Color : Critiques

S’imposant dans le Boy’s Love comme une des premières sorties d’Asuka en la matière, Color est né de la collaboration fructueuse de deux mangakas, Eiki Eiki et Taishi Zaou qui, par leur rencontre singulière et leur bonne entente, nous font partager une part de leur histoire dans ce manga où deux adolescents semblent fait l’un pour l’autre, par leur points communs et compréhension mutuelle. Ce volume part donc sur une très bonne base, qui promet beaucoup d’humour et de tendresse. De plus, Asuka reste fidèle à sa réputation de bonne édition. Le format est agréable, la pub inexistante, la traduction tout à fait satisfaisante …

En effet, Color démarre sur un malentendu. Takashiro croit chercher une belle étudiante nommée Sakae, et le voilà qu’il apprend par inadvertance que cette dernière n’est autre qu’un homme … Cette rencontre est déjà singulière, à travers la dimension artistique qui rapproche automatiquement deux jeunes gens à la même « couleur » … Par la suite, la mise en place de leur relation est adorable : ils sont un peu ignorants, timides et sincères. Evoluant ainsi dans une autre dimension, que les autres s’empressent d’éviter, leur fréquentation est réaliste, on suit à travers les pages une véritable histoire, bien construite malgré sa légèreté : le suspense n’est pas au rendez vous, c’est peut être ce qui empêche ce manga de s’élever au rang de l’excellence du genre. Ainsi, les questions que se pose Taka sont naturelles, son angoisse est un témoignage de l’authenticité de l’histoire relatant l’évolution de la relation taboue de deux ados. D’ailleurs, heureusement que Sakae est là pour prendre les devants, parce que Taka est un véritable novice doublé d’un timide excessif en la matière …

Niveau histoire, on apprécie la bonne utilisation de la base du manga : l’art est bien exploité à travers la complicité des deux jeunes hommes : ils se comprennent, se sont compris avant même de se rencontrer. C’est donc bien vrai que leur relation semble orchestrée par le destin, comme la fabuleuse rencontre des auteurs … (Racontée, en plus de leur quotidien, par les strips hilarants utilisant leurs personnages en fin de volume : que du bonheur !) Cette vision est peut être un peu simple, mais elle reste efficace pour les yeux brillants des lectrices avides de bons sentiments. Les personnages en eux même sont bien définis, avec un caractère qu’on ne retrouve pas dans tous les mangas du genre. Ainsi, la schizophrénie de Sakae, indécelable au premier coup d’œil, est amusante à suivre : son emprise sur Taka s’accroît au fur et à mesure qu’il la révèle. Manipulateur, il arrive même à la lui faire accepter avec un regard de chien battu … Si leurs tempéraments respectifs sont amusants, Taka et Sakae restent peu exploités : leur passé est à peine évoqué, juste de quoi expliquer le présent. Et comme les deux amoureux sont attachants, on a envie d’en savoir plus à leur sujet, même si cela semble impossible en un seul tome, c’est frustrant !

Enfin, au niveau des dessins, rien de surprenant : ils sont tout à fait dans le style yaoi pour lectrices assidues. En effet, les corps sont longs et minces, les expressions très douces, parfois féminines, beaucoup de jeux de regards … Les démonstrations de leur amour sont le plus souvent tendres, et même si les mangakas ont fait un effort pour développer une « scène » dans chaque chapitre, celles-ci ne sont pas complètement dévoilées. Tout en suggestions, la légèreté du manga étant son point fort, ce volume séduira même les plus jeunes qui commencent seulement à s’intéresser à ce genre, ou encore tous ceux et celles qui souhaitent y jeter un œil par curiosité : Rien de choquant dans ce manga, ce qui pourra néanmoins décevoir certaines … Qui se rabattront sur l’allusion en hommage au Jeu du chat et de la Souris (ah là là, la naïveté de Taka est consternante …)

NiDNiM