Ciné-Asie Chronique - Le Marin des mers de Chine
Dans cette nouvelle chronique Ciné Asie, Sorrow va nous donner ses impressions sur le film Le Marin des mers de Chine, un mix d'action et de comédie porté par un Jackie Chan au meilleur de sa forme, et un Sammo Hung hilarant.
Jackie Chan. Un des acteurs asiatiques les plus connus et les plus appréciés dans le monde entier. Ses scènes d’action mêlant arts martiaux, cascades, humour et inventivité sont sa marque de fabrique et de son succès. Sans oublier sa témérité peu commune quand il s’agit de divertir et de faire ressentir au spectateur l’aspect réaliste de ce qu’il voit dans son grand ou petit écran. Nombre de ses films sont l’objet d’une anecdote ou l’autre où l’acteur a dépassé les limites du raisonnable et a malgré tout échappé aux griffes de la grande faucheuse ou au fauteuil roulant à vie. Et comment ne pas mentionner le nombre hallucinant de films dans lesquels il est apparu, soit 114 métrages depuis 1962 et plus des trois/quarts de films d’action (avec bientôt une apparition dans The Expendables 3 de Sylvester Stallone). Increvable, capable aussi d’incarner des rôles dramatiques (The Shinjuku Incident et The Karate Kid de 2010 pour n’en citer que quelques-uns), chanteur à ses heures perdues, producteur, scénariste, qui a su percé aussi bien dans le marché occidental qu’oriental, Jackie Chan aura su laissé sa marque dans le monde du divertissement, de la même façon que Bruce Lee a su le faire en son temps (dans un style et à une époque différents, bien sûr).
114 films, énormément de productions asiatiques, beaucoup de films semblables dans leur essence (action-comédie), on risquerait vite de tourner en rond si on analysait ses films comme n’importe quel autre flick. En effet, beaucoup des scénarios des films mettant en scène Jackie Chan (surtout ses productions asiatiques plus anciennes) sont souvent très basiques et simple prétexte à des scènes d’action. Ils ont néanmoins pour eux généralement beaucoup de rythme et d’humour, qui compensent largement leur absence de profondeur ou de subtilité. Ce qu’il y a de vraiment intéressant dans les films de Jackie Chan (hors du pur divertissement immédiat), c’est tout ce qui entoure le tournage, le rapport entre les acteurs, et aussi les scènes d’action complètement dingue quand on apprend la façon dont elles sont réalisées. Vu qu’il y a tellement à dire et qu’il n’y a pas réellement de meilleurs endroits pour commencer, je vais entamer cette série Jackie Chan (travail de titan, même si tous ses films ne sont pas disponibles en zone 2, et c’est heureux) avec mon préféré, « Le Marin des Mers de Chine » (souvent plus connu sous le nom de « Project A »), et parler de tout ce qui constitue la force de son cinéma petit à petit au fil des chroniques. À noter bien sûr que je m’occuperai exclusivement de ses productions orientales et pas ses succès hollywoodiens, pour rester cohérent par rapport à la politique du site.
« Le Marin des Mers de Chine » commence au début du siècle, à Hong-Kong, sous domination britannique. Dragon Ma (Jackie Chan) est un sergent dans la marine impériale. Il a pour mission avec son chef et son équipage de débarrasser les mers de Chine des pirates qui les infestent. Cependant, ceux-ci ont de fortes relations avec les autorités de Hong-Kong, et les plans de la marine sont réduits à rien quand les pirates réduisent leur flotte en cendre avant qu’ils ne puissent prendre la mer. Après un bref passage dans la police, Dragon comprend que s’il souhaite que justice soit faite, il va devoir prendre les choses en main par lui-même, hors du cadre de la police, et pour cela, un de ses anciens amis, voleur de son état, va lui donner un petit coup de main (intéressé).
Comme précisé en introduction, le scénario (écrit par Jackie Chan) ne casse pas des briques. Un gentil veut arrêter des méchants (pas si méchants d’ailleurs), et il va tout casser pour y arriver. Néanmoins, la réalisation et le rythme de l’histoire sont pleins de charme. Ca vit, ça bouge, ça se déchaîne et s’enchaîne très bien. On trouve très peu de temps morts ou de moments qui ne servent à rien dans l’histoire et on profite simplement d’un tour de manège d’action infernal et très bien mené, sous la direction de Jackie Chan qui se trouve derrière la caméra pour cette production (et bien d’autres encore).
Le casting fait des étincelles et des méchants aux gentils, chacun apporte ce petit côté décalé qui fait de ce film une joyeuse comédie. L’alchimie fonctionne d’autant mieux principalement grâce à l’union de Jackie Chan (Dragon Ma), Sammo Hung (Fei, le voleur) et Biao Yuen (Le capitaine qui entraîne l’unité de Chan). Tous les trois se sont rencontrés à l’école de l’opéra de Pékin dans leur jeunesse, où ils étaient parmi les meilleurs élèves de l’école, et ont gardé des liens très forts plus tard et participé à de nombreux projets ensemble, si bien qu’on les a surnommés « Les Trois Dragons » (ou « Les Trois Frères » aussi, mais on pense d’abord chez nous au film des Inconnus dans ce dernier cas). Plus à ce sujet-là dans une autre chronique, mais ce rassemblement d’équipiers de choc joue beaucoup dans la sympathie et le rythme qui animent ce film.
Les scènes d’action constituent évidemment le cœur du film et comptent parmi les plus folles qu’on ait pu voir, le genre de choses qu’on ne voit pas dans une production occidentale. Une grande bagarre dans une taverne, pleine d’humour et de petits détails qui font mouche, superbement orchestré dans leur chorégraphie ; une poursuite à vélo drôle, déjantée et inventive, et une bagarre finale qui explose dans tous les sens, avec une fin qui tombe à l’eau (littéralement, ce n’est pas une figure de style) et qui appelle une suite (tout aussi bonne que le premier film). Si on devait noter un "bémol", ce serait qu'il n'y a a pas de grands combats finals époustouflants contre un "boss", comme on pourrait le voir dans "Dragon Forever", "Soif de Justice" ou "Gorgeous". Néanmoins, l'approche du film est différente aussi, et lorgne davantage vers la comédie pleine d'action que de l'action martiale plus traditionnelle, ce qui constitue sa marque d'originalité et rétrospectivement est très appréciable.
En dehors de ces scènes de combat, on retiendra aussi deux choses.
Tout d’abord, une scène d’infiltration dans la base pirate hilarante, à cause d'une foule de quiproquos et de naïveté comique jouissive. L'infiltration selon Jackie Chan est un genre en soi, et obtenir un mot de passe n'aura jamais été à la fois aussi facile et difficile en même temps. Enfin et surtout, le film compte aussi une des cascades parmi les plus dangereuses et impressionnantes réalisées par Jackie Chan (et ça veut dire beaucoup compte tenu de son palmarès). S’inspirant d’un des films muets d’Harold Lloyd, datant de 1923 et intitulé « Safety Last » (disponible sur Youtube en tapant « Safety Last », n’hésitez pas à jeter un œil), Jackie est suspendu à une des aiguilles de l’horloge d’un clocher à cause d’une poursuite, perd peu à peu prise jusqu’à ce que ses doigts lâchent, et tombe en chute libre jusqu’au sol, amorti uniquement par deux bâches tendues pour la pluie. Le tout sans trucage, sans harnais de sécurité, sans matelas, seulement ses tripes et une capacité à éteindre en lui tout bon sens de sécurité. Cet homme est fou et prêt à tout pour divertir, et c’est pour ça qu’on l’admire et qu’on adore ses films. Il lui a fallu une semaine pour trouver le courage de faire cette cascade, et le pire, c’est qu’il l’a réalisé deux fois de plus parce qu’il n’était pas complètement satisfait de sa façon de chuter ! La différence est mince entre un génie et un fou, et Jackie Chan est là pour en témoigner. Les trois prises sont d’ailleurs inclues dans le long-métrage, deux dans le film, l’autre dans le bêtisier à la fin. Cette cascade était-elle utile ? Bien sûr que non, mais c’est sans doute pour ça qu’il l’a réalisé, en toute vraisemblance.
L’histoire prenant place au début du siècle, il s’agit donc d’un film d’époque avec costumes, décors de circonstances et tout le tralala. L’ensemble rend bien et nous immerge dans l’ambiance, tout en restant conscient que tout n’est que décors et prétexte à une succession de comédie et d’action, mais c’est ce qui fait le charme de ce genre de productions. On n’a jamais peur pour nos héros et on ne prend rien au sérieux, car on sait qu’il ne s’agit que de divertissement où l’humour est omniprésent et où le bien triomphe à la fin. La direction de Jackie Chan est propre et efficace, adaptée à ce genre et aux chorégraphies de folie du film.
Autre point marquant, la musique. Je vous défie de ne pas chantonner le thème de début et de fin après avoir visionné le film. Bien rythmé, plein d’énergie, des chœurs qui soutiennent l’ensemble (et une version chantée à la fin) et qui a un petit air de chanson de marin, il colle parfaitement à l’ambiance générale du film, par sa bonne humeur et son appel à l’aventure. Les autres musiques sont agréables et accompagnent harmonieusement les évènements du film.
En ce qui concerne l’édition de ce DVD, il s’agit d’une version intégrale originale (apparemment, les vieilles versions distribuées chez nous étaient amputées de nombreuses scènes) avec au choix la VF ou la VO (en cantonais). La VF est très agréable, bien dans l’esprit du film, et permet de se concentrer sur ce qu’il se passe à l’écran, principal intérêt du film au-delà du dialogue. La VO plaira comme d’habitude aux puristes et ceux qui veulent entendre la vraie voix de Jackie Chan en chinois, mais un peu trop distrayante en ce qui me concerne pour faire passer l’humour, étant donné que je ne comprends pas un mot de chinois pour le moment et que je préfère pouvoir accéder directement à l’intérêt du film et son ambiance, surtout son humour (qui passe moins bien forcément avec des sous-titres). Option plus qu’appréciable néanmoins et qui laisse le choix à chacun. L’image est quant à elle nickel et le film n’accuse pas son âge (1983), loin de là. En guise de bonus, rien de spécial à part 3 scènes coupées et des bandes annonces de l’éditeur. Petite surprise par contre en ce qui concerne cette collection, les boîtiers sont prévus pour être posés à l’horizontal et non à la vertical (dit « format à l’italienne »). Pas gênant en aucun cas, mais à signaler néanmoins. Une collection qui vaut le coup et qui rassemble dans un très beau format parmi les meilleurs moments de Jackie Chan (bien que j’attende toujours une édition décente de « The Drunken Master »…)
En résumé, « Le Marin des Mers de Chine » est sans doute un des films les plus représentatifs et les plus aboutis de Jackie Chan en termes de mix entre action et comédie, l’essence de son art. Les combats ne comptent pas parmi les meilleurs de la carrière du pratiquant d’arts martiaux, mais ils se laissent regarder avec plaisir et on apprécie toujours l’inventivité et l’utilisation des éléments du décor lors des joutes. L’histoire n’est pas très profonde mais pleine de rythme et sans temps morts, avec certains passages hilarants (l’entraînement par Biao Yuen notamment), et elle n’est jamais ennuyeuse. Quant à l’aspect comédie, il est omniprésent sans être invasif ou bouffon, conservant l’équilibre délicat entre tous les éléments et parvenant à nous faire rire et sourire tout du long. Et niveau cascade, on est servi également avec la scène de l’horloge, parfait représentant de la volonté de Chan de dépasser les limites de résistance de l’être humain, au-delà du raisonnable et dans le simple but de nous divertir. Bref, ce film est pour moi celui qui illustre le mieux le cinéma de Jackie Chan, et qui satisfera aussi bien les néophytes qui veulent découvrir le Jackie Chan version asiatique que les fans de l’acteur. Indispensable pour ceux qui veulent du divertissement de qualité et passer un excellent moment, tout en conservant un souvenir fort de son visionnage et une envie d’y revenir. Superbe, tout simplement.
Jackie Chan. Un des acteurs asiatiques les plus connus et les plus appréciés dans le monde entier. Ses scènes d’action mêlant arts martiaux, cascades, humour et inventivité sont sa marque de fabrique et de son succès. Sans oublier sa témérité peu commune quand il s’agit de divertir et de faire ressentir au spectateur l’aspect réaliste de ce qu’il voit dans son grand ou petit écran. Nombre de ses films sont l’objet d’une anecdote ou l’autre où l’acteur a dépassé les limites du raisonnable et a malgré tout échappé aux griffes de la grande faucheuse ou au fauteuil roulant à vie. Et comment ne pas mentionner le nombre hallucinant de films dans lesquels il est apparu, soit 114 métrages depuis 1962 et plus des trois/quarts de films d’action (avec bientôt une apparition dans The Expendables 3 de Sylvester Stallone). Increvable, capable aussi d’incarner des rôles dramatiques (The Shinjuku Incident et The Karate Kid de 2010 pour n’en citer que quelques-uns), chanteur à ses heures perdues, producteur, scénariste, qui a su percé aussi bien dans le marché occidental qu’oriental, Jackie Chan aura su laissé sa marque dans le monde du divertissement, de la même façon que Bruce Lee a su le faire en son temps (dans un style et à une époque différents, bien sûr).
114 films, énormément de productions asiatiques, beaucoup de films semblables dans leur essence (action-comédie), on risquerait vite de tourner en rond si on analysait ses films comme n’importe quel autre flick. En effet, beaucoup des scénarios des films mettant en scène Jackie Chan (surtout ses productions asiatiques plus anciennes) sont souvent très basiques et simple prétexte à des scènes d’action. Ils ont néanmoins pour eux généralement beaucoup de rythme et d’humour, qui compensent largement leur absence de profondeur ou de subtilité. Ce qu’il y a de vraiment intéressant dans les films de Jackie Chan (hors du pur divertissement immédiat), c’est tout ce qui entoure le tournage, le rapport entre les acteurs, et aussi les scènes d’action complètement dingue quand on apprend la façon dont elles sont réalisées. Vu qu’il y a tellement à dire et qu’il n’y a pas réellement de meilleurs endroits pour commencer, je vais entamer cette série Jackie Chan (travail de titan, même si tous ses films ne sont pas disponibles en zone 2, et c’est heureux) avec mon préféré, « Le Marin des Mers de Chine » (souvent plus connu sous le nom de « Project A »), et parler de tout ce qui constitue la force de son cinéma petit à petit au fil des chroniques. À noter bien sûr que je m’occuperai exclusivement de ses productions orientales et pas ses succès hollywoodiens, pour rester cohérent par rapport à la politique du site.
« Le Marin des Mers de Chine » commence au début du siècle, à Hong-Kong, sous domination britannique. Dragon Ma (Jackie Chan) est un sergent dans la marine impériale. Il a pour mission avec son chef et son équipage de débarrasser les mers de Chine des pirates qui les infestent. Cependant, ceux-ci ont de fortes relations avec les autorités de Hong-Kong, et les plans de la marine sont réduits à rien quand les pirates réduisent leur flotte en cendre avant qu’ils ne puissent prendre la mer. Après un bref passage dans la police, Dragon comprend que s’il souhaite que justice soit faite, il va devoir prendre les choses en main par lui-même, hors du cadre de la police, et pour cela, un de ses anciens amis, voleur de son état, va lui donner un petit coup de main (intéressé).
Comme précisé en introduction, le scénario (écrit par Jackie Chan) ne casse pas des briques. Un gentil veut arrêter des méchants (pas si méchants d’ailleurs), et il va tout casser pour y arriver. Néanmoins, la réalisation et le rythme de l’histoire sont pleins de charme. Ca vit, ça bouge, ça se déchaîne et s’enchaîne très bien. On trouve très peu de temps morts ou de moments qui ne servent à rien dans l’histoire et on profite simplement d’un tour de manège d’action infernal et très bien mené, sous la direction de Jackie Chan qui se trouve derrière la caméra pour cette production (et bien d’autres encore).
Le casting fait des étincelles et des méchants aux gentils, chacun apporte ce petit côté décalé qui fait de ce film une joyeuse comédie. L’alchimie fonctionne d’autant mieux principalement grâce à l’union de Jackie Chan (Dragon Ma), Sammo Hung (Fei, le voleur) et Biao Yuen (Le capitaine qui entraîne l’unité de Chan). Tous les trois se sont rencontrés à l’école de l’opéra de Pékin dans leur jeunesse, où ils étaient parmi les meilleurs élèves de l’école, et ont gardé des liens très forts plus tard et participé à de nombreux projets ensemble, si bien qu’on les a surnommés « Les Trois Dragons » (ou « Les Trois Frères » aussi, mais on pense d’abord chez nous au film des Inconnus dans ce dernier cas). Plus à ce sujet-là dans une autre chronique, mais ce rassemblement d’équipiers de choc joue beaucoup dans la sympathie et le rythme qui animent ce film.
Les scènes d’action constituent évidemment le cœur du film et comptent parmi les plus folles qu’on ait pu voir, le genre de choses qu’on ne voit pas dans une production occidentale. Une grande bagarre dans une taverne, pleine d’humour et de petits détails qui font mouche, superbement orchestré dans leur chorégraphie ; une poursuite à vélo drôle, déjantée et inventive, et une bagarre finale qui explose dans tous les sens, avec une fin qui tombe à l’eau (littéralement, ce n’est pas une figure de style) et qui appelle une suite (tout aussi bonne que le premier film). Si on devait noter un "bémol", ce serait qu'il n'y a a pas de grands combats finals époustouflants contre un "boss", comme on pourrait le voir dans "Dragon Forever", "Soif de Justice" ou "Gorgeous". Néanmoins, l'approche du film est différente aussi, et lorgne davantage vers la comédie pleine d'action que de l'action martiale plus traditionnelle, ce qui constitue sa marque d'originalité et rétrospectivement est très appréciable.
En dehors de ces scènes de combat, on retiendra aussi deux choses.
Tout d’abord, une scène d’infiltration dans la base pirate hilarante, à cause d'une foule de quiproquos et de naïveté comique jouissive. L'infiltration selon Jackie Chan est un genre en soi, et obtenir un mot de passe n'aura jamais été à la fois aussi facile et difficile en même temps. Enfin et surtout, le film compte aussi une des cascades parmi les plus dangereuses et impressionnantes réalisées par Jackie Chan (et ça veut dire beaucoup compte tenu de son palmarès). S’inspirant d’un des films muets d’Harold Lloyd, datant de 1923 et intitulé « Safety Last » (disponible sur Youtube en tapant « Safety Last », n’hésitez pas à jeter un œil), Jackie est suspendu à une des aiguilles de l’horloge d’un clocher à cause d’une poursuite, perd peu à peu prise jusqu’à ce que ses doigts lâchent, et tombe en chute libre jusqu’au sol, amorti uniquement par deux bâches tendues pour la pluie. Le tout sans trucage, sans harnais de sécurité, sans matelas, seulement ses tripes et une capacité à éteindre en lui tout bon sens de sécurité. Cet homme est fou et prêt à tout pour divertir, et c’est pour ça qu’on l’admire et qu’on adore ses films. Il lui a fallu une semaine pour trouver le courage de faire cette cascade, et le pire, c’est qu’il l’a réalisé deux fois de plus parce qu’il n’était pas complètement satisfait de sa façon de chuter ! La différence est mince entre un génie et un fou, et Jackie Chan est là pour en témoigner. Les trois prises sont d’ailleurs inclues dans le long-métrage, deux dans le film, l’autre dans le bêtisier à la fin. Cette cascade était-elle utile ? Bien sûr que non, mais c’est sans doute pour ça qu’il l’a réalisé, en toute vraisemblance.
L’histoire prenant place au début du siècle, il s’agit donc d’un film d’époque avec costumes, décors de circonstances et tout le tralala. L’ensemble rend bien et nous immerge dans l’ambiance, tout en restant conscient que tout n’est que décors et prétexte à une succession de comédie et d’action, mais c’est ce qui fait le charme de ce genre de productions. On n’a jamais peur pour nos héros et on ne prend rien au sérieux, car on sait qu’il ne s’agit que de divertissement où l’humour est omniprésent et où le bien triomphe à la fin. La direction de Jackie Chan est propre et efficace, adaptée à ce genre et aux chorégraphies de folie du film.
Autre point marquant, la musique. Je vous défie de ne pas chantonner le thème de début et de fin après avoir visionné le film. Bien rythmé, plein d’énergie, des chœurs qui soutiennent l’ensemble (et une version chantée à la fin) et qui a un petit air de chanson de marin, il colle parfaitement à l’ambiance générale du film, par sa bonne humeur et son appel à l’aventure. Les autres musiques sont agréables et accompagnent harmonieusement les évènements du film.
En ce qui concerne l’édition de ce DVD, il s’agit d’une version intégrale originale (apparemment, les vieilles versions distribuées chez nous étaient amputées de nombreuses scènes) avec au choix la VF ou la VO (en cantonais). La VF est très agréable, bien dans l’esprit du film, et permet de se concentrer sur ce qu’il se passe à l’écran, principal intérêt du film au-delà du dialogue. La VO plaira comme d’habitude aux puristes et ceux qui veulent entendre la vraie voix de Jackie Chan en chinois, mais un peu trop distrayante en ce qui me concerne pour faire passer l’humour, étant donné que je ne comprends pas un mot de chinois pour le moment et que je préfère pouvoir accéder directement à l’intérêt du film et son ambiance, surtout son humour (qui passe moins bien forcément avec des sous-titres). Option plus qu’appréciable néanmoins et qui laisse le choix à chacun. L’image est quant à elle nickel et le film n’accuse pas son âge (1983), loin de là. En guise de bonus, rien de spécial à part 3 scènes coupées et des bandes annonces de l’éditeur. Petite surprise par contre en ce qui concerne cette collection, les boîtiers sont prévus pour être posés à l’horizontal et non à la vertical (dit « format à l’italienne »). Pas gênant en aucun cas, mais à signaler néanmoins. Une collection qui vaut le coup et qui rassemble dans un très beau format parmi les meilleurs moments de Jackie Chan (bien que j’attende toujours une édition décente de « The Drunken Master »…)
En résumé, « Le Marin des Mers de Chine » est sans doute un des films les plus représentatifs et les plus aboutis de Jackie Chan en termes de mix entre action et comédie, l’essence de son art. Les combats ne comptent pas parmi les meilleurs de la carrière du pratiquant d’arts martiaux, mais ils se laissent regarder avec plaisir et on apprécie toujours l’inventivité et l’utilisation des éléments du décor lors des joutes. L’histoire n’est pas très profonde mais pleine de rythme et sans temps morts, avec certains passages hilarants (l’entraînement par Biao Yuen notamment), et elle n’est jamais ennuyeuse. Quant à l’aspect comédie, il est omniprésent sans être invasif ou bouffon, conservant l’équilibre délicat entre tous les éléments et parvenant à nous faire rire et sourire tout du long. Et niveau cascade, on est servi également avec la scène de l’horloge, parfait représentant de la volonté de Chan de dépasser les limites de résistance de l’être humain, au-delà du raisonnable et dans le simple but de nous divertir. Bref, ce film est pour moi celui qui illustre le mieux le cinéma de Jackie Chan, et qui satisfera aussi bien les néophytes qui veulent découvrir le Jackie Chan version asiatique que les fans de l’acteur. Indispensable pour ceux qui veulent du divertissement de qualité et passer un excellent moment, tout en conservant un souvenir fort de son visionnage et une envie d’y revenir. Superbe, tout simplement.
De CactusVira, le 09 Février 2013 à 23h27
C'est vrai qu'on retrouve très souvent Sammo Hung dans les films de J.Chan.
En tout cas, si je devais citer un autre très bon film de cet acteur c'est sans aucun doute Police Story.
De shinob [127 Pts], le 08 Février 2013 à 17h55
J'ai adoré ce film ! Ce qui m'impressionne le plus, c'est la complicité entre Jackie Chan et Sammo Hung, qui sont deux grands acteurs !
De Sorrow [833 Pts], le 08 Février 2013 à 17h50
Acrobunch > T'es sûr d'avoir lu la chronique ? L'avant-dernier paragraphe est consacré uniquement à la qualité du dvd même...
De Acrobunch, le 08 Février 2013 à 17h34
L'un des tous meilleurs films de Jackie!
Dommage que le chroniqueur ne nous en dise pas plus sur la qualité intrinsèque du DVD! Le film étant un "classique", on le connaît déjà un peu tous. Moi ce que j'aurais voulu savoir, c'est si un nouvel achat valait le coup.
De CactusVira, le 08 Février 2013 à 12h08
Le meilleur film de Jackie Chan que j'ai vu ! Et mon chapeau pour le combat de Sammo Hung avec les pièces de Mahjong
De Kehidja [1965 Pts], le 08 Février 2013 à 11h49
On reconnait bien là la patte artistique de Jackie Chan, je n'ai jamais entendu parler de ce film qui date de trente ans et serai curieux de le voir un jour.