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Jeux Video Test rétro du jeu Ôkami sur PlayStation 2

Lundi, 24 Novembre 2014 à 11h00 - Source :RogueAerith

Aujourd'hui, nous vous proposons un test rétro d'un jeu qui a fait le bonheur de tous les amoureux du Japon. C'est à croire qu'il avait été imaginé pour eux. Il s'agit d'Okami, sorti exclusivement sur Playstation 2 en 2007 en Europe, puis un peu plus tard sur Wii et le PSN. Nous nous attarderons ici sur la version PS2, un autre test – et donc un autre avis – étant prévu pour vous parler des spécificités de la version Wii.

Sorti en 2006 au Japon et en 2007 en Europe, Okami fait partie de ces oeuvres entrées au panthéon des jeux vidéo. Délice de gameplay, basé sur un concept original, et d'ambiance, servie par des graphismes enchanteurs empruntant au folklore japonais, Okami trône sur le podium des meilleurs jeux de la Playstation 2, aux côtés de Final Fantasy XII, God of war II et Metal Gear Solid 3.




Que n'a t-on pas déjà dit sur ce chef d'oeuvre ? Plutôt qu'user à l'excès de qualificatifs toujours plus élogieux (les plus utilisés ayant été « poétique », « envoûtant », « magnifique »), vous livrer mon ressenti est sans doute plus opportun. Je ne suis pas friand des analogies. Comparer des mangas, films ou jeux vidéo, qui n'ont a priori pas grand chose à voir entre eux, n'est pas l'exercice le plus intéressant qui soit lorsqu'on doit émettre une critique. Pour autant, je dois bien avouer que mon premier contact avec Okami, et toutes les heures qui ont suivi, fut marquant, avec cette impression de me trouver en face d'un Zelda sublimé, où à la place d'un jeune garçon à l'apparence elfique se trouvait une déesse louve, où des phases d'exploration et d'aventure se conjuguaient à des donjons à boss bien classes, où des pouvoirs saisissants et originaux faisaient du gameplay un régal, où l'univers était riche et détaillé. C'était tout ça Okami. Et c'était (et c'est encore !) trop bon. Voici pourquoi.

Okami est l'avant-dernière production du studio Clover, qui a malheureusement été fermé par Capcom, pour améliorer son « développement structurel global » (difficile de faire mieux niveau langue de bois managériale). Pourtant, les accueils critiques envers les jeux du studio furent toujours très chaleureux, et celui pour Okami fut même dithyrambique. Je n'ai d'ailleurs, depuis 2007, pas le souvenir d'avoir vu la presse française spécialisée aussi unanime sur l'excellence d'un jeu. Quoiqu'il en soit, Okami fut une réussite sur tous les points, à peine ternie par quelques menus détails, et le jeu que tout amoureux du Japon se doit de posséder.

Okami, c'est d'abord une histoire. Celle d'Amaterasu, la déesse du Soleil réincarnée dans le loup blanc Shiranui. Appelée par Sakuya, déesse de la Flore, Amaterasu devra combattre un puissant démon, le dragon à huit têtes Orochi. Dans le même temps, durant son long périple pour retrouver le dragon, la déesse louve devra rendre sa beauté à un monde plongé dans les ténèbres. Accompagné par une sorte de petite puce, Issun l'artiste errant, le belle louve blanche aura à sa disposition un pinceau magique capable de redorer le monde alentour... et de bien d'autres prouesses. N'attendons pas davantage pour le préciser : le scénario est intelligemment et intimement lié au gameplay. Vous pouvez tout d'abord déclencher des ruées sauvages sur les ennemis via différents coups (améliorables) ou armes (toutes sortes d'épées notamment) à équiper dans un emplacement principal ou un emplacement secondaire, ce qui a son importance dans la mesure où plusieurs aptitudes peuvent en découler (une arme placée en emplacement secondaire pourra servir de bouclier, là où elle servira à attaquer dans l'emplacement principal). Il est aussi possible d'utiliser tout un tas d'objets rappelant, toujours et encore, le Japon traditionnel (bouteilles de saké...). Pour ce faire, accumuler les ryos (la monnaie courante) sera important. Le plus souvent, ce sera en détruisant des objets ou lors de combats que vous récolterez tout cela.




Mais le très gros atout d'Okami repose dans son système de pinceau. Kézako ? Sur simple pression d'un bouton, l'écran se fige, laissant apparaître un pot d'encre de Chine en haut dans le côté droit et un pinceau magique au-dessus de la scène que vous venez de figer, qui prend alors un ton noir et blanc (excellente idée, au passage, que cette modélisation, laissant entendre au joueur qu'il est le dessinateur d'un conte légendaire influant sur les événements). Le pinceau a un impact sur les décors, puisque vous pouvez déclencher des techniques offensives, défensives, ou restauratrices de votre environnement, parfois basées sur les éléments naturels, parmi une quinzaine récupérables au cours de l'aventure (sans compter les techniques spéciales). Et pour ne rien gâcher au plaisir, récupérer ces techniques ne se fait pas n'importe comment, ni auprès de n'importe qui : ce sont vos compatriotes, dieux-animaux, qui vous remettront les arts du pinceau après que vous ayez réussi différents objectifs. Petit tour d'horizon exhaustif (ou presque ?) ? Allez, c'est parti :
- Soleil Divin fait apparaître le soleil (votre pouvoir originel)
- Renaissance permet de réparer des objets ou en d'en faire apparaître (remis par Yomigami, le dragon)
- Lame Lumière permet de trancher (remis par Tachigami, le rat)
- Bombe Flamboyante crée une bombe qui explose passé un certain délai ou au contact d'un ennemi (remis par Bakugami, le sanglier)
- Floraison fait refleurir la végétation (remis par Sakigami, le singe)
- Nénuphar crée un nénuphar à la surface de l'eau comme plate-forme pour se déplacer (remis par Hasugami, un autre singe). Oui, parce qu'Amaterasu a beau être réincarnée en loup, elle n'aime pas l'eau.
- Liane Magique permet de relier Amaterasu à un décor et de la déplacer jusqu'à destination (remis par Tsutagami, un troisième singe)
- Flot Majestueux crée un geyser (remis par Nuregami, le serpent)
- Clair de Lune fait venir la nuit (remis par Yumigami, le lapin)
- Brume Occulte ralentit le temps (remis par Kasugami, le mouton)
- Danse du Chat permet de grimper à partir de statues représentant un chat (remis par Kabegami, le chat)
- Vent Glorieux crée une bourrasque de vent (remis par Kazegami, le cheval)
- Colère Ardente permet d'enflammer certains éléments du décor ou des ennemis, mais impossible de déclencher cette technique sans une source de feu (remis par Moegami, le phénix)
- Éclair Souverain crée un éclair à partir d'une source électrique (remis par Gekigami, le tigre)
- Neige Éternelle glace des objets ou ennemis (remis par Itegami, le boeuf). Comme Colère Ardente, impossible de déclencher la technique sans l'élément correspondant à disposition.




Toutes ces techniques impliquent de tracer, grâce à un stick de la manette Dualshock 2, des traits de forme particulière. Par exemple : un simple trait pour Lame Lumière, un rond et une mèche pour Bombe Flamboyante... En plus d'offrir une variété énorme au gameplay à partir du moment où vous avez plusieurs techniques en votre possession, de diversifier les combats, d'offrir tout un tas d'endroits cachés accessibles seulement grâce à vos pouvoirs, d'être plus que sympas à regarder, aucun raté n'est à déplorer : le système de pinceau fonctionne divinement bien, si l'on peut dire ^^ Grâce à un level-design plus qu'inspiré, Okami est une merveille de gameplay, puisqu'il faut constamment interpréter son environnement pour savoir quelles techniques utiliser (à de rares exceptions près, le jeu demeure plutôt facile). L'apogée de ce système est atteint lors des affrontements contre les boss, aussi inventifs (voire davantage ?) que dans les meilleurs Zelda.

Ces techniques au pinceau consomment cependant une sorte de mana-encre, qu'il faudra alimenter, pour ne pas ne se retrouver en rade : pas d'usage illimité donc. Une petite dose de stratégie est donc implantée. De plus, il faudra au cours de votre périple récolter des sphères, permettant d'améliorer les techniques ou d'augmenter la jauge de mana-encre. Comment obtenir ces sphères ? Principalement en nourrissant les animaux et en aidant différents personnages. Oui, Okami, c'est bon pour votre karma, c'est doux et poétique.

Et pour rester dans la poésie, il faut maintenant parler du design. Le choix du cell-shading n'a jamais été aussi judicieux, puisque chaque décor traversé fait penser à une estampe japonaise. Les passionnés du peintre Hokusai seront aux anges, idem pour ceux de Takeshi Kitano grâce aux bords de mer contemplatifs, Miyazaki n'est jamais très loin non plus avec ses forêts et montagnes gigantesques : un hommage au Japon, on vous dit ! Pas de dérives steampunk ou cyberpunk à la Onimusha 2 ou 3 ici. On reste dans le Japon naturel et ancestral pendant toute l'aventure. Les défenseurs du jeu vidéo en tant qu'art trouveront, avec Okami, un parfait témoin. C'est beau, c'est original, c'est travaillé, c'est détaillé. Ajoutez à cela le grain de l'image, rappelant fortement du papier de riz, et les couleurs distillées façon encre de Chine, et vous tiendrez l'un des plus beaux jeux de la décennie 2000, contribuant à son statut de chef d’œuvre de jeu vidéo.

Déclaration d'amour à tout un pan de la culture japonaise, hommage à ses traditions, le jeu de Clover est rempli de références. Au-delà de celles que l'on retrouve dans le gameplay (le pinceau, les objets) et les décors (les villages, la mer, les forêts, les grottes), l'amour du Japon y est omniprésent. Devinez comment s'appelle le monde dans lequel vous évoluez ? « Nippon ». Devinez ce que signifie « Okami » ? Les caractères japonais signifient à la fois « grande déesse » ou « loup ». Et les musiques, que dire des musiques. Oniriques à souhait, celles-ci, toutes disponibles d'ailleurs dans un menu bonus (le jeu est plein à craquer), ne font que renforcer l'ambiance traditionnelle nippone.




Avec son histoire résolument engagée dans l'écologie sans jamais être moraliste (c'est Orochi et ses ténèbres qui sont responsables des malheurs après tout), Okami se paye le luxe de dialogues plein d'humour et de personnages hauts en couleur issus des contes nippons, avec des caractères bien trempés.

Enfin, l'aventure est longue. Il m'a fallu 50 heures pile poil pour arriver à la fin, en profitant d'un peu de tout, mais sans atteindre les 100%. La trame principale vous réserve pas mal de surprises. Ah, ah, naïf que je suis, je me souviens encore avoir cru que mon premier affrontement avec Orochi serait aussi le dernier, pensant alors que l'univers était somme toute plutôt réduit et l'aventure courte (15 heures de jeu). C'était sans compter le travail du studio Clover qui surpasse largement tous les jeux d'action/aventure et se sont appropriés la formule Zelda en la polissant à l'extrême. Mentionnons les quêtes annexes, offrant un challenge plus corsé que l'aventure principale. En-dehors des petites missions d'aide aux PNJ, permettant la plupart du temps d'améliorer ses capacités en récoltant sphères et ryos, pas mal de mini-jeux existent (basés sur de la rapidité, ou la déduction... les mini-jeux souterrains ont de forts airs de Lemmings). Les hardcore auront de quoi faire avec la récolte des perles errantes (bien cachées).

On n'a, pour tout dire, rarement été aussi proche de la perfection dans un jeu vidéo. On pourra simplement reprocher un début d'aventure un peu lent à se mettre en route, des mini-jeux qu'on aurait voulu encore plus variés et nombreux, quelques pops-ups de textures (il faut dire que la PS2 crache tout ce qu'elle a) et des dialogues parfois horripilants à cause du choix des voix... mélanges de gargarismes et borborygmes qui s'apparentent plutôt à des piaillements (rappelant fortement les voix d'un Zelda ou Banjo-Kazooie). Mais tout cela est bien peu de choses comparé au niveau de finition et de richesse du jeu.




Graphismes :
Amateur d'estampes japonaises ? Okami sera un ravissement pour vos yeux. Festival de couleurs, de nature et d'architecture nippones, de décors enchanteurs, le cell-shading n'a jamais été aussi appréciable.

Maniabilité :
Il est extrêmement agréable de contrôler Amaterasu, souple et agile. La caméra suit sans problème majeur. Mais c'est avant tout le système de pinceau magique, réglé aux petits oignons et permettant de profiter d'un level-design formidable, qui impressionne. A ce système principal vient s'ajouter du plus classique (armes, coups, objets) et un petit aspect RPG pour faire évoluer tout cela. Excellent.

Bande-son :
L'ambiance nippone passe aussi à travers les musiques, avec de grands moments d'onirisme. Seul petit choix regrettable : les doublages des personnages. Pour une fois, on aurait apprécié de vraies voix japonaises plutôt que des bruitages couineurs (et avec une VOSTFR, ça serait passé sans problème !).

Durée de vie :
30 heures en rushant le scénario principal, plus de 60 pour tout finir ! Pour un jeu d'aventure, juste un mot : waouw.

Scénario :
Joli conte écologiste empruntant beaucoup de figures aux légendes japonaises, tantôt facétieux, tantôt poétique, avec des pointes d'épique (mais oui !) contre les boss, Okami est une réussite incontestable qui plaira à beaucoup.

En résumé :
Rarement un jeu vidéo a été aussi complet sur tous les points : riche à craquer, long, original, superbe, drôle, et doté d'un gameplay sans failles.
Même si une suite, Okami Den, est sortie sur Nintendo DS, elle n'avait clairement pas le même impact. A quand un "Okami 3" ? Malheureusement empêtrée dans des conflits entre Capcom et Platinum games, la licence semble perdue à jamais... mais l'espoir a été relancé en 2013 par Hideyi Kamiya. Pas de nouvelles officielles depuis plus d'un an toutefois. Quel gâchis de voir que la WiiU dispose du Gamepad, qui serait parfait pour un nouvel Okami, mais que celui-ci n'est pas exploité...
Si vous ne parvenez pas à vous procurer un exemplaire PS2 (la distribution fut limitée), tournez-vous sans hésiter vers une version sur le PSN en téléchargement ou une version Wii, dont le test arrive bientôt. Ben oui, on a tardé pour vous parler du jeu que tout amateur du Japon doit compter dans sa collection, mais maintenant, ce sera deux tests ou rien !
  
L'avis du chroniqueur
RogueAerith

Lundi, 24 Novembre 2014
18 20

commentaires

Kiraa7

De Kiraa7 [2429 Pts], le 26 Novembre 2014 à 10h23

Excellent test pour un excellent titre, sans aucun doute sur mon podium de mes meilleures aventures en jeu vidéo.

Qu'est-ce que je peine à trouver un titre qui me fasse autant voyager maintenant... 

Rouge

De Rouge [358 Pts], le 25 Novembre 2014 à 12h41

 Carrément d'accord avec le test. Ce jeu est une merveille, tant le studio Clover a su travailler son titre. Il est d'ailleurs dommage que pour la version Wii, tout signe de Clover fut éffacer au profit de Capcom.
Je vois aussi que je ne suis pas le seul (et ça m'aurait étonné) à ne pas avoir aimé les bruitages yahourt des personnages dans le style Animal Crossing (comme l'a signalé Bobmorlet). Mais bon, c'est bien la seule erreur du studio.
J'avais, à l'époque, voulu également tester Okami Den et je ne l'ai pas fait à cause du jeu en anglais. Maintenant, je regrette un peu, même s'il n'avait pas les mêmes prétentions que son grand frère, s'aurait été un petit prolongement dans cet univers magique.

Fenris

De Fenris [2841 Pts], le 24 Novembre 2014 à 20h22

Un bon test pour ce magnifique jeu qui nous à fait rêver dans le Japon traditionnel.

Bobmorlet

De Bobmorlet [5629 Pts], le 24 Novembre 2014 à 20h06

Excellent jeu, avec un très bon remaster sur wii, avec peinture à la wiimote, un plaisir!

Marron

De Marron [705 Pts], le 24 Novembre 2014 à 15h07

Un test à la hauteur du jeu que je considère tout simplement comme le meilleur jeu auquel j'ai joué, et que je considère même comme dépassant les Zelda.
Tout ce que je recherche dans un jeu, je l'ai eu, avec de belles surprises (moi aussi je pensais que le jeu était fini au bout de 15 heures... mais non, on repart de plus belle !). Et cette ambiance, cette atmosphère... aucun souci à le recommencer encore et encore, surtout qu'on a un new game plus sympathique (ah, le rosaire mystique... certains défis des portes sont ardus, mais quand on obtient la récompense, quel bonheur !)

Et pour les bruitages des voix, ça me rappelle plus Animal Crossing que Zelda par contre, vu que les bruitages dans un Zelda sont relativement rares.

Gutsberserker

De Gutsberserker [639 Pts], le 24 Novembre 2014 à 13h30

Un bon test pour un jeu excellent, que je ne peux que conseiller à tous! Une aventure qui bouleverse le genre!

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