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Dvd Chronique animation - Fusé - Memoirs of the Hunter Girl

Mercredi, 23 Mars 2016 à 17h00

En octobre 2012, les grands écrans nippons accueillent Fusé – Memoirs of the Hunter Girl, un film que l’on doit au célèbre et prestigieux studio d’animation TMS Entertainment (Detective Conan, Lupin III…) et sous la direction de Masayuki Miyaji, une figure modeste de l’animation japonaise qui a néanmoins occupé le poste de directeur-assistant du film « Le voyage de Chihiro », une expérience qui imprégnera grandement le réalisateur sur l’œuvre présente. Mais Fusé n’est pas un film tout à fait original puisqu’il s’agit d’une libre adaptation de Nansô Satomi Hakkenden, un célèbre roman nippon écrit par Kyokutei Bakin au XIXè siècle et totalisant 106 volumes dans sa première édition. Souhaitant proposer des œuvres d’animation variées, allant de la série nostalgique au film plus indépendant en passant par les blockbusters du moment, l’éditeur @anime nous propose le métrage sous deux format, une édition DVD et un collector combo.

La jeune Hamaji vivait dans les montagnes, avec son grand-père, vivant uniquement de chasse et par leurs propres moyens. A la mort de celui-ci, Hamaji reçoit une invitation de son grand-frère à rejoindre la ville d’Edo. Sur place, elle découvre que le shogunat traque sans relâche les « Fusé », des créatures mi-homme mi-chien existant en nombre défini. Ces créatures, elles, se font discrètes dans la société et se nourrissent d’orbes d’énergie vitale existant chez leurs proies. Chaque Fusé a sa tête mise à prix, aussi le frère d’Hamaji l’invite à la chasse à ces créatures. Une vie nouvelle s’offre alors pour la jeune fille qui, outre une chasse d’envergure nouvelle, va apprendre à évoluer au sein d’Edo, découvrant particulièrement sa féminité. Cela se fera notamment au contact de Shino, un jeune garçon qu’elle a rencontré lors de son arrivée dans la ville, mais qui s’avère être un Fusé…



La qualité première de Fusé – Memoirs of the Hunter Girl est avant tout visuelle et à ce titre, l’achat de l’édition collector est amplement justifié. Le film cherche, sur le plan technique, à dépeindre l’Edo du XIXè siècle de manière crédible, ceci en insistant sur une multitude de paysages. Si les premières minutes nous présentent des cadres montagneux naturels, la majeure partie de l’histoire se déroule au sein des murs de la ville, présentant ses habitants, ses codes esthétiques, son architecture et la beauté florale des environnements. Les couleurs sélectionnées sont alors vives sans être trop tape-à-l’œil, tant que qualités qui nous permettent de nous immerger dans cette ère historique et dans le quotidien de la jeune Hamaji. On reconnaît d’ailleurs très bien la touche artistique de Shunichiro Yoshiyama, le directeur artistique du film qui a occupé le même poste sur L’Attaque des Titans et dont la manière de représenter les environnements est reconnaissable. Toutefois, le character-design ne sera peut-être pas du goût de tous puisque Seiichi Hashimoto a un trait particulier, expressif, mais mélangeant une crédibilité avec un peu de fantaisie dans l’allure des personnages.



L’histoire elle aussi cherche à nous imprégner de ce folklore typiquement nippon, marqué presque naturellement par une part importante de mythologie consistant à présenter les interactions entre l’humain et une créature hybride, à moitié Homme et à moitié chien, un sujet déjà vu dans moult productions, ne serait-ce Les Enfants Loups de Mamoru Hosoda en 2012. Par cette idée naît une ambiance particulièrement envoûtante et maintenue tout le long du film bien qu’une dimension plus fantastique soit développée petit à petit, notamment par rapport aux origines des Fusé. Mais en soi, l’alchimie fonctionne très bien, même si l’intrigue nécessite d’être particulièrement attentif à la dernière demi-heure, et malgré un certain manque d’identité sur la globalité. Car effectivement, l’expérience de Masayuki Miyaji sur Le Voyage de Chihiro se ressent énormément, c’est même l’âme des œuvres de Miyazaki qui jaillit sur quelques séquences. Le contexte et l’époque présentée appellent forcément à ce rapprochement, mais cela est aussi palpable par la relation nouée par la vaillante Hamaji avec le mystérieux Shino. Un autre exemple et l’association entre la poésie visuelle et le gore qui n’est pas étrangère aux œuvres du studio Ghibli comme Princesse Mononoke. Ainsi, et bien que Fusé possède ses propres qualités et ses codes graphiques, l’ombre de Miyazaki se fait sérieusement ressentir.



Toutefois, l’histoire reste efficace grâce à une perspective nouvelle : l’évolution d’Hamaji au sein de la ville d’Edo. De campagnarde, la chasseuse devient citadine et se doit d’accepter les codes liés à son nouveau cadre de vie. L’idée se mêle tout à fait à la volonté du réalisateur de dépeindre l’Edo d’époque et plus particulièrement ses coutumes. Hamaji est ainsi amenée à accepter ces codes de vie et ainsi sa part de féminité sans toutefois tomber dans l’excès. Le personnage reste globalement très cohérent, ce qui le rend réussi et attachant. A côté d’elle, Shino s’en sort aussi haut la main et constitue un juste milieu entre l’individu solitaire et torturé et le bon ami qui permettra à Hamaji d’évoluer. Il constitue alors le cœur de l’intrigue, le permettant de se développer petit à petit et notamment dans sa nature de Fusé même si tout reste surtout sur le suggestif, le comportement de Shino étant représentatif de sa personne. Les individus plus secondaires ne manquent aussi pas de charme, mais se limitent bien souvent à leurs interactions avec Hamaji. En dehors de son grand-frère, les autres n’ont pas un développement personnel trop appuyé, ce qui est dommage vu qu’on s’intéresse globalement à toute la bande présente à l’écran.



A la musique, on retrouve avec un certain plaisir Michiru Oshima que beaucoup connaissent pour son travail sur le premier anime FullMetal Alchemist ou encore Nabari no Ô. Dans le cas présent, l’artiste nous marque moins que dans le passé, mais accomplit très bien son œuvre quand il s’agit de travailler l’ambiance du film. Certaines sonorités sont même étonnantes, car peu représentatives de l’idée que nous nous faisons de la musique traditionnelle japonaise qui aurait parfaitement collé à une histoire qui se déroule dans l’Edo du XIXè siècle. Et pour cela, le travail de la compositrice est tout à fait intéressant.



Pour profiter pleinement du film, l’édition collector s’impose, car elle a le mérite de proposer le Blu-Ray en plus du DVD. Le coffret ce présent comme un digipack d’excellente facture dont les rabats sont à l’effigie du long-métrage grâce aux artworks qu’ils présentent, attestant alors de toute la portée graphique du film, et accueillent les deux galettes. Et malgré la beauté de l’objet, quelques points nous font grincer des dents, à commencer par le livret qui aurait gagné à être un artbook, mais surtout que seule la version originale sous-titrée français soit proposée, ce qui peut rebuter certains spectateurs surtout que le coffret est proposé à un prix avoisinant les trente-cinq euros. Mais soyons relatifs, l’objet en lui-même est une pièce de choix pour les amateurs de beaux packaging.



Fusé – Memoirs of the Hunter Girl n’est pas exempt de défaut, il lui manque notamment une identité propre. Pourtant, au-delà de ça, c’est un spectacle visuel qui nous attend, une composition à la fois réaliste et fantaisiste du Edo d’antan, cadre d’une histoire intéressante qui voit évoluer des personnages hautement attachants dans une société aux codes établis auxquels tous doivent se conformer. Le film fait alors passer un excellent moment et ravira notamment tous les amoureux de l’hybridité de ces productions nippones ou le réalisme côtoie la mythologie.

L'avis du chroniqueur
Takato

Mercredi, 23 Mars 2016
15.5 20


© Kazuki Sakuraba・BUNGEISHUNJU/FUSE-PROJECT

commentaires

Daz

De Daz [0 Pts], le 23 Mars 2016 à 23h06

Oui mais il manque la version française...!

akiko

De akiko [5480 Pts], le 23 Mars 2016 à 19h45

Ce film est une pure merveille! 

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