Manga Rencontre avec les auteurs de L'Equipe Z
Edmond Tourriol et Albert Carreres ne sont pas étrangers au monde de la bande-dessinée en France. Ensemble, ces deux passionnés de football sont les auteurs de Zlatan Style et de Banc de Touche. Ils ont aussi contribué aux œuvres françaises du magazine Shôgun chez Les Humanoïdes Associés en 2007, Edmond avec Zeitnot et Albert avec Hand 7. En ce début d’année 2016, ils nous reviennent par le biais de L’Equipe Z aux éditions Kotoji, une série sur de jeunes footballers prévue sur trois tomes et co-scénarisée par Daniel Fernandes. A l’occasion du 43ème Festival International de la Bande-dessinée d’Angoulême, les deux auteurs étaient présents sur le stand de l’éditeur pour présenter et signer leur nouvelle œuvre, l’occasion pour nous de revenir sur le travail et la passion de messieurs Carreres et Tourriol qui nous livrent leur vision du football et de L’Equipe Z.
Bonjour Edmond et Albert. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et ce qui vous a amené vers la bande-dessinée ?
Edmond : Quand j’avais quatre ans, j’étais fasciné par les super-héros, je les appelais les « supers musclés » car on voyait leurs muscles saillants apparaître sous leurs costumes. Avec mon frère, on demandait toujours à nos parents des livres de « super musclés » mais comme on ne savait pas lire, on demandait à ma mère de le faire. Comme ce n’était pas trop sa came, elle nous a vite appris à lire si bien qu’à l’âge de 5 ans je pouvais déjà profiter de mes livres de super-héros. De fil en aiguille, j’ai pris goût à la BD en général, allant du franco-belge comme Lucky Luck et Tintin aux super-héros qui représentent les trois quarts de ma culture avec la pop-culture américaine. Je tiens donc ma passion de cet amour de jeunesse qui ne s’est jamais arrêté puisque je travaille aussi comme traducteur de comics américains pour le marché français.
Albert : Je fais de la bande-dessinée depuis plus de dix ans, j’ai travaillé à la fois pour les Etats-Unis, la France et l’Espagne et sur tous genres de formats, du manga à la BD. Je suis un peu un mercenaire de la bande-dessinée. (rires)
Faire du manga était un rêve pour moi parce que c’est tout simplement de ça que je vis. En particulier, réaliser un manga sur le football est mon rêve ultime depuis que je suis enfant.
Edmond, est-ce que ça te plairait de faire une BD de super-héros ?
Edmond : Bien-sûr que ça me plairait, et j’ai envie de te dire que j’en ai déjà fait mais en amateur, en fanzines, quand j’étais dans une association qui s’appelait Climax Comics. J’ai fait ça en amateur, pendant deux ou trois ans vers 1999. On a publié une cinquantaine de fanzines différents dont chacun était tiré maximum à 200 exemplaires. On a appris plein de choses sur le tas, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à écrire mes premières histoires et que j’ai rencontré une bonne partie de l’équipe avec laquelle on évolue au sein du studio MAKMA. Je pense notamment à Stéphan Boschat qui est mon associé au sein du studio ainsi que son gérant. Je l’ai initialement rencontré pour faire du lettrage. Il était au départ prévu comme dessinateur mais après avoir vu ses capacités, il a été décidé qu’il devienne lettreur.
Justement, peux-tu nous parler plus en détails du studio MAKMA ? Comment a-t-il évolué depuis sa création ?
Edmond : Une partie du studio MAKMA est constituée d’une bonne part de l’équipe dirigeante de Climax Comics, c’était une activité amateur. J’ai toujours voulu travailler dans la BD et sur les super-héros. Je ne sais pas si c’est toujours le cas mais quand j’étais petit, au collège lors des premiers jours de cours, on nous demandait de couper une feuille en deux et de noter des informations sur nous, par exemple ce qu’on voulait faire plus tard. Et bien j’ai répondu que je voulais être scénariste des X-Men. Je ne l’ai jamais été, même si j’ai traduit X-Men.
Tout ça pour dire que dans l’équipe, on voulait tous devenirs professionnels et c’est pour ça qu’au lieu de faire nos œuvres en amateurs, on voulait se professionnaliser dans le monde du comics. On a publié notre premier comic-book au niveau national avec un fort tirage, peut-être 2000 exemplaires. C’est un titre qui s’appelait « Spell » et qui racontait l’histoire d’une sorcière. Ce fut un échec retentissant en termes de vente mais on a beaucoup appris lors de sa conception.
Puis petit à petit, à force d’aller sur les salons, je suis entré en contact avec l’équipe de Semic qui publiait alors des super-héros. J’ai eu l’occasion d’y remplacer un ami, rencontré sur un forum de fans de Savage Dragon (super-héros américain, ndt), qui était traducteur et qui ne pouvait plus y consacrer tout son temps puisqu’il avait un autre travail à côté qui lui demandait plus d’implication après les attentats du 11 septembre. Je suis ainsi entré chez Semic et tout s’est bien passé. A partir de là, on avait mis un pied dans le milieu professionnel du comics.
C’est pour ça que l’activité principale de MAKMA est l’adaptation, on fait surtout de la traduction et de l’encrage de comics américains. Néanmoins, on se diversifie aussi tout ce qui existe, Stéphan et moi sommes scénaristes de BD, comics et mangas, et nous avons des dessinateurs, des encreurs, des scénaristes, des traducteurs… Tout ce qui existe dans le milieu de la BD en fait. On compte pas loin d’une quarantaine de personnes capables de se charger de toutes les étapes de la conception d’une bande-dessinée.
Quelle a été votre première approche du manga ?
Edmond : J’ai 42 ans, je suis né en 1974. Comme beaucoup de personnes de ma génération, ce premier contact n’a pas eu lieu avec les mangas sous leur forme papier mais avec leurs adaptations animées. J’ai grandi bien-sûr avec Goldorak, Albator, Capitaine Flam, la Bataille des Planètes… Puis vers mes 15-16 ans il y eut Akira que j’ai d’abord connu par sa version Epic Comics, colorisée chez Marvel par Steve Oliff. J’avais déjà lu le manga par la version américaine mais j’étais heureux de voir la version originale en France car enfin on pouvait lire du manga ! J’ai acheté les bouquins sortis chez Glénat afin qu’ils arrêtent la publication sous ce format, c’était la même époque où j’achetais Kameha qui nous permettait de découvrir plein de séries. Puis, il y a évidemment eu Dragon Ball au format papier… J’aime énormément les super-héros, mais j’adore aussi le manga. Je ne fais pas de sectarisme et j’aime raconter des histoires sur différents formats, je choisi celui qui s’y prête le mieux à chaque fois. Dans le cas de L’Equipe Z, on s’est demandé comment raconter au mieux un récit de foot. On a tous lu dans l’équipe Captain Tsubasa et forcément, c’est le manga qui nous paraissait être le meilleur choix.
Avez-vous des coups de cœur manga actuellement ?
Edmond : Actuellement non, mais j’ai adoré Bakuman car ça m’a rappelé mes premiers pas en tant qu’auteur de manga dans le magazine Shôgun aux Humanoïdes Associés. Petit aparté, Albert dessinait Hand 7, un titre sur le football, tandis que je faisais Zeitnot, un récit sur les échecs. On dit toujours qu’il faut écrire sur les échecs et c’est un domaine que je connais bien, déjà parce que j’ai eu quelques échecs dans ma vie mais on parle bien là du jeu d’échecs (rires), j’ai notamment joué en compétition, on est monté en national 4 avec mon équipe. L’expérience s’est bien passée mais les Humanoïdes Associés ont eu quelques soucis et toute la collection Shogun a été sabordée, mais un jour on fera la suite de Zeitnot.
Bakuman m’a donc rappelé mes premiers pas chez Shogun car on suit deux jeunes plein d’espoir qui attendent l’acceptation de l’éditeur ainsi que les scores de publication des séries… C’est vraiment ce qu’on a vécu, et j’ai adoré le revivre à travers Bakuman. Des mêmes auteurs, il y a aussi eu Death Note des années auparavant. Et en ce moment, je m’éclate à relire l’intégrale de Cutie Honey de Go Nagai, je me fends vraiment la gueule dessus. Enfin, j’ai acheté tout récemment One Punch Man et… jusqu’aux vingt dernières pages, j’avais pris la décision de ne pas lire la suite, j’étais vraiment déçu par rapport au buzz que ça fait. Mais à la fin, je me suis enfin dit que c’était pas mal, et je vais au moins lire le volume 2. Mais ce n’est pas pour autant qu’il s’agit d’un coup de cœur, c’est plus un intérêt, une curiosité. Je n’ai pas de vrai coup-de-cœur en ce moment.
Albert : J’ai joué au foot mais aussi au basketball. Du coup, mon manga préféré est Slam Dunk de Takehiko Inoue, ainsi que Dragon Ball. Dans mes coups-de-cœur, il y a Assassination Classroom que j’aime beaucoup bien que ce soit une histoire étrange, et One Punch Man comme tout le monde. Edmond n’aime pas trop, mais je ne sais pas pourquoi, l’histoire est pourtant très simple : Il y a des monstres, et le héros les dégomme en un coup-de-poing. (rires) Il y a aussi Seven Deadly Sins et d’autres récits dont j’aime le dessinateur…
Le format manga implique un découpage dynamique que l’on ressent dans L’Equipe Z. Albert, tu passes de la bande-dessinée au manga dans tes différentes œuvres, n’est-ce pas trop difficile de jongler entre les supports ?
Albert : C’est difficile parce qu’il y a de la restriction dans le nombre de pages. Dans un manga on peut expliquer l’action, accentuer le dynamisme alors que dans la bande-dessinée on ne peut pas trop faire ça. Je pense que c’est ça la différence et la difficulté.
Le football est un titre qui est imprégné de passion, notamment du côté des personnages. Qu’en est-il pour tous les deux ? Quel est votre rapport au football ?
Albert : Quand j’étais enfant, j’ai joué durant quatre ans au football. Je suis fan du FC Barcelone. J’aime le football et pour ça, il m’est facile de dessiner sur ce thème. Dessiner sur quelque chose qu’on aime est plus simple.
Edmond : De mon côté, c’est très simple : J’ai grandi avec un père supporter de Saint-Etienne, il regardait les matchs de l’équipe de France vu qu’on n’avait pas encore les diffusions de championnats. Je trouvais ça intéressant, mais sans plus. Puis il y eu 1982, lorsque la France s’est faite éliminer contre la RFA, un moment horrible avec cette faute de Schumacher sur Battiston… Mon père en avait les larmes aux yeux, et c’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre que le foot est important. Mais ce n’est pas à cet instant que je m’y suis mis. J’étais certes content, mais finalement je m’en foutais un peu. J’ai regardé ça de plus ou moins loin, puis j’ai eu le déclic véritable en 1986, à la Coupe du Monde. L’équipe de Platini… c’était super ! Je me souviens encore de ce match France-Brésil qu’on a gagné aux tirs aux buts, un match que mon père nous avait laissé regarder contre l’avis de ma mère alors qu’il s’est terminé tard avec les prolongations et les tirs-aux-buts. C’est là que j’ai vraiment compris que le foot, c’est un truc sérieux. A partir de ce moment, j’ai commencé à jouer mais pas dans un club. L’idée même de jouer en club me saoulait, je préférais pratiquer avec mes copains, dans la rue ou sur les terrains libres. On jouait tout le temps, j’ai continué jusqu’à l’âge de 17-18 ans. J’ai beaucoup joué et j’ai beaucoup regardé les matchs.
J’habite Bordeaux donc je suis supporter des Girondins qui ont joué des matchs supers dans les années 80, par exemple de la Ligue des Champions en 85… C’était des grands matchs ! Bien-sûr, j’étais content que la France gagne la coupe du monde 98, mais je n’ai pas attendu ce moment pour m’intéresser au foot, ça fait partie de ma vie, d’autant plus que mon fils joue au football et il vient faire du futsal avec moi de temps en temps. Le foot n’est pas qu’un moyen de raconter une histoire pour moi, c’est une passion.
Ce côté passionnel tranche justement avec le côté polémiste véhiculé par les médias…
Edmond : A ce sujet, il y a d’abord un truc important que je vais dire. Le problème que j’ai avec l’idée du foot véhiculée par les médias, c’est que les gens sont jaloux. On entend beaucoup que « les joueurs de foot sont payés des millions à courir après un ballon mais ils sont complètement cons ». Peut-être qu’effectivement ce ne sont pas des champions d’orthographe ou de syntaxe et qu’ils sont très bien payés pour jouer au ballon. Mais dans ce cas-là, pourquoi ces gens ne deviennent pas joueur de foot, si c’est si facile ? Ce qu’il faut savoir c’est qu’un joueur de foot professionnel est presque déjà un pro à l’âge de douze ans, ça implique une hygiène de vie irréprochable, de se coucher tôt tout le temps, de régulièrement faire ses gammes… ce sont des gens qui souffrent énormément parce qu’ils doivent travailler tout le temps. Toi et moi, on se marre quand on tape dans la balle mais ces gens doivent faire ça hyper sérieusement car c’est leur métier. Bien entendu, ils prennent plaisir à jouer mais ils font un travail inhumain, ce dont les gens n’ont pas conscience. C’est dommage que je n’entende jamais des discours comme quoi les acteurs de cinéma sont payés des millions à jouer devant une caméra car le foot, c’est pareil. Pour moi, le football est un art qui demande des compétences physiques et techniques et ceux qui ont vu évoluer Lionel Messi ou Christiano Ronaldo, pour parler de joueurs d’aujourd’hui, diront la même chose. Je trouve ça dommage de réduire le foot à ces idées et de l’assimiler aux racailles et aux illettrés. Le foot est un sport qui appartient à tout le monde. On ne demande pas aux joueurs de faire de grands discours mais d’exercer un beau football qui procurera du bonheur aux gens. C’est important car beaucoup de gens malheureux trouvent un peu de joie en regardant le match les samedis soirs et rien que pour ça, je pense qu’il faut respecter les joueurs.
Albert : Le côté polémiste est presque normal car dès qu’il est question d’argent, il y a des problèmes. Et comme le football génère énormément d’argent, c’est évident qu’il y aura des polémiques. Maintenant, les magazines people espagnoles présentent plus de star de foot que de stars de cinéma, tu peux voir Christiano Ronaldo dans tous les magazines. (rires)
Et justement, le côté passionnel qu’on ressent dans l’Equipe Z et par ses personnages tranche avec cet aspect négatif qui entoure le foot. Quelles valeurs avez-vous souhaité transmettre ?
Edmond : Oui car L’Equipe Z, c’est un peu un rêve de gamin. Quand j’ai commencé à m’intéresser au foot, il était déjà trop tard pour jouer correctement. Je suis entré dedans à l’âge de douze ans, et c’est l’âge qu’ont les joueurs pro quand ils arrêtent de développer leurs capacités techniques pour s’attaquer à leurs capacités physiques. Et justement, on a fait hier soir une partie de foot en salle avec une « équipe Z » composée par le studio MAKMA contre des équipes faites de membres de Kotoji, de blogueurs, de journalistes… Le match a représenté ma malédiction : j’ai les compétences physiques, mais pas du tout la technique. Mon grand regret est de ne pas avoir fait l’effort de m’inscrire dans un club quand j’étais petit. Dans L’Equipe Z, on a voulu prendre le problème au-dessus en présentant des gamins qui jouent en club mais qui ont échoué aux détections du club de foot imaginaire qu’est le FC Bordeaux Métropolis, l’équivalent des Girondins dans notre univers. Mais on leur donne une deuxième chance ce qui est, je trouve, super important dans la vie car j’estime que les meilleures leçons qu’on prend dans la vie résultent d’un échec. L’Equipe Z, c’est une histoire d’une deuxième chance donnée à des laissés pour compte car ce qui est important dans un échec n’est pas la manière dont tu tombes mais la manière dont tu te relèves. C’est ça l’histoire de L’Equipe Z, c’est la manière dont une équipe va se relever ensemble et avancer ensemble. Car dans L’Equipe Z, il y a le mot « équipe ». Et d’ailleurs, notre match d’hier soir contre l’équipe s’est soldé par une défaite pour nous car nous avons joué perso tandis que Kotoji a joué en équipe, ce fut une belle leçon de football.
Albert : Avant même les caractéristiques morales des personnages, j’ai souhaité travaillé les différences ethniques. Et c’est une difficulté car le style manga est tellement épuré qu’il est difficile d’établir de réelles différences.
Dans L’Equipe Z, il y a deux valeurs qui dominent : d’abord la solidarité, mais aussi l’importance d’accepter l’autre. Cette dernière est primordiale car dans le foot de rue, même celui pratiqué sur les terrains vagues, c’est le sport de toutes les ethnies. On est tous ensemble, mais on partage un moment de plaisir.
Edmond : C’est tout à fait ça. C’est aussi illustré par notre partie de foot en salle hier qui réunissait artistes, blogueurs, journalistes, éditeurs… Le foot s’affranchit des ethnies et des caractéristiques sociales.
Albert : La dernière valeur importante de la série est le dépassement de soi qui caractérisent particulièrement les personnages. Car on ne parle pas de l’équipe A, de l’équipe B ou de l’équipe C, mais bien de l’équipe Z, de ceux dont personne n’a voulu !
Dans L’Equipe Z, on remarque qu’une grande importance est donnée aux personnages féminins. Pensez-vous qu’il serait intéressant d’écrire une histoire sur le football féminin ?
Edmond : Je compte bien le faire et à plus d’un titre. D’abord, j’ai vraiment envie de développer un jour un manga spécifiquement sur une équipe de foot féminine. Je le dis comme ça et peut-être que je le dirai un jour à ma fille, mais je regrette qu’elle n’ait pas joué au foot. Je suis heureux qu’elle fasse de la chanson et de la danse, moi-même j’adore la musique, mais je ne fais donc pas de foot avec ma fille. Je trouve le foot féminin très intéressant car ce n’est pas un sport programmé pour les hommes. D’autre part, je travaille actuellement sur le manga officiel du Paris Saint-Germain et vu que ça se passe dans un univers réel, on va présenter des équipes mixtes. On va réunir des personnages inventés de toutes pièces ainsi que des vrais joueurs. On trouvera donc des joueuses de l’équipe de football féminin du PSG dans ce titre. Je sais que dans la vie les joueuses ne jouent pas avec les joueurs mais il n’y a selon moi pas de raison, le football est pour tout le monde.
Albert : En Espagne, de plus en plus de filles jouent au foot mais les gens ne vont pas tellement au stade pour les voir jouer. J’habite à Barcelone et notre équipe féminine va bientôt recevoir celle du Paris Saint-Germain au prochain tour éliminatoire de la Ligue des Champions féminines.
Edmond : On est conscients de l’importance des femmes dans le foot. Dans L’Equipe Z, les personnages féminins ne jouent pas mais elles ont un rôle très important au niveau décisionnel. Laura est la fille de l’entraîneur, elle est aussi l’intérêt amoureux de la série pour Hugo et Majid qui vont essayer de la conquérir. Pour les héros, il y a deux quêtes : Est-ce qu’ils deviendront de bons joueurs de foot, et est-ce qu’ils parviendront à séduire Laura ? Ensuite, il y a la fille du milliardaire, Shakti, qui est amoureuse de Majid qui lui n’est pas intéressé. Elle est presque à l’origine de la situation puisqu’elle pousse son père à accepter le principe même du défi de l’équipe Z. Elle est très intelligente et manipulatrice, c’est d’elle que dépend la formation de cette équipe Z.
Albert : Il y a un autre personnage féminin mais on ne peut rien dire, c’est un secret. (rires)
La série est prévue sur trois tomes. Avez-vous déjà la conclusion de l’histoire en tête ?
Edmond : La série comptera trois tomes de manière sûre, et peut-être plus si la série fonctionne bien. Le synopsis des deux volumes restants est déjà écrit. Le script ne l’est pas, mais on sait comment vont se dérouler les deux prochains tomes. On sait quels joueurs finiront dans l’équipe et quelles surprises la suite réserve.
On a fait le choix d’avoir un arc narratif prévu en trois tomes, c’est l’histoire principale. Mais on fera en sorte d’avoir une fin ouverte parce que si le public est au rendez-vous, on a tellement de choses à raconter qu’on développera les deux-trois idées plantées par ci, par là.
Albert : Je suis à peu près au courant de ce qui va se passer dans la série mais j’ai moins ces choses en tête car je suis dans l’immédiateté du dessin contrairement aux scénaristes qui savent où ils vont. A chaque fois que je reçois le script, j’ai la surprise de découvrir les scènes et les dialogues. J’ai vit un peu la surprise des lecteurs mais j’ai même la chance de pouvoir les retranscrire par mon dessin.
Remerciements à Pierre Sery des éditions Kotoji, à Edmond Tourriol et à Albert Carreres.
Bonjour Edmond et Albert. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et ce qui vous a amené vers la bande-dessinée ?
Edmond : Quand j’avais quatre ans, j’étais fasciné par les super-héros, je les appelais les « supers musclés » car on voyait leurs muscles saillants apparaître sous leurs costumes. Avec mon frère, on demandait toujours à nos parents des livres de « super musclés » mais comme on ne savait pas lire, on demandait à ma mère de le faire. Comme ce n’était pas trop sa came, elle nous a vite appris à lire si bien qu’à l’âge de 5 ans je pouvais déjà profiter de mes livres de super-héros. De fil en aiguille, j’ai pris goût à la BD en général, allant du franco-belge comme Lucky Luck et Tintin aux super-héros qui représentent les trois quarts de ma culture avec la pop-culture américaine. Je tiens donc ma passion de cet amour de jeunesse qui ne s’est jamais arrêté puisque je travaille aussi comme traducteur de comics américains pour le marché français.
Albert : Je fais de la bande-dessinée depuis plus de dix ans, j’ai travaillé à la fois pour les Etats-Unis, la France et l’Espagne et sur tous genres de formats, du manga à la BD. Je suis un peu un mercenaire de la bande-dessinée. (rires)
Faire du manga était un rêve pour moi parce que c’est tout simplement de ça que je vis. En particulier, réaliser un manga sur le football est mon rêve ultime depuis que je suis enfant.
Edmond, est-ce que ça te plairait de faire une BD de super-héros ?
Edmond : Bien-sûr que ça me plairait, et j’ai envie de te dire que j’en ai déjà fait mais en amateur, en fanzines, quand j’étais dans une association qui s’appelait Climax Comics. J’ai fait ça en amateur, pendant deux ou trois ans vers 1999. On a publié une cinquantaine de fanzines différents dont chacun était tiré maximum à 200 exemplaires. On a appris plein de choses sur le tas, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à écrire mes premières histoires et que j’ai rencontré une bonne partie de l’équipe avec laquelle on évolue au sein du studio MAKMA. Je pense notamment à Stéphan Boschat qui est mon associé au sein du studio ainsi que son gérant. Je l’ai initialement rencontré pour faire du lettrage. Il était au départ prévu comme dessinateur mais après avoir vu ses capacités, il a été décidé qu’il devienne lettreur.
Justement, peux-tu nous parler plus en détails du studio MAKMA ? Comment a-t-il évolué depuis sa création ?
Edmond : Une partie du studio MAKMA est constituée d’une bonne part de l’équipe dirigeante de Climax Comics, c’était une activité amateur. J’ai toujours voulu travailler dans la BD et sur les super-héros. Je ne sais pas si c’est toujours le cas mais quand j’étais petit, au collège lors des premiers jours de cours, on nous demandait de couper une feuille en deux et de noter des informations sur nous, par exemple ce qu’on voulait faire plus tard. Et bien j’ai répondu que je voulais être scénariste des X-Men. Je ne l’ai jamais été, même si j’ai traduit X-Men.
Tout ça pour dire que dans l’équipe, on voulait tous devenirs professionnels et c’est pour ça qu’au lieu de faire nos œuvres en amateurs, on voulait se professionnaliser dans le monde du comics. On a publié notre premier comic-book au niveau national avec un fort tirage, peut-être 2000 exemplaires. C’est un titre qui s’appelait « Spell » et qui racontait l’histoire d’une sorcière. Ce fut un échec retentissant en termes de vente mais on a beaucoup appris lors de sa conception.
Puis petit à petit, à force d’aller sur les salons, je suis entré en contact avec l’équipe de Semic qui publiait alors des super-héros. J’ai eu l’occasion d’y remplacer un ami, rencontré sur un forum de fans de Savage Dragon (super-héros américain, ndt), qui était traducteur et qui ne pouvait plus y consacrer tout son temps puisqu’il avait un autre travail à côté qui lui demandait plus d’implication après les attentats du 11 septembre. Je suis ainsi entré chez Semic et tout s’est bien passé. A partir de là, on avait mis un pied dans le milieu professionnel du comics.
C’est pour ça que l’activité principale de MAKMA est l’adaptation, on fait surtout de la traduction et de l’encrage de comics américains. Néanmoins, on se diversifie aussi tout ce qui existe, Stéphan et moi sommes scénaristes de BD, comics et mangas, et nous avons des dessinateurs, des encreurs, des scénaristes, des traducteurs… Tout ce qui existe dans le milieu de la BD en fait. On compte pas loin d’une quarantaine de personnes capables de se charger de toutes les étapes de la conception d’une bande-dessinée.
Quelle a été votre première approche du manga ?
Edmond : J’ai 42 ans, je suis né en 1974. Comme beaucoup de personnes de ma génération, ce premier contact n’a pas eu lieu avec les mangas sous leur forme papier mais avec leurs adaptations animées. J’ai grandi bien-sûr avec Goldorak, Albator, Capitaine Flam, la Bataille des Planètes… Puis vers mes 15-16 ans il y eut Akira que j’ai d’abord connu par sa version Epic Comics, colorisée chez Marvel par Steve Oliff. J’avais déjà lu le manga par la version américaine mais j’étais heureux de voir la version originale en France car enfin on pouvait lire du manga ! J’ai acheté les bouquins sortis chez Glénat afin qu’ils arrêtent la publication sous ce format, c’était la même époque où j’achetais Kameha qui nous permettait de découvrir plein de séries. Puis, il y a évidemment eu Dragon Ball au format papier… J’aime énormément les super-héros, mais j’adore aussi le manga. Je ne fais pas de sectarisme et j’aime raconter des histoires sur différents formats, je choisi celui qui s’y prête le mieux à chaque fois. Dans le cas de L’Equipe Z, on s’est demandé comment raconter au mieux un récit de foot. On a tous lu dans l’équipe Captain Tsubasa et forcément, c’est le manga qui nous paraissait être le meilleur choix.
Avez-vous des coups de cœur manga actuellement ?
Edmond : Actuellement non, mais j’ai adoré Bakuman car ça m’a rappelé mes premiers pas en tant qu’auteur de manga dans le magazine Shôgun aux Humanoïdes Associés. Petit aparté, Albert dessinait Hand 7, un titre sur le football, tandis que je faisais Zeitnot, un récit sur les échecs. On dit toujours qu’il faut écrire sur les échecs et c’est un domaine que je connais bien, déjà parce que j’ai eu quelques échecs dans ma vie mais on parle bien là du jeu d’échecs (rires), j’ai notamment joué en compétition, on est monté en national 4 avec mon équipe. L’expérience s’est bien passée mais les Humanoïdes Associés ont eu quelques soucis et toute la collection Shogun a été sabordée, mais un jour on fera la suite de Zeitnot.
Bakuman m’a donc rappelé mes premiers pas chez Shogun car on suit deux jeunes plein d’espoir qui attendent l’acceptation de l’éditeur ainsi que les scores de publication des séries… C’est vraiment ce qu’on a vécu, et j’ai adoré le revivre à travers Bakuman. Des mêmes auteurs, il y a aussi eu Death Note des années auparavant. Et en ce moment, je m’éclate à relire l’intégrale de Cutie Honey de Go Nagai, je me fends vraiment la gueule dessus. Enfin, j’ai acheté tout récemment One Punch Man et… jusqu’aux vingt dernières pages, j’avais pris la décision de ne pas lire la suite, j’étais vraiment déçu par rapport au buzz que ça fait. Mais à la fin, je me suis enfin dit que c’était pas mal, et je vais au moins lire le volume 2. Mais ce n’est pas pour autant qu’il s’agit d’un coup de cœur, c’est plus un intérêt, une curiosité. Je n’ai pas de vrai coup-de-cœur en ce moment.
Albert : J’ai joué au foot mais aussi au basketball. Du coup, mon manga préféré est Slam Dunk de Takehiko Inoue, ainsi que Dragon Ball. Dans mes coups-de-cœur, il y a Assassination Classroom que j’aime beaucoup bien que ce soit une histoire étrange, et One Punch Man comme tout le monde. Edmond n’aime pas trop, mais je ne sais pas pourquoi, l’histoire est pourtant très simple : Il y a des monstres, et le héros les dégomme en un coup-de-poing. (rires) Il y a aussi Seven Deadly Sins et d’autres récits dont j’aime le dessinateur…
Le format manga implique un découpage dynamique que l’on ressent dans L’Equipe Z. Albert, tu passes de la bande-dessinée au manga dans tes différentes œuvres, n’est-ce pas trop difficile de jongler entre les supports ?
Albert : C’est difficile parce qu’il y a de la restriction dans le nombre de pages. Dans un manga on peut expliquer l’action, accentuer le dynamisme alors que dans la bande-dessinée on ne peut pas trop faire ça. Je pense que c’est ça la différence et la difficulté.
Le football est un titre qui est imprégné de passion, notamment du côté des personnages. Qu’en est-il pour tous les deux ? Quel est votre rapport au football ?
Albert : Quand j’étais enfant, j’ai joué durant quatre ans au football. Je suis fan du FC Barcelone. J’aime le football et pour ça, il m’est facile de dessiner sur ce thème. Dessiner sur quelque chose qu’on aime est plus simple.
Edmond : De mon côté, c’est très simple : J’ai grandi avec un père supporter de Saint-Etienne, il regardait les matchs de l’équipe de France vu qu’on n’avait pas encore les diffusions de championnats. Je trouvais ça intéressant, mais sans plus. Puis il y eu 1982, lorsque la France s’est faite éliminer contre la RFA, un moment horrible avec cette faute de Schumacher sur Battiston… Mon père en avait les larmes aux yeux, et c’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre que le foot est important. Mais ce n’est pas à cet instant que je m’y suis mis. J’étais certes content, mais finalement je m’en foutais un peu. J’ai regardé ça de plus ou moins loin, puis j’ai eu le déclic véritable en 1986, à la Coupe du Monde. L’équipe de Platini… c’était super ! Je me souviens encore de ce match France-Brésil qu’on a gagné aux tirs aux buts, un match que mon père nous avait laissé regarder contre l’avis de ma mère alors qu’il s’est terminé tard avec les prolongations et les tirs-aux-buts. C’est là que j’ai vraiment compris que le foot, c’est un truc sérieux. A partir de ce moment, j’ai commencé à jouer mais pas dans un club. L’idée même de jouer en club me saoulait, je préférais pratiquer avec mes copains, dans la rue ou sur les terrains libres. On jouait tout le temps, j’ai continué jusqu’à l’âge de 17-18 ans. J’ai beaucoup joué et j’ai beaucoup regardé les matchs.
J’habite Bordeaux donc je suis supporter des Girondins qui ont joué des matchs supers dans les années 80, par exemple de la Ligue des Champions en 85… C’était des grands matchs ! Bien-sûr, j’étais content que la France gagne la coupe du monde 98, mais je n’ai pas attendu ce moment pour m’intéresser au foot, ça fait partie de ma vie, d’autant plus que mon fils joue au football et il vient faire du futsal avec moi de temps en temps. Le foot n’est pas qu’un moyen de raconter une histoire pour moi, c’est une passion.
Ce côté passionnel tranche justement avec le côté polémiste véhiculé par les médias…
Edmond : A ce sujet, il y a d’abord un truc important que je vais dire. Le problème que j’ai avec l’idée du foot véhiculée par les médias, c’est que les gens sont jaloux. On entend beaucoup que « les joueurs de foot sont payés des millions à courir après un ballon mais ils sont complètement cons ». Peut-être qu’effectivement ce ne sont pas des champions d’orthographe ou de syntaxe et qu’ils sont très bien payés pour jouer au ballon. Mais dans ce cas-là, pourquoi ces gens ne deviennent pas joueur de foot, si c’est si facile ? Ce qu’il faut savoir c’est qu’un joueur de foot professionnel est presque déjà un pro à l’âge de douze ans, ça implique une hygiène de vie irréprochable, de se coucher tôt tout le temps, de régulièrement faire ses gammes… ce sont des gens qui souffrent énormément parce qu’ils doivent travailler tout le temps. Toi et moi, on se marre quand on tape dans la balle mais ces gens doivent faire ça hyper sérieusement car c’est leur métier. Bien entendu, ils prennent plaisir à jouer mais ils font un travail inhumain, ce dont les gens n’ont pas conscience. C’est dommage que je n’entende jamais des discours comme quoi les acteurs de cinéma sont payés des millions à jouer devant une caméra car le foot, c’est pareil. Pour moi, le football est un art qui demande des compétences physiques et techniques et ceux qui ont vu évoluer Lionel Messi ou Christiano Ronaldo, pour parler de joueurs d’aujourd’hui, diront la même chose. Je trouve ça dommage de réduire le foot à ces idées et de l’assimiler aux racailles et aux illettrés. Le foot est un sport qui appartient à tout le monde. On ne demande pas aux joueurs de faire de grands discours mais d’exercer un beau football qui procurera du bonheur aux gens. C’est important car beaucoup de gens malheureux trouvent un peu de joie en regardant le match les samedis soirs et rien que pour ça, je pense qu’il faut respecter les joueurs.
Albert : Le côté polémiste est presque normal car dès qu’il est question d’argent, il y a des problèmes. Et comme le football génère énormément d’argent, c’est évident qu’il y aura des polémiques. Maintenant, les magazines people espagnoles présentent plus de star de foot que de stars de cinéma, tu peux voir Christiano Ronaldo dans tous les magazines. (rires)
Et justement, le côté passionnel qu’on ressent dans l’Equipe Z et par ses personnages tranche avec cet aspect négatif qui entoure le foot. Quelles valeurs avez-vous souhaité transmettre ?
Edmond : Oui car L’Equipe Z, c’est un peu un rêve de gamin. Quand j’ai commencé à m’intéresser au foot, il était déjà trop tard pour jouer correctement. Je suis entré dedans à l’âge de douze ans, et c’est l’âge qu’ont les joueurs pro quand ils arrêtent de développer leurs capacités techniques pour s’attaquer à leurs capacités physiques. Et justement, on a fait hier soir une partie de foot en salle avec une « équipe Z » composée par le studio MAKMA contre des équipes faites de membres de Kotoji, de blogueurs, de journalistes… Le match a représenté ma malédiction : j’ai les compétences physiques, mais pas du tout la technique. Mon grand regret est de ne pas avoir fait l’effort de m’inscrire dans un club quand j’étais petit. Dans L’Equipe Z, on a voulu prendre le problème au-dessus en présentant des gamins qui jouent en club mais qui ont échoué aux détections du club de foot imaginaire qu’est le FC Bordeaux Métropolis, l’équivalent des Girondins dans notre univers. Mais on leur donne une deuxième chance ce qui est, je trouve, super important dans la vie car j’estime que les meilleures leçons qu’on prend dans la vie résultent d’un échec. L’Equipe Z, c’est une histoire d’une deuxième chance donnée à des laissés pour compte car ce qui est important dans un échec n’est pas la manière dont tu tombes mais la manière dont tu te relèves. C’est ça l’histoire de L’Equipe Z, c’est la manière dont une équipe va se relever ensemble et avancer ensemble. Car dans L’Equipe Z, il y a le mot « équipe ». Et d’ailleurs, notre match d’hier soir contre l’équipe s’est soldé par une défaite pour nous car nous avons joué perso tandis que Kotoji a joué en équipe, ce fut une belle leçon de football.
Albert : Avant même les caractéristiques morales des personnages, j’ai souhaité travaillé les différences ethniques. Et c’est une difficulté car le style manga est tellement épuré qu’il est difficile d’établir de réelles différences.
Dans L’Equipe Z, il y a deux valeurs qui dominent : d’abord la solidarité, mais aussi l’importance d’accepter l’autre. Cette dernière est primordiale car dans le foot de rue, même celui pratiqué sur les terrains vagues, c’est le sport de toutes les ethnies. On est tous ensemble, mais on partage un moment de plaisir.
Edmond : C’est tout à fait ça. C’est aussi illustré par notre partie de foot en salle hier qui réunissait artistes, blogueurs, journalistes, éditeurs… Le foot s’affranchit des ethnies et des caractéristiques sociales.
Albert : La dernière valeur importante de la série est le dépassement de soi qui caractérisent particulièrement les personnages. Car on ne parle pas de l’équipe A, de l’équipe B ou de l’équipe C, mais bien de l’équipe Z, de ceux dont personne n’a voulu !
Dans L’Equipe Z, on remarque qu’une grande importance est donnée aux personnages féminins. Pensez-vous qu’il serait intéressant d’écrire une histoire sur le football féminin ?
Edmond : Je compte bien le faire et à plus d’un titre. D’abord, j’ai vraiment envie de développer un jour un manga spécifiquement sur une équipe de foot féminine. Je le dis comme ça et peut-être que je le dirai un jour à ma fille, mais je regrette qu’elle n’ait pas joué au foot. Je suis heureux qu’elle fasse de la chanson et de la danse, moi-même j’adore la musique, mais je ne fais donc pas de foot avec ma fille. Je trouve le foot féminin très intéressant car ce n’est pas un sport programmé pour les hommes. D’autre part, je travaille actuellement sur le manga officiel du Paris Saint-Germain et vu que ça se passe dans un univers réel, on va présenter des équipes mixtes. On va réunir des personnages inventés de toutes pièces ainsi que des vrais joueurs. On trouvera donc des joueuses de l’équipe de football féminin du PSG dans ce titre. Je sais que dans la vie les joueuses ne jouent pas avec les joueurs mais il n’y a selon moi pas de raison, le football est pour tout le monde.
Albert : En Espagne, de plus en plus de filles jouent au foot mais les gens ne vont pas tellement au stade pour les voir jouer. J’habite à Barcelone et notre équipe féminine va bientôt recevoir celle du Paris Saint-Germain au prochain tour éliminatoire de la Ligue des Champions féminines.
Edmond : On est conscients de l’importance des femmes dans le foot. Dans L’Equipe Z, les personnages féminins ne jouent pas mais elles ont un rôle très important au niveau décisionnel. Laura est la fille de l’entraîneur, elle est aussi l’intérêt amoureux de la série pour Hugo et Majid qui vont essayer de la conquérir. Pour les héros, il y a deux quêtes : Est-ce qu’ils deviendront de bons joueurs de foot, et est-ce qu’ils parviendront à séduire Laura ? Ensuite, il y a la fille du milliardaire, Shakti, qui est amoureuse de Majid qui lui n’est pas intéressé. Elle est presque à l’origine de la situation puisqu’elle pousse son père à accepter le principe même du défi de l’équipe Z. Elle est très intelligente et manipulatrice, c’est d’elle que dépend la formation de cette équipe Z.
Albert : Il y a un autre personnage féminin mais on ne peut rien dire, c’est un secret. (rires)
La série est prévue sur trois tomes. Avez-vous déjà la conclusion de l’histoire en tête ?
Edmond : La série comptera trois tomes de manière sûre, et peut-être plus si la série fonctionne bien. Le synopsis des deux volumes restants est déjà écrit. Le script ne l’est pas, mais on sait comment vont se dérouler les deux prochains tomes. On sait quels joueurs finiront dans l’équipe et quelles surprises la suite réserve.
On a fait le choix d’avoir un arc narratif prévu en trois tomes, c’est l’histoire principale. Mais on fera en sorte d’avoir une fin ouverte parce que si le public est au rendez-vous, on a tellement de choses à raconter qu’on développera les deux-trois idées plantées par ci, par là.
Albert : Je suis à peu près au courant de ce qui va se passer dans la série mais j’ai moins ces choses en tête car je suis dans l’immédiateté du dessin contrairement aux scénaristes qui savent où ils vont. A chaque fois que je reçois le script, j’ai la surprise de découvrir les scènes et les dialogues. J’ai vit un peu la surprise des lecteurs mais j’ai même la chance de pouvoir les retranscrire par mon dessin.
Remerciements à Pierre Sery des éditions Kotoji, à Edmond Tourriol et à Albert Carreres.
De Bobmorlet [5633 Pts], le 06 Mars 2016 à 19h23
Sympa comme rencontre!