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Produits dérivés Interview de Frédéric Roux, Gérant de la boutique Mad in Japan

Dimanche, 30 Novembre 2014 à 15h00 - Source :Rubrique interviews

En quelques années, Mad in Japan s'est imposé comme un acteur incontournable de la vente de figurines en France. Frédéric, son fondateur, a accepté de répondre à nos questions en marge du tournage du Tôku Show qui sera diffusé sur J-One la semaine du 1er Décembre et sera principalement consacré aux figurines. Frédéric sera l'invité principal de l'émission et a invité votre serviteur à être l'un des cinq participants à cette semaine de diffusion.

Je tiens à remercier Frédéric pour cette invitation ainsi que pour le temps consacré à cette interview.




Pourrais-tu présenter Mad in Japan pour ceux qui ne connaîtraient pas ton magasin ?

J'ai monté Mad in Japan en 2003 sur Nice. Au début il s'agissait d'un magasin de proximité pour fans de figurines et exclusivement de figurines. Etant moi même un très grand fan, j'étais assez malheureux avec les boutiques qui existaient en France. Cela fait 17 ans que je suis fan de cet univers et quand j'allais dans une librairie spécialisée dans les mangas l'offre en figurines était assez pauvre. Je voyais en effet trois ou quatre Gashapons se battre en duel alors qu'à l'époque je collectionnais déjà les figurines vintage de Saint Seiya, Goldorak ou Ulysse 31. Après plusieurs voyages au Japon, l'idée m'est venue de créer cette société.

Quelques années plus tard, après que la boutique se soit stabilisée au niveau de la clientèle régionale, nous nous sommes dit pourquoi ne pas tenter l'aventure internet. On a donc lancé un premier site qui nous a permis de nous faire connaître, d'activer une certaine clientèle que nous n'avions pas (des clients sur Paris, sur la Belgique, sur la Suisse).

Aujourd'hui, le site est notre principale activité. Sur Nice nous avons entre 500 et 700 clients réguliers, c'est à dire qui viennent presque tous les mois chercher leur Myth Cloth ou leurs figurines de séries télé, alors que sur le site nous avons entre 5000 et 6000 clients inscrits.

Depuis Mars 2014, notre nouveau site est en ligne et donne plus de confort à nos clients tout en nous permettant d'informatiser nos stocks et d'avoir une méthode de travail plus efficace même si personne n'est parfait. Comme nous sommes dans un milieu de collectionneurs, donc de passionnés, les gens sont très exigeants vis-à-vis de la prestation de service. Ce site est un tout nouvel outil qui est assez performant et que l'on le découvre au fur et à mesure. Par la suite, nous mettrons plus d'options en ligne pour que les gens se sentent bien pour commander.

Parallèlement, nous avons lancé notre page Facebook car quand j'ai ouvert Mad in Japan je l'ai fait en tant que fan de mangas et j'adorais rencontrer d'autres fans toute la journée. En bossant sur internet le travail n'est pas le même. Je réponds par emails et le contact avec le client est donc un peu plus froid. L'échange n'est pas le même. La page Facebook nous permet de partager davantage avec les fans. Il y a quelques jours, par exemple, la Tamashii Nation a eu lieu à Tokyo. Nous avons recherché des photos sur internet et via l'un de nos correspondants au Japon. Nous en avons mis une centaine sur notre page dans le seul but de partager les exclus avec nos clients. De la même façon, mon associé est allé sur Paris afin d'assister à l'exposition Goldorak, il a pris quelques photos et nous les avons mis sur Facebook pour ceux qui n'ont pas eu la chance de s'y rendre. Il y a donc un échange un peu plus vivant qu'avec un site marchand.



Quel a été le parcours qui t'a conduit à ouvrir Mad in Japan ?

Mon parcours est assez classique. J'ai fait des études de commerce et j'ai travaillé dans des domaines assez variés : jeux vidéo, sports, etc. J'avais secrètement en moi l'envie de monter une boutique à ma façon, c'est à dire que pour les passionnés de figurines mangas, comics, etc. J'ai eu la chance d'être appuyé par ma compagne, qui partage ma vie depuis 15 ans, et qui m'a dit que je respirais pour cela et m'a encouragé à monter Mad in Japan.

J'ai mis un an à monter le projet. Il a été un peu compliqué au départ de trouver des banques. Quand tu replaces les choses dans leur contexte, mon activité était assez nouvelle sur Nice donc quelques banques m'ont dit que cela ne marcherait jamais. En plus, certaines d'entre elles ne cernaient pas bien le projet et me demandaient si j'allais ouvrir une boutique spécialisée en bandes dessinées. Quand je leur répondais que je n'allais vendre que des figurines, beaucoup de banquiers m'ont dit non, jusqu'à ce que l'un d'entre eux m'interrompe au bout de 15 minutes pour me demander si j'allais vendre des figurines de Naruto car son fils était fan. Je me suis alors engouffré dans la brèche et cette personne a accepté de financer mon projet au bout d'une heure d'entretien. Ensuite, j'ai trouvé un local et le projet Mad in Japan était lancé.  



Quel regard portes-tu en tant que professionnel sur le marché de la figurine vintage et sur le marché de la figurine actuelle ?

De moins en moins de boutiques font du vintage car c'est assez compliqué. Il faut trouver les bons produits, au bon prix. Plus le temps passe, plus ces produits sont rares et chers. Beaucoup de magasins ont donc fermé ou lâché l'affaire. Le marché du vintage est aussi appelé à évoluer. Aujourd'hui, il concerne des produits issus de Goldorak, Saint Seiya, Albator, Capitaine Flam, etc. Dans 20 ou 30 ans, si Mad in Japan est toujours là, il concernera Yu-Gi-Oh !, Ben 10, ou autre chose.

Actuellement, je pense que le gros du marché relève de ce que j'appelle du pseudo vintage, c'est à dire que des fabricants sortent de nouveaux produits en exploitant des licences anciennes. C'est ce qu'on peut voir chez Bandai avec la cultissime gamme Myth Cloth et Myth Cloth EX. On voit également des fabricants comme Tsume qui sortent des produits récents, issus de séries telles que Naruto ou One Piece, mais qui ont fait un gros buzz lors des Tsume Fan Days avec les High Quality Statues (HQS) de Shiryu et de Raoh, qui proviennent respectivement de Saint Seiya et Hokuto no Ken qui sont des licences des années 80.

Je pense que la raison pour laquelle le marché évolue est que la clientèle aussi évolue. Les gens qui regardaient ces séries étant enfants ont dépassé la quarantaine pour certains d'entre eux et sont demandeurs d'un produit plus haut de gamme qu'une figurine articulée. Des fabricants comme MegaHouse qui font de la statue PVC, ou Tsume vont répondre à cette demande en proposant un produit plus adapté. Pour partager une anecdote avec toi, un client fan de Saint Seiya mais pas collectionneur est rentré dans ma boutique. Il voit dans une vitrine une boîte vintage d'une figurine de son enfance. Il était prêt à m'en acheter deux ou trois. Je lui sort un chevalier et quand il a vu une figurine qu'il avait idéalisé pendant des années, il m'a dit que le jouet avait bien vieilli et que les traits étaient grossiers. Il est reparti avec une statue de Saint Seiya en résine qui était beaucoup plus chère mais qui était un objet qui correspondait plus à ce qu'il recherchait maintenant et à l'âge qu'il avait.

Pour ce qui est des figurines récentes, le marché est en pleine mutation depuis deux ou trois ans. Certains fabricants avancent à tâtons en fonctionnant en précommandes. Même de très gros acteurs mettent leurs figurines en précommandes, pour les particuliers et les professionnels, et ne communiquent pas au tout début le tirage. Maintenant, aux vues de la crise les fabricants deviennent prudents et ne veulent pas sur-stocker ou sur-fabriquer un produit. La conséquence est que quasiment aucun d'entre eux arrive à tenir une date de sortie. Certains produits ont parfois six mois de retard. Cela peut nous placer dans une situation délicate vis-à vis de clients qui ont versé un acompte ou ont payé complément leur figurine. En raison de la crise aucun acteur, qu'il s'agisse de fabricants ou de magasins, ne veut y laisser des plumes. Mais je pense que cela ne va durer qu'un temps car des producteurs comme Tsume mettent beaucoup plus de moyens en sortant les produits plus rapidement.


Mais ne penses-tu pas que certains fabricants tirent un peu sur la corde en sortant des figurines peu modifiées et que les volumes de vente seraient supérieurs en adoptant une autre attitude ?

Pour répondre précisément à ta question, en onze ans de métier, en ayant beaucoup de contacts au Japon, je peux te confirmer que c'est à ce niveau que le consommateur européen n'est pas en adéquation avec le consommateur de figurines japonais. En France, par exemple, certains acheteurs réagissent négativement en voyant la multiplication des Figuarts Zero de Luffy alors que d'autres personnages ne sont pas encore sortis. Au Japon, quand Bandai sort une nouvelle figurine One Piece celle-ci est sold-out en quelques jours. Cela veut dire que notre mentalité n'est pas en adéquation avec la volonté du fabricant qui est de proposer divers produits. Le client qui n'a pas été convaincu par la figurine de Luffy « classique » va peut-être craquer pour la Battle Version. Donc, je préfère un marché ou il y a beaucoup d'offre à un marché où il y a une seule figurine d'un personnage sans me laisser le choix.

Je me mets peut-être un peu du côté professionnel mais j'appartiens aussi à la première génération de collectionneurs. Dans les années 90 quand on a commencé à collectionner, et qu'on se rendait dans une boutique spécialisée mangas, il y avait juste quatre ou cinq Gashapons et deux ou trois figurines. Maintenant, on a le choix et pas seulement dans l'animé qui cartonne. Quand tu rentres dans notre boutique, par exemple, il y a une vitrine dédiée à Goldorak avec une cinquantaine de produits, une vitrine Saint Seiya, One Piece, Naruto,ou encore un espace sur les séries live japonaises etc. Un fan de One Piece peut collectionner les Portraits of Pirate, les Figuarts Zero, ou les DXF et SCultures chez Banpresto. Personnellement, je trouve cela super car la figurine de Luffy qui correspond à un client n'est pas celle qui correspondra à un autre.


Quelles sont les figurines à venir que toi ou tes clients attendez le plus ?

Pour ce qui est de la licence Goldorak, chez Metaltech il y a le Gattaiger qui est attendu et s'adresse aux fans hardcore. Le Cattaiger est l'ancêtre de Goldorak qui apparaissait dans l'épisode pilote qui n'était sorti qu'au Japon. Il ne ressemblait pas vraiment à Goldorak. Pour ce qui est du personnage, on reconnaît les traits d'Actarus mais par la suite le design de la série avait évolué. Ce produit s'adresse donc aux plus gros fans et on en a quelques uns. En étant un moi même, je préfère vendre un produit auquel je crois plutôt qu'un autre qui ne m'inspire pas du tout. Celui-là est très attendu chez nous.



Pour ce qui est de Saint Seiya, nous avons nos fans locaux ou sur internet qui tous les mois viennent se procurer leur Myth Cloth. Pour rester sur cette licence, la prochaine HQS de Tsume de Shiryu qui reproduit l'attaque des 100 dragons de Rozan est une pièce très demandée. Les précommandes ne sont pas encore ouvertes et rien que sur la clientèle locale nous avons déjà une quinzaine de réservations alors que nous n'avons pas encore communiqué le prix.



Concernant la licence DBZ, les Banpresto SCultures sont régulièrement attendues par les fans car le rapport qualité / prix est vraiment très bon. Il y a également les Figuarts Zero. D'ailleurs, pendant la Tamashii Nation plusieurs prototypes de personnages comme Baddack ou Raditz ont été montrés. Aux vues des réactions sur notre page Facebook ce sont des figurines qui vont vraiment cartonner.


Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans la recherche de figurines vintage et t'est-il arrivé de ne pas avoir été en mesure de faire face à une demande pour une raison particulière ?

Nous proposons ce type de figurines à nos clients sans être spécialisés comme peuvent l'être certaines boutiques. Nous avons la chance d'avoir pas mal de correspondants au Japon qui arrivent à trouver les pièces que l'on recherche. A l'heure actuelle nous sommes toujours arrivés à trouver les pièces demandées.

Le seul problème du vintage à l'heure actuelle est que plus le temps passe, plus les stocks s'épuisent alors que les prix augmentent. Quand j'ai ouvert Mad in Japan, certains objets Goldorak se vendaient 150 euros, neufs en boîte. Aujourd'hui, ils se négocient au Japon aux alentours de 300 – 350 euros. C'est compliqué de continuer à proposer ce genre de produits car les prix deviennent exorbitants. Le vintage d'occasion est encore accessible. En revanche, le client perfectionniste qui recherche un produit neuf a intérêt à avoir un métier où il gagne très bien sa vie.


Y a-t-il eu une demande farfelue à laquelle tu as eu à faire face ? 

En onze ans je pense avoir tout vu. Dans une boutique comme la notre on rencontre des gens de toutes classes sociales qui collectionnent « tout et n'importe quoi ». Je pourrai donc en citer plusieurs.

Nous sommes une boutique spécialisée dans les licences mangas, comics, cinéma, etc et quand tu vois la devanture de la boutique, tu devines facilement ce que l'on fait. A l'ouverture du magasin, une dame est rentrée en me disant qu'elle recherchait une figurine un peu rare en précisant qu'elle ne savait pas s'il était possible de la trouver. Après lui avoir présenté le concept du magasin elle me dit qu'elle recherche une poupée Jean-Luc Lahaye. Il y a eu quelques secondes de silence. Sur l'instant, cela m'a fait repenser à une scène de City Hunter ou Dr Slump où le corbeau passe derrière le personnage. Donc un grand moment de solitude et j'ai vraiment pensé qu'elle plaisantait. En la regardant dans les yeux j'ai vu qu'elle était sérieuse. Je lui ai donc précisé qu'on n'était pas spécialisés dans ce type d'objets et j'ai tout de même pris la peine de faire une recherche sur internet pour découvrir que ça n'existait pas. Ça c'est un peu compliqué à ce moment là puisqu'elle m'a dit que ce n'était pas grave et m'a demandé de trouver la poupée Claude François ou la poupée Dorothée. Je lui ai conseillé de trouver un magasin plus spécialisé dans ce genre d'objets et de faire ses propres recherches pour voir si ces produits existaient, en précisant qu'à ma connaissance ce n'était pas le cas.

Une autre fois, j'ai mis plusieurs figurines des années 80 en vitrine. Comme on a toujours fait un peu de rétrogaming on avait ajouté une petite télé avec une Super-Nintendo pour faire tourner un jeu Super Mario. Cela faisait une petite animation et permettait aux gens de voir qu'on faisait également du rétrogaming. Une personne entre dans le magasin en me demandant le prix de la télé. Là encore je pensais qu'il s'agissait d'une blague parce que ce n'était pas possible. En rigolant je lui ai dit que la télé n'était pas à vendre mais que tout ce qui était autour l'était. La personne s'excuse et au moment de sortir m'a demandé si je ne vendais pas de piles.

Ce sont deux anecdotes qui me viennent en tête mais j'en ai noté une cinquantaine en me disant que s'il y en avait suffisamment au moment de ma retraite j'essaierai de publier un livre avec les meilleures.

Interview réalisée par Romu.

commentaires

Naniwa no taiga Sendo

De Naniwa no taiga Sendo, le 25 Décembre 2018 à 15h35

Salut, l'article est intéressant. J'aurais aimé aussi faire collection (surtout Saint Seiya), et je suis assez d'accord avec Lilianne, les figurines d'autrefois étaient rarement ressemblantes. Mais il y a plusieurs soucis, le premier c'est le prix, surtout avec Saint Seiya, il y a tellement de personnages... Chaque figurine coûte assez cher, du coup si on multiplie par 30-40 déjà, ça monte très vite à plusieurs milliers d'euros. Ensuite, il faut quand même bcp de place pour stocker tout ça, il faut aussi une vitrine, etc... Bref, pour ma part, je préfère ne pas me lancer, j'aime vraiment ces figurines mais c'est un très gros budget et je n'ai pas spécialement de place à la maison en plus. En tout cas l'article était très intéressant. Je serais curieux de savoir si ce genre de magasin peut fonctionner à long terme, parce qu'en général, tous les magasins que j'ai connu ont du mal au bout de qqs années. Certes il y a pas mal de fans, mais je pense qu'on est loin de pouvoir se comparer encore aux japonais, chez nous le problème, c'est bcp de gens ont tendance à penser que ce sont des jouets... Pareil pour les jeux vidéo, ils sont persuadés que c'est un truc de gamins, enfin bref. Bonnes fêtes à tous.

lilianneterre

De lilianneterre [1651 Pts], le 01 Décembre 2014 à 00h52

Personnellement, je n'ai jamais été attiré par les figurines autrefois ; trop simpliste, trop peu ressemblants, grossiers, etc.

 

Seuls quelques modèles actuels commencent un peu à m'intéresser ; mais techniquement et artistiquement, ça pourrrait être bien mieux!

Bobmorlet

De Bobmorlet [5629 Pts], le 30 Novembre 2014 à 21h24

Belle boutique!

akiko

De akiko [5480 Pts], le 30 Novembre 2014 à 17h14

Grosse parenthese: Jadorée les demandes farfelues :3 Un livre de ce genre d'anecdotes peut etre tres sympa =) 

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