-animé. Je sais que certains sont fatigués par la sur-energie, ce qui est quelque chose qui ne me fait pas du tout peur. Pour être dans cette énergie permanence, on aurait tendance à vouloir tout jouer de la même manière. Il ne faut pas, sinon ça devient insupportable. Il faut pouvoir passer d'une énergie à l'autre, comme dans la version originale. C'est vrai que lorsqu'on a droit à beaucoup de scènes d'action comme dans certaines séries d'animation, ça peut devenir épuisant.
Personnellement, j'adore faire du dessin-animé. Je dis souvent à mes employeurs que si je pouvais faire surtout du dessin-animé, j'en serais très heureuse, bien que je ne veuille pas m'installer que dans un domaine. C'est un style qui réunit plein d'énergies différentes. Je pense même qu'on pourrait tomber dans le piège de dire que vu que c'est de l'animation japonaise, on ne fera que crier. Certains comédiens pensent parfois ça, mais les dessins-animés japonais ne sont pas que ça.
Remerciements à Fanny Roy pour l'interview, ainsi qu'à Sarah Marcadé et Amélie Nicolaud pour la tenue de la rencontre.