Manga Rencontre avec Kenji Oiwa (Assassin's Creed Awakening, Bienvenue dans la NHK, Goth, 99 Happy Soul)
L'invité manga de l'édition de février 2016 de Paris Manga n'était autre que Kenji Oiwa, dessinateur de plusieurs mangas publiés en France : Goth, 99 Happy Soul, Bienvenue dans la NHK, et Assassin's Creed Awakening. A l'occasion de sa venue en France, nous avons pu rencontrer cet artiste qui revint avec une certaine franchise sur ces titres qui ont marqué sa carrière encore jeune !
Kenji Oiwa, merci à vous d'avoir accepté cette rencontre ! On sait qu'avant de devenir mangaka professionnel, vous avez été vendeur dans une librairie spécialisée et auteur de fanzines. Mais pouvez-vous nous expliquer plus en détail votre parcours ?
Kenji Oiwa : C'est une petite erreur que je retrouve souvent quand on parle de moi : en fait, je me suis mis à dessiner des fanzines après être devenu auteur de manga.
A l'origine je voulais être illustrateur, mais il est difficile de vivre uniquement de cette activité. Du coup, j'ai choisi d'étendre un peu mon horizon en étant aussi mangaka.
A l'origine de Goth, on trouve un roman d'Otsuichi. Comment en êtes-vous venu à adapter ce roman ?
A la base, c'est mon éditeur qui m'a présenté à Mr Otsuichi. Nous sommes du même âge et avons vite remarqué que nous avions des sensibilités très proches. Du coup, j'ai lu plusieurs de ses oeuvres, mais pas tout de suite Goth, et ai fini par penser que ce serait intéressant que je travaille avec lui. Mon éditeur m'a alors présenté sa toute nouvelle oeuvre, Goth.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans l'oeuvre originale ?
C'est la relation entre les deux personnages principaux Morino et Kamiyama, et leur façon de se parler, qui m'a d'abord interpellé. Leur relation un peu ambiguë, variant entre amitié et amour sans qu'on en sache trop, m'a beaucoup séduit.
Pour la version manga de ce roman que nous ne connaissons malheureusement pas en France, avez-vous modifié des choses, raccourci ou rajouté des passages ?
Pour le manga, je n'ai pas retenu l'histoire du chien, qui tient une place assez importante dans le roman. Il y a tout un chapitre du roman où l'on se place de son point de vue, mais je trouvais ça très difficile à retranscrire en manga.
Les autres modifications ne sont pas fondamentales et concernent plutôt la façon de montrer les choses que j'ai choisie. Certaines chutes, certaines conclusions...
On vous connaît aussi pour 99 Happy Soul, dont vous avez signé le scénario en plus du dessin. Comment avez-vous imaginé cet univers farfelu et un peu coquin ?
J'avais auprès de mon éditeur l'image d'un homme s'attaquant un peu aux problèmes de société, et je voulais briser un peu cette image en réalisant une oeuvre dans un genre complètement différent. A force de discussions avec diverses personnes de mon entourage, on en est arrivés à l'histoire de 99 Happy Soul.
Dans la préface de ce manga, vous dites que c'est celui dont vous êtes le moins fier et le plus honteux ! Pourquoi exactement ?
C'est essentiellement parce que je n'ai pas pu le dessiner jusqu'à la fin.
Egalement, le fait de me lancer dans un style complètement différent a mis un peu de côté les fans que j'avais acquis précédemment, et le public n'a pas suivi.
Vous expliquez également dans le tome que votre manga n'a pas de fin parce que vous l'avez vous-même sabordé à cause de conflits avec votre éditeur...
Il y a aussi de ça, en effet. J'ai choisi de saborder mon manga parce qu'à force de voir le public s'en écarter, mon éditeur partait sur des voies différentes de ce que je voulais. J'avais peur que la série s'écarte de l'image que je m'en faisais, d'en être dépossédé en quelque sorte, et ai donc préféré y mettre fin.
Puis est venu le succès Bienvenue dans la NHK, basé sur un roman de Tatsuhiko Takimoto. Comment en êtes-vous arrivé à adapter cette oeuvre ?
C'est une série que je me suis beaucoup amusé à dessiner ! (rires)
Un peu à la manière de Goth, j'ai eu la chance de pouvoir beaucoup discuter avec l'auteur original sur son oeuvre, et cette dernière étant riche le manga a pu durer longtemps. Là aussi, Mr Takimoto et moi sommes du même âge et avons beaucoup de choses en commun. Je me souviens que nous avons eu des discussions très spéciales sur des thèmes de l'oeuvre comme la drogue (rires) et que cela nous a permis d'arriver au résultat que vous connaissez dans le manga.
Le manga faisant 8 tomes, l'avez-vous enrichi par rapport à l'oeuvre originale ?
Oui, notamment certains passages qui m'ont beaucoup marqué, comme celui où la mère protège son enfant. Ce sont sur certains passages de ce type que je me suis permis d'approfondir le développement des personnages concernés.
J'espère qu'un jour vous aurez la chance de lire l'oeuvre originale, car elle est très intéressante.
Je garde un souvenir très fort des deux personnages centraux du manga, Tatsuhiko et Misaki, un hikikomori un peu parano, et une jeune fille très mignonne et un peu érotique mais inadaptée à la société. Pouvez-vous nous parler un peu de ces jeunes un peu paumés ?
Je tenais vraiment à bien dessiner la rencontre entre ces deux jeunes gens inadaptés, montrer leur relations et leurs différents conflits qui leur permettent d'évoluer et de retrouver certains repères.
Je pense aussi qu'on a un peu de ces personnages en chacun de nous. La société moderne étant ce qu'elle est et pouvant nous accabler à tout moment, à mon avis certaines choses vécues par ces personnages peuvent arriver à tout le monde.
Le manga a connu une populaire adaptation animée. Avez-vous eu un rôle à jouer dessus ?
J'ai préféré me mettre en recul sur cette adaptation, et ai tout confié à Mr Takimoto. Il s'agissait d'une adaptation du manga lui-même adapté du roman, donc j'ai préféré que la tâche soit confiée à l'auteur original.
Comment êtes-vous arrivé sur le projet de manga Assassin's Creed Awakening ?
C'est le fruit du hasard. Ubisoft voulait un manga Assassin's Creed dans le Jump X, j'avais des contacts au sein de ce magazine et était libre à ce moment-là, et vu que mon dessin se rapprochait de ce que voulait Ubisoft on m'a proposé le projet.
Etant donné qu'il s'agit d'une adaptation du jeu vidéo Assassin's Creed IV, quelle a été votre marge de liberté sur ce manga ?
Un scénariste était là pour s'occuper de l'adaptation du contenu du jeu, et moi je me suis occupé uniquement du dessin et de la façon de montrer les choses. En quelque sorte, j'étais plus réalisateur que mangaka sur cette oeuvre.
Pour que mon dessin corresponde, j'ai reçu beaucoup de documentation que j'ai dû éplucher dans un temps limité pour m'adapter à la licence originale.
Depuis 2014 vous travaillez sur une nouvelle oeuvre : Aka to Ao no Ehrenberg. Pouvez-vous nous en parler ?
Pour l'instant, un seul tome est sorti et le projet stagne pour plusieurs raisons. J'aimerais beaucoup la poursuivre et y développer les personnages, et j'espère pouvoir le faire un jour, mais à l'heure actuelle ce n'est pas possible.
Actuellement je développe un autre projet, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment !
Remerciements à Kenji Oiwa, à son interprète Andy Oulebsir, à son manager Emmanuel Bochew et à Paris Manga pour la mise en place de cette rencontre.
Kenji Oiwa, merci à vous d'avoir accepté cette rencontre ! On sait qu'avant de devenir mangaka professionnel, vous avez été vendeur dans une librairie spécialisée et auteur de fanzines. Mais pouvez-vous nous expliquer plus en détail votre parcours ?
Kenji Oiwa : C'est une petite erreur que je retrouve souvent quand on parle de moi : en fait, je me suis mis à dessiner des fanzines après être devenu auteur de manga.
A l'origine je voulais être illustrateur, mais il est difficile de vivre uniquement de cette activité. Du coup, j'ai choisi d'étendre un peu mon horizon en étant aussi mangaka.
A l'origine de Goth, on trouve un roman d'Otsuichi. Comment en êtes-vous venu à adapter ce roman ?
A la base, c'est mon éditeur qui m'a présenté à Mr Otsuichi. Nous sommes du même âge et avons vite remarqué que nous avions des sensibilités très proches. Du coup, j'ai lu plusieurs de ses oeuvres, mais pas tout de suite Goth, et ai fini par penser que ce serait intéressant que je travaille avec lui. Mon éditeur m'a alors présenté sa toute nouvelle oeuvre, Goth.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans l'oeuvre originale ?
C'est la relation entre les deux personnages principaux Morino et Kamiyama, et leur façon de se parler, qui m'a d'abord interpellé. Leur relation un peu ambiguë, variant entre amitié et amour sans qu'on en sache trop, m'a beaucoup séduit.
Pour la version manga de ce roman que nous ne connaissons malheureusement pas en France, avez-vous modifié des choses, raccourci ou rajouté des passages ?
Pour le manga, je n'ai pas retenu l'histoire du chien, qui tient une place assez importante dans le roman. Il y a tout un chapitre du roman où l'on se place de son point de vue, mais je trouvais ça très difficile à retranscrire en manga.
Les autres modifications ne sont pas fondamentales et concernent plutôt la façon de montrer les choses que j'ai choisie. Certaines chutes, certaines conclusions...
On vous connaît aussi pour 99 Happy Soul, dont vous avez signé le scénario en plus du dessin. Comment avez-vous imaginé cet univers farfelu et un peu coquin ?
J'avais auprès de mon éditeur l'image d'un homme s'attaquant un peu aux problèmes de société, et je voulais briser un peu cette image en réalisant une oeuvre dans un genre complètement différent. A force de discussions avec diverses personnes de mon entourage, on en est arrivés à l'histoire de 99 Happy Soul.
Dans la préface de ce manga, vous dites que c'est celui dont vous êtes le moins fier et le plus honteux ! Pourquoi exactement ?
C'est essentiellement parce que je n'ai pas pu le dessiner jusqu'à la fin.
Egalement, le fait de me lancer dans un style complètement différent a mis un peu de côté les fans que j'avais acquis précédemment, et le public n'a pas suivi.
Vous expliquez également dans le tome que votre manga n'a pas de fin parce que vous l'avez vous-même sabordé à cause de conflits avec votre éditeur...
Il y a aussi de ça, en effet. J'ai choisi de saborder mon manga parce qu'à force de voir le public s'en écarter, mon éditeur partait sur des voies différentes de ce que je voulais. J'avais peur que la série s'écarte de l'image que je m'en faisais, d'en être dépossédé en quelque sorte, et ai donc préféré y mettre fin.
Puis est venu le succès Bienvenue dans la NHK, basé sur un roman de Tatsuhiko Takimoto. Comment en êtes-vous arrivé à adapter cette oeuvre ?
C'est une série que je me suis beaucoup amusé à dessiner ! (rires)
Un peu à la manière de Goth, j'ai eu la chance de pouvoir beaucoup discuter avec l'auteur original sur son oeuvre, et cette dernière étant riche le manga a pu durer longtemps. Là aussi, Mr Takimoto et moi sommes du même âge et avons beaucoup de choses en commun. Je me souviens que nous avons eu des discussions très spéciales sur des thèmes de l'oeuvre comme la drogue (rires) et que cela nous a permis d'arriver au résultat que vous connaissez dans le manga.
Le manga faisant 8 tomes, l'avez-vous enrichi par rapport à l'oeuvre originale ?
Oui, notamment certains passages qui m'ont beaucoup marqué, comme celui où la mère protège son enfant. Ce sont sur certains passages de ce type que je me suis permis d'approfondir le développement des personnages concernés.
J'espère qu'un jour vous aurez la chance de lire l'oeuvre originale, car elle est très intéressante.
Je garde un souvenir très fort des deux personnages centraux du manga, Tatsuhiko et Misaki, un hikikomori un peu parano, et une jeune fille très mignonne et un peu érotique mais inadaptée à la société. Pouvez-vous nous parler un peu de ces jeunes un peu paumés ?
Je tenais vraiment à bien dessiner la rencontre entre ces deux jeunes gens inadaptés, montrer leur relations et leurs différents conflits qui leur permettent d'évoluer et de retrouver certains repères.
Je pense aussi qu'on a un peu de ces personnages en chacun de nous. La société moderne étant ce qu'elle est et pouvant nous accabler à tout moment, à mon avis certaines choses vécues par ces personnages peuvent arriver à tout le monde.
Le manga a connu une populaire adaptation animée. Avez-vous eu un rôle à jouer dessus ?
J'ai préféré me mettre en recul sur cette adaptation, et ai tout confié à Mr Takimoto. Il s'agissait d'une adaptation du manga lui-même adapté du roman, donc j'ai préféré que la tâche soit confiée à l'auteur original.
Comment êtes-vous arrivé sur le projet de manga Assassin's Creed Awakening ?
C'est le fruit du hasard. Ubisoft voulait un manga Assassin's Creed dans le Jump X, j'avais des contacts au sein de ce magazine et était libre à ce moment-là, et vu que mon dessin se rapprochait de ce que voulait Ubisoft on m'a proposé le projet.
Etant donné qu'il s'agit d'une adaptation du jeu vidéo Assassin's Creed IV, quelle a été votre marge de liberté sur ce manga ?
Un scénariste était là pour s'occuper de l'adaptation du contenu du jeu, et moi je me suis occupé uniquement du dessin et de la façon de montrer les choses. En quelque sorte, j'étais plus réalisateur que mangaka sur cette oeuvre.
Pour que mon dessin corresponde, j'ai reçu beaucoup de documentation que j'ai dû éplucher dans un temps limité pour m'adapter à la licence originale.
Depuis 2014 vous travaillez sur une nouvelle oeuvre : Aka to Ao no Ehrenberg. Pouvez-vous nous en parler ?
Pour l'instant, un seul tome est sorti et le projet stagne pour plusieurs raisons. J'aimerais beaucoup la poursuivre et y développer les personnages, et j'espère pouvoir le faire un jour, mais à l'heure actuelle ce n'est pas possible.
Actuellement je développe un autre projet, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment !
Remerciements à Kenji Oiwa, à son interprète Andy Oulebsir, à son manager Emmanuel Bochew et à Paris Manga pour la mise en place de cette rencontre.
De Bobmorlet [5629 Pts], le 25 Mars 2016 à 20h34
Intéressant!