Manoir de l'horreur (le) - Actualité manga

Manoir de l'horreur (le) : Critiques

Zangekikan

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 25 Août 2015

Genre encore mal connu en France avec seulement une poignée de titres, le kowai verse dans l’horreur pur, en faisant appel autant à nos peurs d’enfants qu’à l’actualité la plus effrayante. Entrée en la matière sanglante avec l’un des maîtres de la peur sur papier, Ochazukenori et son Manoir de l’horreur.

Qui aurait cru que le mangaka sévissant sous le pseudonyme Ochazukenori avait commencé sa carrière de dessinateur dans des œuvres érotiques, dites aussi ecchi ? Né en 1960, il se met à gribouiller dès sa plus jeune enfance, avant de réaliser des fanzines avec ses amis. S’il en vient à mettre en scène de jeunes écolières dans des positions compromettantes, ce n’est que pour subvenir à ses besoins, et à ceux de ses parents. Quel changement alors, lorsqu’en 1987, il passe à l’horreur pur avec Zangekikan, plus connu chez nous sous le sinistre titre Le Manoir de l’horreur. Sa spécialité : les histoires courtes, brutales, expéditives, dont le format lui permet, explique-t-il, de renforcer l’efficacité de ses scénarii. En 10 volumes, la série suffit à l’imposer comme l’un des maîtres du kowai, aux côtés de Junji Ito (Spirale, Tomié).

Une influence de la nouvelle vague horrifique

Son sens de l’épouvante repose en grande partie sur l’observation des peurs contemporaines et des comportements typiquement humains. Le basculement du quotidien dans l’horreur en est presque une marque de fabrique. Un coup de téléphone d’un ancien prétendant du lycée, un deuxième qui éveille la jalousie du mari, un troisième… Plus de 10 ans avant le succès international du film Ring de Hideao Nakata, Ochazukenori jouait donc déjà avec les mêmes ressorts horrifiques, et avec autant d’efficacité. Le style, vif et noir, les personnages, déformés voire grossiers, et la mise en page dynamique participent à créer un univers sombre, cruel et vertigineux. Il n’est donc pas faux d’affirmer son influence sur les romanciers et metteurs en scène de la nouvelle vague fantastique en provenance d’Asie, et plus particulièrement du Japon. Il arrive d’ailleurs parfois au mangaka de réaliser des films pour le marché du DVD et de la location.

Cauchemars ludiques

Avec La femme défigurée de Kanako Inuki, la publication du Manoir de l’horreur en France en 2004 ouvre la voie à un genre encore méconnu en France. Après l’incontournable La Dame de la chambre close de Minerato Mochizuki (Dragon Head), qui tint en haleine les Japonais des semaines durant, les sorties de Serpent rouge, Panorama de l’enfer ou encore L’école emportée, sont les signes plus qu’encourageants d’une démocratisation en bonne et due forme. Et bien que le cinéma soit passé par là, il n’est pas interdit de prendre le train en marche. Avec Le Manoir de l’horreur, l’auteur Ochazukenori se propose d’être le guide de cauchemars morbides et sanguinolents, et à la manière du Gardien dans la série télévisée Les Contes de la crypte, il assène au final sa petite vérité bien tranchante. Mais à l’humour du cadavre ricanant, il préfère une morale sérieuse, sociale, qu’il livre, tel un fin psychologue,  sous les traits d’un concierge à lunettes et antennes. Le manga revêt alors des vertus ludiques, principalement destinées aux jeunes. Entrez donc dans le manoir, et suivez… le concierge !

Hoagie



Note de la rédaction

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

14.00,14.00,14.00

Les critiques des volumes de la série