Zettai Karen Children Vol.1 - Actualité manga
Zettai Karen Children Vol.1 - Manga

Zettai Karen Children Vol.1 : Critiques

Zettai Karen Children

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 19 Avril 2012

De nos jours, il devient hasardeux pour les éditeurs de publier des oeuvres comptant trop de volumes. La raison principale étant qu'un nombre trop élevé de tomes décourage d'entrée beaucoup de lecteurs, qui ont souvent déjà bien assez comme ça de titres en cours de parution et en projet à acheter tous les mois.
Néanmoins, il serait grandement dommage de passer à côté de séries de qualité uniquement pour une histoire de chiffres. En d'autres termes, il serait grandement dommage de bouder "Zettai Karen Children" simplement pour avoir bientôt dépassé la barre des trente volumes, car voilà une série avec de sérieux arguments derrière ses apparences enfantines. Et vous avez deux tomes sortis en simultané pour vous en rendre compte.

"Zettai Karen Children" (littéralement, "des filles absolument adorables") est un shônen de Takashi Shiina, plus connu pour son titre "Ghost Sweeper Mikami".
Dans un monde où les pouvoirs extra-sensoriels (télépathie, téléportation, voyance, etc.) sont devenus de plus en plus communs parmi la population, les utilisateurs de haut niveau sont néanmoins une denrée rare et recherchée par les gouvernements du monde entier. Au Japon, il existe trois utilisateurs de pouvoirs (des espers) de niveau 7 (sur une échelle de 7). Toutes trois sont des petites filles de dix ans.
Kaoru, petite fille un peu perverse et emportée qui cache une grande fragilité, possède le pouvoir de psychokinésie, la capacité de lancer des vagues sensorielles pour contrôler ou détruire des objets, et même voler. Aoi, la membre sérieuse de l'équipe mais qui sait se montrer tout aussi peste et adorable que les autres en temps utiles, possède le pouvoir de téléportation. Shiho, fille à l'air absent et détaché mais qui fait montre peut-être de la force mentale la plus stable et la plus chaleureuse parmi cette petite équipe, a reçu la faculté de psychométrie, c'est-à-dire qu'en touchant un objet ou une personne, elle est capable de percer ses pensées, son passé et beaucoup d'autres informations.
Formant une équipe connue sous le nom de "Children", elles travaillent pour le gouvernement japonais et sont assignées à des missions qui font usage de leurs facultés extraordinaires. Mission de sauvetage, arrestation d'espers criminels, protection... Les objectifs ne manquent pas.
Pour encadrer ces enfants et continuer d'étudier le phénomène des espers, une organisation spéciale à été créée à cet effet : B.A.B.E.L., soit "BAse of Backing Esper Laboratory", adapté en Centre de Recherche et de Soutien en Perception Extrasensorielle en français. Trois personnes nous intéressent particulièrement à l'intérieur de cette enceinte : Kôichi Minamoto, le superviseur direct des "Children" qui les accompagne durant leurs missions et s'occupe d'elles sur des bases régulières ; Taizo Kiritsubo, le directeur du centre et très papa gâteau avec les trois fillettes, mais néanmoins très capable dans son métier et bien entraîné ; Oboro Kashiwagi, la secrétaire du directeur et jeune femme assez mystérieuse pour l'instant.

La première chose qui frappe à la lecture, c'est la quantité d'informations à ingérer d'un coup : les nombreux personnages introduits (aux noms pas spécialement faciles à retenir), la nature des pouvoirs des jeunes espers, leurs relations, leurs caractères, et surtout les enjeux.
Quelque part, le lecteur débarque dans un monde déjà vivant et fonctionnel, et la phase introductive propre à tout titre du genre s'avère légèrement différente en termes de narration par rapport à l'habitude. Relire le premier tome plusieurs fois n'est pas du luxe, afin de bien s'imprégner de l'univers.
Ce qui ne constitue en rien un mal, bien au contraire. Les lecteurs qui aiment avoir un fil rouge dès le départ seront d'ailleurs comblés, puisque deux grandes voies se dessinent dès ce premier tome : le devenir des "Children" en tant qu'adultes (anges ou démons ?) ainsi que la lutte contre un groupe terroriste anti-espers (un genre de Ku-Klux-Klan, pourrait-on dire).
Sans trop en dévoiler, on reste admiratif devant l'ambition du mangaka, montrant de toute évidence la volonté de créer une histoire de grande envergure dans un monde "réaliste" (fort semblable au nôtre du moins), ainsi qu'un soin tout particulier apporté à la psychologie de ses protagonistes. Une impression confirmée dans l'explication juste avant l'histoire courte qui a servi de modèle à la série. Le mangaka nous parle de son attachement à présenter des personnages aux talents difficiles à gérer à leur âge et dans la vie de tous les jours, mais qui une fois adultes, si élevées dans les bonnes conditions, peuvent devenir des atouts pour s'épanouir. Pas question de devenir plus fort ici, simplement de s'accepter et de s'apprécier tel que l'on est, et de respecter la personnalité des autres. Un beau message de tolérance et d'épanouissement, sans aucun doute, et qui on l'espère sera présent tout du long de la série. Mais l'auteur démarre dans un très bon état d'esprit, c'est une certitude.

Clairement, la série réussit ainsi à déjouer les apparences. Vu l'âge des personnages, on pourrait croire au premier abord à une série comique pour otakus, avec du moe et autres détails dérangeants pour le commun des mortels. Fort heureusement, on en est trèèèèèès loin, ce qui en décevra une minorité et en rassurera beaucoup d'autres. Pas de plans culottes, pas d'ecchi, pas de malsain, juste des petites pestes qui font tourner de temps en temps en bourrique leur superviseur tout en souffrant assez de ne pas pouvoir s'adapter aux mondes des humains normaux. Leurs angoisses sont d'ailleurs bien rendues, et le personnage de Kôichi fonctionne parfaitement en harmonie avec les "Children" pour rétablir la balance, agissant comme un adulte devrait le faire, avec des actions et des phrases qui sonnent parfaitement juste.
Néanmoins, l'ambiance sait rester légère et divertissante comme il faut aussi, notamment grâce à certains running-gags et la personnalité des différents protagonistes.
Bref, loin d'être un simple shônen humoristique, et aucunement un titre aux moeurs légers comme certains sites ont pu le présenter, Zettai Karen Children s'impose davantage comme un titre complet, mêlant initiation, humour, action, psychologies des personnages et grands thèmes porteurs, et il n'est pas exagéré de dire que l'auteur part sur un "divertissement sérieux", vu les ambitions affichées.

Du côté du graphisme, comme d'habitude c'est une question de goût. Personnellement, j'aime beaucoup car efficace et clair dans les scènes d'actions, et très expressif dans les moments d'humour ou plus calme. L'auteur est un vétéran avec du métier derrière lui, et on le sent bien dans le découpage, le mouvement, les expressions, et dans sa maîtrise du graphisme.
Côté édition, on se trouve dans la bonne moyenne des éditions Kana, c'est-à-dire une bonne qualité d'impression avec peu ou pas de pages transparentes, ainsi qu'une traduction fluide et agréable de la part de Frederic Malet. Bref, rien qui ne vienne entacher le plaisir de lecture. Certains internautes sont venus reprocher le choix de couvertures de la VF par rapport à la VO, mais personnellement, je trouve la version française bien moins agressive et plus agréable dans son minimalisme. De toute façon, les goûts des puristes et leurs couleurs...

En résumé, Zettai Karen Children s'impose comme une excellente surprise. Un titre très complet, rempli de thèmes intéressants qui ne demandent qu'à être développés dans les volumes à venir, de personnages attachants et qu'on prendra plaisir à voir grandir, ainsi que d'une bonne dose d'action, d'humour et de tendresse. Il n'en faut pas plus pour dire que la série se démarque nettement des autres titres d'action à bien des égards, et notamment dans ses ambitions et dans son traitement. Une série qui nous prouve à nouveau que le genre a encore beaucoup à nous montrer si on lui laisse une chance, tout simplement.


Sorrow


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Sorrow
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs