Chronique ciné asie - Les contes de la lune vague après la pluie- Actus manga
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Ciné-Asie Chronique ciné asie - Les contes de la lune vague après la pluie

Jeudi, 16 Janvier 2014 à 01h00 - Source :Chroniques Cinéma Asiatique

Kenji Mizoguchi est un grand nom du cinéma classique japonais, au même titre qu'Akira Kurosawa, Kaneto Shindô, Yasujirô Ozu ou Mikio Naruse. Pourtant, il nous a quittés il y a fort longtemps, en 1956.
Son œuvre est à l'heure actuelle quelque peu abandonnée en matière de disponibilité vidéo. Attardons-nous sur Les contes de la lune vague après la pluie, sorti en 1953, probablement l'un de ses films les plus importants, et l'un des plus importants du cinéma nippon des années 1950.



Derrière ce titre français en magnifique prose, Les contes de la lune vague après la pluie évoque l'histoire de familles de paysans qui s'exilent de leur village pour fuir les pillages, et trouver une vie meilleure à la grande ville. Alors que l'un des hommes, père de famille, ne pense qu'à intégrer le corps des samouraïs, l'autre sera charmé par une étrange aristocrate.
Si le film a fait fort impression à l'époque de sa sortie, notamment en Europe où il décrocha le Lion d'or de la Mostra de Venise, c'est sans doute, car il montre plusieurs facettes caractéristiques de la culture japonaise. À tel point qu'on a l'impression d'avoir vu tout un pan du Japon à travers ce seul film.
Les contes de la lune vague parle aussi bien de la dureté de la vie paysanne que la façon dont se structure la société japonaise de cette époque – avec, à travers ses personnages, une stratification claire : des nobles, des militaires, des artisans, etc.


Mais au-delà de cet aperçu, un vent onirique porte le film, et c'est là son principal intérêt. Le film est vu comme un voyage : les protagonistes quittent leur village natal pour atteindre la ville et un espoir d'un monde avec moins de violence. Ce chemin est semé d’embûches, que ce soient les terribles pilleurs ou les péchés primaires des héros (ambition, séduction), jusqu'à ce qu'un souffle fantastique vienne ultimement plonger le film dans le registre du folklore traditionnel. En parallèle, bien que la ville était un espoir pour les paysans, Mizoguchi, par réalisme, n'omet pas de montrer les malheurs qu'elle abrite.



Tous ces éléments sont formidablement bien mis en scène par le réalisateur, et explique sans doute pourquoi le film a tant séduit le public occidental : il montre le folklore japonais dans ce qu'il a de plus fort et symbolique. Un débat a d'ailleurs eu lieu à l'époque, soulignant que les films d'époque japonais connaissaient un certain succès auprès de l'occident pour leur exotisme, au détriment des films contemporains (par ailleurs souvent porteurs de thématiques concrètes et importantes). Ces films n'en demeurent pas moins des fenêtres sur une culture et sont réalisés avec un soin particulier apporté à l'esthétique. Aussi, ne boudons pas notre plaisir.



En à peine une heure trente, Les contes de lune vague après la pluie brasse large ses thématiques, et se révèle être une fiction très signifiante. Tout d'abord sur la culture qu'elle montre, mais aussi par le regard qu'elle porte sur l'âme humaine. La résistance des femmes face à la souffrance, l'avarice et la perversion des hommes, les regrets des morts, beaucoup de sentiments (ou ressentiments!) sont montrés aux spectateurs. C'est un film vraiment très complet, qui se déroule sur un somptueux noir et blanc et dans des décors dignes du meilleur ouvrage de l'époque.
L'avis du chroniqueur
Raimaru

Jeudi, 16 Janvier 2014
17 20

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