Chronique Animation - Gambling school- Actus manga
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Dvd Chronique Animation - Gambling school

Dimanche, 29 Avril 2018 à 14h00 - Source :Chronique Animation

De son nom original Kakegurui, Gambling School est, à l'origine, un manga scénarisé par Homura Kawamoto et dessiné par Tôru Naomura, en cours de parution depuis l'année en France aux éditions Soleil. Depuis les débuts de sa publication en 2014 au Japon, l'oeuvre est devenue l'un des succès du magazine Gangan Joker de Square Enix, et elle a déjà connu pas moins de 4 spin off papier. Forcément, un tel succès ne pouvait que finir sur le grill de l'animation, et c'est en 2017 qu'une adaptation voit le jour.

Composée de 12 épisodes, la saison 1 de Gambling School fut initialement diffusée au Japon sur les chaînes de télévision Tokyo MX, MBS, BS11, RKB et TVA, du 1er juillet au 23 septembre. Pas de simulcast en France pour celle-ci, puis qu'elle a été acquise à l'international par Netflix. Et comme souvent avec Netflix, la série est arrivée en vostf quelques mois après sa conclusion avec la mise en ligne de tous ses épisodes d'un coup: on peut la découvrir dans notre pays depuis le 1er février.
Le projet d'adaptation a été révélé dès février 2017 par le très qualitatif studio Mappa. L'équipe technique est notamment composée de Yuichiro Hayashi (Garo) à la réalisation, Yasuko Kobayashi (Garo également) à l'écriture, et Manabu Akita au character design (c'est la première fois qu'il assure cette fonction).


Il est bon de noter tout de suite que Gambling School est un anime très fidèle au manga d'origine: il adapte scrupuleusement, sans jamais s'écarter des différents déroulements, l'intégralité des 5 premiers tomes... tout du moins, sur ses 11 premiers épisodes, car le 12ème et dernier épisode a été présenté, à l'époque de sa diffusion japonaise, comme étant une fin originale scénarisée par Homura Kawamoto en personne. Il s'agit néanmoins d'une fin ouverte, et une saison 2 ayant été annoncée en début d'année 2018, on se demande bien quelles sont les différences exactes de cet épisode avec le manga. Le tome 6 n'étant pas encore sorti en France, pour l'instant il n'est pas vraiment légalement possible de le savoir.


La série nous immerge dans une école on ne peut plus spéciale puisqu'on y passe son temps à jouer et à tricher. Mais mieux vaut se méfier de ses camarades de classe, habitués à exceller dans les jeux de hasard et surtout à gagner. Cette école, c'est le complexe scolaire Hyakkaô, un établissement vieux de 122 ans, fort d'anciennes traditions et d'une clientèle riche puisque nombre d'élèves viennent de familles de grands dirigeants. Dans ce cadre d'élite, ce ne sont pas les notes et les capacités sportives qui comptent, car celles et ceux amenés à diriger le monde n'en ont pas besoin. L'école développe plutôt d'autres talents plus utiles aux puissants : savoir être fin tacticien, avoir du cran, ou lire dans les pensées des autres pour deviner leurs intentions. Tout cela se traduit par une chose : devoir être fort aux jeux de hasard, omniprésents ! Et cela s'accompagne de tout un système de hiérarchie et de nivellement.


Ainsi, le conseil des élèves, dirigé par la présidente Kirari Momobami qui a instauré ce système de jeux deux ans auparavant, gère les jeux de façon exclusive, a des droits importants et recueille l'argent des autres élèves de façon presque forcée, même si c'est inavoué. Dans ce fonctionnement, soit on domine, soit on est dominé. Victimes idéales, celles et ceux qualifiés de "bêtes" sont les 100 derniers élèves sur 3000, car ils chutent aux jeux et n'apportent pas assez d'argent, et ils ne sont alors plus considérés que comme des "élèves réfractaires" bons à faire le larbin, une situation dont il est difficile de sortir quand on n'a plus d'argent à parier aux jeux... Et justement, Suzui est l'une de ces "bêtes", étant notamment le larbin favori de Mary Saotome, arrogante blondinette ayant une bonne partie de la classe dans sa poche grâce à ses victoires dans les jeux. C'est alors qu'arrive dans l'établissement une nouvelle élève : Yumeko Jabami, demoiselle qui n'a pas l'air au courant du fonctionnement du lycée, et qui devient d'emblée la cible de Saotome qui lui propose un jeu. Sous le regard de Suzui, Mary s'apprête à donner une leçon à la nouvelle venue et donc à asseoir un peu plus son prestige... du moins le pense-t-elle, car Yumeko pourrait bien créer la surprise et se faire remarquer par tous dès son arrivée !


Ainsi démarre, dans son premier épisode, la série, qui a le mérite de poser très vite les bases de son univers, qui sont présentées clairement. La suite se chargera de distiller ça et là d'autres données importantes, par exemple sur les parties publiques qui sont le seul droit des "bêtes" et qui auront une importance cruciale par moments. Ces dernières peuvent affronter qui ils veulent une seule fois tant que la mise n'est pas trop élevée, et l'adversaire ne peut pas refuser. Concrètement, une fois le premier épisode passé, Gambling School suit en déroulement extrêmement linéaire, où Yumeko va affronter divers adversaires les uns après les autres, dont la plupart font partie du fameux conseil des élèves, mais pas que. Cela aurait vite pu devenir lassant, mais c'est sans compter les qualités que l'oeuvre propose autour de ses jeux et de ses personnages.


En effet, les différents jeux ne sont pas juste des jeux de hasard déjà existants : il s'agit de versions remodelées, enrichies, donnant alors lieu à de nouvelles règles et donnes. Il y a par exemple, le "vote pierre-feuille-ciseaux" où les prévisions semblent très aléatoires, les "doubles paires épuisantes" qui sont à première vue dures, voire impossibles, car il faut retenir l'emplacement de pas moins de 104 cartes, "la vie ou la mort" dont le principe est proche d'une roulette, où il faut imaginer ce qui va sortir, et où l'on peut gagner ou perdre encore plus que ce qui est misé... Au fil des épisodes, les jeux sont amenés à bien se diversifier, avec par exemple des épreuves particulièrement folles et risquées (comme celle de la marquante Ikishima qui aime frôler la mort), ou à plus de 2 joueurs, avec ce que ça peut alors impliquer d'alliances, comme c'est le cas lors du "poker indien à deux cartes", variante du poker qui s'avère normalement être un pur jeu de chance, mais ici les règles sont rendues plus délicates avec l'utilisation supplémentaire de jetons représentant les dettes de chaque joueur.


Le but : récupérer les jetons qui ont le plus de valeur en tant que dettes. La mise s'avère alors être un élément capital, plus encore que la simple chance, et pour bien en profiter tous les coups sont permis, y compris la triche, car bien que surveillant la partie, le conseil n'interviendra dans aucune triche, car comme le dit la greffière du conseil : "Dans le monde des paris, c'est celui qui se fait avoir qui est en tort !". En plus des variantes dans les règles des jeux, la triche est donc un élément crucial... mais aussi la stratégie, le sens de l'observation, le bluff... L'oeuvre sait varier les plaisirs pour se renouveler et offrir des choses bien rythmées et assez tendues. Les adversaires de Yumeko mettent volontiers au point des techniques de triche et autres joyeusetés qui sont assez fines et qui viennent pimenter les choses, et l'un des principaux intérêts est alors de voir si, oui ou non, la jeune fille parviendra à comprendre les méthodes de triche et à les retourner à son avantage, non sans faire preuve de cran et d'une langue bien pendue pour essayer de déstabiliser un peu l'adversaire. La galerie de personnages est l'un des atouts indéniables de la série, notamment car elle joue à merveille sur une chose: des caractères excessifs ! Ce qui est évidemment un parti pris auquel il faut adhérer rapidement, sans quoi on peut très vite décrocher de la série. Le comportement des personnages va souvent loin et est pleinement assumé par une mise en scène qui se plaît même parfois à les rendre encore plus poussés que dans le manga, ne serait-ce que quand Yumeko semble à la limite de l'orgasme en jouant et en frôlant le danger. Et justement, parlons plus spécifiquement de Yumeko, héroïne assez étonnante. Elle ne semble absolument pas s'inquiéter de choses comme l'argent ou la peur de tout perdre : dans les jeux, elle veut tout simplement s'amuser. En apparence paisible, douce et gentille, elle devient une tout autre personne quand elle joue, ce qui se voit notamment dans son regard presque empreint de folie quand elle est au summum de l'amusement. Loin de connaître la peur en apprenant la nature de l'école, elle en est surexcitée.


Faire échouer la triche, elle trouve ça hyper stimulant et adore ça, d'autant que contrairement à ses adversaires tricheuses elle déteste les parties où elle est sûre de gagner ou de perdre. C'est ainsi qu'en frôlant souvent le pire, elle trouve l'extase en donnant tout, et en laissant parler d'étonnantes (presque surhumaines parfois) capacités dans l'art d'observer ou de retourner une situation. Pourquoi est-elle ainsi ? Les questions sur d'où elle vient et sur la naissance de sa passion pour les jeux sont évidemment présentes. A cela, un début de réponse : pour elle l'essence même du jeu est la folie, car dans notre monde capitaliste confier son argent au hasard est un comportement proche de la démence. Mais n'est-ce pas par goût du risque que les gens fréquentent alors les casinos ? C'est en raisonnant ainsi que Yumeko adore aller loin dans les jeux, car elle trouve cela toujours plus grisant. Mais cela suffira-t-il pour toujours gagner ? La réalisation est très soignée. Elle manque peut-être de prises de risques par rapport au manga, tant elle y reste très fidèle, mais au moins on y retrouve toutes les spécificités visuelles: designs très soignés, expressions faciales délicieusement marquées et excessives quand il faut, des gros plans sur les personnages quand nécessaire pour bien les faire ressortir... Les musiques alternent assez bien entre des choses assez posées et un peu jazzy pouvant offrir une légère ambiance de casino, et des choses un eu plus denses qui soulignent honnêtement les moments de tension ou d'excès. Les couleurs sont vives, les décors convaincants, l'animation est de qualité constante... Il n'y a pas grand-chose à redire, c'est soigné et ça fait bien le job, comme très souvent pour les oeuvres venues du studio Mappa.



Malgré son déroulement très linéaire, la première saison de Gambling School est donc très enthousiasmante, car elle reprend soigneusement et avec une technique réussie tout ce qui fait la réussite du manga d'origine. Des jeux souvent assez bien pensés et parfois très addictifs, de bons moments de triche, de bluff, de déstabilisation et d'autres joyeusetés, une galerie de personnages délicieusement excessive, une héroïne séduisante... La seule condition est d'accrocher assez rapidement aux différents partis pris, pour se laisser happer dans l'enfer grisant de ces jeux.


L'avis du chroniqueur
Koiwai

Dimanche, 29 Avril 2018
15 20

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