NADOU - Actualité manga

Interview de l'auteur

Bande dessinée qui affirme sans complexe son inspiration manga, la saga des Légendaires est devenue, en près de dix ans, l'une des séries les plus en vue des éditions Delcourt.  Cette aventure, entre heroic-fantasy et humour, nous place dans un univers victime d'un mauvais sort où tout le monde est retombé en enfance, y compris les héros, désignés coupables de cette malédiction !

   
Au cours de Japan Expo 2013, la maison d'édition mit d'ailleurs avant son auteur, Patrick Sobral, accompagné de la jeune dessinatrice Nadou avec qui il signe depuis mai 2012 un spin-off, intitulé Les Légendaires - Origines. A l'occasion de la sortie du seizième volume, nous vous proposons aujourd'hui de revenir très largement sur cette épopée, en compagnie des deux auteurs rencontrés en juillet dernier.
     
     
    
    
Manga-News : Bonjour et merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Patrick Sobral : Je suis Patrick Sobral, scénariste et dessinateur de la série Les Légendaires, qui fêtera ses dix ans en 2014. C'est une série d'heroic-fantasy à destination d'un public assez jeune (8-12 ans), très influencée par le style manga, mais présentée sous un format franco-belge, tout en couleurs. Son grand succès nous a poussé à réfléchir à un spin-off, Les Légendaires - Origines, sur lequel je travaille depuis deux ou trois ans avec Nadou. 
    
Nadou : Cette série dérivée est une préquelle, qui raconte le passé des personnages alors qu'ils étaient encore adultes, jusqu'au moment de leur rencontre.
   
Patrick Sobral : Il y a pour l'instant deux volumes parus, le troisième sera publié l'année prochaine. Quant aux Légendaires, le seizième tome sortira en octobre. Nous nous sommes fixés l'objectif de publier un volume par an et par série, Origines sortant plutôt au premier semestre et la série principale au second.
      
         
Nous allons tout d'abord nous intéresser à la série principale. Pouvez-vous revenir sur votre parcours avant d'arriver aux Légendaires ?
P.S. : Eh bien, ça va être très court : Les Légendaires, c'est ma toute première série en tant que professionnel ! 
Enfin, j'ai tout de même été publié une fois auparavant, aux éditions Tonkam. En 2000, j'ai été sélectionné au concours Tsuki Sélection et ma nouvelle de 32 pages a été publiée dans le premier volume de le recueil des Anges. D'ailleurs, dans le même tome, on retrouve un récit de Jérôme Alquié qui depuis a vu sa série, Surnaturels, publiée chez Delcourt, maison qui a racheté Tonkam, bref, tout se recoupe ! (rires)
    
Après cette expérience, je suis resté en contact avec les éditions Tonkam qui m'ont mis en relation avec une agence publicitaire. Ainsi, j'ai notamment réalisé une affiche pour la BNP avec des personnages d'inspiration manga. Fin 2002, j'ai fini par quitter mon travail précédent (à savoir décorateur sur porcelaine) que j'ai tout de même exercé pendant plus de douze ans, pour me lancer complètement dans la BD. 
Je me suis mis à démarcher les éditeurs, avec différents projets, arborant un trait manga qui ne m'a pas quitté depuis l'adolescence. D'ailleurs, plus jeune, j'allais même jusqu'à enregistrer les dessins animés du Club Dorothée pour reproduire les images. En revanche, j'abordais dans les projets présentés des histoires trash, gores, très adultes, bref, bien loin de ce que l'on peut connaitre de moi aujourd'hui.
   
Mais voyant que mes histoires n'intéressaient personne, j'ai tenté de cibler le secteur jeunesse. J'ai pris la première idée qui m'est passée par la tête, j'en ai fait dix pages en deux semaines et j'ai envoyé ça aux éditeurs, alors que je trouvais ça minable... Et pourtant, c'était Les Légendaires ! (rires)
    
    
Comment est née l'idée de base de la série?
P.S. :  Elle résulte du raisonnement que j'ai eu à l'époque, étape par étape. Comme je viens de le dire, je me suis dit que j'allais partir vers la BD jeunesse. J'ai alors pensé : "Qu'est-ce qu'il faut pour faire une bonne série pour les jeunes ? De l'humour. Comment faire fonctionner les gags ? En mettant en scène des enfants plutôt que des adultes. Mais pourquoi ce serait aux enfants de vivre des aventures à la place des adultes ? Ah, je n'ai qu'à faire un monde sans adultes !"  
  
Et c'est ainsi, petit à petit, que j'ai créé cet univers de fantasy où tous les adultes sont redevenus des enfants, et avec pour intrigue centrale de parvenir à briser la malédiction. 
        
     
    
    
    
Quels avantages apporte le fait de ne dessiner que des enfants ?
P.S. :  D'un point de vue graphique, c'est beaucoup plus pratique, car les personnages sont dans un format caricatural, proche du super-deformed sans en être non plus. Je leur offre des visages très ronds, avec de grands yeux, en privilégiant l'efficacité au réalisme. C'est un peu un mélange entre Akira Toriyama pour la représentation des corps et Shingo Araki pour le design ! (rires)
   
Lors de quelques flashbacks où on retrouve les héros adultes, je propose un dessin plus réaliste, mais cela reste anecdotique. Ce n'est pas le style où je suis le plus à l'aise. Dessiner des enfants m'apporte donc un certain confort, et au niveau de l'expressivité, les gags fonctionnent bien mieux. 
     
    
Avez-vous suivi des influences particulières, notamment au niveau de l'humour ?
P.S. : J'en assume quelques-unes pour le graphisme : principalement Saint Seiya bien sur, mais aussi plus récemment Avatar (pour l'arbre géant de Gamera), Le Seigneur des Anneaux, Matrix,... Mais pour l'humour, non, pas particulièrement, je cherche juste le bon gag au bon moment, pour dédramatiser la situation. et pour assurer un certain équilibre. Car je n'oublie pas que je m'adresse à un public jeune, même si ces derniers temps, j'ai eu tendance à noircir un peu l'histoire.
     
    
    
   
Justement, comment avez-vous décidé de partir sur une ambiance plus sombre, dans la deuxième partie de l'histoire ? 
P.S. :  Alors que j'étais arrivé au huitième tome des Légendaires, je commençais à avoir le sentiment de tourner en  rond. En m'orientant vers le secteur jeunesse, je m'étais imposé certaines limites, je m'empêchais d'exprimer tout ce que je pouvais faire. Je m'étais enfermé dans un certain type d'histoire, et la lassitude me gagnait. Ne sachant plus dans quelle direction partir, j'ai souhaité faire une pause, et c'est à cette époque-là que j'ai travaillé sur mon one-shot, La Belle et la Bête, une adaptation mature du célèbre conte. Si ce dernier n'a pas été très remarqué, il m'a permis de prendre conscience de ma capacité à aborder des thématiques plus dures. 
   
Ainsi, quand je suis revenu à l'écriture des Légendaires, j'ai osé briser les limites que je m'étais imposé, en rajoutant un peu de noirceur à la recette, et en osant tuer certains personnages, dont un principal. C'était un pari risqué, qui a valu de me mettre à dos une partie de mes fans, mais étonnamment, les réticences ne sont pas venues des plus jeunes ! On m'a reproché de trahir la série et la confiance de mes lecteurs, c'est allé assez loin avec des retours assez virulents... Mais j'ai tout de même tenu le cap, et avec le recul, je pense avoir bien fait. La série ne s'est jamais mieux portée, et de mon côté, cela me permet d'explorer bien plus de choses. Cela rend également les personnages plus attachants, car ils sont susceptibles de disparaître à tout moment... Après, je ne vais pas aller dans la surenchère non plus, je pense avoir trouvé le bon équilibre entre noirceur, action et comédie.
    
    
Aujourd'hui, votre public a-t-il compris ce choix ?
P.S. :  Oui, à part ceux qui ont totalement abandonné, bien sur ! (rires)
Les retours négatifs sont beaucoup plus rares aujourd'hui. Mais d'ailleurs, c'est amusant de suivre les réactions des enfants, car ce qui les choque le plus n'est pas toujours ce que je pensais ! A mes débuts, j'avais totalement sous-estimé la capacité des plus jeunes à comprendre l'intrigue, et je me forçais à ne pas trop complexifier mes histoires. Mais en fait, ils peuvent appréhender bien plus de choses qu'on ne le pense. 
     
      
    
     
     
Avez-vous pensé, à un moment donné, publier la série sous la forme d'un global-manga, avec un format identique aux productions japonaises ? 
P.S. : Avant le lancement des Légendaires, certains de mes projets présentés aux maisons d'édition étaient en effet sous un format manga. Mais à présent, alors que j'ai bien plus d'expérience, et en observant le marché de la BD en France, j'ai remarqué qu'il y avait assez peu de global-manga à avoir réussi à sortir du lot. Ce n'est donc pas le meilleur parti pris, d'autant que je me suis ouvert à un public qui ne lit pas forcément du manga. Avec un autre format, je n'aurais peut-être pas réussi à toucher les plus jeunes, ça aurait peut-être ciblé un public plus adolescent, moins réceptif. Je suis donc loin de regretter le format franco-belge ! Après, bien sur, la pagination est très différente, et bien qu'étant adepte d'une narration prenant son temps, pleine de rebondissements, il m'est parfois difficile d'aller à l'essentiel en seulement 46 pages. C'est sans doute l'aspect le plus compliqué de mon travail. 
       
     
Parlons à présent du spin-off, Les Légendaires - Origines. Comment est né ce nouveau projet ?
P.S. :  L'idée est venue d'une demande récurrente des fans de la série, qui souhaitaient revoir les protagonistes en tant qu'adultes. Le problème, c'est que leur faire retrouver leurs corps signerait la fin de la série !  C'est l'aboutissement même de l'histoire, et je ne vois pas ce que je pourrais raconter après. Je ne pouvais donc pas répondre à l'envie de mes lecteurs, sinon au travers de flashbacks. C'est ainsi qu'a grandi l'envie de raconter leur passé plus longuement, au travers d'une série à part entière. 
   
Au départ, je comptais la dessiner moi-même, car je ne m'imaginais pas confier mon univers à quelqu'un d'autre. Je pensais alors alterner l'écriture avec la série principale et sortir les volumes en parallèle. Mais quand j'ai soumis l'idée à Guy Delcourt, le tome six venait de sortir et la série était en plein boom. Il m'a alors rétorqué que ce n'étais pas le moment de me disperser et que je devais garder mon rythme d'écriture pour maintenir l'intérêt sur ma série.
   
Le projet est ainsi resté dans un coin de ma tête pendant deux ou trois ans, jusqu'à ce que je propose à mon éditeur de mettre un autre dessinateur sur le projet. Et cette fois-ci, l'idée a été acceptée. J'ai alors commencé à contacter des auteurs plus ou moins confirmés, comme par exemple Tony Valente (Radiant) ou Jérôme Alquié, mais ils étaient tous occupés par leurs propres projets. Je me suis alors tourné du côté des fanzines et des blogueurs, jusqu'à finir par tomber sur le blog de Nadou. En faisant défiler ses illustrations, j'ai été marqué par l'une d'entre elles, j'avais l'impression de retrouver mes personnages. C'était l'artiste que je cherchais, et je lui ai aussitôt envoyé un mail. De son côté, Nadou cherchait justement un éditeur, et s'est intéressée au projet très rapidement. Elle a ainsi réalisé quelques planches-tests, qui nous ont permis de lancer cette nouvelle aventure. 
      
    
   
    
Nadou, quel a été votre parcours avant Les Origines ? 
Nadou :  Je suis passionnée par le dessin depuis toujours, avec une multitude d'influences. Petite, je me suis ouverte à la BD avec du franco-belge, puis j'ai découvert le manga vers 12 ans avec les dessins animés de Pokémon ou Card Captor Sakura. En revanche, j'étais trop petite lorsque Dragon Ball ou Sailor Moon passaient à la télé, je ne les considérais pas comme du manga même si j'aimais aussi les dessiner ! (rires
  
Les mangas ont vraiment réveillé ma vocation pour le dessin, et je me suis dit que je devais essayer d'en vivre. Quand on est jeune, on se demande toujours ce qu'on veut faire plus tard, mais j'avais déjà consciente que ce n'était pas une idée en l'air, j'hésitais seulement sur la direction à prendre. Je me suis au fil du temps spécialisée dans les illustrations, sans m'être essayé à la conception d'une BD. Avant que Patrick ne me contacte, je réfléchissais à un premier projet de fanzine manga, mais j'ai vite compris le travail que cela pouvait engendrer ! J'avais notamment toutes les difficultés à comprendre comment apposer des trames sur mon logiciel. Je me disais alors que la BD n'était pas à ma portée, que je devais rester sur l'illustration pure. 
  
Après avoir essuyé quelques échecs professionnels, je commençais à me résigner à l'idée que le dessin resterait une passion. Il est en effet très difficile de percer dans le milieu et de s'y faire des amis. Je me disais alors que je devais faire autre chose de ma vie... Et c'est à ce moment-là que Patrick est arrivé ! J'ai vraiment eu beaucoup de chance, car je n'ai jamais osé démarcher des éditeurs par moi-même, à cause d'un certain manque de confiance et d'une trop grand perfectionnisme sur mes travaux. S'il n'y avait pas eu le projet des Origines, je pense que je serais encore aujourd'hui dans cet état d'esprit. J'ai donc appris la BD sur le tas, grâce aux conseils de Patrick.
     
     
Etiez-vous une lectrice des Légendaires avant d'être contactée par Patrick Sobral ?
N. : Je vais décevoir beaucoup de fans, car je sais que certains d'entre eux auraient voulu être à ma place, mais... Non, je ne connaissais pas la série ! (rires)
Me concentrant sur ma passion pour le manga à la hauteur de mes moyens, je n'achetais plus de BD et je suis donc passée à côté de cette histoire. D'ailleurs, lorsque Patrick m'a contactée, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une blague ! (rires) Cela me semblait impensable que l'on vienne me proposer un tel travail. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai réalisé l'ampleur du succès des Légendaires, et de l'importance du projet qui m'avait été confié.
    
     
Comment avez-vous commencé à travailler sur la série ? Combien de temps a-t-il fallu entre votre premier contact et l'aboutissement du projet ? 
N. : La première étape a été de réaliser une série de croquis des personnages, afin que j'assimile un peu le trait de Patrick. Son style est plus caricatural que le mien, et nous n'avons pas du tout la même manière de dessiner les coiffures. Il fallait donc que je m'en rapproche, afin que les personnages soient identifiables. Cela m'a également permis de professionnaliser mon trait, car auparavant, je restais sur mes acquis, en ne dessinant que des filles ! (rires
   
Une fois cette étape terminée, j'ai réalisé trois planches indépendantes, sans lien même avec le spin-off, storyboardées par Patrick. Cela lui a permis de voir les plans que je savais réaliser ou non. En parallèle, je lisais également la série originale pour me plonger dans son univers. Notre premier contact par mail remonte au printemps 2010, puis nous nous sommes rencontrés quelques mois plus tard à Japan Expo, ce qui m'a permis de lui présenter ces trois fameuses planches sur lesquelles j'avais trimé pendant des mois ! (rires) Et nous avons signé en décembre de la même année.
      
     
    
     
    
Comment vous répartissez-vous le travail ?
P.S. : C'était la première fois que je réalisais une histoire pour quelqu'un d'autre. Seulement, je n'ai jamais appris à écrire un scénario ! Lorsque je travaille sur Les Légendaires, j'attaque directement mes planches en développant l'histoire au fur et à mesure, avec une grande part d'improvisation. Aussi, pour les Origines, je n'arrive pas à écrire en exposant ce qu'il devait se passer à chaque case. La seule solution, pour moi, c'est de dessiner complètement les planches pour les donner ensuite à Nadou ! 
   
    
Il y a donc une version des Origines intégralement signée par vous ! (rires)
P.S. : Oui, c'est ça ! (rires
Enfin, il ne s'agit que de crayonnés, mais c'est une version un peu poussée par rapport à l'idée qu'on peut avoir d'un story-board. Et plus j'ai une idée précise de la scène, plus je pousse sur les détails de ces planches. Cela permet de faire comprendre à Nadou ce que j'ai vraiment en tête. Au final, nous y sommes tous les deux gagnants : de mon côté, ça m'arrange car je ne sais pas m'exprimer autrement, et du côté de Nadou, qui n'a pas encore beaucoup d'expérience sur la mise en page, cela lui donne une orientation assez précise. Cela nous évite également de faire trop de retouches et de travail inutile. C'est donc une méthode pas très usuelle, mais qui nous convient à tous les deux ! 
    
    
Comment se déroulent vos échanges ? Vous voyez-vous régulièrement ?
P.S. : Nous travaillons essentiellement par mail, Nadou vivant en Belgique et moi dans le centre de la France. Nous nous retrouvons lors de salons comme Japan Expo, mais ce n'est pas en ces occasions-là que nous parlons du travail ! Nadou m'envoie donc régulièrement ses planches et je valide étape par étape : ses crayonnés à partir des miens, l'encrage, puis la colorisation. Pour l'élaboration du troisième tome des Origines, nous essayons de travailler par paquets d'une quinzaine de planches à la fois. 
    
    
Chaque volume des Origines met en avant un des Légendaires. Qui sera le héros du troisième volume ? 
N. : Ce sera Gryf ! 
   
P.S. : Il s'agira d'ailleurs d'un tome très différent des deux premiers, où l'on ne s'attardait pas trop sur la jeunesse des personnages. On ne les voit petits que pendant quelques pages. Alors que pour ce troisième opus, nous suivrons l'enfance de Gryf  sur la moitié du volume, car les évènements qui ont marqué sa vie et forgé son caractère sont survenus à cette époque-là. 
Ce sera également un album plus viril... et autant Nadou s'est éclatée sur le tome de Jadina où elle pouvait dessiner de très belles robes, autant elle devra s'en passer sur ce tome-là ! On sera plus proche de Conan le barbare ! (rires)
   
N. : Mais je m'amuse quand même ! C'est intéressant d'aller sur un univers bien différent par rapport à mes habitudes, et je gagne progressivement confiance dans mon dessin. Ce qui est d'ailleurs étrange, c'est qu'aujourd'hui je me sens plus à l'aise sur la conception des décors que des personnages, alors que c'était tout le contraire avant. Mais je suis très heureuse de m'essayer à de nouvelles choses à chaque nouveau volume. J'ai fait des milliers de bonds en avant depuis que je travaille sur cette série, j'ai appris bien des choses en seulement trois ans et mon dessin en ressort grandi. 
    
    
Avez-vous effectué un travail de documentation plus fourni que d'habitude, pour ce prochain tome ?
N. : De la documentation, il y en a toujours à faire. Patrick m'a déjà présenté de nombreuses images de ce qu'il avait en tête pour ce tome, des décors, des personnages,... De mon côté, mon travail de recherche s'est surtout concentré sur des visuels d'armoires à glace, de personnages très musclés, pour réviser l'anatomie masculine ! J'ai un dossier rempli d'hommes baraqués ! (rires
     
P.S. : Au risque de décevoir certains fans, le tome 3 va sans doute être moins riche graphiquement que les deux précédents, qui passaient par plusieurs lieux et ambiances différentes. Le parcours de Gryf est moins mobile, nous le retrouverons par exemple emprisonné dans une arène où il devra enchaîner les combats pendant la moitié du tome. Il y aura aussi, sans doute, moins de protagonistes, la plupart étant des adversaires pour le héros. Il ne faudra donc pas s'attendre à un long voyage initiatique, mais plus à une introspection personnelle. Ce sera plutôt du Prison Break ! (rires
    
    
Combien de tomes comptera le spin-off ? Restera-t-il sur une logique d'un membre des légendaires par volume ?
P.S. : Le spin-off fera six volumes, soit un volume par légendaire du groupe de départ. Il n'y aura pas de volume sur Ténébris, qui rejoint le groupe en cours de route, mais le sixième opus s'intéressera à Darkhell, le grand méchant de l'histoire. Je trouve qu'il est important de revenir sur lui, d'autant plus qu'il disparait au tout début de la série principale.
    
    
Avez-vous déjà en tête d'autres idées de futurs spin-off, après la fin des Origines ? 
P.S. :  J'ai une petite idée qui me trotte dans la tête depuis quelques mois, mais qui serait irréalisable en ce moment avec les deux séries en cours. Il faudrait pour cela un autre dessinateur et même un autre scénariste ! Il s'agirait d'un projet plus décalé pour faire simplement du gag et de la parodie, dans un format d'une histoire par planche. Mais je verrais pour cela un style super-deformed que je ne maîtrise pas forcément, d'où l'emploi d'une autre équipe. Cela ferait un peu trop de monde à gérer d'un coup ! Donc pour l'instant, c'est plus une idée en l'air qu'un véritable projet. 
  
    
    
     
     
Revenons à la série principale. Vous avez déjà envisagé de mettre un terme à l'histoire des Légendaires, avant de finalement la poursuivre. Pouvez-vous nous en dire plus ? 
P.S. :  En effet, j'avais prévu dans un premier temps d'arrêter la série à fin du cycle d'Anathos (tomes 9 à 12), car je trouvais l'histoire très forte, très épique. Je pensais donc m'arrêter au douzième volume, avec une conclusion qui n'aurait pas été très joyeuse : deux membres des Légendaires s'y sacrifiaient pour sauver le monde. J'ai finalement opté pour une autre fin au pour ne pas m'arrêter là, car je ne savais pas ce que j'allais personnellement faire après cette série, qui connaissait déjà un succès non négligeable.
   
   
A partir de quel volume avez-vous ressenti ce succès ? 
P.S. : Le premier volume s'était vendu en son temps à 8000 exemplaires, un résultat honorable qui m'a permis de continuer. Mais la série a vraiment explosé à partir du tome 5, grâce à une opération commerciale que je trouve aujourd'hui vraiment pertinente : pour son tirage initial, ce volume était vendu en pack avec un exemplaire du premier tome offert. J'étais plutôt réticent sur cette offre au départ, me disant que les gens n'allaient pas pouvoir le feuilleter en magasin, mais Guy Delcourt m'a dit que les lecteurs de la première heure allaient offrir leur exemplaire en double à leurs amis... Cela a vraiment fait décoller les ventes, et ça continué de progresser depuis, de manière exponentielle. 
    
    
Avez-vous en tête la vraie fin de l'histoire ? 
P.S. : Je sais à quoi ressemblera la dernière aventure, mais je ne sais pas encore ce qu'offrira exactement la scène finale. A partir de l'année prochaine, les tomes 17 et 18 présenteront la dernière histoire de la deuxième partie de la série. Il y aura ensuite un troisième arc beaucoup plus court que les deux premiers, qui formera la conclusion. Il est d'ailleurs prévu que la série change de titre à partir du tome 19, car même s'il s'agit de la même série, son concept sera bien différent.
     
      
Remerciements à Patrick Sobral et Nadou pour cet entretien, ainsi qu'à l'équipe de Delcourt.