Yegrina Vol.1 - Actualité manga

Yegrina Vol.1 : Critiques

Carnivorous Princess Yegrina

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 14 Juin 2011

"Un peu de respect je te prie... Je ne suis pas un clébard mais une princesse !"

Si aujourd'hui la Terre est le monde des Hommes, cela ne fut pas toujours le cas. Autrefois, les animaux en étaient les maîtres, vivant selon l'harmonie de la nature et l'équilibre de la planète. Relégués dans une dimension parallèle, leur royaume est dirigé par le Roi Chien, aidé par le conseil des 12 esprits sacrés. L'écosystème de la planète étant menacé par les activités humaines, le monarque décide d'envoyer sa fille, la Princesse Yegrina, diriger une vaste mission d'animalisation des Hommes. Son point d'entrée sur Terre n'est autre que la chambre d'un lycéen coréen, Shiknam, qui ne s'attendait pas à voir débarquer une telle créature pendant ses révisions !

C'est par ce synopsis assez loufoque que nous découvrons Yegrina, nouveau sonyun-manhwa des éditions Samji, que l'on doit au scénariste Ha Il-Kwon, lauréat en 2008 du prix des "nouveaux auteurs" de Corée. Le dessin est confié à Kim Ji-Min, débutant avec cette série mais au trait prometteur. Un héros coincé avec les filles, une jeune fille venant d'un autre monde et apparaissant dans sa chambre, totalement dénudée : Yegrina laisse à penser qu'il ne sera qu'un énième shonen sentimental avec une pointe de fantastique, reprenant l'influence de modèles comme Video Girl Ai ou Ah! My Goddess... Pourtant, le titre parvient à se démarquer très rapidement de ses pairs grâce à son dynamisme et à quelques trouvailles bien senties !

La grande force de Yegrina, c'est avant tout... Yegrina ! L'héroïne canine donnant son nom à l'œuvre impose sa personnalité grâce à son charisme débordant, qui ne laissera pas indifférent le lecteur... et pas seulement pour le fait qu'elle se promène en tenue d'Eve pendant la première moitié du volume ! Contrairement aux autres filles dociles et naïves, Yegrina n'est pas là pour se laisser faire, et dispose de toute l'arrogance d'une princesse pourrie gâtée. Son esprit s'ouvrira néanmoins très rapidement à la compassion envers la race humaine lorsqu'elle se rendra compte que les hommes ne sont pas tous aussi égoïstes que ce qu'elle imaginait... Possessive, caractérielle mais sans être insupportable, la jeune chienne est constamment au centre du récit. Pour lui donner la réplique, nous découvrons Shiknam, qui est lui aussi bien éloigné de l'image type du "jeune loser obsédé" que l'on connait. Excellant dans toutes les matières, ce lycéen de 18 ans n'est tout simplement pas intéressé par les filles, se consacrant avant tout à ses études. Cette passion se caractérisera d'ailleurs par une scène hilarante de révision particulièrement suggestive ! Mais Shiknam n'est pas non plus un sociopathe obnubilé par sa réussite. Très protecteur envers Yeonhi, sa petite sœur handicapée, il s'attachera malgré lui à cette étrangère qu'il ne pourra se résoudre à abandonner. Si la relation entre ces deux protagonistes est d'abord conflictuelle et propice à une profusion de gags et de quiproquos, on ressent déjà une certaine attirance mutuelle, d'autant que le évènements convergent à leur rassemblement dans l'adversité.

D'autres personnages truculents viendront seconder le duo, comme Shrup, l'homme-aigle exhibitionniste et atteint de calvitie ! Ainsi, malgré un canevas scénaristique relativement classique, la joie de vivre de ce petit monde réussit à rendre la lecture très agréable et à excuser les quelques facilités du récit. Pour l'heure, ce volume sert avant tout à poser les bases de l'intrigue jusqu'à l'évènement perturbateur final nous promettant une toute nouvelle direction. Yegrina découvre le monde des humains, ses rites, sa technologie, tandis que quelques informations seront distillées sur le royaume des animaux et les affaires de la famille princière. Une fois encore, l'ensemble n'est pas très surprenant, mais servi avec suffisamment de rythme pour ne pas lâcher le volume !

Du côté du dessin, le constat est un peu en deçà : Yegrina est la première série professionnelle de Kim Ji-Min, et cela se ressent sur quelques planches faites à la va-vite. On perçoit alors quelques faiblesses dans les proportions, les perspectives où l'équilibre des visages... mais on peut espérer que le dessinateur finisse par trouver ses marques au fur et à mesure. Le design des personnages est assez inégal, notamment la coiffure de Shiknam, proprement ridicule sous certains angles. Cependant, dans l'ensemble, il n'y a aucun problème de lisibilité ni de surcharge de case. Il y a en revanche beaucoup plus à redire sur l'édition de Samji : l'ouvrage, très mal relié, laisse apparaitre la séparation des feuillets, tandis que les pages, trop fines, adhèrent les unes aux autres. L'encrage a tendance à baver et l'on note de graves problèmes de moirage dans les trames. Enfin, la traduction laisse à désirer sur certains points : il existera par exemple trois écritures possibles pour le nom du frère de Yegrina dans le même volume ! On attendait un meilleur travail de la part de l'éditeur qui nous avait habitué à beaucoup mieux...

Au final, Yegrina reprend peut-être de nombreux codes classiques du shonen sentimental, mais parvient à les réadapter à sa sauce en offrant un moment de lecture particulièrement plaisant. La fraicheur et le caractère des protagonistes permet d'occulter les défauts de jeunesse des auteurs, et le récit parvient à retenir toute notre attention par sa conclusion des plus redoutables ! On s'inquiètera en revanche du rythme de parution de la série qui n'en est qu'à ses débuts dans son pays d'origine... et en espérant que Samji corrige le tir sur son édition. Mais quoiqu'il en soit, Yegrina est une des plus jolies surprises du premier semestre 2011, sans avoir la prétention de révolutionner quoi que ce soit. Vous ne pourrez pas résister au charme de cette princesse... qui a du chien !


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs