Vie en Doll (la) Vol.1 - Actualité manga
Vie en Doll (la) Vol.1 - Manga

Vie en Doll (la) Vol.1 : Critiques

La Vie en Doll

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 23 Septembre 2016

Nous l'avons découvert en France il y a dix ans aux éditions Doki-Doki avec l'excellent Otogi Matsuri, manga d'action folklorique qui profitait de son schéma très simple pour offrir des visuels souvent époustouflants. Mais Junya Inoue a surtout connu le succès chez nous avec Btooom!, un survival certes bien rythmé, mais rarement vraiment inspiré et bourré de facilités ne témoignant pas réellement de tout le talent dont est capable l'auteur. Alors, autant dire que nous attendions avec un mélange de curiosité et de crainte La Vie en Doll, une série dessinée par Inoue parallèlement à Btooom! depuis 2013 à rythme lent, et qui vient tout juste de trouver sa conclusion, l'oeuvre étant vouée à comporter 4 tomes.

Kasumi Haruno, 14 ans, est une collégienne qui n'a pas grand-chose pour être heureuse. Côté famille, son père a mystérieusement disparu en Europe plusieurs années auparavant, et depuis sa mère a sombré dans l'alcoolisme, passe ses soirées dans les bars et ses journées dans le canapé sans s'occuper d'elle. Et côté école, sa timidité et son côté renfermé en ont fait la cible des moqueries de certaines filles qui vont jusqu'à la traiter de déchet. Ses seuls soutiens : sa douce et souriante amie d'enfance Emi, et le beau Muteki dont elle est secrètement amoureuse et qu'elle admire béatement jour après jour sans jamais lui parler.
Mais voilà qu'un jour, Kasumi reçoit chez elle un étrange colis, envoyé par son père resté silencieux pendant tant d'années. A l'intérieur, un petit miroir ainsi qu'une bague d'auriculaire que la jeune fille décide de garder précieusement. Mais les deux objets sont loin d'être banals : tandis qu'elle ne parvient plus à retirer la bague une fois enfilée à son doigt, elle finit pas découvrir une très étrange propriété du miroir, qui lui fait littéralement changer de caractère quand elle le regarde avec insistance ! La voici giflant sa pire tortionnaire, embrassant Muteki avec une assurance certaine...
Est-ce là une bénédiction ? Pas si sûr. Car très vite, alors qu'elle est au collège, l'adolescente apprend que sa mère a été attaquée par des étrangers à sa recherche pour récupérer les deux objets. Et ceux-ci sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins, y compris à tuer et à manipuler des innocents...

La série a le mérite de démarrer assez vite après une petite phase d'introduction très classique, mais suffisante, où l'on découvre la triste vie d'une Kasumi qui, toutefois, tend à agacer légèrement par certains aspects (notamment sa façon de noter les autres). Mais heureusement cela ne dure pas, et nous voici très vite plongés dans le vif du sujet, la jeune fille et son amie se retrouvant traquées par leurs mystérieux poursuivants qu'ils devront obligatoirement combattre.
Les premiers moments d'action, sont plutôt linéaires dans leur déroulement, et permettent surtout à Kasumi et au lecteur de découvrir petit à petit les spécificités de la bague et du miroir, aptes à conférer des capacités proches de celles d'une magical girl. Ainsi la bague permet-elle de balancer des éclairs sur les ennemis. Mais c'est bien le miroir qui a les capacités les plus étonnantes, puisqu'il peut matérialiser l'autre facette de Kasumi, celle qui reste d'habitude enfermée au plus profond d'elle : la Kasumi bourrée de caractère, plus affirmée, plus agressive, et donc parfaite pour combattre avec assurance.
Le petit plus, c'est qu'Inoue ne se contente pas de proposer un changement de personnalité lambda : il existe bien deux Kasumi, l'une étant enfermée dans le miroir (en conservant toute sa conscience et en pouvant parler avec son alter ego) quand l'autre prend le dessus. Le concept pourrait se révéler très intéressant, car il pourrait pousser la timide et peu sûre d'elle Kasumi à gagner confiance en elle en voyant tout le caractère qu'elle renfermait en son for intérieur. Mais dès lors qu'Emi se retrouve impliquée dans l'affaire, tout ceci pourrait bien, également, mettre Kasumi face à ses plus tristes pensées. Par exemple, considère-t-elle vraiment Emi comme une amie de toujours, ou n'y a-t-il pas un peu de jalousie face à cette adorable jeune fille ayant tout pour elle ?

Hormis ceci, d'autres éléments sont là pour entretenir mystère et suspense. Les "vierges" ennemies ont elles aussi un pouvoir dévastateur, et la façon dont elles "naissent" s'avère assez cruelle puisqu'à la base il s'agit de demoiselles tout à fait normales et innocentes qui se retrouvent manipulées. L'énigme sur l'objectif de l'organisation ennemie et sur le passé de la bague et du miroir est bien entretenue. Et le rôle du dénommé Samuel, un ennemi plus ambivalent et voué à changer, s'annonce intéressant.

Pour le reste, le rendu visuel mélange les hauts et les bas.
En premier lieu, on regrette des visages parfois beaucoup trop lisses, ainsi que plusieurs tentatives de faire des expressions comiques proches du SD, mais en réalité assez affreuses, notamment à cause d'un placement très approximatif des yeux. De même, certains éléments à vocation humoristique, comme le running gag sur la petite phrase prononcée par Rebecca, s'avèrent plutôt lourdingues et ont tendance à casser l'ambiance plus qu'autre chose. Enfin, malgré tout leur dynamisme, les premiers combats restent assez basiques et rapides dans leur découpage.
Par contre, il y a clairement de belles promesses pour la suite, car après l'univers folklorique d'Otogi Matsuri et l'île de Btooom!, cette fois Junya Inoue s'essaie à des combats surpuissants en milieu urbain, et de ce fait certains décors offrent un cadre qui en jette pas mal pour l'action, à l'image des hauteurs nocturnes en fin de tome. On note aussi qu'avec les facultés du miroir, l'auteur a tout le loisir de se faire plaisir pour offrir à ses héroïnes des looks vestimentaires assez travaillés, notamment à base de jupes vaguement gothiques par exemple, conférant souvent aux demoiselles une apparence de poupées (d'où le "Doll" dans le titre de la série, sûrement).

Bien que ponctuée de petits défauts, l'introduction de La Vie en Doll s'avère donc globalement efficace, de par son rythme, mais aussi son concept qui, s'il est exploité intelligemment par la suite, pourrait offrir un peu plus qu'un simple divertissement d'action où des gamines en jupe s'entretuent.

Glénat a soigné son édition, avec un joli dépliant couleur en début de tome, une traduction de Djamel Rabahi très fluide et vivante (malgré 2-3 légères coquilles d'inattention, comme un verbe en "ez" au lieu de "er", et un papier peut-être un peu trop fin, mais absorbant bien l'encre (ce qui, ces derniers temps, était un gros problème chez l'éditeur).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs