Mes Voisins les Yamada (TF1) - Actualité anime

Mes Voisins les Yamada (TF1) : Critiques

Critique du dvd : Mes Voisins les Yamada (TF1)

Publiée le Mercredi, 25 Novembre 2009

Tout commence par la présentation de Nonoko Yamada, une petite fille honnête et très franche, qui nous introduit auprès de sa famille avant que le récit ne se suffise à lui-même et mette en place cette association de péripéties diverses et variées. On rencontre ainsi Takashi Yamada, père de famille et homme d'affaires souvent de mauvaise humeur et sa femme, Matsuko, qui a bien du mal à se complaire dans le rôle de la bonne épouse japonaise. Celle-ci ne parvient en effet pas toujours à allier les travaux domestiques et son apparence avec son caractère flegmatique et paresseux. Vient ensuite Noboru Yamada, le frère de Nonoko : celui-ci est un adolescent qui ne travaille pas beaucoup mais se retrouve confronté aux désagréments de son âge, notamment à la pression que la société japonaise fait peser sur les écoliers. Enfin, la grand-mère Shige arrive, bavarde comme une pie, aimant les commérages et assez dynamique pour son âge bien avancé. C’est dans cet étrange contexte, un peu simplet au premier abord, que Takahata pose son interprétation fidèle du manga d'Ishii Hisaishi, retraçant avec humour, sentiments et une spontanéité rare le quotidien très simple d’une famille japonaise classique. Et pour construire ce portrait anarchique des relations familiales, Takahata construit son film autour d'une multitude de petites histoires, parfois liées parfois non. Comme un passant, notre œil extérieur observe les Yamada dans différentes situations de la vie quotidienne, sans que l’on ait réellement à faire à un scénario évident. L’auteur comme le réalisateur nous mènent où ça leur chante, sans prévenir ni sembler instaurer une quelconque logique dans leurs choix.

La première idée qui nous vient à l’esprit, c’est que le film aura des difficultés à trouver son public. Et en effet, le style un peu particulier de réalisation, le peu de sérieux apparent et le portrait de la famille nipponne moyenne … tout porte à croire que la petite vie des Yamada est d’avantage réservée aux japonais, ou alors aux fans immodérés. Rien que l’idée de départ, qui se tourne intégralement vers une famille unie et très présente dans la vie des habitants de l’archipel, est d’avantage ciblée sur la perception japonaise de l’environnement familial. Ainsi, un public approprié pourra se reconnaître dans les agissements des membres de la communauté Yamada, en rire et apprécier les comportements mis en exergue. Nous, pauvres occidentaux, auront très certainement du mal à nous identifier aux protagonistes, à comprendre la portée des haïkus (poèmes japonais singuliers et très courts) de Bashô qui sont omniprésents. Heureusement, les bonus du dvd nous permettent d’accéder à un semblant d’explication. Alors certes, la question de la culture est un obstacle à surmonter. Mais une fois que l’on s’accommode de tout ce que l’on ne peut pas entièrement saisir, il reste la simplicité, l’authenticité et la justesse d’une narration qui au final présente des situations que nous-mêmes pouvons avoir rencontrées. Le seul problème dans tout cela ? Cette adaptation d’une œuvre comique ne fait pas rire. Le film devient d’avantage un reportage qu’un moment de détente et d’hilarité, l’humour ne prend pas et durant le film, on peut alors ressentir certaines longueurs.

Pour qui se sera déjà tourné vers le manga d'Ishii Hisaishi, la technique de graphisme ne sera pas déstabilisante. Pour les novices par contre, les drôles de dessins peuvent freiner et même surprendre. Ces quelques traits sur lesquels sont jetées des couleurs pastel paraissent trop simples, et pourtant ils permettent de retranscrire une ambiance et un désir de simplicité évidents. Les détails dans l’environnement des personnages sont assez limités, puisque chaque trait parait être utile : le décor très sommaire met d’autant plus les personnages en avant, et l’animation très réussie de ces quelques gribouillages à l’aspect brouillon et incomplet permet rapidement de passer outre ce nouvel obstacle. On pourrait craindre le manque d’expressivité des scènes et des visages, cependant cette peur est vite évincée par la surprise de découvrir un éventail impressionnant de sentiments, tous différents les uns des autres. De plus, lorsque le récit se noircit et que le style n’est pas adapté, Takahata n’hésite pas à changer du tout au tout la mise en scène. Ainsi, lors de l’épisode avec les motards, le dessin est rempli, les traits réalistes et les personnages sont dessinés sans problèmes de proportion. On se rapproche d’avantage du dessin animé classique, encore bien loin de la véracité du Tombeau des lucioles, mais déjà bien plus sérieux et traditionnel. Ce moment de tension se verra totalement dédramatisé par l’arrivée de Matsuko et Shige, qui rétablissent le graphisme original. Pendant un instant, Takahata nous a emmenés ailleurs et cette inspiration permet de s’évader un instant du style Hisaishi, devenu à force trop figé. Les bonus du DVD sont assez simples mais l'explication des haïkus est nécessaire. On en profite également pour se faire présenter le studio Ghibli, écouter l’interview du réalisateur et assister aux commentaires d’un spécialiste de l’animation japonaise. Dans l’ensemble, Mes voisins les Yamada est un beau témoignage de la vie quotidienne d’une famille classique de l’archipel, ce en quoi le film atteint ses objectifs. Cependant, et malgré le regard très juste de Takahata sur ses contemporains, le résultat est trop inaccessible et surtout, passe complètement à côté de l’esprit comique de base. Des épisodes qu’on oubliera bien vite, sans trop s’y attacher malgré les caractères très attrayants des protagonistes.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM

14 20
Note de la rédaction