Corps et âme - Voyage au nord Vol.1 - Actualité manga

Corps et âme - Voyage au nord Vol.1 : Critiques

Hokuso shinsengumi / Kotetsu no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Mars 2010

« Cette couleur … C’est le rouge de la loyauté »

Corps et âme est un récit qui nous fait revenir dans la deuxième moitié des années 1800, lorsque le Japon connaissait encore le shogunat. C’est actuellement le shogun Tokugawa qui est mis en scène, lors de la reddition de son pouvoir à l’empereur. Ce fut un tournant dans la vie des nombreux samouraïs japonais qui prirent parti envers leur shogun, levant une rébellion. Entre l’archaïque Shinsengumi et les modernes soldats de l’empereur, les samouraïs d’antan n’ont pas beaucoup de chances. L’auteur développe plus particulièrement, dans ses trois chapitres, l’histoire du Shinsengumi et de son combat à travers trois visions différentes, pour en finir sur le rayonnant Hijitaka. Ce n’est pas le suspense, le déroulement de l’histoire qui importe ici. L’Histoire est déjà gravée, et si l’auteur y accorde beaucoup d’importance, elle le fait parfois en dépit des personnages qui l’illustrent. Ceux-ci sont certes développés dans un même concept, mais ils sont globalement oubliés. Ceci dit, le scénario de l’auteur déborde d’originalité, en nous offrant une vision plus froide et exposée du Japon, notamment dans ses anciennes batailles dont on connait bien peu de choses.

Si l’histoire en elle-même ne manque pas d’intérêt, c’est plutôt l’ensemble que l’on critiquera. Ce shojo atypique n’est pas ce que l’on en attendait, et rien ne laissait présager un conte presque exclusivement historique, parsemé de quelques personnages charismatiques. En somme, le lecteur qui ne sera pas prévenu aura tôt fait de bailler ou de lire sans véritable attention les longues explications d’Aya Kanno. Ce qui est bien dommage, puisque l’on sent que la mangaka s’est longuement penchée sur un sujet qui lui tient à cœur, qu’elle développe avec pertinence et bien plus simplement que les faits réels. Reste qu’un lecteur non prévenu tombera des nues. Et en s’attendant à un shojo, la déception est souvent au rendez vous. Il faut voir le deuxième et dernier tome, mais à vrai dire il y a peu de chances pour que la suite change de ligne narrative directrice et se mette à privilégier l’histoire de nos protagonistes plutôt que l’Histoire du Japon de cette époque. Une mauvaise appréhension de la lecture rendra celle-ci quelque peu difficile, tant l’œuvre et atypique et différente de ce que l’on pensait être. A vrai dire, on attendant quelque chose d’avantage ressemblant à l’Empreinte du mal, dont le début est exposé en fin de tome. Un combat pour une cause, une quête à mener à bien mais avec plus d’humanité, d’avantage de sentiments et moins de distance entre l’Histoire et l’histoire.

Par contre, graphiquement c’est toujours aussi beau. Presque trop pour une société en guerre, en pleine opposition. Le manga, peuplé d’hommes, n’arrive pas toujours à différencier suffisamment les figures importantes du scénario, et l’on doute sérieusement de la beauté presque irréelle des samouraïs de l’époque … Un certain décalage est donc ici perceptible qui, s’il n’était pas dérangeant dans une fiction aussi bien marquée que l’empreinte du mal, est ici bien plus étrange. Le souci de réalité des faits ne coïncide pas avec la fausseté des traits des protagonistes. Toutefois, si l’on se détache un peu de cette divergence, les dessins sont très agréables. A la fois froids et vivants, la mangaka sait y insuffler des choses qui ne passent pas forcément à la première lecture. Certaines scènes sont particulièrement portées par les graphismes, notamment la scène de seppuku, très bien mise en scène. Les contrastes sont l’apanage de l’auteur, elle en joue avec une grande habileté pour nous offrir des pages pleines de nuances, jamais lourdes ou plates. On notera toutefois une petite inégalité, dans certaines planches assez basiques par rapport à d’autres, autant dans le traité que dans le rendu. Delcourt nous propose donc, avec un bon travail par derrière même si les pages sont toujours trop fines, un premier tome assez déconcertant. A la fois moyen et excellent suivant nos attentes, rien ne vaut l’expérience … A tenter, pour voir. Un bon moment malgré tout, même si le lecteur se classe parmi ceux qui trouvent le ton abordé un peu lourd.


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs