Pokémon - la grande aventure – Or et Argent Vol.3 : Critiques

La Ligue Pokémon est sur le point de débuter et sera amorcée par un tournoi entre les champions d’arène de Johto et ceux de Kanto. L’effervescence bat son plein, mais une menace importante plane au-dessus de l’événement : la Team Rocket compte profiter du tournoi pour mettre ses plans à exécution, aussi tous les talentueux dresseurs des deux régions se mettent en marche pour contrecarrer les plans de l’ennemi dirigé par le mystérieux « homme masqué »…

L’arc Or et Argent de la saga Pokémon Special, dite « La Grande Aventure » en France, touche à sa fin. Malgré une baisse de régime lors du précédent opus à cause du changement du dessinateur, l’autrice Mato ayant laissé sa place à Satoshi Yamamoto à cause de soucis de santé, cette dernière partie de la deuxième génération est marquée par un regain de rythme certain. Mais sur la globalité, l’arc Or et Argent aura été fortement perturbé par ce changement : on le ressent dans ce dernier opus, l’arrivée du nouveau dessinateur au cœur d’un arc aura chamboulé fortement le rythme. On soupçonnait que l’étendue de la quête de Suicune dans le tome précédent résultait d’une volonté de permettre à Satoshi Yamamoto de prendre ses marques, cela semble d’autant plus vrai que ce dernier segment va toujours à l’essentiel, un peu trop même, pour boucler ses multiples intrigues.

Derrière ce nouveau gros pavé se cache le tournoi entre les champions des deux régions, mais surtout la grande bataille finale, plus importante que celle de l’arc de première génération puisqu’elle cherche à mettre à contribution une grande partie des pokémon légendaires jusqu’à présent. On pourra s’étonner que cet arc Or et Argent s’éloigne beaucoup de la trame des jeux vidéo, mais au contraire, ceux-ci ayant un schéma très simpliste et peu d’intrigue, les auteurs ont cherché à scénarisé le tout pour donner une expérience inédite et plus riche aux lecteurs tout en restant fidèles à l’univers d’origine. Dans les faits, cela a de quoi exciter d’autant plus que les multiples rebondissements de cet opus aboutissent à une lecture rythmée et passionnante. Kusaka et Yamamoto développent ainsi une alchimie sur les caractériseront sur les autres arcs de la saga : le manga multiplie les pistes scénaristiques tout en parvenant à le réunir de manière cohérente, permettant à nombre de personnages de trouver un rôle dans la grande aventure qui nous est proposée. On s’étonnera cependant d’une mise en avant des dresseurs de l’arc précédent plutôt que des nouvelles têtes du cycle Or et Argent. Ainsi, les trois nouveaux héros sont au final peu développés et quand cela arrive, c’est un peu comme un cheveu sur la soupe tant le changement s’avère brutal.

Et c’est bien là le gros problème de ce tome : tous les événements présentés sont excitants, mais beaucoup s’avèrent expédiés. Sans doute les auteurs ont été ralentis par le changement de dessinateur et ont dû accélérer la résolution de moult intrigues, toujours est-il que de nombreux scénarios annexes se retrouvent conclus de manière brutale. Le passé de Verte et Argent n’est pas tellement développé, l’affrontement même contre le grand ennemi paraît survolé, l’heure de gloire des trois protagonistes n’en est pas tellement une tant on ne les a pas assez vus durant l’aventure, et d’autres personnages importants de la première génération, comme Peter, Aldo et Koga, ont subi un changement radical qui n’est pas vraiment expliqué. Il demeure alors une certaine frustration chez le lecteur : certains développements de personnages ainsi que de nombreuses idées d’intrigues sont excellentes, mais le rythme du tome étant ce qu’il est, tout est souvent expédié et les mangaka ne parviennent pas à aller au bout des choses. Si chronologiquement c’est un défaut qu’ils corrigeront avec l’excellent arc Rubis et Saphir, leurs prouesses de conteurs sont ici entachées par un nombre de chapitres restreint. Pokémon étant une saga continue, on pense bien que les auteurs ne pouvaient étirer l’arc actuel en longueur indéfiniment, car l’adaptation de la troisième génération les attendait…

Chose amusante, on notera ici une volonté d’exploiter certaines pistes sur lesquelles la série animée fleuve, celle autour de Sacha, s’est tue. La GS Ball fait son retour et représente un véritable enjeu narratif, tandis que la relation entre Ondine et Rouge met en avant un aspect qui fut source de rumeurs concernant l’anime… bien que cet aspect n’aille pas vraiment au bout des choses malheureusement.

On ne boude pourtant pas son plaisir à la lecture de cet opus : le rythme est effréné et le divertissement se veut efficace d’un bout à l’autre. A la fin du tome, on éprouve même un profond regret à quitter Rouge, Bleu, Or et tous leurs compagnons, des personnages qu’on a connu de manière peu développée dans les premières versions du jeu et qui ont gagné une véritable vie dans le manga. Ainsi, on reste frustrés par l’incapacité de cet arc à être allé au bout des choses, et on regrette de quitter les personnages sur cette note plus mitigée… Qu’à cela ne tienne, d’autres courts arcs remettent avant ces personnages, ceux adaptés des jeux Rouge-Feu / Vert-feuille et Heartgold / Soulsilver. On espère alors que Kurokawa nous proposera ces segments dans les mois à venir !