Yasha Vol.5 : Critiques

Depuis la disparition terrible de Moichi, mortellement contaminé par le virus suite aux plans de Rin, Sei est devenu plus froid que jamais: pour atteindre son frère jumeau qu'il hait désormais plus que tout, il n'hésite plus à s'entourer de tueurs et à abattre froidement ses ennemis. Dans le même temps, Kyôchirô Amamiya, en compagnie de Rin, poursuit implacablement ses plans délirants visant à un génocide digne de l'époque nazie: tout en continuant de traquer Sei dans l'espoir d'apprendre la localisation de l'introuvable journal de Smith, il tâche de se rapprocher de Sing Soo-ling, puissant homme contrôlant la diaspora chinoise du monde entier, afin de collaborer avec lui... En faveur de quel camp tournera cette situation où chacun essaie de profiter de l'autre pour arriver à ses fins ?

Ce n'est évidemment pas encore avec cet avant-dernier pavé qu'on le saura, mais une chose est sûre: ici, soigneusement, Akimi Yoshida continue de mener efficacement son récit, au gré de nouvelles péripéties au bout desquelles les deux camps ennemis d'Amamiya et de Sei sont voués à se rapprocher toujours plus pour mieux se confronter, ce qui donne notamment lieux à quelques petits moments d'action tendus. Mais si le récit reste si prenant, c'est avant tout grâce à la complexité qui s'en dégage tout en restant limpide à souhait. Complexité dans les à-côté avec lesquels doivent composer les deux camps, notamment via la collaboration de plus en plus difficile entre Kyôchirô et l'Etat (ce dernier ne voyant aucunement d'un bon oeil la possibilité qu'Amamiya contrôle les deux frères jumeaux et émettant alors le désir d'abattre tout bonnement Sei) et, surtout, le cas ambigu de Sing Soo-ling, un homme qui n'est sans doute pas dupe face aux manigances de Kyôchirô et qui a vraisemblablement ses propres ambitions. Et complexité dans les liens entre les personnages qui, toujours, sont une part essentielle de l'oeuvre. On pense à des choses simples comme l'attirance de Ru-mei pour Ken, les regrets passés de Ken vis-à-vis de sa petite soeur Naoko, ou le désir de Toichi de garder confiance en Sei comme le lui a demandé Moichi. Mais aussi à des liens plus ambivalents comme ceux unissant Takeru et Rin ou le souvenir de Hisako qui continue de hanter Kyôchirô de façon malsaine. Et, surtout, au "lien des jumeaux" reliant indéfectiblement les frères ennemis Sei et Rin, avec beaucoup de choses à la clé: alors que certains sont convaincus que les deux frères ont le droit de se venger de la race humaine qui a fait d'eux ce qu'ils sont et qui les traite comme des monstres ou des cobayes, Sei reste encore attaché à sa part d'humanité grâce à des gens précieux comme l'oncle Taka et Toichi, alors que Rin semble décidément beaucoup plus sombre... Qu'a bien pu subir ce dernier de si marquant et terrible au point d'être devenu si sombre ? Comment est-il devenu un "oni" ? L'heure sera enfin venue pour Sei, grâce à la connexion des jumeaux, de le découvrir un peu plus, de cerner les origines de la noirceur de l'âme de Rin ainsi que la profonde douleur en lui. Mais cela suffira-t-il a changé le lien de haine qui existe entre les deux frères ?

Dans l'ensemble, Yasha reste alors toujours aussi captivant avec ce cinquième et avant-dernier pavé. Il n'y a plus qu'à se plonger dans la dernier tome pour enfin découvrir l'issue de ce complexe récit à suspense.