Love instruction - How to become a seductor Vol.1 - Actualité manga
Love instruction - How to become a seductor Vol.1 - Manga

Love instruction - How to become a seductor Vol.1 : Critiques

Minamoto-kun Monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Avril 2019

Depuis quelques années, les éditions Soleil Manga jouent clairement dans trois catégories : les manga légers animaliers, les comédies sentimentales shôjo, et les seinen à suspense comme Gambling School, ou plus sulfureux avec une touche de comédie comme Prison School. A peu près en même temps, un titre jouant dans cette cour a démarré chez l'éditeur : Love Instruction : How to become a seductor. Premier titre de Minori Inaba, le manga est prépublié dans le Young Jump depuis 2011, et atteindra prochainement la quinzaine de volumes. Un seinen érotique qui se prête bien au catalogue de Soleil Manga donc, et qui a pour particularité de jouer avec un célèbre roman japonais : Le Dit du Genji.

Terumi Minamoto a une phobie des filles. Assez efféminé, il fut martyrisé par des filles de sa classe, si bien que le jeune homme n'ose plus les approcher. Pourtant, encore puceau, il aimerait connaître le plaisir des relations charnelles avec l'autre sexe. Lorsqu'il est envoyé chez sa tante suite au remariage de son père, Terumi pourrait bien trouver le remède idéal à sa phobie : Chercheuse autour du « Dit du Genji », la tante du garçon, Kaoruko, veut faire de son neveu un véritable cobaye. Dès lors, Terumi va devoir courtiser 14 demoiselles, comme le Genji, et vivre réellement l'expérience qu'a connu ce personnage littéraire.

Un synopsis pour le moins déjanté qui vient justifier les ambitions harem de la série, et son protagoniste coureur de jupon. La principale originalité de Love Instruction vient bien de sa volonté de jouer avec Le Dit du Genji, un roman japonais majeur du Xie siècle, fortement méconnu en France. Pour un lecteur occidental, un des intérêts forts de la série de Minori Inaba aurait pu être sa manière de traiter cette œuvre majeure de la littérature japonaise... Mais il n'en sera finalement rien dans ce premier tome, ou presque. Ceux qui souhaitaient voir dans ce début de série un petit vecteur culturel pourront passer leur chemin, les quelques tirades autour du Dit du Genji se résumant à un résumé simpliste et quelques références pour justifier le fait que Terumi doive passer à l'action, et quelle première demoiselle il doit courtiser. Dommage, mais rien ne dit que cet aspect littéraire ne sera pas plus abordé par la suite.

Outre cette déception qui reste vraiment à l'appréciation de chacun, on pouvait espérer un début d'intrigue érotique plaisant. Un premier bon point devient vite évident : le titre s'assume à 100%, dans le sens où Terumi ne rechigne pas vraiment dans sa mission de cobaye pour sa tante, et que cette dernière est prête à tout pour soutenir l'épopée sulfureuse de son neveu. A priori, Love Instruction se veut totalement décomplexé, de manière à aboutir à tout un tas de situations érotico-comiques. Car ce premier tome intègre une bonne part d'humour, un élément idéal pour ne pas prendre le tout trop au sérieux, ce qui fonctionne même à plusieurs reprises.

Dit comme tel, la formule de ce début de série semble prometteuse. Pourtant, au fil de la lecture, c'est bien le malaise qui s'installe à plusieurs reprises. Car ce premier tome, dans sa seconde partie notamment, n'hésite pas à banaliser les agressions sexuelles, sous couvert d'humour. Des séquences qui font froid dans le dos, mais qui auraient pu trouver une justification si Terumi était montré comme un imbécile qui doit changer et se remettre en question, dans le but d'évoluer vers une séduction plus respectable. Mais il n'en est rien, ses actions étant légitimées par des personnages tiers, tandis que la position de victime de sa cousine se trouve dédramatisée au possible. Ou alors, c'est la volonté du mangaka de ne présenter qu'un seul personnage aux points de vue pertinent, autour duquel gravite un lot d'individus moralement douteux, mais on n'y croit guère.

Finalement, les quelques séquences incestueuses entre Terumi et sa tante ne sont pas ce qui choquent le plus. Car de l'aveu même du protagoniste : sucer les tétons de sa tante, ce n'est pas de l'inceste, car ils ne sont pas réellement passés à l'acte. Ben voyons. C'est dérangeant, mais constitue une mécanique pas surprenante au regard de ce qui se fait ponctuellement dans certains titres qui jouent sans broncher sur les relations dans une même famille, entre cousins ou frères/sœurs par alliance, par exemple.

Un réel dommage qu'est ce premier tome, donc, puisque la série a le potentiel pour constituer une série érotique assumée et légère sympathique. Pour y arriver, il faudra que Minori Inaba cesse de valoriser les agressions sexuelles, mette son sexisme au placard, et soit un peu plus subtil sur le rôle de Kaoruko, la tante de Terumi, dans la série. Un premier tome alarmant, donc, mais la série pourrait être sauvée !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs