Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 06 Décembre 2023
Nombre de fans de ce shôjo d'aventure devenu culte en rêvaient depuis des années, et Pika Edition l'a enfin fait: Yona, Princesse de l'aube a enfin droit à son édition limitée, et quelle édition ! Celle-ci, en plus de contenir le tome avec une très jolie jaquette alternative réversible, comporte surtout un recueil d'illustrations qui a été conçu exclusivement pour cette édition française. Vraiment épais puisqu'il compte pas moins de 168 pages (alors que généralement, dans ce type d'édition limitée, c'est déjà beau si on a une trentaine de pages), ce livre nous propose donc de savourer un grand nombre d'illustrations en couleurs que la mangaka Mizuho Kusanagi a eu l'occasion de concevoir à diverses occasions, depuis les débuts de sa série en 2009. Que ce soit en pleines pages ou en doubles-pages, chacune de ces illustrations est un plaisir à scruter, d'autant plus que le papier mat et assez épais permet une qualité d'impression tout à fait convaincante. Et en prime, l'éditeur n'a pas omis de préciser les sources des illustrations dans les dernières pages, même si les textes sont plutôt petits. Conçu au même format que le manga pour pouvoir être facilement exposé en bibliothèque aux côtes des volumes de la série, ce mini-artbook est doté d'une couverture cartonnée avec une illustration inédite, histoire de parfaire le côté "bel objet". Ainsi, pour un prix de 12,90€ donc seulement 4,70€ de plus que l'édition standard, il y a vraiment de quoi être ravi par ce très qualitatif et bien fourni recueil exclusif à la France, qui vient fêter dignement l'arrivée de l'oeuvre à la barre symbolique des 40 tomes. Ce qui en fait d'ailleurs, à ce jour, le deuxième plus long manga shôjo publié en France, après Skip Beat! et ses actuellement 46 volumes.
Guidé par Yona, par la puissance des quatre dragons et par la force de Hak, le Royaume de Kôka a remporté une bataille, mais certainement pas encore la guerre contre le Kai du Sud. Et ça, la dernière partie du tome précédent nous l'a bien fait sentir: pendant que la grande majorité des troupes menaient la bataille pour la province de Kin, la ville de Kûto a été infiltrée par les Dolomos, un petit groupe de redoutables assassins du Kai du Sud, envoyés par Tchagol dans un but précis: récupérer Mei Niang, et incendier le Château de Hiryû...
C'est donc sur ces enjeux intenses que s'ouvre le tome, en nous offrant une situation on ne peut plus critique pour les personnes restées à Kûto. Val a beau avoir trahi le Kai du Sud afin de protéger Mei Niang qui l'a toujours aimé, Hui-lee a beau donner le meilleur de ses grandes capacités pour combattre, Lili, Tetra et Ayura ont beau se démener pour essayer de retrouver Yeon qui a été pris en otage, et Yeon lui-même a beau prendre son courage à deux mains et vouloir prendre exemple sur Yona pour ne pas être un fardeau, la situation reste incertaine et déséquilibrée, et Mizuho Kusanagi joue même assez efficacement sur les doutes quant à la survie de certains personnages et autour de l'avenir du château, en créant un suspense qui imprègnera même la suite du tome. Mais le pire reste à venir avec l'arrivée sur place d'un personnage inattendu, que l'on n'aurait pas imaginé venir jusque-là, et qui va rapidement bouleverser de plus belle les événements, en plus d'imposer facilement toute son effrayante aura.
Autant dire que ce début de volume est particulièrement riche en intensité dramatique et en suspense, l'autrice menant vraiment bien les choses ici, jusqu'à enclencher dans la suite du volume des conséquences qui se font déjà bien sentir: en plus du suspense autour de l'état du château et de la survie des personnages s'y trouvant qui perdure en parallèle, nombre de choses se bousculent sur différents plans, entre la nouvelle phase de cette guerre qui s'enclenche, la confiance que Soo-won continue de donner à Yona, le possible pouvoir de notre héroïne, l'arrivée de renforts permettant de revoir de vieilles têtes connues avec plaisir, les possibles doutes commençant à germer chez certains généraux du Kai du Sud (comme Laan qui a été blessé par Tchagol, et Kaji qui s'inquiète pour Mei Niang au risque de s'attirer la colère du brutal souverain), et bien sûr l'enjeu plus personnel autour du sauvetage de Mei Niang.
Mizuho Kusanagi nous régale avec ce 40e opus, qui fait redécoller de plus belle nombre d'enjeux autour de la guerre contre le Kai du Sud, le tout avec un réel suspense sur plusieurs plans. Il est impressionnant de voir le niveau de qualité que la mangaka parvient à atteindre ici après tant de volumes, ce qui est une nouvelle preuve que la série est très loin de s'essouffler. Mieux, elle ne cesse de gagner en puissance depuis quelques tomes, et n'a peut-être même jamais été aussi palpitante.