Critique ciné asie - Dodes'kaden
Première réalisation en couleurs d'Akira Kurosawa, sortie en 1970 et produite par la Yuki No Tai (Collaboration miraculeuse entre quatre mousquetaires de la production cinématographique nippone : Masaki Kobayashi, Keisuke Kanoshita, Kon Ichikawa et bien sûr Kurosawa), Dodes'kaden fut un cuisant échec critique et public, poussant son auteur vers une tentative de suicide.
Sur la partition rosée de Toru Takemitsu, Akira Kurosawa fait s'entrechoquer toutes les expressions artistiques possibles pour accoucher d'un canevas humaniste en 35 mm, coloré et désespéré, pictural et mélancolique. La photographie du fidèle Takao Saitô magnifie la polychromie des lumières, les couchers de soleil, les ombres s'étalant sur les sols poisseux, les dessins d'enfants collés aux fenêtres, le ciel tantôt bleu, tantôt gris au-dessus de tout petits caractères.
Afin d'équilibrer son aquarelle de désenchantement, Kurosawa puise dans la littérature russe : la place de Dostoïevski dans le cinéma de Kurosawa n'est plus à démontrer, les personnages nombreux et magistralement construits de Dodes'kaden sont partagés entre misère et tourments. Rappelons que Akira Kurosawa adaptera L'Idiot en 1951, avec l'acteur fétiche Toshiro Mifune et la divine Setsuko Hara, dans les rôles-titres.
Œuvre intrinsèquement plurielle, Dodes'kaden a pour décor de splendides bidonvilles rosselliniens, dans lesquels s'entremêlent les sujets de la condition humaine; Kurosawa traite de l'abandon, de la pauvreté, de l'absence d'amour, de l'imaginaire guérisseur. Le passeur, interprété par Yoshitaka Zushi, jeune conducteur d'un train imaginaire, s'arrêtera sur les rives de l'autre réalité, entre arc en ciel et crasse.
Piochant dans un quotidien âpre et douloureux, sur un scénario écrit en collaboration avec Hideo Oguni et Shinobu Hashimoto, d'après le roman Quartier Sans Soleil de Shugoro Yamamoto, Kurosawa absorbe le désarroi d'un homme errant dans un déluge de plastiques et de tôles froissées, le silence d'une jeune fille aux fleurs, les beuveries du couple jaune et rouge, les rêves de lendemain d'un père clochard et de son fils....
Porté par la force du rêve, Akira Kurosawa dresse le portrait d'êtres féeriquement réels. Dans le Japon de l'Après Hiroshima, les toits des hommes sont redessinés avec des crayons de couleur. Dodes'kaden ou la stylisation de la misère.
The Duke
Sur la partition rosée de Toru Takemitsu, Akira Kurosawa fait s'entrechoquer toutes les expressions artistiques possibles pour accoucher d'un canevas humaniste en 35 mm, coloré et désespéré, pictural et mélancolique. La photographie du fidèle Takao Saitô magnifie la polychromie des lumières, les couchers de soleil, les ombres s'étalant sur les sols poisseux, les dessins d'enfants collés aux fenêtres, le ciel tantôt bleu, tantôt gris au-dessus de tout petits caractères.
Afin d'équilibrer son aquarelle de désenchantement, Kurosawa puise dans la littérature russe : la place de Dostoïevski dans le cinéma de Kurosawa n'est plus à démontrer, les personnages nombreux et magistralement construits de Dodes'kaden sont partagés entre misère et tourments. Rappelons que Akira Kurosawa adaptera L'Idiot en 1951, avec l'acteur fétiche Toshiro Mifune et la divine Setsuko Hara, dans les rôles-titres.
Œuvre intrinsèquement plurielle, Dodes'kaden a pour décor de splendides bidonvilles rosselliniens, dans lesquels s'entremêlent les sujets de la condition humaine; Kurosawa traite de l'abandon, de la pauvreté, de l'absence d'amour, de l'imaginaire guérisseur. Le passeur, interprété par Yoshitaka Zushi, jeune conducteur d'un train imaginaire, s'arrêtera sur les rives de l'autre réalité, entre arc en ciel et crasse.
Piochant dans un quotidien âpre et douloureux, sur un scénario écrit en collaboration avec Hideo Oguni et Shinobu Hashimoto, d'après le roman Quartier Sans Soleil de Shugoro Yamamoto, Kurosawa absorbe le désarroi d'un homme errant dans un déluge de plastiques et de tôles froissées, le silence d'une jeune fille aux fleurs, les beuveries du couple jaune et rouge, les rêves de lendemain d'un père clochard et de son fils....
Porté par la force du rêve, Akira Kurosawa dresse le portrait d'êtres féeriquement réels. Dans le Japon de l'Après Hiroshima, les toits des hommes sont redessinés avec des crayons de couleur. Dodes'kaden ou la stylisation de la misère.
The Duke
De nolhane [6885 Pts], le 09 Février 2015 à 20h54
j'adore Akira Kurosawa et ce film me tente beaucoup, merci pour cette belle critique