Wolfsmund Vol.1 - Actualité manga

Wolfsmund Vol.1 : Critiques

Ôkami no Kuchi - Wolfsmund

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 23 Avril 2012

Critique 1


« Un jour viendra où, à force d’avoir trop souffert, le peuple se soulèvera et renversera tous ces tyrans ! »

Au quatorzième siècle en Suisse, le Duc Léopold Ier d’Autriche dirige son Etat d’une main de fer. Il ne reconnait pas l’autonomie des cantons Uri, Unterwald et Schwytz, membres de la confédération des trois cantons, qui se rebellent en représailles. Il réprime dans le sang quiconque lui tient tête ainsi que les membres de la famille du révolté. La passe du Saint-Gothard est un emplacement stratégique alpin qui permet aux persécutés de fuir le pays pour se réfugier en Italie. Surnommée Wolfsmund, la Gueule du Loup, elle est contrôlée par Wolfsram, un magistrat aux ordres du Duc d’Autriche, chargé de filtrer les passages et d’éliminer les criminels politiques. On dit de lui qui peut lire dans le cœur des gens sans jamais se tromper, et dès qu’il met la main sur un fuyard, il l’exécute et l’expose sur la place publique, c’est pourquoi cet endroit inspire autant la terreur.

Avec Wolfsmund, Mitsuhisa Kuji, ancien assistant de Kentarô Miura, nous offre sa première série et se veut déjà ambitieux. En effet, une histoire de ce type demande beaucoup de documentation. Il est aussi nécessaire d’aller au-delà d’un simple récit historique et savoir jouer avec les émotions du lecteur. Il est un peu tôt pour savoir si l’on tient là une future grande épopée médiévale, mais avec ce tome introductif, on a toutes les raisons d’y croire.

En effet, il ne s’agit pour l’instant que d’une introduction. Trois chapitres, trois duos de personnages qui doivent affronter la terrible épreuve de la passe du Saint-Gothard. Le premier couple de personnages est composé de Liese, la fille d’un chef rebelle exécuté qui doit fuir pour ne pas être exécutée à son tour et de Georg, un chevalier aux ordres de ce chef rebelle. Le second duo est constitué de Klaus, une tête pensante du canton d’Uri et de Johanna, une experte en combat qui veille sur lui. Klaus souhaite transmettre un sceau de l’autre côté de la frontière. Guillaume Tell et son fils Walter forment le dernier duo de ce tome. Tous deux souhaitent passer la frontière pour rejoindre leurs compagnons d’armes.

Deux autres personnages marquent encore plus profondément l’intrigue, puisqu’ils sont présents dans tous les chapitres : la tenancière d’une auberge de la passe et l’amman Wolfsram. La tenancière assiste impuissante à toutes les exécutions et incarne la pensée révolutionnaire et la tension ambiante. A l’opposée, Wolfsram est un être qui inspire la peur. Sous son sourire angélique, personne ne semble pouvoir le tromper, et il prend un malin plaisir à exposer les corps des rebelles sur la place publique. Ces deux personnages ne sont pour l’instant pas très développés mais ils sont déjà très appréciables aux yeux du lecteur, car ils possèdent déjà des caractères très marqués et aident à cerner le contexte et les enjeux de la série.

Ce qui caractérise à ce stade la série, c’est le ton qu’elle aborde pour évoquer des sujets historiques dramatiques. Tout est en retenu. Les personnages pleurent évidemment la mort des personnes qui leur sont chers, mais pourtant, il n’y a pas de déversement de rage comme dans certaines autres séries. C’est surprenant dans un premier temps, car certaines scènes sont extrêmement violentes physiquement et moralement, l’amman ne laissant aucune chance à ses victimes. Par exemple, une exécution secondaire dans l’intrigue, à titre illustratif de cette cruauté, consiste en ce que le fils d’un rebelle maintienne le poids de son père sur ses épaules, sinon celui-ci se retrouve pendu. La scène est extrêmement dure et pourtant, l’auteur reste sur un ton plutôt sobre, le fils restant simplement choqué de voir son père pendu. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Tout dépend des sensibilités du lecteur. L’un trouvera l’intrigue trop neutre, un autre pourra y percevoir une tension électrique dans l’ambiance qui menace d’exploser, à l’image de la colère des rebelles.

Là où le jeune auteur a concrètement bien travaillé, c’est d’une part sur la retranscription du contexte historique, où l’immersion en Europe médiévale est complète sur tous les plans ; et d’autre part sur la narration de son intrigue. Il a réussi à instaurer un petit cliffhanger après un cycle d’histoires similaires. En effet, chaque chapitre aboutit à la même finalité. Lors de la lecture du troisième chapitre, on s’apprête à voir la même chose, mais Kuji préfère finir différemment et offre en même temps une ouverture sur ce qui sera probablement la vraie intrigue de Wolfsmund.

Graphiquement, Kuji manque peut-être encore d’identité stylistique, les décors manquent de détails, les vêtements des personnages sont relativement simples. Malgré tout, il ressort des planches une certaine beauté, due à un effet plume. Il a aussi étrangement opté pour un découpage carré des cases, aucune case n’est de biais. On pourrait croire qu’il y perd en dynamisme, c’est à moitié vrai. Il compense par son aptitude à très bien dessiner les mouvements des personnages.

L'édition de Ki-oon est irréprochable, comme d'habitude : papier et impression de qualité, traduction impeccable par rapport au contexte, ni trop maniérée ni trop "moderne".

Ce premier tome de Wolfsmund est un petit succès. Kuji montre déjà une certaine maîtrise de son histoire, de sa narration et de sa capacité à créer des personnages attachants. On s’attend à présent à l’envolée de son intrigue, et on peut bien y croire !


Raimaru




Critique 2


Il aura fait du bruit avant d’arriver chez nous ce titre ! Comme souvent pour les nouveautés Ki-oon me direz vous, avec un éditeur qui met en avant ses séries comme elles le méritent, mais pas uniquement pour ça !
Une des raisons de l’attente vient du fait qu’il s’agit là de la première série d’un ancien assistant de Kentaro Miura, l’auteur de Berserk…et quand on connaît le statut d’œuvre culte que possède cette dernière, on ne peut qu’espérer que l’élève suive la voie du maître. La deuxième raison est qu’il s’agit d’un titre historique nous plongeant dans une ambiance médiévale en plein cœur de l’Europe…c’est assez rare pour être signalé ! Quand on parle de récit historique, on pense forcément à Vinland Saga, mais pour l’heure, malgré la violence des deux séries, la comparaison s’arrête là !

Nous sommes au 14e siècle, en Suisse, en pleine guerre civile : le Duc D’Autriche écrase une rébellion par la violence et empêche le peuple de quitter le pays pour se réfugier en Italie. Le seul passage se trouve être un col en plein milieu des Alpes, la passe de Saint-Gothard gardé par un fou au visage souriant, le redoutable Wolfsram, qui se délecte à supplicier ses victimes. On dit de lui que rien ne lui échappe. De par la terreur qu’inspire cette forteresse, elle a été baptisée « la gueule du loup »…Wolfsmund !

Comme toute série de ce genre, l’auteur se base sur un fond de faits réels et sur une documentation sérieuse, ce qui immerge d’autant plus le lecteur, pour autant, les aspects dramatique et narratif ne sont pas oubliés.
On reconnaît la patte du maître Miura dés les premières images : cette série sera violente, dure et cruelle, comme l’est Berserk. La série s’ouvre sur une décapitation violente et implacable qui donne le ton d’entrée de jeu.
Ensuite on découvre un couple, une princesse dont le père a été exécuté et son chevalier chargé de la protéger… Ces derniers veulent passer la frontière et doivent traverser Wolfsmund. Tient-on là nos héros ? Pas du tout ! A l’issue de ce premier chapitre ces deux personnages sont exécutés sans vergogne par le terrible Wolfsram ! Premier grand choc de la série ! On pensait tenir là les personnages principaux il n’en sera rien, et c’est pour le moins bluffant !
Chapitre suivant, idem, et il en sera de même pour le troisième !
On finit par se demander quel est l’intérêt de tout cela, si ce n’est s’attarder sur la cruauté de Wolfsram…mais en fin de tome l’auteur ouvre une porte pour la suite…enfin la véritable intrigue va commencer !
Seuls dénominateurs communs à ces trois récits : le terrible Wolfsram qui jouera à n’en pas douter un rôle clé et la tenancière de la taverne où tous les couples de personnages se sont arrêtés. Elle ne joue pour le moment qu’un rôle d’observatrice, mais elle semble être la personnification de la rébellion. Sa place sur la quatrième de couverture atteste de son importance.

On note l’apparition d’un personnage illustre dans le troisième récit : Guillaume Tell, figure emblématique de cette époque, introduit de façon remarquable dans la série. Il sera à n’en pas douter l’âme de la révolte, et l’utilisation qu’en fait l’auteur surprend une fois de plus mais au final apparaît comme un coup de génie.

Cette série s’annonce donc vraiment violente, mais également terriblement intense. Pour le moment tout va très vite, même si on ne sait pas encore trop où on va, mais le rythme est terriblement soutenu et accroche immédiatement. Bien entendu il faut savoir à quoi s’attendre, le sang coule à flot, et certaine scène sont vraiment cruelles, à l’image de celle qui ne peut être qu’inspirer de « Il était une fois dans l’ouest » où un garçon porte son père sur les épaules pour lui éviter la pendaison. C’est dur, mais saisissant !

Graphiquement le trait de l’auteur est assez spécial, il est à mille lieux de celui de Kentaro Miura, alors que l’on aurait pu s’attendre à des similitudes, il n’en est rien. Au contraire, le trait apparaît presque vieillot, les personnages notamment. On pense parfois à Go Nagai ou dans une moindre mesure à Shingo Araki. Les décors apparaissent pauvres et peu détaillés, carrés même. A ce niveau c’est assez spécial. La mise ne page n’arrange rien puisque celle ci tient dans des cases tout ce qu’il y a de plus rigides, carrés ou rectangulaires, c’est sobre mais manquant cruellement de dynamisme.
Mais il serait dommage de s’arrêter à cela ! L’éditeur de son coté, fait une nouvelle fois un travail remarquable, et pas uniquement sur la communication.

Nous avons là un premier tome plus qu’intrigant, qui est largement prometteur pour la suite et qui nous promet une belle aventure !


erkael


Critique 3


Après le grand Ubel Blatt et le retour de l’heroïc fantasy avec le récent The Arms Peddler, Ki-oon revient en force dans son fer de lance avec titre au contexte médiéval plutôt penché « heroïc » que « fantasy ».
Se passant dans la Suisse du XIVe siècle, nous avons là une série avec des chevaliers en armure, genre assez peu exploité dont les mangas traitant le sujet se comptent sur les doigts de la main.

Wolfsmund, c’est un ensemble d’histoires concernant des clandestins cherchant à traverser le col du loup, cependant pour ceci il faut passer devant la forteresse de Saint-Gothard où règne un seigneur tyrannique Wolfram qui s’occupe de faire passer les gens ou non. Manque de bol, celui-ci a le fâcheux don de percer les différentes tactiques des clandestins qui cherchent à quitter leur pays. Malheureusement, le sort de ces hommes et femmes est souvent injuste et barbare…

Comme dit précédemment, il est bien rare de voir arriver en France des titres à l’ambiance médiévale. Parmi ceux-ci, nous pouvons compter Guin Saga mais aussi et surtout Berserk, et là, surprise : on nous apprend via le dos de la jaquette que l’auteur de Wolsmund n’est autre qu’un ancien assistant de Kentaro Miura, auteur de cette dernière série ! Il n’est donc pas surprenant de croiser ainsi moult épées, cavaliers ou encore châteaux ! Mitsuhisa Kuji nous offre un récit totalement réaliste où aucun être enchanté ne vient se joindre aux héros ainsi qu’aucune magie ne vient les aider à se battre. Là où l’on peut d’ailleurs féliciter l’auteur est sur le fait que la réalisation du manga a du demander beaucoup de recherches pour obtenir un réalisme parfait dans le récit, autant sur l’aspect graphique que scénaristique. Ainsi nous retrouvons les anciens noms des pays de l’Europe de l’Est ainsi que des prénoms archaïques datant de cette époque.

L’originalité de la série est aussi sur le fait que chaque chapitre corresponde à l’histoire d’un duo de personnes, rien ne lie les personnages entre eux sauf ce fameux col du loup à traverser ainsi que 2 personnages : Wolfmar et la tenancière d’une auberge. Bien que le premier personnage ne soit pas encore assez développé (il a encore trop un aspect « grand méchant qui arrive au mauvais moment ») et que le second n’ait jamais un rôle capital dans les 3 histoires, on peut déjà penser qu’un fil conducteur va s’installer rapidement, la fin du tome nous confirme par ailleurs cette idée. Les 3 duos de personnages sont d’ailleurs aussi plutôt intéressants : on commence avec la fille d’un chef rebelle et son fidèle serviteur qui vont devoir trouver un stratagème pour que la fille ne soit pas reconnue ; on enchaîne avec Johanna et Klaus dont la première est une grande combattante qui va se faire passer pour une vielle dame afin de duper les gardes, et on termine avec Guillaume et Walter qui vont tenter de traverser la frontière en faisant une ascension sur les Alpes.

Au niveau de la réalisation, on voit que l’auteur est encore à ses débuts sur certains aspects : les décors sont encore un peu trop vides et surtout trop carrés, les vêtements sont un peu trop simples et manquent de réalisme et enfin le sang a un aspect très arrondi vraiment étrange…
Les personnages manquent encore un peu d’expressions sur le visage éventuellement. Concernant le découpage, toutes les cases sont rectangulaires et aucune n’est coupée en biais : on pourrait se dire que le dynamisme en perd un coup, et bien non car l’auteur se rattrape plutôt bien sur les scènes de combat fluides où les mouvements eux sont dynamiques.

Enfin, l’édition de Ki-oon est comme d’habitude de très bonne qualité : papier plus que satisfaisant, bonne traduction et impression correcte.
Bref, Wolfsmund est donc une agréable surprise où l’aspect médiéval ressort bien, espérons seulement qu’un fil conducteur va bien s’installer au fil des tomes. Les mangas de ce genre sont rares, donc n’hésitez pas !


Kiraa7


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7

16 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs