Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 25 Juin 2020
A Enoshima, Kayo continue de joindre les deux bouts via ses deux petits boulots alimentaires dans une supérette et en tant que livreuse de journaux, même si dans l'un de ces deux emplois elle doit garder son contrôle face au comportement d'un patron quelque peu harceleur. Et en parallèle, notamment pour ne pas avoir l'impression de travailler uniquement pour subsister, elle poursuit sa tâche bénévole d'agente de probation, s'appliquant à accompagner dans leur réinsertion d'anciens détenus. Cette fois-ci, la jeune femme se retrouve chargée de s'occuper de Midori Saitô, une femme de 28 ans qui vient de purger deux années de prison pour vol et violence, et dont la gestion s'annonce d'emblée difficile: Midori démontre un tempérament assez libre, franc et fougueux qui se remarque dès ses premiers apparitions. Mais s'agit-il d'une mauvaise personne ? En conservant son souci de l'autre et ses convictions que tout le monde peut changer, Kayo pourrait vite finir par découvrir la vraie Midori. Et à partir du moment où cette dernière se mêlera des problèmes d'une collégienne du nom d'Ami Tsutsumi, l'agente de probation pourrait bien voir les rôles s'inverser quasiment, de manière inexorable...
Après un très bon premier tome qui nous plongeait efficacement dans un premier cas auto-conclusif avec à la clé une bonne découverte du travail d'agent de probation et de la personnalité de Kayo, le deuxième volume de Zenkamono semble déjà faire passer un nouveau cap à la série avec un deuxième tome semblant entamer un récit plus vaste, autour de plusieurs personnages, avec à la clé un petit côté choral très efficace. Car si une chose est sûre très rapidement ici, c'est que Midori va rendre le petit univers de Kayo bien différent, avec son lot de rencontres ou de retrouvailles, d'enrichissements, de petites interrogations sur sa fonction, et de questionnements sur son propre passé.
Il y a en premier lieu, bien sûr, le cas de la collégienne Ami, fille d'une mère extrêmement riche et travailleuse et d'un père tombé dans le chômage et l'alcoolisme, qui semble très mal vivre sa situation familiale en cachant son mal-être derrière un caractère hautain et méprisant où il traite les autres comme des moins que rien, ce qui est notamment l'occasion d'entamer la question du rapport parents/enfants et de la manière dont une éducation/enfance peu idéale peut conditionner les gens. Et à partir du cas d'Ami, cette question de l'enfance voire des parents indignes trouvera ensuite un autre point de chute à travers Midori et même Kayo, chacune des deux femmes finissant par laisser apparaître ses blessures passées, des blessures de nature un peu différentes mais les ayant toutes deux conditionnées dans leur caractère respectif. Et qui sait, peut-être même que Midori et Kayo finiront toutes deux par retrouver devant elles ces figures parentales qui les ont tant conditionnées...
Là où Kayo et Midori sont déjà adultes et ne peuvent pas changer leur enfance/adolescence où elles n'avaient personne sur qui s'appuyer, est-il trop tard pour Ami ? La jeune fille n'est encore qu'une adolescente, et ses parents pourraient peut-être éviter le pire... si tant est que la mère de la collégienne, qui semble ne penser qu'au travail et à la réussite scolaire de son enfant, soit capable de se remettre en question. Face à elle, les réaction parfois assez différentes (mais visant grosso modo le même but) de Kayo et de Midori sont alors très intéressantes, d'autant que cette dernière volerait presque la vedette à notre héroïne. Derrière son premier abord pas facile et pouvant sembler irrespectueux (ce qui s'explique forcément par l'enfance désastreuse que lui a infligée sa mère), Midori est une sacrée femme, qui n'a pas sa langue dans sa poche, qui montre un tempérament bien marqué mais pas du tout mauvais, et qui exerce un charme ainsi qu'un vrai pouvoir de fascination sur les gens. Si bien qu'alors que c'est Kayo qui est censé veiller sur elle, notre héroïne pourrait elle-même apprendre pas mal de cette femme au caractère bien différent du sien. De plus, en se présentant comme une pote d'Ami et en s'intéressant à ses problèmes à sa manière, l'ancienne détenue montre elle-même certains comportements que pourrait avoir l'agente de probation. Et il en résulte des réflexions assez pertinentes: où s'arrête la place d'une agente de probation auprès de son ex-détenu ? Doit-elle le guider, ou plutôt l'accompagner en regardant vers le même avenir ? Les détenus ayant purgé leur crime envers la société sont-ils plus ou moins louables que les gens fuyant leurs crimes et dont ces crimes échappent à la loi ?
Les qualités visuelles et narratives vues dans le tome 1 restent également présentes, bien sûr, et les auteurs ont notamment la très bonne idée d'emballer leur propos en s'appuyant sur des références littéraires bien senties à Akutagawa ou Soseki. Un aspect qui finit de rendre ce deuxième volume particulièrement bon, fin et juste tout au long de ses 250 pages. Comme espéré après le très prometteur tome 1, Zenkamono gagne encore en intérêt avec ce deuxième volume, et cela semble bien parti pour durer au vu de ce que les deux mangakas mettent en place et abordent.
Après un très bon premier tome qui nous plongeait efficacement dans un premier cas auto-conclusif avec à la clé une bonne découverte du travail d'agent de probation et de la personnalité de Kayo, le deuxième volume de Zenkamono semble déjà faire passer un nouveau cap à la série avec un deuxième tome semblant entamer un récit plus vaste, autour de plusieurs personnages, avec à la clé un petit côté choral très efficace. Car si une chose est sûre très rapidement ici, c'est que Midori va rendre le petit univers de Kayo bien différent, avec son lot de rencontres ou de retrouvailles, d'enrichissements, de petites interrogations sur sa fonction, et de questionnements sur son propre passé.
Il y a en premier lieu, bien sûr, le cas de la collégienne Ami, fille d'une mère extrêmement riche et travailleuse et d'un père tombé dans le chômage et l'alcoolisme, qui semble très mal vivre sa situation familiale en cachant son mal-être derrière un caractère hautain et méprisant où il traite les autres comme des moins que rien, ce qui est notamment l'occasion d'entamer la question du rapport parents/enfants et de la manière dont une éducation/enfance peu idéale peut conditionner les gens. Et à partir du cas d'Ami, cette question de l'enfance voire des parents indignes trouvera ensuite un autre point de chute à travers Midori et même Kayo, chacune des deux femmes finissant par laisser apparaître ses blessures passées, des blessures de nature un peu différentes mais les ayant toutes deux conditionnées dans leur caractère respectif. Et qui sait, peut-être même que Midori et Kayo finiront toutes deux par retrouver devant elles ces figures parentales qui les ont tant conditionnées...
Là où Kayo et Midori sont déjà adultes et ne peuvent pas changer leur enfance/adolescence où elles n'avaient personne sur qui s'appuyer, est-il trop tard pour Ami ? La jeune fille n'est encore qu'une adolescente, et ses parents pourraient peut-être éviter le pire... si tant est que la mère de la collégienne, qui semble ne penser qu'au travail et à la réussite scolaire de son enfant, soit capable de se remettre en question. Face à elle, les réaction parfois assez différentes (mais visant grosso modo le même but) de Kayo et de Midori sont alors très intéressantes, d'autant que cette dernière volerait presque la vedette à notre héroïne. Derrière son premier abord pas facile et pouvant sembler irrespectueux (ce qui s'explique forcément par l'enfance désastreuse que lui a infligée sa mère), Midori est une sacrée femme, qui n'a pas sa langue dans sa poche, qui montre un tempérament bien marqué mais pas du tout mauvais, et qui exerce un charme ainsi qu'un vrai pouvoir de fascination sur les gens. Si bien qu'alors que c'est Kayo qui est censé veiller sur elle, notre héroïne pourrait elle-même apprendre pas mal de cette femme au caractère bien différent du sien. De plus, en se présentant comme une pote d'Ami et en s'intéressant à ses problèmes à sa manière, l'ancienne détenue montre elle-même certains comportements que pourrait avoir l'agente de probation. Et il en résulte des réflexions assez pertinentes: où s'arrête la place d'une agente de probation auprès de son ex-détenu ? Doit-elle le guider, ou plutôt l'accompagner en regardant vers le même avenir ? Les détenus ayant purgé leur crime envers la société sont-ils plus ou moins louables que les gens fuyant leurs crimes et dont ces crimes échappent à la loi ?
Les qualités visuelles et narratives vues dans le tome 1 restent également présentes, bien sûr, et les auteurs ont notamment la très bonne idée d'emballer leur propos en s'appuyant sur des références littéraires bien senties à Akutagawa ou Soseki. Un aspect qui finit de rendre ce deuxième volume particulièrement bon, fin et juste tout au long de ses 250 pages. Comme espéré après le très prometteur tome 1, Zenkamono gagne encore en intérêt avec ce deuxième volume, et cela semble bien parti pour durer au vu de ce que les deux mangakas mettent en place et abordent.