Larmes de la bête (les) - Actualité manga

Avis sur Larmes de la bête (les)

大発見

Olimaat

De Olimaat [61 Pts], le 18 Septembre 2021 à 18h51

16/20

     Je vais m'adonner décemment à une critique détaillée et spoilante de chaque histoire, ce qui est quand même mon pied puisque j'adore parler de Tatsumi ( notez le jeu de mots avec la troisième nouvelle ).

   Nouvelle 1 : La colline où abandonner les siens ( août 1970 ) : Un jeune homme s'occupe de sa mère grabataire qui l'empêche ainsi d'entretenir une vie sentimentale.

Cette nouvelle est la seule nouvelle qui a été reprise par après chez Cornélius dans Rien ne fera venir le jour. Elle était agréable à lire ( comme toujours avec Tatsumi ) mais elle ne m'a pas laissé de sentiment impérissable. L'intrigue était assez bien trouvée avec ce garçon qui va placer sa mère en MDR ( maison de retraite, l'acronyme est rigolo ) pour avoir une vie sentimentale, cette mère qui pour ne pas être abandonnée va mentir en tentant de faire culpabiliser son fils etc... cependant la mise en scène a été quelque peu brouillonne avec ce trimbalage dans Tokyo assez rocambolesque et le journaleux idiot qui va l'interviewer en lui parlant de la journée sans voiture, voiture qui aurait pu lui permettre d'amener sa mère en lui évitant nombre d'efforts.
Un peu trop fouillis pour moi.

    Nouvelle 2 : Les larmes de la bête ( avril 1971 ) : Une petite famille tranquille voit ressurgir un homme qui leur a été source de bon nombre de peines par le passé de par ses actes bestiaux.

Alors là je reste pantois ! Je n'aurais jamais imaginé avant de découvrir Tatsumi qu'il était possible de dépeindre autant d'éléments et de détails dans une histoire d'à peine une trentaine de pages et qu'encore mieux que tous ces éléments virevoltent et passent comme une lettre à la poste. Je n'ai absolument rien à redire tout est travaillé d'une main de maître. La première page sur les boules de tac-tac va venir résonner dans la dernière page, la tête de l'enfant est un foreshadowing des actes de Yota, l'effroi que provoque Yota étalé sur un petit tiers de l'œuvre avec le parallèle instigué avec le gorille, le flashback à double temporalité, les psychoses à la gare et la chute terriblement marquantes, le travail et la profondeur incroyable de QUATRE personnages etc... Si là n'est pas la preuve du génie de Tatsumi je ne sais pas ce qu'il faut prouver. En 32 pages mettre en scène autant d'éléments et se permettre de devoir nécessiter plusieurs lectures au lecteur pour assimiler chaque commissure de l'histoire ( alors bien sûr je précise que la première lecture peut paraître suffisante et est géniale en terme d'enjoyment ) est quelque chose de réalisable par très très peu de monde, seulement ( et encore pas sûr ) par la crème de la crème des auteurs d'histoires courtesTatsumi écrit mieux en 32 pages que bien des auteurs en 250.

   Nouvelle 3 : Le Pied ( février 1971 ) : un rentier fétichiste des pieds également coupeur de cheveux bénévole réalise que sa vie n'a eu aucun intérêt

A mon sens la deuxième meilleure nouvelle du recueil après les larmes de la bête. Elle peut sembler inintéressante et futile au premier abord mais que nenni. En effet il y a toujours beaucoup de profondeur. Cette fois non pas en 32 pages, mais en seulement 20. Le personnage de monsieur Yamano doit jongler entre ses deux passions que sont la coupe des cheveux et les bottes portées par des femmes tout en abîme de cela réfléchir à sa condition d'être humain et à la signification de sa vie. On remarquera toute les contradictions et les perversions de Yamano : auréolé publiquement pour son mérite associatif mais piétiné officieusement pour soulager son complexe sexuel énorme. Yamano n'est pas pourtant un être lunaire et détaché de la réalité puisqu'il semble se sentir ( rien qu'un minimum ) coupable de mener une vie selon lui unilatéralement d'imposture. Il cherchera donc le vrai bonheur dans la mort à défaut de l'avoir trouvé dans la vie. Yamano n'aura et ne cessera pas de tenter de se redresser mentalement s'obstinant à croire qu'il est réellement passionné par la coiffure alors que comme on le voit dans les trois dernières pages, il est clairement plus motivé par les pieds !

     Nouvelle 4 : Retrouvailles ( mai 1990 ) : un employé des pompes funèbres retrouve son ancien amour de lycée dans un cercueil.

Une histoire qui m'a semblée ici purement à but divertissant. Tatsumi revenant trente ans plus tard sur des thèmes nécrophiles. L'histoire ne doit probablement pas être réellement analysée totalement. Je la soupçonne d'être assez vide de sens caché ( il est toutefois possible que je passe à côté de l'œuvre ). La chute est assez originale et ironique avec l'autre employé qui tue le nécrophile. On sent qu'on est dans le trash pour faire trash ici ( à mon humble avis ) ce qui n'est pas une des habitudes de Tatsumi a priori. Je ne peux que vous apporter la pseudo-analyse logique : le personnage principal rumine tous ses rejets amoureux et se soulage sur la source de ses peines lors de sa mort. L'assouvissement par l'achèvement en quelque sorte. Dans le même nombre de pages, j'ai trouvé le Pied bien meilleur, la lecture reste néanmoins divertissante.

L'humanité est la laideur, les bons sont marginaux, ils se détachent ainsi de l'homme de foule.

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