Maison du soleil (la) Vol.1 - Actualité manga
Maison du soleil (la) Vol.1 - Manga

Maison du soleil (la) Vol.1 : Critiques

Taiyô no ie

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 28 Février 2017

Critique 2

Alors qu’elle n’était pour ainsi dire qu’une enfant, Mao passait son temps dans la maison voisine : là où vivait la famille de Hiro, un jeune garçon de six années son ainé. Mao et Hiro grandirent l’un et l’autre tels la petite soeur et le grand frère, toujours à l’abri des murs de cette demeure aux allures de pavillon du bonheur. Les années passèrent et les chosent changèrent : le père de Mao se remaria et la nouvelle épouse ne trouvera pas les grâces de Mao. Hiro, de son côté, vit désormais seul dans cette maison des beaux souvenirs : ses parents sont morts et ses sœurs ont quitté le foyer familial. La lycéenne Mao a désormais dix-sept ans tandis que l’employé modèle Hiro en a vingt-trois. Et si Mao s’en allait vivre chez Hiro comme autrefois ?

Première œuvre de Taamo à être publiée dans l’hexagone, « Taiyo no ie », de son titre nippon, s’en vient par ici d’ores et déjà auréolé du prix du meilleur shojo de l’année deux-mille-quatorze distribué par Kodansha : qu’elles furent donc les impressions de ce premier tome d’une série qui en comptera treize ?

A premier abord, « La Maison du Soleil » est une œuvre qui interpelle un brin. Car, au-delà d’un certain classique de la prestation, il pourra être perçu bien de chouettes choses assez rares du monde shojo. Tout d’abord, c’est l’auteure qui pourra intriguer, laquelle confesse espérer que tout se passera pour le mieux s’agissant de sa première publication chez l’éditeur Kodansha : le tout contresigné par la photographie d’un joli toutou. Aussi, le dessin, très classique, se démarque néanmoins par un travail sur des flous d’une subreptice chaleur étoilée et non sans charme. Une narration particulièrement fluide, un découpage des planches plein de vie et quelques mises en scène auxquelles le lecteur ne se serait pas forcément attendu : bref, de bonnes surprises.

Un récit qui repose sur des rouages bien connus, pour ne point dire assez ordinaires, mais maitrisés. Et l’auteur Taamo en a bien conscience, comme elle put le dire elle-même, son défi est de dépeindre une jeune fille qui se comporte comme – sic – un collégien prépubère. Alors oui, elle aura manifestement réussi. Oui, il ne s’agit plus vraiment ici du tableau de la femme enfant, mais bien d’une sorte d’apologie de la fille un zeste irresponsable. Oui… mais il n’y a point que cela. Derrière les présentoirs habituels du shojoisme, Taamo esquisse quelques thématiques sociales, voire sociétales, assez novatrices qui pourraient s’avérer intéressantes par la suite dans ce qu’elles seraient susceptibles d’apporter en profondeur à la série : des pensées relatives à la vie de famille et à la famille en elle-même ; la solitude qui habite chacun ; les règles de vie en collectivité comme condition d’un bonheur individuel ; le passage de l’adolescence au monde adulte ; le fait d’être attendu ou, tout simplement, de s’inquiéter pour quelqu’un d’autre.

L’édition, quant à elle, se veut le juste reflet du titre : quelque chose de sobre doté d’une couverture radieuse, introduite d’un sommaire chaleureux, bénéficiaire d’un lettrage doux et d’un papier souple ; le tout pour un objet agréable en main et offrant un moment de lecture reposant.

Il y aurait à minima deux sortes de shojo : celui aux allures de princesse SMS à la guimauve et celui autrement équilibré dans ses approches de la réalité afin de harponner un public davantage hétéroclite ; « La maison du soleil », comme pu le confesser l’auteur dans son propos introductif, appartiendrait sans doute davantage à la première catégorie qu’à la seconde, mais, dans le genre et à ce stade, l’ensemble demeure d’une très agréable facture. Restera à voir, sur les douze prochains volumes à venir, la manière dont l’auteur saura enrichir et développer le récit de ce shojo à la fois aérien, délicat et gnangnan. Que l’on aime ou que l’on n’aime point, dans le genre, c’est plutôt un très bon prologue. 



Critique 1


La mangaka Taamo a beau officier depuis 2004, elle n'avait jusqu'à présent jamais été publiée en France, mais elle nous arrive enfin par le biais de ce qui est sûrement sa série la plus remarquée : Taiyô no Ie, un shôjo en 13 tomes qui fut prépublié de 2010 à 2015 par Kôdansha dans le Dessert, magazine qui a également accueilli le Garçon d'à côté, Daisy - Lycéennes à Fukushima, ou encore Say i Love You. La série a été lauréate en 2014 du 38ème Prix Kodansha du meilleur shôjo, succédant notamment à Mon Histoire, Heartbroken Chocolatier, Chihayafuru, Princess Jellyfish ou Sawako.

Renommée en France La Maison du Soleil (une traduction fidèle du titre japonais), la série nous immisce aux côtés de deux jeunes gens marqués par les affres de la vie. Mao et Hiro sont amis depuis l'enfance. La première a connu de fortes désillusions dès ses plus jeunes années dans sa famille : des parents divorçant, une mère quittant la maison avec un autre homme, un père avec qui elle est restée mais qui n'est jamais là à cause du travail. Si bien qu'elle passait largement plus de temps au sein de la famille Nakamura, où vivait Hiro. Des parents chaleureux, aimants et présents, trois enfants (l'aîné Hiro, le petit frère Daiki, la petite soeur Hina) avec lesquels passer de bons moments : c'était pour notre jeune héroïne la famille rêvée, dans une maison grouillant de vie, de chaleur. Jusqu'à ce qu'un accident surgisse pour emporter les parents Nakamura dans la mort. Tandis que Daiki et Hina ont quitté la maison car trop jeunes pour rester sans adultes, Hiro, lui, a choisi de continuer de vivre, seul, dans la maison que ses parents ont pu obtenir après de nombreux efforts.
Les années sont ainsi passées pour les deux jeunes gens. Hiro a désormais 23 ans, est programmeur junior dans une entreprise. Quant à Mao, elle a 17 ans et continue le lycée. Tous deux continuent de se voir régulièrement, entretenant un lien identique à celui d'un grand frère et d'une petite soeur. Mais un nouvel événement va faire basculer le quotidien de Mao : son père a décidé de se remarier avec une autre femme ayant elle aussi un enfant. Quand elle rentre, il y a désormais cette autre femme qu'elle ne connaît quasiment pas, ce petit garçon occupant la chaise de table qui a toujours été la sienne... Le père de Mao s'est reconstruit une vie de famille à laquelle l'adolescente se sent complètement étrangère. Partant de cette maison qui ne semble plus être la sienne, errant dehors, elle est recueillie par Hiro, qui est inquiet pour elle, et qui ne tarde pas à lui proposer de venir vivre avec lui dans sa maison...

"Ma maison a disparu. Je n'ai plus aucun endroit où rentrer. Personne ne m'attend. Personne n'a besoin de moi."

La Maison du Soleil est le récit de la cohabitation entre deux amis d'enfance qui se sont toujours quasiment considérés comme un frère et une soeur, et qui ont été ballottés par des problèmes familiaux très ancrés dans notre société moderne : disparition brutale des parents brisant une famille, divorce, remariage et famille recomposée, absence d'un père beaucoup trop pris par son travail au point d'être démissionnaire envers sa fille... C'est sur ces bases que l'on va apprendre à découvrir les deux personnages principaux.
Hiro est un jeune homme bienveillant, s'inquiétant naturellement devant la situation de Mao, et lui proposant de venir vivre chez lui sans arrière-pensée. Jeune travailleur, notamment intrigué par sa collègue Mlle Sugimoto, il est également un fervent lecteur d'un roman pour mobiles nommé "La Maison du Soleil" qui lui rappelle des choses à bien des égards. Le fait de vivre seul pendant longtemps lui a appris à être appliqué dans les tâches domestiques, si bien qu'il pourrait presque apparaître comme une mère. Et depuis longtemps, il a appris à enfermer au fond de lui sa solitude ainsi qu'une certaine tristesse d'être éloigné de Daiki et de Hina.
Mao, elle, est une jeune fille qui a quelques allures de garçon manqué, et qui se révèle très attachante et touchante dans sa façon de toujours contenir ses émotions derrière une mine renfrognée ou peu expressive. La situation familiale désastreuse qu'elle a vécue fait qu'elle s'est toujours sentie de trop, comme une gêne, sans trouver sa place rien qu'à elle. Son exutoire : le roman pour mobiles "La Maison du Soleil", dont elle est l'autrice, et où elle peut évacuer au quotidien ses peines et ses émotions par une écriture en partie autobiographique.

Pour nous immiscer au mieux aux côtés de ces deux êtres que l'on découvre petit à petit, Taamo a l'intelligence d'alterne le point de vue entre eux deux : tandis que leur nouveau quotidien naît et trouver ses marques peu à peu, on a les chapitres 1 et 3 se focalisant surtout sur les pensées et le ressenti de Mao, tandis que les chapitres 2 et 4 sont plus près de Hiro. Une alternance qui permet de placer parfaitement les deux jeunes gens sur une même ligne, et de les développer par petits touches et en douceur.

Sur ces bases, se pose une tranche de vie ponctuée de nombreux petits détails qui montrent tout le soin de la mangaka dans l'abord de ses deux héros.
Il y a, forcément, quelques instants de mélancolie, comme quand Mao se souvient qu'autrefois la maison des Nakamura était si vivante, et qu'elle aimait tellement y être quand elle était petite. Tout naturellement, on se demande alors ce qu'a pu ressentir Hiro en y vivant si longtemps seul.
Mais ce sont bien des émotions autrement plus positives qui parsèment le récit. Mao découvre en Hiro un parfait homme d'intérieur, a la surprise de découvrir sa tortue de compagnie, et se voit bien sûr imposer des règles de conduite un peu "chiantes" pour reprendre ses mots. Et pourtant, on la découvre heureuse d'avoir un couvre-feu et de devoir rentrer toujours à 19h, sans doute parce que ça montre qu'il y a enfin quelqu'un qui s'inquiète pour elle. Et quand, dans cette maison où Hiro fait tout (vu qu'elle ne sait pas faire grand chose), son sentiment d'inutilité et d'être une gêne revient au galop, Hiro est là pour la rassurer. Quant à Hiro, dont on cerne facilement la solitude qui l'a longtemps animée, on le voit content de pouvoir tout simplement s'inquiéter à nouveau pour quelqu'un. Même la chose la plus simple, comme regarder la télévision à deux, devient pour eux un instant de bonheur, car il redécouvrent enfin le sens d'être ensemble. On assiste ainsi à des débuts de cohabitation mêlant douceur, chaleur, bienveillance et maladresse. Taamo a un don fou pour évoquer ce que peuvent ressentir ses deux personnages tout naturellement, sans en faire trop, sur un ton jamais exagéré. Il se dégage peu à peu une atmosphère réellement chaleureuse au sein de cette demeure, et l'on comprend bien qu'il n'y a pas que le roman pour mobile de Mao qui mérite d'être appelé la "Maison du Soleil".

On retrouve la même douceur, la même chaleur dans les dessins de la mangaka. Ceux-ci sont très clairs. Taamo utilise assez peu de noir, pour ses nombreuses trames elle préfère aussi utiliser des choses peu sombres, et cela renforce particulièrement l'impression de chaleur. Les nombreuses petites trames rondes que la mangaka semble aimer utiliser peuvent même évoquer un peu des soleils...

Servie par un travail honnête côté papier et impression, l'édition française doit beaucoup à la traduction enlevée de Claire Olivier de B.L.A.C.K. Studio, qui trouve les tons justes et parvient à bien correspondre au caractère des personnages.

Sur ce premier tome, La Maison du Soleil se dresse comme l'une des excellentes nouveautés au début d'année, de par l'évocation de sujets délicats et le développement tout en douceur de ses personnages, pour un résultat bienveillant, chaleureux et touchant que l'on espère voir continuer dans cette excellente voie.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Alphonse

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs