Tokkô - Actualité manga

Tokkô : Critiques

Tokkô

Critique de la série manga

Publiée le Lundi, 22 Juin 2015

Pas de coup de fil ni de manga depuis GTO, et les nouvelles que l’on avait avec Young GTO étaient bonnes mais anciennes. C’est donc avec plaisir que l’on découvre l’un de ses derniers mangas, Tokkô, dans lequel il opère un virage violent mais un peu court !

Cela semble faire une éternité ? En effet, depuis la fin de GTO en avril 2002 au Japon et en février 2003 en France, Tôru Fujisawa ne fait plus parler de lui, au du moins pas à la hauteur de sa réputation. Bien sûr, Young GTO - Shonan Junaï Gumi continue son petit bonhomme de chemin depuis mai 2005. Mais tout de même, à part cet indécrottable d’Onizuka, le mangaka n’a pas recrée de personnage ou de série digne de ce nom. Il semble même se chercher, explorer de nouveaux et sombres horizons. Chercher et explorer ne sont pas des termes choisis au hasard, car ses deux dernières œuvres Tokkô et Rose Hipe Rose/Zero n’ont pas en commun que leur violence mais aussi leur courte durée de vie, pas plus d’une poignée de volumes. Arrêtées, annulées ou abandonnées, toujours est-il qu’elles renseignent sur l’état d’esprit, l’évolution de l’auteur. Prépublié dans le défunt Shônen Collection, Rose Hipe Rose doit sortir en janvier 2008 en deux volumes (ou quatre selon l’édition), sûrement suivi de sa préquelle Rose Hipe Zéro en cinq volumes, mais c’est surtout Tokko qui nous intéresse.

Dans le vif

Dès les premières pages, le message est clair : fini de déconner ! Dans un immeuble délabré, le membre d’un gang s’apprête à en découdre avec une autre bande, lorsqu’il tombe sur un col blanc en train de bouffer un cadavre ! Les yeux rouges, les dents acérés, il s’apprête à lui faire la peau, lorsque intervient une jeune fille, les cheveux roses, la veste en cuir et surtout un gigantesque sabre entre les mains. Et là, le dessinateur s’est fait plaisir, car il utilise une double page pour un charclage en règle. Un seul et ample coup de sabre pour un bras explosé, une tête coupée et des gerbes de sang.  Finir de rire donc, avec cette introduction haute en couleurs, le manga tranche dans le vif et propose une plongée violente et fantastique dans le futur. En 2011, la capitale japonaise Tokyo connaît une hausse inexpliquée de meurtres pour ne pas dire de massacres. Depuis la mort des ses parents lors de l’un d’eux à Machida il y a cinq ans, Shindô vit avec sa sœur Saya et rêve souvent d’une mystérieuse jeune femme aux cheveux roses. Ouais, enfin, pas si mystérieuse que ça, et qu’elle porte un sabre et dégomme du monstre que ça n’étonnerait personne. Reste que pour Shindô, à son réveil, commence une journée exceptionnelle puisque à 24 ans, il devient lieutenant et intègre la brigade Tokki. Et il n’a qu’une obsession, découvrir la vérité derrière le massacre de ses parents et de 380 autres personnes dans le quartier de Machida, dans l’ouest de Tokyo. La version officielle a conclu à des animaux sauvages, mais Shindô est persuadé qu’il s’agit d’autre chose et est décidé à retrouver les coupables, quels qu’ils soient.

Témoin du mal

C’est ainsi qu’il découvre l’existence d’une section 2 au sein de la police, le tokushu kôambu dit le bureau spécial de la sûreté nationale ou plus communément appelé tokkô. Composé essentiellement de jeunes filles et de quelques mâles, les rumeurs les plus folles courent sur leur compte, ils se baladeraient avec des sabres, découperaient des gens et ne seraient pas humains. Contrairement au lecteur, Shindô est alors surpris d’apprendre que la fille de ses rêves est l’une des membres du tokkô, Sakura Rokujô. Pas le temps de faire les présentations qu’un tremblement de terre secoue la ville. La Porte est de nouveau ouverte et le numéro 12 approche. Shindô ne le sait pas encore, mais ce sont les évènements d’il y a cinq ans à Machida qui se répètent. Un trou sans fond duquel s’échappe des fantômes, qui dévorent les humains ou les contaminent grâce à des parasites. Des hordes de zombies comment donc à arpenter les rues et c’est au tour du Tokkô de jouer, ou plutôt de chasser. Dire que lecteur a un métro d’avance sur le héros est un euphémisme, il s’agit presque d’un TGV. En effet, Torû Fujisawa a fait le choix narratif étrange que le lecteur soit de tous les points de vue, de toutes les conversations. Il est témoin de l’incompréhension de Shindô, de la mission des chasseurs et même de l’apparition ou des agissements du fantôme numéro 12. Et pourtant, le premier volume est entièrement construit sur les interrogations de Shindô et de la brigade Tokki sur ce que cache les meurtres et le Tokkô. La lecture peut ainsi se révéler frustrante et répétitive.

La fin du début


En parlant de frustration, comment ne pas se pencher sur le sous-titre accolé aux deux premiers volumes : « Le réveil du diable ». En effet, il ne fait pas l’ombre doute que le lien entre le massacre de Mashida, les démons, les chasseurs du Tokkô et Shindô est sur le point d’être fait. Il est donc bien question d’un réveil, reste à savoir si ce sera celui d’un allié ou d’un ennemi… et c’est tout. Le mangaka a réussi à se fondre dans un univers fantastique, sombre et ultra violent. Si le character design est reconnaissable entre tous, les scènes d’action et leur propension au gore sont une très agréable surprise. Rentre-dedans, intenses, graphiques, elles sont mises en page et en images avec un réel talent. Mais plus qu’une simple ambiance, il a mis sur pied une mythologie intéressante qui ne demande qu’à être développée et à devenir passionnante. Il n’en aura pas le temps, retravaillant même les chapitres entre leur prépublication et l’édition reliée pour arriver à un semblant de fin, toujours aussi brusque et frustrant. Et ne comptez pas sur le troisième volume, sous-titré « Le chasseur fantôme », pour vous satisfaire puisqu’il s’agit d’une déclinaison autour de Araragi et de sa sœur Mayu, deux chasseurs introduits le temps d’une planche à la fin du volume 2 de Tokkô. Moins prenant, il se révèle un divertissement sympathiquement gore et déviant, mais révèle encore une fois tout le potentiel inexploité de cette histoire.

La télévision japonaise a tout de même réussi à en faire une série animée de 13 épisodes en 2006, pendant que Torû Fujisawa commençait Kamen Teacher, où il retrouve le banc des écoles de GTO mais garde la dureté de Tokkô.

Hoagie



Note de la rédaction
Note des lecteurs
15.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,14.00,12.00

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