Mushroom Vol.1 : Critiques

Quelque part sur une île perdue du Pacifique sud, à la fin des années 1990, une expédition a lieu. Missionnés par une entreprise pharmaceutique, des biologistes sont chargés d'y déceler de ressources génétiques novatrices. Mais à partir du moment où la petite équipe découvre les traces d'un massacre, l'expédition part en vrille, car une mystérieuse menace semble planer...

Quelques années plus tard, à Tokyo, l'étudiant Rin Tachibana, qui mène une vie tout à fait ordinaire et sans histoires, ne sait pas encore que son existence est sur le point de basculer. En aidant une amie journaliste à pénétrer dans une maison où un père a massacré toute sa famille sans raison avant de se suicider, il risque bien de faire une rencontre énigmatique, et de voir se réaliser une chose impensable qui pourrait le conduite au pire.

En plus d'être abonné aux séries en 4 tomes, Nokuto Koike est un habitué des thrillers à tendance surnaturelle et horrifique. Après 6000 et Les Oubliés, cet auteur revient encore aux éditions Komikku avec Mushroom, une oeuvre qui a été publiée au Japon de 2015 à début 2017 dans le magazine Gekkan Birz de Gentôsha.

On sent que l'éditeur aime cet artiste : en plus de lui rester fidèle, Komikku propose uniquement pour le premier tirage de ce tome 1 une sympathique petite initiative : une jaquette inédite dotée d'un effet miroir, qui attire facilement l'oeil, le tout sans augmentation de prix par rapport aux tirages qui suivront. Au-delà de ce petit bonus, on retrouve en cette édition française les habituel standards de qualité de l'éditeur : un papier bien épais et souple servant une très bonne impression chez Aubin, des choix de lettrage soignés, et une traduction de Ryoko Akiyama claire et efficace.

Nokuto Koike, comme il nous l'a déjà démontré sur ses précédentes séries, est un auteur qui aime d'abord plonger son lecteur dans des problèmes étranges où règnent le mystère et l'inconnu, avant de commencer à distiller d'inquiétants et nébuleux éléments de réponse. Sans grande surprise, le mangaka suit ici à nouveau ce procédé, en commençant par nous immiscer au coeur de la fameuse expédition, dont on ne sait pas grand-chose. S'il fallait trouver un petit défaut, ce serait le côté un poil longuet de cette première partie d'une soixantaine de pages, qui aurait facilement pu être un peu écourtée, certaines rallonges étant évidentes. Néanmoins, l'atmosphère est installée d'emblée, et l'on ressent facilement le parfum de menace qui s'installe, prêt à s'immiscer jusqu'à la capitale japonaise quelques années plus tard.

C'est à partir de là que le récit acquiert plus de substance, en nous invitant à suivre Rin et, surtout, à observer des choses qui n'ont rien de naturel : une affaire inexplicable où un père a tué sa famille sans que l'on sache pourquoi, un homme censé être mort qui se relève, la légende urbaine d'un homme en noir qui apparaîtrait sur les lieux de meurtre ou d'accident... Les éléments suscitant étonnement et angoisse s'installent plutôt efficacement les uns après les autres, et pour cela Koike peut compter sur son travail visuel sombre qui, malgré un découpage classique, bénéficie de décors obscurs convaincants, de designs plutôt réussis et d'encrages soignés.

Le mystère posé, l'ambiance faite d'inquiétude installée, le récit peut alors commencer à s'emballer sérieusement dans une dernière partie de tome plaçant Rin face au pire, à l'impensable, avec une belle efficacité qui doit beaucoup aux quelques pointes de gore et de déformation physique. Ce qui est un peu plus dommageable, c'est de voir le mangaka révéler aussi rapidement certaines réponses-clés, après avoir installé pendant si longtemps un côté mystérieux et nébuleux, et en cela il est possible de trouver l'ensemble un peu mal équilibré.

Quoi qu'il en soit, Mushroom parvient à intriguer sur ce premier volume. L'auteur aimant jouer sur l'atmosphère, il faut un petit moment pour que le tout s'emballe un peu, mais arrivé au bout de la lecture il y a de quoi se retrouver avec une bonne petite série.