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Manga Chronique série manga - Rough

Samedi, 04 Juillet 2015 à 18h00

Figurant au panthéon des mangaka (tout du moins au Japon où il est considéré comme une véritable star), Mitsuru Adachi est particulièrement connu pour ses comédies romantiques ancrées dans un environnement sportif. Si son sport de prédilection est le base-ball (Touch, Cross Game, Idol A, Mix...), notre auteur va s'intéresser avec Rough à la natation. Un choix plutôt audacieux de prime abord puisque ce sport n'est pas très populaire au Japon.


Totalisant 12 tomes, la série Rough se situe au niveau de sa longueur à mi-chemin de l'oeuvre d'Adachi. Elle a été publiée au Japon d'août 1987 à octobre 1989 chez Shôgakukan, et en France entre janvier 2005 et novembre 2006 aux éditions Glénat.

L'histoire nous entraîne dans le lycée Eisen, un établissement scolaire nippon typique qui se caractérise notamment par ses nombreux clubs de sport, parmi lesquels celui de natation. Keisuke Yamato et Ami Ninomiya font justement tous les deux partie de ce club, l'un en tant que nageur, l'autre en tant que plongeuse.
Keisuke va d'emblée briller par sa "coolitude". C'est un ado qui n'aime pas se prendre la tête, et qui semble se reposer sur ses capacités sportives impressionnantes (il a quand même terminé 3ème aux derniers championnats des collèges) sans trop se forcer. Il est entouré d'une bande de potes, tous étant plus attachants les uns que les autres.
Ami est quant à elle un peu plus sérieuse. Elle s'applique durement dans l'apprentissage du plongeon, sans pour autant s'isoler de ses amies. Elle est bien évidemment très belle et ne laissera pas indifférents ses camarades masculins, dont la plupart ont d'ailleurs les hormones en ébullition.


Mais alors qu'elle est très amicale avec ses camarades, Ami est pleine d'animosité à l'encontre de Keisuke. On apprendra rapidement que cette acrimonie est due à un héritage familial : en effet Ami et Keisuke sont les enfants de deux patrons de boulangerie rivaux qui se détestent. Et malheureusement Ami, nourrie depuis son plus jeune âge par la rancœur de son père envers la famille Yamato, va bien évidemment se méfier de Keisuke.
Voici donc le postulat de Rough... Bien évidemment les choses vont évoluer et la situation de départ entre Keisuke et Ami, qui n'est guère engageante, va s'améliorer petit à petit !


Car nous sommes bel et bien dans une comédie romantique, avec pour héros Ami et Keisuke. C'est ainsi que tout au long de leur scolarité, et après divers évènements bien particuliers, nos deux lycéens vont apprendre à se connaître, puis se lier d'amitié, voire même un peu plus... Bien évidemment, Mitsuru Adachi, en bon chef d'orchestre, va introduire divers éléments qui vont un peu complexifier la donne. Le plus important d'entre eux a un nom : Hiroki Nakanishi. C'est l'ami d'enfance d'Ami, et il ne cache par ses sentiments pour elle... Mais c'est également le roi des bassins, plus grand espoir de la nage japonaise. C'est un rival pour Keisuke, et très vite cette rivalité va se développer sur deux points distincts : la natation et la conquête du cœur d'Ami.

Si l'aspect romance et bel et bien le thème central de Rough, la natation ne fait pas pour autant de la figuration. En effet, nourrie par la rivalité de Keisuke et Nakanishi, la natation sera à de nombreuses reprises présentes dans la série. D'un championnat à l'autre, on suivra l'ascension de Keisuke qui va finalement redoubler d'efforts pour espérer rattraper Nakanishi. En parallèle, nous observerons avec curiosité le parcours d'Ami sur le plongeoir. Il faut cependant avouer que les séquences les plus intenses seront sans conteste celles consacrées aux courses de Keisuke, les plongeons d'Ami étant quant à eux une occasion de découvrir ses courbes sensuelles...


Ainsi, tout au long de sa série Mitsuru Adachi va jouer et alterner entre la comédie romantique lycéenne et les compétitions. Au fil des volumes, c'est bel et bien le triangle amoureux formé par Ami, Keisuke et Nakanishi qui va prendre le dessus sur tout le reste, faisant gagner en intensité la série. On va en effet très vite s'attacher à ses personnages, dotés d'un caractère fouillé et bien développé. Il en sera de même pour les personnages secondaires, et notamment les camarades de Keisuke. S'ils sont avant tout là pour apporter une touche comique à la série, ils n'en demeurent pas moins eux aussi intéressants malgré leur caractère plutôt archétypal.

Au niveau de la narration, malgré sa relative brièveté Rough se caractérise par un enchaînement assez lent des évènements. En effet Adachi a ici eu envie de poser les choses au maximum, et va donc prendre son temps pour toutes les storylines de sa série, et principalement sur celle concernant la relation entre Ami et Keisuke. Même si les choses avancent, on aura parfois l'impression de faire un pas en avant puis deux pas en arrière... C'est le style d'Adachi qui veut ça, et même si cela peut être déconcertant, au final ce choix sert le récit qui aura un background très solide.


Les dessins sont quant à eux très classiques... on peut même dire très "adachi-esques". Le style des héros ressemble comme deux gouttes d'eau à celui utilisé dans d'autres séries du mangaka. Le style de ce dernier est comme à son habitude assez contemplatif : il peut par exemple utiliser plusieurs cases, voire plusieurs pages, pour décrire une action tout à fait anodine. Mais le style graphique du maître peut également montrer toute sa puissance dans certaines scènes, notamment à travers le jeu de regards des personnages, qui est parfois saisissant. A noter enfin la présence de quelques plans très fan service, où l'auteur s'attarde sur la poitrine ou la culotte de personnages féminins, sans jamais montrer quelque chose d'explicite cependant.



Au niveau de l'édition, nous n'avons pas grand chose à reprocher à Glénat qui pour l'édition française s'est beaucoup inspiré de l'édition japonaise, notamment sur les couvertures quasi-identiques d'une édition à l'autre. La traduction est de qualité, avec parfois plusieurs notes en bas de page pour expliquer un jeu de mots ou phénomène particulier. L'impression est bonne.

En définitive, si Rough utilise tous les ingrédients qui ont fait le succès de Mitsuru Adachi, elle finit finalement par se distinguer des autres titres de l'auteur. En effet même si le mangaka pose, comme à son habitude, les évènements de façon assez lente, le récit continue néanmoins de progresser et de constamment gagner en intensité. Rough va se bonifier au fil des tomes, pour devenir réellement excellent dans ses derniers opus. Par sa brièveté, cette série n'aura cependant pas les longueurs ennuyeuses qu'on retrouve dans d'autres séries du maître (Touch notamment), ce qui fait d'elle un excellent choix si l'on souhaite s'intéresser à l'oeuvre d'Adachi. Et puis sa conclusion est tout simplement grandiose !!
L'avis du chroniqueur


Samedi, 04 Juillet 2015
16 20


ROUGH © 1987 by Mitsuru ADACHI / Shogakukan

commentaires

Kyoukai

De Kyoukai, le 21 Juillet 2016 à 10h40

@tsubasadow : Le manga est encore commandable en neuf, à 6.90 € le tome, et il les vaut très largement ! ;)

tsubasadow

De tsubasadow [4303 Pts], le 06 Juillet 2015 à 15h40

J'ai toujours voulu découvrir du Adachi mais la thématique du base ball m'intéresse pas vraiment :s J'avais entendu parler de Rough mais je crois qu'il est difficile de trouver les tomes maintenant... En tout cas j'espère un jour pouvoir me procurer cette série.

Yuminekoi

De Yuminekoi [2166 Pts], le 05 Juillet 2015 à 20h19

J'aime bien cette série, en faite j'aime bien les séries de Mitsuru Adachi qui ne parle pas de baseball, allez savoir pourquoi.

Ogui

De Ogui [2445 Pts], le 04 Juillet 2015 à 23h04

c'est une super série qui merite son succès (du moins au Japon), the boss est un génie !

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