Dvd Chronique - Dragon Ball Evolution
Dragon Ball Evolution. Pour les fans de mangas, ce nom évoque une hérésie, une adaptation cinématographique qui massacre l'univers d'une franchise aimée de tous pour nous livrer un film sans saveur et nous vendre ça comme "le film tiré de Dragon Ball". Véritable cauchemar pour ceux qui ont longtemps espéré une adaptation live de la série Dragon Ball Z, Dragon Ball Evolution est sorti dans les salles en 2009. Le film est produit par la 20th Century Fox et réalisé par James Wong. Il met en scène Justin Chatwin dans le rôle de Son Goku, Emmy Rossum dans celui de Bulma Briefs, Chow Yun-Fat dans le rôle de Muten Roshi (Tortue Géniale), James Marsters en Piccolo, l'ancienne vedette de téléréalité Jamie Chung en Chi-Chi, le chanteur coréen Joon Park en Yamcha, l'ancienne idole japonaise Eriko Tamura en Mai, Randall Duk Kim dans le rôle de Son Gohan et enfin Ernie Hudson dans celui du vieux sage Sifu Norris.
Dragon Ball Evolution s'inspire de la première partie du manga qui nous raconte la jeunesse de Son Goku et qui est personnellement ma préférée de l'oeuvre. Cet esprit bon-enfant, cet humour, ces personnages fantaisistes, Goku le petit enfant grassouillet et gourmand avec une queue de singe et qui se déplace sur un nuage, les tournois de Tenkaichi Budokai... Probablement la partie la plus originale et la plus magique du manga original et on pouvait se demander comment le film allait réussir à transposer tout ça à l'écran. La réponse est simple: le film n'essaie même pas.
Dragon Ball Evolution n'a de commun avec le manga original que le concept des boules du dragon et les personnages principaux de cette période dans des versions largement réinventées. Oubliez toute la magie et l'esprit bon-enfant, la Fox a visiblement voulu se rapprocher davantage de l'ambiance de Dragon Ball Z (plus populaire) tout en imposant son propre univers, un étrange mix entre un teenage movie américain et un film d'arts martiaux du pauvre.
Le film nous présente ainsi Son Goku, un adolescent pratiquant les arts martiaux depuis son plus jeune âge auprès de son grand-père adoptif Son Gohan. Différents des autres garçons, il va au lycée mais il est perçu comme quelqu'un de bizarre et ses camarades le chahutent régulièrement. Au fond de lui, Goku aimerait vraiment devenir un gars cool (autrement dit, tabasser les brutes qui s'en prennent à lui) et draguer les jolies filles, en particulier Chi-Chi, la bimbo la plus populaire du lycée qui sort justement avec une des brutes. Il souhaite plus que tout devenir un jeune homme normal et il traverse une période de mal existentiel comme de nombreux adolescents.
Sa vie change le soir de son 18ème anniversaire. Piccolo, un démon ancestral emprisonné dans les profondeurs de la Terre par un puissant sortilège, est parvenu à se libérer (on ne sait pas comment) et il est bien décidé à se venger de ce monde qui l'a fait souffrir. Avec son acolyte Mai, il se met en quête des sept dragonballs disséminées à travers le monde et capables selon la légende d'invoquer le légendaire dieu dragon Shenlong, lequel pourra répondre à son désir de destruction. Il n'a que sept jours pour les réunir avant la venue d'une éclipse, laquelle marquera le retour en ce monde de son arme la plus redoutable d'autrefois, l'Oozaru.
Piccolo se met assez tôt en quête de la boule détenue par Son Gohan, ignorant que ce dernier l'a légué à son petit-fils. Son Gohan trouve la mort ce soir là, alors que Goku draguait les filles à une soirée, et le jeune héros décide alors de se lancer dans un périlleux voyage à travers le monde pour retrouver les boules du dragon restantes avant Piccolo. Accompagné de la jeune scientifique Bulma Briefs, il fait notamment la rencontre d'un sage déjanté appelé Muten Roshi, lequel fut autrefois le maître de Son Gohan (bien qu'il soit nettement plus jeune que ce dernier) et qui accepte de l'entraîner à son tour. Le seul espoir pour Goku de vaincre Piccolo et d'arrêter l'Oozaru est de parvenir à maîtriser son ki et d'invoquer le puissant Kamehameha, l'attaque ultime. Mais pour cela, il doit trouver la paix intérieure et l'acceptation de soi.
Au cours de leur voyage, la bande rencontre d'autres alliés comme Yamcha, un bandit de grand chemin, et Chi-Chi, le grand amour de Goku qui pratique elle-même secrètement les arts martiaux et qui doit participer prochainement à un grand tournoi.
Les fans auront cependant bien du mal à reconnaître tous ces personnages. S'inspirant visiblement davantage des grandes sagas cinématographiques populaires ou du monde des jeux vidéo que de l'univers de Dragon Ball, la Fox a ainsi réinventé les personnages du manga, leur donnant des natures très différentes de ceux que nous connaissons. Bulma devient un clone de Lara Croft tandis que Piccolo se comporte comme un Seigneur Sith, Goku et Chi-Chi sont des personnages qu'on croirait tirés d'un mauvais mix entre le début du premier Spider-man et Karate Kid, Son Gohan fait penser au vieux maître Yoda, et Yamcha et Mai ressemblent à... rien.
En plus de ne pas suivre l'histoire originale, le scénario est par ailleurs vraiment très mauvais. Difficile de comprendre quelque chose à cette histoire qui essaie désespérément de concilier différents genres (teenage movie, arts-martiaux, quête des boules pour sauver le monde...) sans succès. Son traitement est des plus téléphonés, la ligne directrice étant d'aller d'un point A à un point B afin de récupérer les boules et de vivre quelques péripéties au passage en rencontrant parfois de nouveaux personnages. Problème: alors que le manga original parvenait à créer des intrigues sympathiques et originales à partir de ce concept, c'est loin d'être le cas dans le film. Ces moments sont plats, totalement inintéressants et semblent tout droit sortis d'un jeu vidéo. De plus, le scénario se livre à de nombreuses facilités, entre les boules qui sont découvertes un peu par hasard (le dragon-radar qui s'emballe subitement à la fin d'un long dialogue alors que ça fait déjà une heure que les personnages sont assis dans le coin) et le fait que Goku et sa bande n'en réunissent que quelques unes, le reste des boules étant souvent récupéré par Piccolo en hors-champ (un moyen facile de justifier des coupes dans le montage s'il devient trop long et de forcer l'entrée du film dans le troisième acte). Et on ne sait plus trop à un moment si l'intention de Goku est toujours de réunir les sept dragonballs avant l'éclipse dans les sept jours qui arrivent ou bien de suivre l'entraînement de maître Roshi qui peut bien lui prendre des mois, voire des années (mais qu'il passe finalement en une soirée grâce au pouvoir de l'amour). De même, on a du mal à croire à certains personnages comme Chi-Chi dont la révélation de la nature de combattante sort littéralement de nulle part et tombe comme un cheveu dans la soupe (et ce n'est pas le tournoi ridicule qui suit plus tard qui nous aide à y croire davantage). Comment peut-on demander au spectateur de croire en cette histoire quand le scénariste lui-même ne semble pas trop savoir ce qu'il raconte ?
Malgré cela, la sauce aurait pu prendre si les personnages étaient parvenus à faire vivre un tant soit peu cette histoire. Seulement là, on compatit plus qu'autre chose pour les comédiens qui ont dû se donner toutes les peines du monde pour essayer de construire leurs personnages sur une base aussi vide. La plupart du temps, on leur fait jouer des stéréotypes connus (Lara Croft, Darth Vader...) mais le scénario n'essaie pas de construire de vrais personnages dessus. Le seul qui présentait des possibilités de profondeur et d'évolution intéressantes était le personnage de Goku, mais cette évolution est complètement massacrée par des scènes de romance cul-cul sans intérêt et par des scènes de baston peu inspirées (censées montrer son évolution en figure de héros). Au final, seul Chow Yun-Fat est parvenu à créer un personnage sympathique, s'amusant à improviser l'attitude déjantée de Roshi (comme Justin Chatwin le révèle dans l'un des bonus) et permettant ainsi au film d'avoir quelques gags réussis. Ne pouvant pas compter sur le scénario pour lui dire quoi faire, ce grand acteur s'est fié à son instinct professionnel et grand bien lui en a pris car, pour le coup, son interprétation est l'un des très rares points positifs du film.
Pour enfoncer davantage le clou, les dialogues sont franchement horripilants. Surexplicatifs au possible, les personnages s'égarent de manière régulière dans des dialogues très détaillés au point d'en devenir complètement ridicules. On croirait voir une de ces mauvaises sitcoms qui nous sortent des répliques complètement farfelues que personne ne prononcerait jamais. Pour empirer davantage les choses, beaucoup de répliques du film sont d'une niaiserie absolue, nous ressortant quasiment tout le répertoire des pires répliques formatées que l'on peut espérer trouver dans des blockbusters peu inspirés. A ce niveau, difficile de pouvoir encore prendre le film au sérieux vu qu'il ne respecte même pas son spectateur.
Mais plus que le scénario, c'est le spectacle de décadence technique qui plonge ce film dans les abysses. Je vais être gentil et commencer par la réalisation. Elle n'est pas des plus inspirées, très loin de là, mais elle présente le mérite de tenter quelques idées visuelles, même si ces dernières sont vraiment étranges, dont on n'en saisit pas trop l'intérêt, et surtout exécutées pauvrement. Le film n'hésite pas non plus à piquer des idées "cools" à d'autres films, comme certaines scènes de combats qui reprennent les accélérés et les ralentis de la saga Matrix d'une manière franchement hideuse.
Mais là où le mât blesse le plus, c'est dans la pauvreté de l'exécution des techniques employées qui frôle vraiment l'amateurisme. Pour faire simple, à ce niveau, tout est raté ! L'usage des câbles se ressent très nettement, le film se livre à une véritable débauche d'effets visuels franchement hideux (on les dirait tout droit sortis d'un mauvais téléfilm fauché), les monstres crées intégralement par des FX ressemblent à... des FX inachevés qui ressemblent à rien, et les décors sont toujours très pauvres tout le long du film. En fait, on voit même en permanence s'il s'agit de décors de plateau ou s'ils ont été crées digitalement et incrustés dans l'image. Dans un cas, c'est pauvre visuellement et on y croit pas, dans l'autre, c'est vraiment très moche et on y croit encore moins. Rien ne fonctionne dans ce film, ça ne marche pas, on voit sans cesse tous les artifices employés et jamais les effets qu'on devrait nous faire voir. La pauvreté technique est telle qu'il n'y a aucune illusion et qu'on ne peut tout simplement pas croire à ce film, dans sa dimension technique autant que dans son scénario.
Pour le reste, en ce qui concerne les apparences physiques des personnages, on les dirait tout droit sorties d'un concours de cosplay, le mauvais goût en plus. C'est moche, vraiment très moche. Le pire restant le masque de Piccolo qui est franchement raté, ni terrifiant, ni convaincant (on voit très bien que c'est un masque).
La musique, quant à elle, ne vous attendez pas là non plus à retrouver le style de thèmes enchanteurs qu'on pouvait trouver dans la série Dragon Ball. Ici, on a droit plutôt à de la musique techno pour faire "djeuns". Ces musiques abrutissantes nous plombent encore un peu plus ce spectacle de déchéance unilatéral. Le reste des musiques est purement anecdotique. Enfin, pour le générique de fin, ils ont fait appel à la populaire chanteuse de pop japonaise Ayumi Hamasaki. On aime ou non le style, mais c'est l'un des très rares éléments plutôt positifs (oui, le générique de fin, oui).
Au niveau des bonus, ils reflètent pour la plupart bien le film qu'ils sont censés accompagner: la plupart sont sans intérêt. Les scènes coupées sont tout aussi dispensables que le film (et on découvre en plus qu'une des scènes du film a été censurée), le bêtisier fera sourire peut-être deux secondes et le making-of (très court) ne concerne que la scène de la bataille des deux Chi-Chi qui ne valait certainement pas les efforts que la comédienne et ses doublures y ont investi. Comme featurettes, on trouve une démonstration inintéressantes des chorégraphies de combat par les cascadeurs, et enfin finalement quelque chose d'intéressant: une master class de cinéma dont Justin Chatwin a été l'invité et où il a été interrogé sur sa carrière et sur son expérience professionnelle. Se livrant à l'exercice avec sincérité, Chatwin nous donne une vision intéressante de son travail de comédien et des attentes qui peuvent motiver les gens de cette profession. On découvre aussi les motivations qui ont pu l'amener à prendre part à un projet comme Dragon Ball Evolution avec la possibilité de se tromper comme en témoignent les réactions violentes des fans sur le net qui l'ont pas mal surpris.
Pour terminer, Dragon Ball Evolution s'est forgé une réputation spécifique au sein de la communauté des fans de mangas, celle de la déchéance cinématographique abominable massacrant l'une des oeuvres les plus populaires et les plus aimées jamais crées. Et effectivement, les fans de Dragon Ball ont certainement toutes les raisons au monde pour haïr ce film. Mais au-delà de ça, l'échec est aussi et surtout cinématographique, rien ne semblant avoir fonctionné. Facilement l'un des plus mauvais films que l'on puisse espérer voir !
De Casper [72 Pts], le 27 Décembre 2012 à 14h27
Adorateur de DragonBall moi-même, je ne peux que conseiller ce film. Pourquoi ? Parce que c'est l'un des meilleurs fous-rires que j'ai eus. Ce long-métrage mérite clairement un 10/10 involontaire. Et pour les fans du matériau d'origine, voir les références à la série placées n'importe où et n'importe comment est un plaisir pour les zygomatiques. C'est de la boue, cette production, mais c'est tellement mauvais que c'en devient bon.
De Akumetsu13 [349 Pts], le 26 Décembre 2012 à 10h34
Je ne l'ai pas vu et je ne le regarderait jamais x)
Son existence même es une insulte à Dragon Ball
De RogueAerith [395 Pts], le 25 Décembre 2012 à 22h40
Glass (je me permets un diminutif), tu es bien parti pour ta deuxième chronique (si j'ai bien suivi) pour pulvériser le record de la plus longue chronique DVD. Et, en plus, la qualité est vraiment au rendez-vous.
Vraiment content que tu sois rentré dans l'équipe et hâte de lire tes nouvelles chroniques ;)
Concernant le film lui-même : pas vu... et RAF !
De tsubasadow [4303 Pts], le 25 Décembre 2012 à 22h01
Je crois que la pensée de Shinob résume bien le film merci pour la chronique (bien faite) qui m'a rappellé de mauvais souvenirs xD
De shiemi [2064 Pts], le 25 Décembre 2012 à 20h34
Ce film...que di-je ce torchon est l'une des adaptations les plus chaotiques jamais réaliser!
De GlassHeart [182 Pts], le 25 Décembre 2012 à 19h51
Le loup-garou (ou l'Oozaru plutôt), c'est un élément tiré du manga (mais qui n'avait aucun rapport avec Piccolo) que le film a traité un peu n'importe comment, si bien que c'est effectivement confus pour des personnes qui ne connaitraient pas bien le début de Dragon Ball.
De Franzoze [1117 Pts], le 25 Décembre 2012 à 11h55
Même en me forçant je n'ai pas pu le regarder en entier tant l'histoire et le effets speciaux sont a chier, même de film de série B font mieux. En plus j'ai pas compris pourquoi il y avait un loup garou à la fin lors du combat de Piccolo ?
Mes félicitations à toi, GlassHeart, pour l'avoir vu en entier ^^
De shinob [127 Pts], le 25 Décembre 2012 à 10h16
Une des pires adaptations de tous les temps!
De GlassHeart [182 Pts], le 24 Décembre 2012 à 20h08
@dantes94: Il n'y a pas de raison particulière. J'ai simplement revu le film il y a quelques jours et, comme il n'y avait pas encore de chronique dessus, j'en ai rédigé une.
De dantes94, le 24 Décembre 2012 à 19h09
Il y a un detail que je ne saisi pas ce film est a l'evidence une erreur tel que l'ont pourrais se demander pourquoi la fox l'a payer neanmoins pourquoi en reparler aujourd'hui ? La proximité du nouvel animé rappel des souvenir ? Pour ma part je pense que se film devrait simplement etre oublié comme les nombreux navets que le cinema a adapté a partir de manga/jeux video/ roman de toute origine qui s'y sont vu massacré.
De GlassHeart [182 Pts], le 24 Décembre 2012 à 18h45
D'après imdb, le budget réel avoisinerait les 45 millions (en comptant la campagne promotionnelle). C'est déjà plus réaliste.
De Hitsuji [5896 Pts], le 24 Décembre 2012 à 18h32
Merci pour ce cadeau ! :3
De GlassHeart [182 Pts], le 24 Décembre 2012 à 18h16
Le budget de 100 millions, c'est en incluant la campagne promotionnelle. Mais même là, j'ai du mal à y croire (il faudrait qu'ils y aient mis bien plus de la moitié du budget total du film).
De Diaz, le 24 Décembre 2012 à 18h08
De Akasha [429 Pts], le 24 Décembre 2012 à 17h48
Perso, j'ai décrocher au bout de 5 minutes tellement ce film est mauvais.
De rocketwarrior [2127 Pts], le 24 Décembre 2012 à 17h26
"Dragon Ball Evolution s'est forgé une réputation spécifique au sein de la communauté des fans de mangas, celle de la déchéance cinématographique abominable massacrant l'une des oeuvres les plus populaires et les plus aimées jamais crées".... tout a fait et ce film est réellement ABOMINABLE ! A ne pas voir. super chronique par contre ^^