Old Boy - Actualité anime

Critique du dvd : Old Boy

Publiée le Mercredi, 19 Janvier 2011


Année 1988 en Corée du Sud. Alors qu'il s'apprête à fêter l'anniversaire de sa petite fille, Oh Dae-Su (Choi Min-Sik), salaryman lambda, est arrêté par la police pour ivresse sur la voie publique. Relâché, il est enlevé sur le chemin du retour à son domicile. Séquestré dans une chambre exiguë, sans savoir par qui ou pourquoi, avec une télévision pour seul lien avec l'extérieur, il est libéré 15 ans plus tard, toujours sans explication. Oh Dae-su est contacté par le commanditaire de son enlèvement. Celui-ci lui propose de découvrir les raisons de son enfermement, lui laissant pour seul indice un proverbe. Il a 5 jours pour découvrir la vérité.

Old Boy constitue le second film d'un triptyque portant sur la thématique de la vengeance, initié par le réalisateur Park Chan-Wook avec Sympathy for Mr Vengeance et qui se termine par Lady Vengeance. Cette segmentation a son importance, dans la mesure où l'on arrive à déceler les évolutions dans la manière de filmer du cinéaste, une volonté permanente de Park Chan-Wook de se diversifier et d'innover. Basé sur un manga de Minegishi Nobuaki et Tsuchiya Garon sorti en 1997, le film s'en démarque néanmoins.

Primé au Festival de Cannes en 2004, Old Boy a fait l'objet d'une surenchère médiatique avec un résultat peu glorieux, la critique profane en matière de cinéma sud-coréen en faisant la vitrine d'un genre. S'attarder sur ce qui a été dit, souvent faux, n'a aucun intérêt. Il s'agit bien de saisir la valeur profonde de cette oeuvre forte. Que cela soit dit, bien que la manière et le résultat soient somme toute différents, Park Chan-Wook réitère l'exploit de l'excellence déjà vue dans Sympathy for Mr Vengeance. Plus question de « sympathy » (compassion) pour les vengeurs. Chan-Wook reprend un personnage meurtri, recherchant en effet la vengeance. Mais contrairement à l'opus précédent, le personnage cherche aussi à comprendre les raisons de ce qui lui est arrivé. Le réalisateur délaisse la violence sociale, quoique l'on pourrait voir dans l'expérience vécue par Oh Dae-Su une réplique de ce qui avait lieu sous la dictature avant les années 1980 dans le pays du matin calme. La violence psychologique est toujours là... mais Park Chan-Wook profite surtout de Old Boy pour en faire l'une des oeuvres, thrillers occidentaux et orientaux réunis, illustrant le plus directement la violence physique pure. Dans Mr Vengeance, la violence physique se trouvait justifiée par une souffrance intense. Dans Old Boy, la violence est désormais nécessaire à la recherche du commanditaire. Loin d'une gratuité insolente et racoleuse, la représentation de la violence est crue, explosant dans des scènes à l'intensité et à la frénésie inflexibles.

Old Boy est pourvu d'un scénario mystérieux. L'on accompagne évidemment Oh Dae-Su dans l'enfermement en début de film : il déambule, déambule, déambule. Quand Park Chan-Wook évoque l'isolement, jamais on a été aussi satisfaits de jouir d'une liberté de mouvement rafraîchissante et salvatrice. Une fois sorti de cette chambre, le personnage ne cessera pas d'étonner. Le film enchaîne sur un rythme en dents-de-scie : on s'attend à des pics ou débordements à tout moment. La narration est parfaite, et finalement d'un classicisme évident. Old Boy utilise les ficelles du thriller de façon si aisée qu'on se prend au jeu. L'intrigue mêle la révélation de secrets à de nombreux flash-backs et on ne connaîtra toutes les ficelles qu'en toute fin de film : classique n'est-il pas ? Certes, sauf que lorsque Park Chan-Wook est aux manettes, le genre est littéralement transcendé. Old Boy, c'est un peu le concentré de tout ce qu'on attend d'un excellent film de ce genre, la patte personnelle du cinéaste en plus avec cette violence et cet aspect choquant sans sombrer dans le voyeurisme et la vulgarité. Les flash-backs dynamisent le récit et constituent un souffle mélancolique dans la Corée des années 80. Loin d'un intrigue basée sur une violence qui aurait fini par être redondante et linéaire, l'histoire de Old Boy est la plus riche et fouillée des trois opus du triptyque, en ce que le film se repose sur un suspens insoutenable jusqu'à une fin en apothéose, incontestablement l'une des plus marquantes au cinéma ces dernières années ! Comme Mr Vengeance et Lady Vengeance, les scènes cultes sont légion : hormis une fin absolument dantesque donc, l'ingurgitation d'un poulpe a su capter les esprits. D'autres scènes plus discrètes sont tout aussi marquantes, preuve que la surenchère ne fait pas tout. L'humour noir et absurde fait son apparition, de même que les quelques scènes hallucinogènes. Sympathy for Mr Vengeance était totalement dépourvu de cet aspect, alors que Lady Vengeance propose quelques scènes empreintes de cynisme et tendant vers les fantasmes. Une scène fabuleuse montre un salaryman zoophile dépressif en compagnie d'un Oh Dae-Su venant juste d'accéder à la liberté... A vous de voir ce qu'il advient !

Choi Min-Sik réalise une performance géante et stupéfiante dans un rôle d'une ingratitude sans nom car violent à l'excès. Les scènes de folie sont à tomber à la renverse. Cela permet à Old Boy, comme les deux autres films du triptyque, de déranger par ce côté ultra-réaliste, avec un jeu d'acteurs sans concession aucune.

Au niveau de l'image, Park Chan-Wook a fait le choix de proposer les flash-backs en noir et blanc. Une rupture peu originale mais qui porte ses fruits sans problème. Old Boy dispose d'une symbolique forte avec le thème récurrent de l'enfermement : la rare scène d'extérieur a lieu au début suite à la libération d'Oh Dae-Su. Les intérieurs sont en effet autrement plus présents. Côté son, une ambiance maîtrisée est au rendez-vous (cris ou bruits sourds de marteau sur la chair), ainsi qu'une habituelle musique classique à se ronger les sangs.

L'édition DVD simple se contente du minimum. Le doublage original doit être absolument privilégié, car on ne retrouve guère l'intensité dans la traduction et les voix françaises.

La violence n'empêche pas Old Boy de susciter beaucoup d'émotion. L'intrigue maîtrisée à la perfection, l'image et le son au top, la fin hystérique, la patte de Park Chan-Wook qui s'implante à merveille en font une oeuvre majeure.

« Ris, tout le monde rira avec toi. Pleure, tu seras le seul à pleurer ».

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith

18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs