Christmas in August - Actualité anime

Critique du dvd : Christmas in August

Publiée le Lundi, 27 Août 2012

Jung-Won (Han Suk-Kyu) est un photographe trentenaire qui est atteint d’une maladie incurable. Il lui reste peu de temps à vivre. Seul lui le sait, le sent. Malgré cela, il continue de vivre normalement. Un jour, il rencontre Da-Rim (Shim Eun-Ha), une « pervenche » qui vient faire développer les photos des infractions en urgence au magasin de Jung-Won. Il voulait partir sans rien regretter. Elle n'aurait pas dû s'attacher...

Réalisé par Hur Jin-Ho et sorti en 1998, Christmas in August est l'un des premiers longs-métrages du réalisateur, qui a la particularité d'avoir suivi des études de philosophie avant de s'intéresser au cinéma. C'est également l'un des rôles majeurs de Shim Eun-Ha, une actrice star en Corée du Sud. Notez d'ores et déjà que le remake japonais, 8-gatsu no Kurisumasu, réalisé par Shunichi Nagasaki et sorti en 2005, est très loin d'égaler l'original.

Vous aimez les mélodrames ? My sassy girl, vous avez adoré ? N'espérez pas trouver dans ce Christmas in August une once de ce qui fait le succès des comédies ou drames romantiques acidulés.

Christmas in August est un film d'une sensibilité et d'une beauté extraordinaires, comme tous les films de Hur Jin-Ho. Mais celui-ci se caractérise également par une simplicité qui en fait tout le charme, que l'on retrouvera dans les deux films suivants distribués en France (à savoir One fine spring day et April snow), mais sans doute pas autant. Hur Jin-Ho démontre qu'il est possible de s'écarter des histoires d'amour niaises et larmoyantes, dont raffole le public coréen. Pour tout amateur de cinéma asiatique, les comédies ou les pseudo-drames romantiques sont le mal du pays du Matin calme : combien du films du genre chaque année compte-t-on au box-office ? Et pourquoi le mal ? Parce que la majorité de la production tient en du déjà-vu ultra-calibré par paquets de cinquante... Autant vous le dire de suite : les films de Hur Jin-Ho ne cartonnent pas en Corée. Dans les festivals internationaux, ils sont déjà plus appréciés à leur juste valeur, mais encore insuffisamment. Vu l'accueil réservé à April snow, le prochain devrait être le bon : il serait tant que Berlin, Cannes ou Venise s'y intéressent.

Toujours est-il que ce Christmas in August est un souffle de fraîcheur salvateur. Hur Jin-Ho ne filme pas avec pudeur, mais avec une discrétion plus sophistiquée qu'il n'y paraît. L'essentiel des éléments est suggéré : l'amour naissant de Da-Rim, les amitiés de Jung-Won, son divorce (?)... et la maladie incurable de ce dernier. Le cœur, les poumons ? Qui sait... Cette maladie est évoquée à travers un trajet en bus, une discussion volée entre Jung-Won et sa sœur. Hur Jin-Ho semble filmer avec la volonté de toujours repousser l'échéance. Pas celle de la mort de Jung-Won, mais celle de nous montrer vraiment qu'il est bel et bien malade.

Christmas in August joue sur les non-dits, mais pas sur les ambiguïtés. Mélange formidable de tranches-de-vie, il reprend des petits moments de bonheur, ou de malheur. Comme cette scène, poignante, où Jung-Won ne supporte pas de voir son père incapable de faire fonctionner le magnétoscope seul... comment fera-t-il une fois son fils décédé ? Or, l'une des plus grandes réussites du film, c'est justement de faire prendre à tous ces petits moments (des promenades, des goûters, des rencontres) une importance capitale. Pas si petits que ça, ces moments, mais au contraire si essentiels, si précieux, pour une personne qui se sait condamnée et se sent partir !

Cependant, jamais le pathos ne fait irruption. Le spectateur ne saurait ressentir de la tristesse, pas plus que de la pitié, mais plutôt beaucoup de douceur, fortement empreinte de nostalgie. Ce parfum de nostalgie se ressent dans l'ambiance générale, une fin d'années 1990 avec photos encore sur pellicules, télé cathodique, magnétoscope, glaces à l'eau, absence de téléphones portables. Il est d'ailleurs vraiment troublant de voir comment Christmas in August montre indirectement que les relations humaines ont changé avec cette évolution technologique.

Côté images, Hur Jin-Ho a opté majoritairement pour les plans fixes. Un choix judicieux, sans l'ombre d'un doute, faisant écho à la profession de Jung-Won. La plupart des scènes semblent immortaliser les événements. Les mouvements des acteurs paraissent naturels, et sont paradoxalement saisis tels des instantanés. De plus, l'insistance sur les reflets (verre, eau...), pour exprimer la distance entre les personnages, voulue ou non voulue, est excellente. Rarement on a vu une photographie et une mise en scène qui soient une si belle métaphore de la narration.

Les acteurs sont parfaits, tout en retenue bien qu'étant tout à fait sincères. La musique accompagne le tout, avec là encore, beaucoup de douceur et de discrétion.

Soulignons l'excellent travail réalisé sur l'édition. L'interface DVD est très originale (que ça fait du bien !) sans perdre en lisibilité. Le DVD ne propose que la VOSTFR, la traduction est bien adaptée au registre du film, les sous-titres ne souffrent d'aucune coquille.

Vous l'aurez compris, la simplicité et la subtilité de Christmas in August lui donne un cachet très particulier. Si Hong Kong a Wong Kar-Wai et le Japon Takeshi Kitano (on fait surtout allusion ici à Sonatine ou Hana-Bi), la Corée du Sud trouve avec Hur Jin-Ho un parfait représentant pour un cinéma de la sensibilité. Ce réalisateur coréen est sans doute l'un des meilleurs pour filmer l'amour différemment. Toutes les personnes réticentes au romantisme au cinéma feraient bien de sauter le pas. Elles profiteront de ce qui leur manque d'habitude : grande simplicité, pure vérité. Un film superbe.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith

16 20
Note de la rédaction