Ano Hana Vol.1 - Actualité manga
Ano Hana Vol.1 - Manga

Ano Hana Vol.1 : Critiques

Ano hi mita hana no namae wo bokutachi wa mada Shiranai

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 04 Mai 2016

Ano hi mita hana no namae wo bokutachi wa mada Shiranai, raccourci en Ano Hana. Une aventure qui commence en 2011, avec la publication d'un light novel écrit par Mari Okada (la scénariste de Kiznaiver ou Mobile Suit Gundam Iron Blooded Orphans, entre autres) et, surtout, d'une série animée conçue par A-1 Pictures et qui a rencontré au Japon un succès fulgurant. En France, bien que cet anime soit déjà très populaire, nous avons dû attendre jusqu'en avril 2016 pour le retrouver sur Wakanim. Cela colle parfaitement avec l'arrivée chez Panini de la version manga, bouclée en trois volumes et dessinée en 2012-2013 par Mitsu Izumi, un mangaka dont ce fut visiblement la première oeuvre.

Jinta Yadomi est un lycéen loin d'être parfait, puisqu'il ne va plus à l'école et se replié dans sa chambre, tel un hikikomori. Et cela, depuis un drame qui a marqué son enfance : autrefois leader des Super Combattants de la Paix avec 5 autres amis dont il était le leader, il a perdu de vue ceux-ci après la mort soudaine de l'une des fillettes du petit groupe, Meiko Honma, dans un accident. Pour lui, le temps s'est arrêté à cette époque, car Meiko, il l'adorait. Mais en ce matin d'été où, comme toujours, le lycéen procrastine, sa vie est vouée à basculer de nouveau avec la réapparition devant lui de cette fillette qu'il appelait Menma. Illusion venue de son esprit, ou réel fantôme ? Quoi qu'il en soit, Jinta comprend vote que si Menma est réapparue devant lui, c'est parce qu'elle a laissé derrière elle un regret, un souhait profond. Et pour combler cela, le jeune garçon devra commencer par tenter de reformer la bande d'amis autrefois inséparables et avec lesquels il avait créé le groupe des Super Combattants de la Paix.

Celles et ceux qui ont vu la série animée le savent, Ano Hana est une oeuvre qui tire énormément de son atmosphère générale, celle d'un été à priori chaud et paisible dans une petite ville japonaise où le milieu urbain côtoie de près une forte présence de la nature, avec notamment la forêt où coule la rivière qui fut le théâtre du drame et où les enfants avaient construit leur repère de "super héros de la paix". La narration très paisible, à la fois chaleureuse, fraîche et mélancolique était empreinte d'une douce poésie qui se voyait sublimée par une réalisation jouant beaucoup sur les décors, sur les jeux de lumière laissant par exemple transparaître les ombres des feuilles d'arbre et autres sur les personnages.
Cela ne s'annonçait pas forcément aisé de retranscrire tout cela sur papier. Mitsu Izumi y parvient pourtant à merveille, car on y retrouve précisément tout ça. La narration s'écoule presque paisiblement (comme pour nous laisser bien comprendre que, quelque part, le temps s'est arrêté plusieurs années auparavant pour Jinta), les décors sont omniprésents et sont magnifiques en se faisant à la fois riche et claire, et les nombreux jeux d'ombre et de lumière se retrouvent constamment, notamment via une utilisation subtile des trames. A cela, il faut ajouter le design des personnages, qui s'avère très très proche de celui de l'anime avec un rendu qui est donc assez typé anime, des designs adolescents expressifs et tous bien différents où vient s'ajouter l'adorable bouille d'une Menma restée au stade de l'enfance.

Bref, tout est là pour porter comme ils e doit ce récit, celui d'une bande d'adolescents qui va devoir se reformer et regarder en arrière pour mieux assumer la vie qui les attend. Car quoi qu'en disent certains d'entre eux, Menma est toujours dans leur coeur, chose qu'ils ont parfois du mal à assumer.

De nombreuses années sont passées depuis la mort de Menma, et chacun des anciens membres de la petite bande a changé, parfois radicalement, à l'image de notre héros autrefois leader et devenu hikikomori, de Poppo autrefois frêle et lâche et qui aujourd'hui parcourt le monde, ou d'Anaru, autrefois petite binoclarde un peu effacée et devenue une jolie demoiselle coquette. Forcément, en tant d'années, et surtout entre l'enfance et l'adolescence, on évolue beaucoup... mais ces jeunes ont-ils réellement tant changé au point de renier ce qu'ils ont été étant petits ? En tentant de reformer la bande, et en écoutant la Menma fantomatique qu'il est le seul à voir, Jinta va comprendre petit à petit que non, que tous conservent en eux la blessure qu'est la mort de leur amie d'enfance, et qu'en changeant ils tentent entre autres d'oublier ce souvenir douloureux. Dès lors, quand Jinta leur affirme voir Menma en fantôme, les réactions sont très variées et amènent même quelques mensonges sur qui peut voir ou non Menma, mensonges traduisant surtout le rapport que chacun d'eux a gardé vis-à-vis de la défunte. Poppo se laisse vite entraîner, Anaru se laisse à son tour avoir et est peut-être celle qui, pour l'instant, prouve le plus qu'au-delà des apparences elle n'a pas changé. A contrario, le cas du froid Yukiatsu amène toute autre chose, et il faudra donc un petit temps pour que ces jeunes gens qui s'étaient perdus de vue parviennent à reformer leur bande... tout ça pour tenter de réaliser le souhait de Menma et lui offrir un dernier hommage.

Enfin, au coeur de tout ça il y a donc Menma, fillette qui semblait plutôt douce et pleurnicharde de son vivant, et qui semblait avoir une relation plus forte avec Jinta. Le fait de la retrouver des années plus tard sous la forme d'un fantôme qui a gardé son âme et son corps de fillette a de quoi beaucoup toucher. En effet, entre sa façon de parler d'elle à la 3ème personne ou de s'amuser innocemment en observant les autres, ou d'afficher sa bouille de gamine adorable aux côtés de ces ados un peu mal à l'aise, elle a conservé un statut enfantin qui la rend attachante... ce qui ne l'empêche pas d'avoir bien conscience qu'elle est morte, comme elle nous le montrera parfois de façon mélancolique. Surtout, sa présence sous les traits de la fillette qu'elle était, seulement visible de Jinta, rappelle petit à petit des souvenirs qui, à l'image des surnoms que les enfants se donnaient, témoignent de l'amitié qui les unissait et qu'ils devront reconstruire.

Globalement, grâce à son atmosphère décrite précédemment, ce premier tome a également le mérite d'éviter de tomber dans du surplus de pathos. L'équilibre est bien trouvé et on peut être heureux que Mitsu Izumi ne soit pas tombé là-dedans. Les principaux éléments qui pourraient rebuter sont plutôt à chercher du côté du manque de surprise des personnages quand on leur dit que Meiko est réapparue (sans doute ont-ils du mal à réellement y croire, mais cela est peu évoqué), et de l'aspect plutôt insipide de certains rebondissements. Comme si le voeu de Meiko était lié aux jeux Nokémon... Pourtant, on peut voir dans un passage comme celui des Nokémon un charme presque désuet, et l'envie de certains membres du petit groupe de se retrouver en partageant des souvenirs d'enfance.

Reste la question de ce qu'apporte le manga pour celles et ceux qui connaissent déjà l'anime. Pour l'heure, pas grand-chose, tant Mitsu Izumi ne prend pas de risque et reste très proche de la série animée, que ce soit côté dessins ou côté histoires. Pourtant, il y a bel et bien ce plaisir de retrouver l'oeuvre sur papier dans une version fidèle et réussie, avec un format permettant d'apprécier autant qu'on le veut l'ambiance, les retrouvailles des personnages et le minois adorable de l'enfantine Menma.

Et côté édition, il faut bien avouer que cette fois-ci Panini a fait un très bel effort. La traduction tient la route, il y a eu de beaux efforts sur les choix de polices, le papier rêche auquel l'éditeur nous avait trop habitués laisse place à un papier souple et peu transparent, la qualité d'impression est honnête, et le petit dépliant couleur au début est magnifique. Pas de quoi râler, cette fois !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs