Critique - Steamboy Edition Collector- Actus manga
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Dvd Critique - Steamboy Edition Collector

Jeudi, 07 Mars 2013 à 11h20

Hoagie nous propose sa critique de l'édition collector double DVD du film Steamboy, réalisé par le talentueux Katsuhiro Otomo.


 

Retour de l’enfant prodige

Le bougre aura mis le temps. Malgré sa participation non négligeable à des réussites artistiques telles que Perfect Blue (1998) ou Metropolis (2001), il aura fallu pas moins de 16 ans au réalisateur Katsuhiro Otomo pour revenir avec un projet à la (dé)mesure de ses ambitions. Akira, l’adaptation cinématographique de son manga éponyme, avait été à l’époque une sacrée révolution animée, tant sur la forme que dans le fond. Depuis, son Steamboy était attendu comme le messie, jusqu’à ce que les aléas de la production (8 ans de travail et 20 millions de dollars) ne viennent ternir peu à peu sa réputation naissante. Surtout que, pendant ce temps-là, Pixar et DreamWorks multipliaient les performances techniques et imposaient la 3D comme nouveau mètre étalon de l’animation. Ainsi, alors que même le plus assidu des fans commençait à ne plus y croire, Steamboy voit le jour, et surprend malgré son histoire qui tient en deux lignes.


En 1851, à l’époque de l’Angleterre victorienne, Ray, un jeune garçon surdoué, est chargé de remettre une invention révolutionnaire, une mystérieuse sphère de métal, à un scientifique. C’est le début d’une aventure trépidante, dangereuse et familiale. Thème de prédilection de l’auteur, la science est ici envisagée lors d’une des ses grandes révolutions, au début de l’ère industrielle, mais aussi au sein d’une seule et même famille. La confrontation entre le père et le grand-père de Ray cristallise les interrogations sur le pouvoir d’un savoir ultime et son utilisation entre de bonnes ou mauvaises mains. Ce thème rebattu est exposé tout d’abord d’une manière caricaturale, presque naïve, avant de se complexifier… mais pas trop. En effet, le film se focalise surtout sur la folie des hommes, à laquelle Otomo prête toute son attention et toute son énergie, parfois au détriment des personnages, nombreux et pour la plupart seulement esquissés. Ces faiblesses du scénario, dommageables et naturellement pointées du doigt à la sortie du film, ne doivent pas pour autant masquer un véritable tour de force où tous nos sens sont en éveil.


Notre œil de spectateur s’est bon gré, mal gré habitué aux débauches visuelles sur grand et petit écran. Il faut donc plusieurs minutes pour appréhender la réelle richesse visuelle de ce Steamboy. Une première course-poursuite à vapeur en plein Londres, absolument monstrueuse, remet les pendules à l’heure. La reconstitution de l’architecture de l’Angleterre du milieu du XIXème est si réaliste, détaillée et époustouflante, qu’elle renvoie directement au travail titanesque de James Cameron sur sa dernière œuvre, et finit presque par donner le vertige. Vibrant hommage à la locomotive à vapeur, dont c’était le 200e anniversaire de l’invention en 2004, le film ne se gêne pas pour multiplier les machines authentiques ou inventées, que ne renierait pas Jules Verne (dont c’est d’ailleurs le 100e anniversaire de sa mort cette année, comme quoi !). Mais c’est surtout le mélange entre la 2D et la 3D qui laisse sans voix. Aucun autre dessin animé (que cela soit Wonderful Days ou même le sublime Ghost in the Shell 2 : Innocence) n’avait jusque-là réussi synthèse si parfaite entre les personnages et les décors, le tout avec une animation d’une fluidité étonnante. L’illusion est totale, et le rendu à l’écran ne perd étonnamment rien de sa puissance.


Cet étalage technologique et numérique pourrait sembler au final bien vain, s’il n’y avait pas derrière, le talent de metteur en scène de Katsuhiro Otomo. Au détour de plans inédits et a priori impossibles, il ose, choque, s’amuse. Les images s’enchaînent, s’entremêlent lors de scènes d’action virtuoses (et à peine entachées par la musique pesante de l’Américain Steve Jablonsky), puis, lorsque les plus belles inventions deviennent des armes de guerre, elles commencent à s’entrechoquer, à se parasiter elles-mêmes. La folie des hommes prend alors littéralement corps, à l’image de la gigantesque tour Steam, objet de beauté et de mort. Le film s’achève donc – et ce n’est pas nécessairement une surprise au vu de la fin apocalyptique d’Akira – dans un fatras métallique, chaotique, bruyant (merci au format DTS !!) mais jamais soûlant. La grande réussite de l’auteur est d’avoir su renouveler formellement ses obsessions, tout en leur assurant une cohérence de bout en bout. Le formidable générique de fin apporte paradoxalement un bémol, ou plutôt la preuve que Katsuhiro Otomo voulait réaliser un monument, mais qu’il a dû se résigner à ce que son film soit juste excellent.


Bonus

 
Le deuxième DVD de suppléments disponible sur les éditions Digipack et Deluxe (limité à 5 000 exemplaires avec un livret de dessins de 200 pages et des cartes postales) est la copie un peu trop conforme de son modèle américain, et fait la part belle aux documentaires. Le voyage de Steamboy, en bon making-of, nous fait visiter les studios de création, propice à de nombreuses interviews dont le directeur artistique ou encore le chef des effets spéciaux, qui revient sur son travail sur la vapeur, élément clé du film. L’occasion aussi de revenir en détails sur la genèse de l’œuvre, dont le segment de Memories (1995) réalisé par Otomo, ainsi que, plus intéressant encore, le pilote du film de 1997. L’entretien avec le réalisateur (5 minutes montre en main) fait malheureusement de la redite. Le reste propose une étude des paysages, avec comparaison entre le film et la réalité, le fameux générique sans texte, des dessins de production, la mise en parallèle sur quatre scènes du story-board et du rendu final avec les étapes intermédiaires et enfin l’horrible bande-annonce américaine.

commentaires

shinob

De shinob [127 Pts], le 08 Mars 2013 à 11h19

C'est sûr, le trailer et le chronique donnent envie !!

tsubasadow

De tsubasadow [4300 Pts], le 07 Mars 2013 à 22h53

Je ne l'ai toujours pas vu va vraiment falloir que j' m'y attaque depuis le temps que je vois les trailers.

Dim12

De Dim12 [4930 Pts], le 07 Mars 2013 à 22h06

8 ans de boulot, quand même ... sinon ca a l'air bien

 

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