Dvd Chronique Animation - Code Geass - Lelouch of the Rebellion
Le 5 octobre 2006 est diffusé, pour la première fois au Japon, le premier épisode d'une nouvelle série animée : Code Geass : Lelouch of the Rebellion. Derrière ce titre se cache le nouveau projet des studios d'animation Sunrise (connus pour Gundam en ce qui concerne le mécha) qui tire son épingle du jeu par différents éléments : un découpage sur deux saisons, et un character-design original signé par le collectif CLAMP.
La série fut un carton, a donné lieu à deux OAV récapitulatives, une série d'OAV spin-off intitulée Akito the Exiled, et plusieurs adaptations et spin-off manga, et bon nombre de chapitres de la franchise furent exportés en France. Depuis 2017, pour les dix ans de la saga, Code Geass connaît même un gros projet anniversaire consistant à réadapter les deux saisons de l'anime en 3 films, et à donner un quatrième long-métrage en guise de suite officielle.
En 2018, il semble que la licence n'ait pas fini de faire parler d'elle.
Sur une Terre fictive, le Saint-Empire de Britannia s'est étendu sur le globe. En 2010 du calendrier impériale, Britannia conquit le Japon grâce à une nouvelle technologie de robots pilotables : les Knightmare Frames. Le pays est renommé Zone 11, et les japonais deviennent les « Eleven ». Des années plus tard, le pays est divisé entre les britanniens et les japonais, hautement persécutés et victimes de racisme, notamment de la part des autorités britanniennes. Des tensions internes subsistent dans le pays, notamment de la part de terroristes clamant un retour du Japon et de la liberté de ses habitants.
Lelouch Lamperouge, brillant étudiant britannien, se retrouve mêlé à une action terroriste suite à un concours de circonstance. Témoin d'une scène de massacre, il est sur le point d'être éxécuté par les soldats britanniens quand une jeune femme convoitée par l'Empire, C.C, confère à Lelouch le Geass, un pouvoir lui permettant de donner à quiconque n'importe quel ordre. Pour le jeune homme, c'est l'occasion rêvée pour mettre en marche son plan de vengeance. Car Lelouch est en réalité un héritier déchu de Britannia qui, suite au meurtre de sa mère et son désir de révolte contre l'Empire, fut exilé au Japon avec sa sœur, Nunnally. Grâce au Geass, Lelouch va pouvoir mettre au point sa rébellion contre Britannia, renverser l'Empire, et offrir un monde meilleur à sa sœur. L'heure de la revanche du démon a sonné !
Série politique, d'action et de robots géants, Code Geass avait marqué sa période de sortie par son concept original. Si dans les grandes lignes l'intrigue conte la guerre entre un empire et une faction rebelle, rien de forcément très innovant, cette première saison tire son épingle du jeu dans la dimension tactique apportée à la formule. L'un des intérêts majeurs de Code Geass repose sur le concept même du Geass, ce pouvoir permettant au héros de donner un ordre à n'importe quoi. Et Lelouch étant un lycéen intelligent et nourri d'un désir de vengeance, on obtient une équation particulièrement efficace, donnant à l'intrigue quelques cops d'éclat, une certaine inventivité dans ses stratégies militaires, et la possibilité de rebondissements imprévisibles grâce à l'évolution du pouvoir du héros. Et c'est une des forces de Code Geass : loin de ne présenter que des scènes de combat déterminées par la puissance des robots, la série repose surtout sur les différentes stratégies de Lelouch qui deviendra Zéro, le charismatique leader masqué de l'Ordre des Chevaliers Noirs. Sur ces 25 premiers épisodes, Code Geass narre ainsi la montée de l'Ordre, l'évolution d'une poignée de personnages au sein de ce conflit opposant l'impitoyable Empire de Britannia aux terroristes prônant la libération du Japon, et la double vie que mène Lelouch sur cette première moitié de série. La série met surtout en scène des protagonistes adolescents, des lycéens qui doivent assumer, en plus de leurs activités de l'ombre ou leur carrière militaire, une vie d'étudiante, nourrie de festivals scolaires et d'amitiés insouciantes et de premiers amours. Cette première saison prend alors grand soin de jongler entre les différentes opérations menées par l'Ordre des Chevaliers Noirs, et les séquences du quotidien, légères et contrastant volontairement avec les autres épisodes, de Lelouch au sein de l'académie Ashford.
Sur le papier, cela peut s'apparenter à une simple volonté de ne pas trop dépayser le public japonais de ce genre de titres, personnages principaux adolescents obligent, mais la démarche est en réalité bien plus subtile que ça. Tandis que le spectateur regrette parfois les épisodes de comédie scolaire très détachés du reste dans leur ambiance, le scénario va petit à petit marier ces deux aspects de manière à développer certains personnages et faire monter une belle tension dramatique. Rien d'anodin donc dans les choix narratifs d'Ichirô Ôkouchi, le scénariste de Code Geass, y compris dans la manière qu'à la série de sortir quelques clichés de séries d'animation japonaises, aujourd'hui vus et re-revus. C.C, la « sorcière » qui symbolise l'énigmatique jeune fille conférant au héros son pouvoir, brille d'une aura mystique et de mystères qui ne seront résolus que lors de la seconde saison, sa relation avec Lelouch fonctionnant même efficacement.
Même idée du côté d'Euphemia, princesse britannienne aux cheveux roses qui représente un archétype assez présent à cette époque (surtout du côté de Sunrise, en atteste Gundam SEED) : la demoiselle aux cheveux roses et prônant la paix et l'amour. Une idée pas forcément réjouissante, mais qui trouve son origine dans son opposition avec Lelouch et son association avec Suzaku, idéaliste souhaitant changer Britannia de l'intérieur. Des idées classiques de personnages dans l'animation japonaise des années 2000, mais qui trouvent un sens dans le développement scénaristique de la série. Difficile d'en dire davantage sans dévoiler un important retournement scénaristique de fin de saison, mais l'introduction de ces archétype n'est pas issue du hasard et a un sens par rapport à l'histoire de Code Geass.
Ce qui nous amène à un autre point fort de la série : sa tension dramatique, fortement liée aux personnages qui évoluent sans cesse sous nos yeux. La série traite particulièrement le jeune âge des personnages principaux, majoritairement adolescents, vivant pour certains leurs premiers émois amoureux. En mêlant ces figures adolescentes aux enjeux de la série, le scénario se dote très régulièrement de touches dramatiques qui jouent efficacement avec notre attachement envers ces personnages. Des drames humains et poignants, parfois inattendus et cruels, toujours mis en relief par la bande-originale de Hitomi Kuroishi qui nous offre quelques chansons lyriques procurant à certaines scènes une aura assez mystique. Souvent, lors ces chansons démarrent, c'est qu'il y a un enjeu scénaristique ou un rebondissement dramatique à servir. On retiendra Stories qui sert bien l'émotion de scènes clefs, sans oublier Innocent Days, marquant un moment majeur de la fin de la première saison ainsi qu'une certaine symbolique : celle de la fin de l'insouciante pour bien des personnages, une sorte de manière de marquer le passage à l'âge adulte pour plusieurs de ces adolescents projetés dans le conflits, et tous nourris d'un désir de changement.
Ce ne serait pas exagéré d’interpréter la série ainsi puisque des thématiques, Code Geass n'en manque pas. La plus évidente et celle de la discrimination toujours rappelée par les séparations entre britanniens et japonais. Le spectre de l'occupation américaine de la fin de la Seconde Guerre Mondiale est forcément présent et si la série ne développe pas de message nouveau de ce côté-là, il ose montrer le racisme sans tabou, quitte à passer par la caricature du noble britannien toisant de haut les pauvres citoyens japonais (portrait heureusement nuancé par d'autres personnages principaux et secondaires). Vient alors le message d'espoir de la série, celui du changement, par une jeunesse ayant soif de paix et de justice, mais se condamnant à la spirale cruelle du drame et de la violence par la guerre. Un message un peu plus crédible et nuancé que celui trop idéaliste apporté par une autre série de Sunrise diffusée quelques mois auparavant : Gundam SEED Destiny.
A lire cette chronique, on pourrait croire que Code Geass ne souffre pas de défaut... ce qui n'est naturellement pas le cas. On pourrait reprocher à cette première saison quelques lacunes visuelles, de nombreux plans qui manquent de finesses, et une animation qui aurait pu conférer aux scènes d'action un rendu spectaculaire. Un travail visuel correct a été fait par les équipes du studio Sunrise, sans pour autant ancrer Code Geass au panthéon des séries d'animation ayant marqué leur époque à ce niveau-là. La série n'a pas forcément mal vieilli visuellement, mais reste assez plate, brillant surtout par ses ambiances, ses personnages et son scénario.
Enfin, le manque de développement de certaines facettes du titre pourront déranger certains, à juste titre. Beaucoup de mystères subsistent après cette première saison (qui nous offre d'ailleurs un cliffhanger insoutenable en guise de scène finale), tandis qu'on peut reprocher à Code Geass ne se jamais montrer le monde hors du Japon, ou très rarement. Les autres nations se seraient-elles toutes soumises à Britannia ? Ceci mêlé à la dimension mystique de la série jamais vraiment traitées, et on peut entrevoir les lacunes d'écriture de Code Geass. Fort heureusement, la saison 2 vient combler ce vide. En plus de conclure l'histoire de Lelouch, elle a justement la lourde tâche de développer ces aspects laissés en retrait et d'aller plus loin dans la géopolitique de l'univers, ce qui la rend différente de la première saison sur certains points.
En 2018, la première saison de Code Geass est sortie en DVD et Blu-Ray chez Kazé, mais est aussi disponible en VOD sur ADN et Netflix. Difficile de reprocher à l’œuvre un manque de diffusion, et il est très facile de profiter légalement de cette première fournée d'épisodes à l'heure actuelle.
A noter que la série est aussi proposée dans un doublage français, globalement de très bonne facture. C'est le comédien Thierry Bourdon, entendu sur Gundam SEED ou Digimon, sans oublier son interprétation de C-17 dans Dragon Ball Z, qui a la lourde tâche d'incarner le charismatique Lelouch. Par lex choix d'interprétation logiques faits, le rendu est très différent de la version originale, à juste titre. Là où en japonais Zéro s'exprime avec une certaine démesure digne des théâtre kabuki, Thierry Bourdon fait s'exprimer le personnage de manière grandiloquente sans calquer l'originale, ce qui aurait rendu étrange la prestation française. Il sait néanmoins nuancer son rôle : sa manière de jouer Lelouch étant plus douce et digne d'un lycéen.
A ses côtés, Adrien Solis est très correct en Suzaku, son jeu faisant efficacement ressortir le tempérament calme et les désirs idéalistes du personnage. C'est un bilan qu'on peut faire globalement à Code Geass : malgré quelques rôles tertiaires qui ont des lignes de dialogue presque récitées, chaque personnage a droit à un comédien qui a su cerner le personnage et son caractère. Ôgi, Jeremiah, Euphemia, Cornelia, Diethard... tant de personnages rendus particulièrement vivants dans la version française. Petit hommage au passage à Patrick Béthune, très efficace dans son interprétation du journaliste avide de sensationnel, Diethard, qui nous a quitté en 2017.
Si Code Geass peut déplaire sur certains aspects, par exemple le character-design très longiligne des CLAMP, repris par Takahiro Kimura, cette première saison mérite qu'on s'y intéressant tant elle a marqué le début des années 2000 par son traitement différent des séries mécha de guerre, son scénario rythmé et peu avare en rebondissements, sa dramaturgie efficace et ses personnages haut en couleur. Lelouch, en particulier, est un personnage charismatique qui vaut le coup d’œil, et qui sera sublimé par la seconde saison.
La série fut un carton, a donné lieu à deux OAV récapitulatives, une série d'OAV spin-off intitulée Akito the Exiled, et plusieurs adaptations et spin-off manga, et bon nombre de chapitres de la franchise furent exportés en France. Depuis 2017, pour les dix ans de la saga, Code Geass connaît même un gros projet anniversaire consistant à réadapter les deux saisons de l'anime en 3 films, et à donner un quatrième long-métrage en guise de suite officielle.
En 2018, il semble que la licence n'ait pas fini de faire parler d'elle.
Sur une Terre fictive, le Saint-Empire de Britannia s'est étendu sur le globe. En 2010 du calendrier impériale, Britannia conquit le Japon grâce à une nouvelle technologie de robots pilotables : les Knightmare Frames. Le pays est renommé Zone 11, et les japonais deviennent les « Eleven ». Des années plus tard, le pays est divisé entre les britanniens et les japonais, hautement persécutés et victimes de racisme, notamment de la part des autorités britanniennes. Des tensions internes subsistent dans le pays, notamment de la part de terroristes clamant un retour du Japon et de la liberté de ses habitants.
Lelouch Lamperouge, brillant étudiant britannien, se retrouve mêlé à une action terroriste suite à un concours de circonstance. Témoin d'une scène de massacre, il est sur le point d'être éxécuté par les soldats britanniens quand une jeune femme convoitée par l'Empire, C.C, confère à Lelouch le Geass, un pouvoir lui permettant de donner à quiconque n'importe quel ordre. Pour le jeune homme, c'est l'occasion rêvée pour mettre en marche son plan de vengeance. Car Lelouch est en réalité un héritier déchu de Britannia qui, suite au meurtre de sa mère et son désir de révolte contre l'Empire, fut exilé au Japon avec sa sœur, Nunnally. Grâce au Geass, Lelouch va pouvoir mettre au point sa rébellion contre Britannia, renverser l'Empire, et offrir un monde meilleur à sa sœur. L'heure de la revanche du démon a sonné !
Série politique, d'action et de robots géants, Code Geass avait marqué sa période de sortie par son concept original. Si dans les grandes lignes l'intrigue conte la guerre entre un empire et une faction rebelle, rien de forcément très innovant, cette première saison tire son épingle du jeu dans la dimension tactique apportée à la formule. L'un des intérêts majeurs de Code Geass repose sur le concept même du Geass, ce pouvoir permettant au héros de donner un ordre à n'importe quoi. Et Lelouch étant un lycéen intelligent et nourri d'un désir de vengeance, on obtient une équation particulièrement efficace, donnant à l'intrigue quelques cops d'éclat, une certaine inventivité dans ses stratégies militaires, et la possibilité de rebondissements imprévisibles grâce à l'évolution du pouvoir du héros. Et c'est une des forces de Code Geass : loin de ne présenter que des scènes de combat déterminées par la puissance des robots, la série repose surtout sur les différentes stratégies de Lelouch qui deviendra Zéro, le charismatique leader masqué de l'Ordre des Chevaliers Noirs. Sur ces 25 premiers épisodes, Code Geass narre ainsi la montée de l'Ordre, l'évolution d'une poignée de personnages au sein de ce conflit opposant l'impitoyable Empire de Britannia aux terroristes prônant la libération du Japon, et la double vie que mène Lelouch sur cette première moitié de série. La série met surtout en scène des protagonistes adolescents, des lycéens qui doivent assumer, en plus de leurs activités de l'ombre ou leur carrière militaire, une vie d'étudiante, nourrie de festivals scolaires et d'amitiés insouciantes et de premiers amours. Cette première saison prend alors grand soin de jongler entre les différentes opérations menées par l'Ordre des Chevaliers Noirs, et les séquences du quotidien, légères et contrastant volontairement avec les autres épisodes, de Lelouch au sein de l'académie Ashford.
Sur le papier, cela peut s'apparenter à une simple volonté de ne pas trop dépayser le public japonais de ce genre de titres, personnages principaux adolescents obligent, mais la démarche est en réalité bien plus subtile que ça. Tandis que le spectateur regrette parfois les épisodes de comédie scolaire très détachés du reste dans leur ambiance, le scénario va petit à petit marier ces deux aspects de manière à développer certains personnages et faire monter une belle tension dramatique. Rien d'anodin donc dans les choix narratifs d'Ichirô Ôkouchi, le scénariste de Code Geass, y compris dans la manière qu'à la série de sortir quelques clichés de séries d'animation japonaises, aujourd'hui vus et re-revus. C.C, la « sorcière » qui symbolise l'énigmatique jeune fille conférant au héros son pouvoir, brille d'une aura mystique et de mystères qui ne seront résolus que lors de la seconde saison, sa relation avec Lelouch fonctionnant même efficacement.
Même idée du côté d'Euphemia, princesse britannienne aux cheveux roses qui représente un archétype assez présent à cette époque (surtout du côté de Sunrise, en atteste Gundam SEED) : la demoiselle aux cheveux roses et prônant la paix et l'amour. Une idée pas forcément réjouissante, mais qui trouve son origine dans son opposition avec Lelouch et son association avec Suzaku, idéaliste souhaitant changer Britannia de l'intérieur. Des idées classiques de personnages dans l'animation japonaise des années 2000, mais qui trouvent un sens dans le développement scénaristique de la série. Difficile d'en dire davantage sans dévoiler un important retournement scénaristique de fin de saison, mais l'introduction de ces archétype n'est pas issue du hasard et a un sens par rapport à l'histoire de Code Geass.
Ce qui nous amène à un autre point fort de la série : sa tension dramatique, fortement liée aux personnages qui évoluent sans cesse sous nos yeux. La série traite particulièrement le jeune âge des personnages principaux, majoritairement adolescents, vivant pour certains leurs premiers émois amoureux. En mêlant ces figures adolescentes aux enjeux de la série, le scénario se dote très régulièrement de touches dramatiques qui jouent efficacement avec notre attachement envers ces personnages. Des drames humains et poignants, parfois inattendus et cruels, toujours mis en relief par la bande-originale de Hitomi Kuroishi qui nous offre quelques chansons lyriques procurant à certaines scènes une aura assez mystique. Souvent, lors ces chansons démarrent, c'est qu'il y a un enjeu scénaristique ou un rebondissement dramatique à servir. On retiendra Stories qui sert bien l'émotion de scènes clefs, sans oublier Innocent Days, marquant un moment majeur de la fin de la première saison ainsi qu'une certaine symbolique : celle de la fin de l'insouciante pour bien des personnages, une sorte de manière de marquer le passage à l'âge adulte pour plusieurs de ces adolescents projetés dans le conflits, et tous nourris d'un désir de changement.
Ce ne serait pas exagéré d’interpréter la série ainsi puisque des thématiques, Code Geass n'en manque pas. La plus évidente et celle de la discrimination toujours rappelée par les séparations entre britanniens et japonais. Le spectre de l'occupation américaine de la fin de la Seconde Guerre Mondiale est forcément présent et si la série ne développe pas de message nouveau de ce côté-là, il ose montrer le racisme sans tabou, quitte à passer par la caricature du noble britannien toisant de haut les pauvres citoyens japonais (portrait heureusement nuancé par d'autres personnages principaux et secondaires). Vient alors le message d'espoir de la série, celui du changement, par une jeunesse ayant soif de paix et de justice, mais se condamnant à la spirale cruelle du drame et de la violence par la guerre. Un message un peu plus crédible et nuancé que celui trop idéaliste apporté par une autre série de Sunrise diffusée quelques mois auparavant : Gundam SEED Destiny.
A lire cette chronique, on pourrait croire que Code Geass ne souffre pas de défaut... ce qui n'est naturellement pas le cas. On pourrait reprocher à cette première saison quelques lacunes visuelles, de nombreux plans qui manquent de finesses, et une animation qui aurait pu conférer aux scènes d'action un rendu spectaculaire. Un travail visuel correct a été fait par les équipes du studio Sunrise, sans pour autant ancrer Code Geass au panthéon des séries d'animation ayant marqué leur époque à ce niveau-là. La série n'a pas forcément mal vieilli visuellement, mais reste assez plate, brillant surtout par ses ambiances, ses personnages et son scénario.
Enfin, le manque de développement de certaines facettes du titre pourront déranger certains, à juste titre. Beaucoup de mystères subsistent après cette première saison (qui nous offre d'ailleurs un cliffhanger insoutenable en guise de scène finale), tandis qu'on peut reprocher à Code Geass ne se jamais montrer le monde hors du Japon, ou très rarement. Les autres nations se seraient-elles toutes soumises à Britannia ? Ceci mêlé à la dimension mystique de la série jamais vraiment traitées, et on peut entrevoir les lacunes d'écriture de Code Geass. Fort heureusement, la saison 2 vient combler ce vide. En plus de conclure l'histoire de Lelouch, elle a justement la lourde tâche de développer ces aspects laissés en retrait et d'aller plus loin dans la géopolitique de l'univers, ce qui la rend différente de la première saison sur certains points.
En 2018, la première saison de Code Geass est sortie en DVD et Blu-Ray chez Kazé, mais est aussi disponible en VOD sur ADN et Netflix. Difficile de reprocher à l’œuvre un manque de diffusion, et il est très facile de profiter légalement de cette première fournée d'épisodes à l'heure actuelle.
A noter que la série est aussi proposée dans un doublage français, globalement de très bonne facture. C'est le comédien Thierry Bourdon, entendu sur Gundam SEED ou Digimon, sans oublier son interprétation de C-17 dans Dragon Ball Z, qui a la lourde tâche d'incarner le charismatique Lelouch. Par lex choix d'interprétation logiques faits, le rendu est très différent de la version originale, à juste titre. Là où en japonais Zéro s'exprime avec une certaine démesure digne des théâtre kabuki, Thierry Bourdon fait s'exprimer le personnage de manière grandiloquente sans calquer l'originale, ce qui aurait rendu étrange la prestation française. Il sait néanmoins nuancer son rôle : sa manière de jouer Lelouch étant plus douce et digne d'un lycéen.
A ses côtés, Adrien Solis est très correct en Suzaku, son jeu faisant efficacement ressortir le tempérament calme et les désirs idéalistes du personnage. C'est un bilan qu'on peut faire globalement à Code Geass : malgré quelques rôles tertiaires qui ont des lignes de dialogue presque récitées, chaque personnage a droit à un comédien qui a su cerner le personnage et son caractère. Ôgi, Jeremiah, Euphemia, Cornelia, Diethard... tant de personnages rendus particulièrement vivants dans la version française. Petit hommage au passage à Patrick Béthune, très efficace dans son interprétation du journaliste avide de sensationnel, Diethard, qui nous a quitté en 2017.
Si Code Geass peut déplaire sur certains aspects, par exemple le character-design très longiligne des CLAMP, repris par Takahiro Kimura, cette première saison mérite qu'on s'y intéressant tant elle a marqué le début des années 2000 par son traitement différent des séries mécha de guerre, son scénario rythmé et peu avare en rebondissements, sa dramaturgie efficace et ses personnages haut en couleur. Lelouch, en particulier, est un personnage charismatique qui vaut le coup d’œil, et qui sera sublimé par la seconde saison.