Innocent - Rouge Vol.2 - Actualité manga
Innocent - Rouge Vol.2 - Manga

Innocent - Rouge Vol.2 : Critiques

Innocent Rouge

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 20 Juin 2017

L’exécuteur des hautes œuvres de Paris Charles-Henri Sanson veille au chevet de son épouse dévouée Anne. En cette nuit, la pluie fait averse sur la propriété familiale des Sanson. Anne s’est ensommeillée, elle dort profondément. Charles-Henri l’embrasse au front. Il se saisira du livre brodé qui gît sur le bureau faisant face à la fenêtre. Un ouvrage intitulé : « Mémoires de Sanson de Longval » !


Charles Sanson de Longval est tout simplement le premier de la lignée des Sanson en tant qu’exécuteur des hautes œuvres de Paris. Charles-Henri Sanson représentant la quatrième génération, ledit Charles Sanson de Longval se veut être son arrière-grand-père. C’est durant la seconde moitié du dix-septième siècle que, et pour ainsi dire, le destin de ce jeune officier militaire bascula pour s’en retrouver alourdi d’une des charges les plus difficiles à exercer : la « main de la justice d’alors ».  Le tome tout entier se consacre à ce moment de bascule : par quel événement ou coup du sort, un homme promis à un avenir militaire des plus honorables embrassa le repoussant carriérisme de bourreau. 


Une histoire passionnante qui renoue avec la noirceur des premiers tomes de la saison une de la série. Exhale l’atmosphère glauque d’une destinée souillée. Défilent des paysages de tempête et des cieux cauchemardesques pourfendus par la foudre. Les scènes ont essentiellement lieu à la nuit tombée, dans de sombres ruelles ou parmi  d’obscures demeures. Ces ambiances de ténèbres bénéficient d’un dessin de Shin’Ichi Sakamoto au sommet de sa prestation, qu’il puisse s’agir des jeux d’ombre et de lumière, du détail des décors ou encore de l’expression des visages. Un travail d’esthète. La mise en scène et le découpage des planches sont d’une maîtrise particulièrement poussée. Bref, un volume d’un esthétisme à la fois grandiose et imposant.


L’ouvrage dans son entier a pour thématique le sentiment amoureux. Cet amour qui aura fait endosser à Charles Sanson de Longval la charge de bourreau, pour qu’elle s’impose ensuite à ses héritiers, les uns après les autres, telle une malédiction dont on ne saurait être lavé. Cette contamination existentielle sera portée à nue par l’auteur à travers l’utilisation de métaphores graphiques résolument incroyables : inquiétantes, florales, organiques et carnivores. Une conception du sentiment amoureux perçue à ses opposées par les personnages de Charles-Henri et sa petite sœur Marie-Josèphe : cette thématique amoureuse se faisant ainsi le pont transgénérationnel entre Charles Sanson de Longval et ses petits-enfants. 


Le massacre en règle de la couverture dont l’éditeur français s’entête vulgairement à la récidive est inadmissible. Pour le reste de l’édition, la première page couleur est appréciable. Et les six pages suivantes de pédagogies introductives sont fort bienvenues, lesquelles comprennent notamment, savoir : une synthèse de la situation géopolitique de l’Europe avant la Révolution française ; l’arbre généalogique du lignage Sanson ; la carte de France avec les principales villes de ce deuxième volume ; et un résumé des tomes précédents. 


Il y aurait tant d’autres choses à dire notamment sur la beauté de Charles Sanson de Longval, de ses similarités avec Charles-Henri, voire de l’étonnante persistance de la vertu chez ce dernier, laquelle semblait avoir pourtant été fortement asséchée. Mais aussi il y avait à blablater sur la place de la femme à cette époque. Ou encore à raconter du traitement aux allures – parfois – de « poésie précieuse » usité par Shin’Ichi Sakamoto. 


Un tome flash-back passionnant se consacrant au tout premier homme bourreau du lignage Sanson. Emportée par une pâte graphique à la limite de l’insolence, la noirceur des premiers ouvrages de la saga s’en est revenue au galop. L’ensemble, unifié sous la thématique du sentiment amoureux, s’avère d’une saveur parfois indescriptible. Envoûtant d’un bout à l’autre. Sans doute s’agit-il ici du meilleur tome paru depuis le volume quatre de la saison une. 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs