Secret Sunshine - Actualité anime

Secret Sunshine : Critiques

Critique du dvd : Secret Sunshine

Publiée le Lundi, 24 Janvier 2011

À la suite du décès de son mari, Shin-Ae (Jeon Do-Yeon) vient s'installer dans la ville natale de celui-ci, Milyang (qui signifie « ensoleillement secret », d'où le titre). Elle est accompagnée de leur jeune garçon. Tombant en panne de voiture, elle fait la connaissance du patron d'un garage, Jong-Chan (Song Kang-Ho) qui tente de se rapprocher d'elle. Tentant de s'intégrer dans cette nouvelle ville en donnant des leçons de piano, la discrète Shin-Ae commence une nouvelle vie. Mais la tragédie frappe à nouveau.

Plébiscité à Cannes en 2007 (prix d'interprétation féminine et nomination pour la palme d'or), Secret sunshine est réalisé par Lee Chang-Dong, ancien Ministre de la Culture en Corée du Sud de 2003 à 2004, qui nous a proposé le déstabilisant Oasis en 2002 et l'excellent Poetry en 2010. Secret sunshine a été comparé aux grandes épopées romanesques (Anna Karénine, Une vie), et le travail de Lee Chang-Dong à celui de Bergman et des réalistes italiens. Or, pourquoi tant de louanges ? Car si Lee Chang-Dong s'est illustré à travers les excellents films précédemment cités, Secret sunshine fait office d'oeuvre largement surestimée. Se concentrant sur un instant de vie d'une femme brisée, il s'illustre par bien des insuffisances.

En se concentrant sur un aspect pessimiste des choses, Lee Chang-Dong prend des risques en passant après bon nombre de ses comparses, notamment Park Chan-Wook et Bong Joon-Ho. Et c'est bien l'une des raisons principales du désintérêt que suscite ce Secret sunshine : le film s'avère malheureusement très prévisible. Trop facile de percevoir que la tragédie va encore s'abattre sur la douce Shin-Ae. Le cinéma sud-coréen nous a déjà fait le coup maintes fois, cette fois, cela ne passe plus. On connaît les ficelles. On finit par connaître le moment exact où tout va s'écrouler... Lee Chang-Dong tombe ici dans un piège que bon nombre de réalisateurs coréens devront éviter à leur tour dans les années qui viennent : proposer autre chose que du pessimisme ambiant et du thriller plus noir que noir. La première demie-heure de Secret sunshine a beau être agréable, elle est tellement académique que l'on devine ce qui va se passer. Au-delà de ce problème, Secret sunshine n'invente pas grand chose. Pire, les connaisseurs feront forcément le rapprochement de certaines scènes avec celles d'autres films. La scène du crématorium est calquée sur celle de Sympathy for Mr Vengeance, en infiniment moins réussi. Lee Chang-Dong reprend de même la figure de l'enseignant en apparence bien sous tous rapports se révélant être le coupable : déjà vu dans Lady Vengeance !

Le manque d'inspiration n'est pas le seul point noir de Secret sunshine. Sa seconde faiblesse s'avère l'absence quasi-totale d'intérêt même de l'histoire qui nous est narrée. On ne sait jamais où Lee Chang-Dong veut en venir. Shin-Ae, brisée, tente malgré tout de s'en sortir en cédant face à ce qu'on lui présente. Dans un premier temps, la religion chrétienne, dans laquelle l'entraîne la pharmacienne zêlée... plus d'une demie-heure sur cet aspect avant que Shin-Ae s'aperçoive de l'hypocrisie et de l'inutilité de son engagement. Vient ensuite le sexe. Nouvelle impasse... Pardon, rédemption, Bien et Mal, foi, vérité... L'actrice Jeon Do-Yeon, en dépit de son prix d'interprétation, ne fait pas pour autant accepter la logique de ce mélange si improbable. Secret sunshine semble être un fourre-tout des alternatives s'offrant à l'individu broyé. Un aspect qui est reconnu à demi-mot par le réalisateur lui-même, qui avoue avoir voulu montrer l'impact de la religion chrétienne en Corée du Sud. Certes, sauf qu'à force de vouloir faire un peu ce qu'on veut, la logique du récit est en conséquence absente. Le véritable problème est là : on ne ressent pas la sincérité de Shin-Ae dans ce qu'elle entreprend. Bien que brisée, cette héroïne est si lunatique qu'elle en devient difficilement supportable, un comble ! L'ensemble se révèle donc très lourd. Pour ne rien arranger, le film est long... trop long évidemment puisque les défauts précédemment cités s'étalent à n'en plus finir.

Song Kang-Ho, un des meilleurs acteurs asiatiques, gesticule sans convaincre. Son rôle tend à faire de son personnage un homme énervant, on regrette que cela soit réussi à ce point. Amoureux transi, tentant de se faire remarquer par Shin-Ae en l'accompagnant dans toutes ses lubies, les limites du rôle sont pour le coup davantage un problème que l'acteur lui-même. Quant à Jeon Do-Yeon... convaincante dans la douleur certes, mais son rôle ne lui rend pas spécialement service car son personnage finit vraiment par devenir insupportable. Observer l'actrice dans le récent The Housemaid est beaucoup plus enthousiasmant.

On conseillera vivement la VO au détriment d'une VF qui horripile encore davantage (la passion n'étant pas là, le film en VF ne présente plus guère d'intérêt). En bonus sur le DVD, notons une longue interview d'un Lee Chang-Dong apparaissant peu attrayant et bien peu souriant. Celles des acteurs sont beaucoup plus agréables.

Secret sunshine est donc une déception. La critique cherchait-elle donc à l'époque à s'éveiller face aux qualités du cinéma sud-coréen, s'apercevant de son aveuglement sur bon nombre d'oeuvres antérieures ? Dommage, Secret sunshine n'était pas un candidat idéal en dépit de ce qu'on a pu dire. A la limite du plagiat sur certaines scènes, peinant à convaincre par son intérêt, et surtout très... secret sur le sens et la logique exacts de l'évolution de ses personnages. Pour autant, Secret sunshine n'est pas un mauvais film. Les promesses étaient si fortes que la sévérité semble devoir l'emporter alors que les qualités sont bel et bien présentes : niveau image, c'est propre à défaut d'être innovant, niveau son par contre c'est du tout bon. Et quoiqu'on en dise, les acteurs sont impeccables malgré des personnages dont l'évolution psychologique n'est pas convaincante.

De Secret sunshine, on ne peut déceler que le secret mais pas l'ensoleillement. Lee Chang-Dong a depuis prouvé qu'il était capable de nous formuler des fables autrement plus captivantes, telles que le superbe Poetry.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith

14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs