Togari Shiro Vol.1 - Actualité manga

Togari Shiro Vol.1 : Critiques

Togari Shiro

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Décembre 2015

Dans le marché du manga français, il existe quelques miracles auxquels on ne croit plus forcément, mais qui finissent tout de même par se réaliser. Et Togari Shiro en est un bel exemple.

Resituons : en 2002, la maison d'édition Delcourt, avec l'aide d'Akata, lance un label manga dont les deux premiers titres furent Fruit Basket pour les filles, et pour les garçons, Togari. Comptant huit volumes, ce titre de Yoshinori Natsume vient alors de s'achever au Japon, sur une note assez abrupte. En effet, sans doute en manque de succès, la série s'est terminée alors qu'elle entrait dans son dernier arc, laissant ainsi à ses quelques lecteurs une fin qu'on qualifiera de très ouverte, mais convenable malgré tout.

Cependant, sept ans plus tard, l'auteur décide d'offrir enfin la conclusion qu'il souhaitait, avec un nouveau titre en trois volumes : Togari Shiro. En France, si Togari a trouvé son public, son aura a bien vite été atténuée par l'avalanche de sorties, et les quelques fans n'osaient plus espérer lire cette suite. Et pourtant, douze ans après la fin de la première série en France, voilà que Togari Shiro apparaît soudain en mai 2015, grâce à l'éditeur Black Box, toujours là où on ne l'attend pas ! Mais après tant d'années, y a-t-il encore un lectorat qui l'attendait ? A moins que ce manga se suffise à lui-même ?

Pour cette dernière question, nous aurons notre réponse dès les premières pages : par le biais de deux résumés (l'un en préambule, l'autre au cœur même du chapitre), Yoshinori Natsume remet en place les enjeux principaux de l'histoire : nous suivons Tobe, une âme ayant passé 300 ans aux Enfers pour expier ses crimes, jusqu'à ce qu'on lui propose de se racheter. Pour cela, Tobe retourne dans le monde des hommes pour chasser les Toga. créatures matérialisant les péchés de certains individus et invisibles pour les mortels. Il dispose d'une épée de bois nommée Togari, et doit aspirer en son sein 108 péchés en 108 jours. A l'heure où nous le retrouvons, il ne lui en reste plus que deux à récolter, mais il doit faire face aux redoutables porteurs de l'obscurité blanche (donnant le sous-titre de cette suite, « shiro » signifiant « blanc » en japonais).

Malgré cet effort de contextualisation, Togari Shiro reprend l'action avec vivacité, comme si Tobe n'avait jamais arrêté sa marche, et il sera un peu difficile de reprendre la cadence. D'une part, les ennemis de Tobe sont réintroduits sans réexposition, perdant le lecteur néophyte. D'autre part, de nouveaux éléments viennent rapidement se rajouter à l'affaire, comme des anges, ou la participation active de la Reine des Enfers Ema en guise de Deus Ex Machina, presque au sens premier du terme.  Et à tout cela, il faut rajouter encore quelques sous-intrigues en parallèle, histoire de s'égarer encore un petit peu !

En contrepartie, l'action et très dense, et on retrouve avec plaisir la mise en scène très dynamique de Yoshinori Natsume. En sept ans, son style graphique a gagné en précision et en densité, tout en conservant ses fondamentaux : un trait très chargé et anguleux, qui prend toute son amplitude dans les scènes de combat.

Du côté de l'édition, Black Box reste dans sa gamme classique, avec couverture fine sans rabat. Le redimensionnement des planches en grand format n'est hélas pas le plus adapté au trait déjà très épais de Natsume, rendant certaines planches particulièrement surchargées.

Si Togari ne s'était pas arrêté à son huitième volume, nous aurions trouvé ici une entrée en matière convenable pour un climax final, avec le croisement des enjeux précédemment évoqués. Mais en le prenant pour ce qu'il est, c'est-à-dire pour le début d'une série dont la préquelle est déjà dans nos souvenirs lointains, ce premier tome de Togari Shiro s'appréhende difficilement. Reste le sens du dynamisme de Yoshinori Natsume pour nous convaincre d'aller au bout de cette nouvelle conclusion, en espérant qu'elle ne trahisse pas l’œuvre première...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs