Colorful - Blu-Ray - Actualité anime

Colorful - Blu-Ray : Critiques

Critique du dvd : Colorful - Blu-Ray

Publiée le Mardi, 22 Septembre 2015

Remarqué en France grâce à Un été avec Coo, Keiichi Hara nous revient avec Colorful. Projeté le 6 juin 2011 au Festival d'Annecy puis le 6 octobre à Paris en présence du réalisateur, c'est à partir du 16 novembre 2011 que l'ensemble du public a pu découvrir sur grand écran ce long-métrage au sujet difficile et délicat : le suicide.

Une seconde chance ?

Que feriez-vous si l'on vous offrait la possibilité de reprendre vie, d'exister à nouveau, sans garder la moindre trace de votre séjour antérieur sur Terre ? C'est la question qui est posée comme introduction au long-métrage. Dans une station de train lugubre parsemée d'étranges silhouettes, une âme déchue s'apprête à obtenir son ticket pour accéder au quai… et se voit soudainement offrir ce cadeau, celui de revenir fouler le sol en tant que mortel.

"Toutes mes félicitations, tu fais partie de nos heureux gagnants ! Alors… Je vois que tu es l'âme errante d'un être humain qui est mort après avoir commis une terrible erreur, mais grâce au tirage au sort, tu vas pouvoir retourner dans le monde des vivants pour la corriger et recommencer ta vie !" lui annonce Purapura. Ce qui serait considéré comme une seconde chance par beaucoup est perçu tout autrement par notre esprit : dépossédé des souvenirs de son ancienne vie et de ses souffrances, il reste tout de même marqué et sait qu'il n'a aucune envie de retourner "là-bas". Mais peu importe son avis, les décisions du Patron sont irrévocables…

Retour parmi les Vivants

Il se réveille sous les traits d'un jeune adolescent qui vient de se suicider et dont il habitera le corps. Désormais Makoto Kobayashi aux yeux de tous, c'est à travers son hôte que notre esprit va devoir se souvenir du plus grand péché de sa vie antérieure, avec un temps limité pour y parvenir et l'aide de Purapura comme ange gardien assimilé.

Pourtant, ce dernier ne va donner que peu ou prou d'informations à son protégé, le laissant tâtonner avec sa famille et son environnement pour qu'il se fasse seul son propre jugement, au risque de paraître étrange pour son entourage. Et c'est justement là que le garçon va se découvrir et ce, de la même manière que la majorité des adolescents de son âge : en faisant des erreurs.

Car oui, Colorful est un film sur l'adolescence et surtout le caractère particulier d'un jeune homme pendant cette période charnière de son existence. Égoïste, il se fiche éperdument des sentiments de ses proches, pardonne difficilement à ceux qu'ils considèrent l'avoir trahi et n'hésite pas à user d'un certain franc-parler si nécessaire. Néanmoins, au-delà de ces quelques considérations dédaigneuses pour ses semblables, il va peu à peu s'ouvrir au monde extérieur.

Living on my own

À 14 ans, pour nous autres Français au collège, c'est la fin d'une époque et l'arrivée des premiers examens. Le choix du lycée va ensuite orienter l'avenir de chacun d'entre nous, sans le sceller. De nombreux facteurs interviennent et des chemins s'ouvrent à nous tout au long de la vie. Au Japon en revanche, cette décision se pèse, parfois longuement à l'avance, spécialisation et renommée d'un établissement scolaire allant jusqu'à déterminer la place future d'une personne dans la société.

Colorful illustre bien ce choix capital pour la famille d'un jeune homme. Entre promesses des brochures et volonté des parents, notre esprit n'en a finalement que faire. Son temps est compté sur cette Terre, et il ne sera de toute façon plus là pour voir si Makoto a été accepté dans son lycée de prédilection. Cependant, progressivement, notre âme va trouver des raisons de s'accrocher à sa nouvelle existence, réaliser à quel point vivre peut être précieux et considérer différemment le futur, son futur.

Une myriade de couleurs pour un tableau dressé avec justesse

Le visionnage de Colorful est difficile. De l'empathie pour le personnage principal, puis ses proches, on se retrouve très vite pris dans un tourbillon émotionnel qui ne veut pas lâcher et encore moins nous épargner. Nombreux sont les moments du film où l'on voudrait personnellement recadrer le jeune homme, en réaction à son autisme face à certaines situations (et qui rappellera un dénommé Shinji dans Evangelion). Mais le spectateur, impuissant, devient l'otage des caprices de cet adolescent ayant perdu le goût de la vie.

Si certaines scènes ont une construction que l'on pourra aisément qualifier d'incertaine, voire de hors sujet, le film en son intégralité est une magnifique peinture de l'adolescence. Entre petits tracas et quête identitaire, Colorful nous brosse le portrait d'un jeune homme somme toute comme les autres : mal dans sa peau, qui aime en secret, se projette difficilement dans le temps et veut vivre sans forcément chercher à devenir quelqu'un.

Cette étape de l'existence, passage obligé de tout un chacun, reste un sujet inépuisable dans le monde du cinéma. Malgré cela, peu de films arrivent à capter avec justesse l'état d'esprit si particulier d'un jeune homme en perpétuel conflit intérieur et à nous le restituer dans toute son intensité. Colorful est l'un d'entre eux. Mais le long-métrage de Keiichi Hara va encore plus loin. Véritable ode à la vie, il se fraye un chemin jusqu'à nous, nous atteint et nous interpelle.


Gorkab Nitrix

Critique 1 : L'avis du chroniqueur


18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs