Walking Cat Vol.1 - Actualité manga
Walking Cat Vol.1 - Manga

Walking Cat Vol.1 : Critiques

Walking Cat

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 24 Novembre 2020

Chronique 2 :

Les mangas félins sont constituent une tendance tenace depuis des années, et les récits de zombie aussi, entre autre grâce au succès de la série télévisée The Walking Dead. Alors, pourquoi ne pas marier les deux genres ? C'est sans doute suite à cette réflexion que les éditions Kana ont craqué pour Walking Cat, un manga de Tomo Kitaoka qui fut prépublié entre 2018 et 2020 dans la revue seinen Manga Action des éditions Futabasha, pour un total de trois volumes. Une courte série donc, qui a de quoi suscité une certaine curiosité chez les amateurs de matous et les fans du genre zombie, l'un n'étant pas contradictoire avec l'autre, loin de là !

Depuis peu, les morts-vivants se sont mis à déferler sur le monde, réduisant celui-ci à l'état de cité apocalyptique. Dans ce contexte, Jin Yahiro est un jeune adulte qui n'a qu'une obsession : Retrouver Satoko, son épouse. Loin d'être effrayé par sa quête, celui-ci progresse à travers le Japon, en se débarrassant des zombies sur sa route à coup de pioches dans le crane, et autres coups fatals pour les créaturs délabrées. Mais voilà que le destin met une petite créature sur le chemin de notre héros : Yuki, un matou blanc bien vaillant, que Jin sauve des griffe des revenants. Dès lors, ce n'est plus seul qu'il parcourt le pays, mais aux côtés de ce compagnon dont la présence se fera réconfortante.

Le manga de chat est un genre qui peut facilement tourner en rond, aussi il incombe aux mangakas voulant s'y confronter d'avoir l'imagination nécessaire pour proposer un récit qui sort du lot. Parmi les exemples français récents, impossible de ne pas évoquer Nyankees, habile mélange de minets et de baston entre racailles, ou encore Avec Toi, œuvre dans laquelle le chat est un vecteur temporel et d'attachement dans un foyer fissuré par plusieurs drames familiaux. Ainsi, la formule proposée par Tomo Kitaoka dans Walking Cat pouvait s'avérer alléchante, selon l'optique abordée par l’œuvre.

Car quand on parle de chat, on pense immédiatement à des créatures mignonnes et attachantes, traitées sous cet angle par bien des titres. Alors, quel juste milieu adopter dans un manga de zombie, qui doit aussi laisser une certaine place à l'horreur ? Ici, le mangaka propose une bonne idée, à savoir l'aventure de Jin qui prendra une allure particulière après sa rencontre avec Yuki. Puisqu'en plus des morts vivants à planter et à décapiter, voilà que le héros se retrouve avec un matou entre les bras. Ce premier tome délaisse donc la dimension horrifique qu'on pouvait lui prêter, pour davantage s'orienter vers la tranche-de-vie avec quelques pointes récurrentes de légèreté, dès qu'il s'agit de présenter Yuki qui vogue à ses activités félines. Pourtant, un fil rouge nourrit l'intrigue, celui de la recherche de la femme du héros, justifiant un grand voyage à travers le Japon pour les deux compagnons.

Alors, le zombie n'est quasiment pas une menace dans ce premier opus. Certes, la vigilance est toujours de rigueur pour nos deux héros, mais l'enjeu principal vient de la bonne survie des deux compères et des potentiels indices qu'ils pourront trouver, à proposer de Satoko, la femme du héros. La quête n'est d'ailleurs pas la plus complexe qui soit puisque l'intrigue progressera à coup de petites facilités, Jin et Yuki trouvant la bonne personne au bon moment, afin de dégoter rapidement les indices nécessaires pour trouver les traces de l'épouse. Un mal pour un bien, puisqu'il semblerait que ce premier tome constitue un premier arc narratif. C'est en tout cas ce que laisse penser la toute fin de l'opus, étonnante d'ailleurs, sur laquelle nous allons revenir.

Si cet ensemble peut paraître un poil léger, il y a pourtant quelque chose que l'auteur fait très bien à travers ce premier volume : Aborder la question du félin et de notre rapport à lui, dans un contexte où prime la survie. Yuki est un chat rendu très attachant, et à juste titre puisque l'idée est de le présenter comme un bon compagnon, afin de mieux nous bousculer quand le récit imposera quelques questionnements lourds de sens. Car si on choie nos petites boules de poil dans la vie de tous les jours, quelle place leur donner dans un contexte de fin du monde ? A plusieurs instants, plus graves, le scénario s'intéresse à cette opposition pertinente, qui tranche alors avec la vision simpliste du chat comme grosse boule à câlins. Les comportements de Jin et d'autres personnages sont des approches différentes du sujet, jamais vouées à être critiquées, quand bien même certaines choqueraient les amateurs de félins et défenseurs engagés des animaux. Le final du volume intervient parfaitement dans cette optique : Notre attachement au chat est piqué au vif, et l'issue en devient tragique... Mais pas comme aurait pu le penser. La conclusion de ce premier opus est douce-amère, surprenante même, ce qui nous laisse dans une incertitude vis à vis des deux opus suivants.

Concernant le dessin de Tomo Kitaoka, celui-ci fait la bonne jonction entre les deux optiques du titre. Bien que ses zombies paraissent parfois un peu lisse et ne seront pas les plus terrifiants et écœurants dépeints dans un manga, le rendu est juste ce qu'il faut pour rendre crédible la menace qu'ils représentent. Un point d'honneur a davantage été mis sur la représentation des matous, plus précises afin de toujours faire du chat une figure douillette qu'on voudrait voir sauve en toute circonstance. Et au-delà de ces aspects, le travail sur les environnement, très épuré, donne souvent une sensation déserte au récit, ce qui renforce sa dimension post-apocalyptique et la mélancolie qu'il se dégage à plusieurs reprises dans celui-ci. Visuellement, la patte présentée est aussi agréable que pertinente, aussi on espère déjà que Walking Cat ne sera pas le seul titre de Tomo Kitaoka proposé chez nous.

Si la formule du manga pouvait paraître facile à première vue, ce premier tome de Walking Cat demeure finalement une petite réussite dans son genre, ce grâce à son équilibre correct entre le manga de chat et celui de zombies, ses ambiances tantôt légère, tantôt intimiste, et sa réflexion sur la figure féline en tant que compagnon, dans un climat qui nous ramènerait à nos plus bas instincts. Un bon manga de matous plus qu'un bon manga de zombies, assurément, mais qui propose une petite originalité.

Côté édition, Kana nous offre un format plutôt fin, garni d'un papier de bonne qualité, pour une copie pour laquelle on ne fera pas spécialement de reproches. La traduction est assurée par Pascale Simon qui livre un texte cohérent et pertinent vis à vis de l'ambiance dégagée dans ce premier tome.


Chronique 1 :

Tout commence alors que le monde est déjà en proie à une menace qui prolifère: des zombies, s'attaquant sans relâche aux êtres vivants qu'ils croisent, humains comme animaux, pour les dévorer ou les contaminer à leur tour. Un homme, Jin Yahiro, erre là, en n'ayant aucune idée de comment cette vision d'apocalypse a pu commencer, mais en ayant un but clair: retrouver la trace de sa femme, Satoko. Pour cela, il pourra bientôt compter sur un précieux partenaire de voyage: Yuki, un... chat. Après avoir sauvé ce matou qui allait se faire choper par les zombies en coursant un rat, et reçu l'"approbation" des maîtres du félin, voici Yuki embarqué de lui-même dans le cas de Jin, pour qui il deviendra sans doute un compagnon essentiel...

Si les mangas et plus généralement les fictions de zombies sont légion, le discret (difficile de trouver des infos sur lui) mangaka Tomo Kitaoka propose avec Walking Cat (le nom veut tout dire), série en 3 tomes publiée en 2018-2019 dans le magazine Manga Action de Futabasha, sa propre idée de la chose en faisant d'un simple félin un élément essentiel.

Ici, on suit donc le périple de Jin pour retrouver la trace de son épouse dans un univers infesté de zombies, et... c'est tout. Sur le plan scénaristique en lui-même, l'auteur se contente ici vraiment du strict minimum, sans donner d'explications sur le pourquoi du comment de cette invasion zombie (de toute façon, comment notre héros, simple civil, pourrait-il lui-me^me savoir quoi que ce soit ?), et en se limitant à quelques étapes/rencontres assez classiques du genre: quand il ne s'agit pas d'échapper aux zombies, le jeune homme fait des rencontres plus ou moins amicales, entre un scientifique à même de lui donner une piste, ou une bande de gosses prêts à tout pour survivre, y compris à cuisiner tous types d'animaux... On devine quand même une menace de grande ampleur et un monde qui a sombré, quand bien même le danger ne se ressent pas toujours. Mais l'univers global peut sembler assez lisse, peut-être trop calme voire un brin soporifique sur certains chapitres (heureusement, les chapitres étant courts, ce sentiment ne dure jamais longtemps)... et il y a fort à parier que c'est un choix volontaire du mangaka, celui-ci se focalisant clairement sur tout autre chose.

Car le chat n'est pas là juste pour faire beau, et sera un véritable compagnon d'infortune pour Jin. Presque omniprésent dans les planches (que ce soit au premier plan ou en fond), il peut être tantôt câlin, tantôt plus "agressif" en filant des coups de patte à l'homme quand il n'a pas envie d'être papouillé, mais également plus d'une fois amusant quand il miaule avec en train ou de façon blasée ou qu'il se met à faire un peu n'importe quoi, par exemple course un papillon au second plan pendant qu'un moment sérieux a lieu au premier plan. Parfois sociable parfois indépendant, n'en faisant souvent un peu qu'à sa tête, se mettant parfois dans des situations délicate, Yuki est, en somme, un authentique chat tel qu'on les connaît, et on sent alors que Tomo Kitaoka aime son félin dans sa manière de le dépeindre !

Mais au-delà de ça, Yuki est surtout un compagnon essentiel. Pour Jin bien sûr, car il est un peu la présence lui évitant de perdre pied. Mais aussi pour le lecteur car, au bout d'un tome dont on a déjà dit qu'il est très classique scénaristiquement, le mangaka finit enfin par surprendre et nous prendre un peu au dépourvu dans les dernières pages, où l'on comprend alors que Yuki sera un véritable liant dans un scénario en plusieurs parties. Et dans la mesure où on a pu un minimum s'attacher au duo principal dans ce tome 1 en suivant leurs petites pérégrinations et leur relation, ce retournement de situation fonctionne plutôt bien.

Visuellement, ne vous attendez pas à du récit de zombies crade comme on en a l'habitude: il y a bien quelques instants un peu sanglants et malsains, mais dans l'ensemble le dessin de Kitaoka se veut surtout clair et propre, avec même une certaine domination du blanc. Classique, le découpage profite néanmoins d'une grande fluidité rendant la lecture très facile. Les décors réalistes sont bien présents quand il le faut tout en tendant parfois à l'épure, les zombies ont un design crédible même s'ils ne sont jamais au premier plan... et pour cause, car ce sont bien ses héros humains et félins que le dessinateur place avant tout au premier plan. Et dans ces designs là aussi, il s'en sort efficacement: Yuki est plus vrai que nature dans tous ses comportements, tandis que Jin et les autres humains ont droit à des designs assez réalistes, fin, finement tramés, avec parfois des expressions faciales du plus bel effet.

Périple d'un chat et d'humains dans un monde en proie au chaos, Walking Cat suit, dans ce premier tome, un déroulement classique, mais pimenté par l'irrésistible félin, et rendu un peu original par le ton qu'adopte le mangaka, le tout jusqu'à des dernières pages qui parviennent à faire leur effet. La série devrait aller en se bonifiant, et étant donné qu'elle est courte on la suivre avec plaisir.

L'édition française est soignée, typique de la collection Big Kana avec un format seinen au papier souple et à l'impression correcte. La traduction de Pascale Simon est simple et colle bien au récit, tandis que les choix de police sont convaincants.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs