Gunnm OAV : Critiques

Qui ne connaît pas, au moins de nom, Gunnm ? Ce manga de science-fiction culte a considérablement marqué l'univers de la bande dessinée japonaise, au point de connaître rapidement une adaptation animée sous forme de 2 OAV d'environ 25 minutes chacune, réalisées au sein du studio Animate (Guyver, RG Veda,) en 1993, et supervisées par le célèbre Rin Tarô (Albator 78, Metropolis, X le film...).

Alors que la terre n'est plus qu'une immense décharge de mécaniques rouillées où cohabitent robots et chasseurs de primes, le Dr Ido trouve par hasard la tête d'un cyborg vieux de plusieurs siècles et décide de la reconstruire. Mais Gally à sa renaissance n'a aucun souvenir de sa vie précédente. La violence impitoyable de la décharge révélera ses incroyables aptitudes guerrières et la fera entrer dans l'univers terrifiant des chasseurs de primes.

Si le plaisir de voir la ravissante Gally s'animer est bien là, on ne peut qu'être déçu par cette adaptation animée.
Dû au fait qu'elles furent réalisées alors que le manga n'en était encore qu'à quelques tomes, ces deux OAV n'adaptent que le début de la série de Kishiro, s'arrêtant grosso modo à l'épisode de la mort de Yugo. Il ne faudra donc pas s'attendre à retrouver ici l'univers ultra-développé de la version originale, d'autant que le format court ne permet jamais d'approfondir les choses. En effet, comment peut-on adapter de manière convaincante un manga comme Gunnm sous la forme de deux malheureuses OAV d'une durée totale de même pas une heure ? L'exercice est tout bonnement impossible, et cela se ressent grandement pendant le visionnage de ces deux courts épisodes qui ne sont qu'un condensé sans âme de tout ce qui se passe pendant les premiers tomes de la série. Ici, par exemple, il ne faudra pas compter sur un développement poussé des personnages, notamment en ce qui concerne la si belle histoire d'amour entre Gally et Yugo, ni sur des combats intenses contre des ennemis charismatiques, le tout se réduisant souvent à trois ou quatre coups sans panache contre des méchants qui ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. Un parfait exemple du ratage de ces OAV reste la conclusion, la mort de Yugo: ce qui reste l'un des moments forts du manga ne dégage absolument rien ici, car on n'a tout simplement pas le temps de s'attacher à ces personnages dans leur version animée, et que leur relation est bâclée.

Intrigue très réductrice, personnages qui ne sont que l'ombre d'eux-mêmes, aucune tension... la version OAV de Gunnm déçoit. Seule chose sauvant considérablement l'ensemble: le character design de Nobuteru Yûki, dont nous avons déjà pu apprécier tout le talent sur des séries animées comme Lodoss et Escaflowne. Ici, on constate que son travail colle étonnamment bien à l'univers de Gunnm. Et globalement, si elle manque de panache, la réalisation n'est pas foncièrement mauvaise: pour son époque, l'animation reste correcte, les musiques, assez typiques de l'époque, voire même un peu vieillottes pour un travail du début des années 90, sonnent pourtant bien tout en restant assez discrètes, et les couleurs font assez bien ressortir l'ambiance de l'oeuvre.

Avec ces deux OAV, Gunnm endosse le rôle d'un petit anime d'action sans prétention, qui divertira gentiment. Et c'est bien ce qu'on lui reproche, quand on connaît le manga original dont il est tiré.

Du côté de l'édition, il faudra faire avec un son en stéréo très vieillissant. Et si nous saluerons la présence d'une piste en VO et d'une en VF, on restera dubitatif face aux sous-titres de la première, calqués sur le doublage de la deuxième, et surtout face à un problème de décalage entre les dialogues et les sous-titres... En ce qui concerne l'image, malgré des passages assez ternes, l'ensemble reste correct. Les bonus se limitent à une petite fiche sur Gally et à une filmographie sommaire de Rin Tarô. En somme, un contenant bâclé, un peu à l'image du contenu.