Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 24 Décembre 2024
Peu de temps après la publication, en juin dernier, du Fauve des nuées qui fut notre Coup de coeur à l'époque, les éditions Mahô ont proposé de découvrir en librairies, début juillet, un autre one-shot animalier venu tout droit de Taïwan: Volatiles en péril, ouvrage de plus de 210 pages que l'autrice Lonlon a commencé à concevoir à partir de 2019 pour Dyna Books et Gaia, et qui a été récompensé en 2020 par le titre de BD de l’année au Golden Comics Award.
Contrairement au Fauve des nuées qui entremêlait avec force message de protection de l'environnement, Histoire de Taïwan et éléments de mythes et de folklore, Volatiles en péril se présente comme un ouvrage au format manga purement pédagogique et animalier, en se centrant, comme son nom l'indique, sur le travail de l'institut des oiseaux sauvages de Taipei et de ses collaborateurs (parc naturel, etc) pour soigner les oiseaux sauvages blessés, dont le sauvetage est parfois un véritable défi pour les médecins, les soigneurs, les autres employés et les bénévoles.
Chacun des quatre chapitres de longueurs variables se centre plus ou moins sur des personnages différents, généralement des bénévoles déjà assez expérimentés ou se lançant tout juste dans ce bénévolat dont ils ont tout à découvrir après s'être soigneusement formés, l'autrice ayant eu la bonne idée de proposer des portraits de personnages suffisamment différents pour que chaque lecteur puisse facilement s'identifier, y compris les enfants.
En s'appuyant sur des histoires vraies et sur une documentation précise faite de nombreux témoignages (ce qui aboutit même, entre les chapitres, à de longues interviews d'acteurs taïwanais essentiels de la protection des oiseaux sauvages), Lonlon offre des cas suffisamment différents qui, à chaque fois, permettent de faire découvrir plusieurs espèces d'oiseaux dont certaines sont typiques de l'Est asiatique voire de Taïwan (le dépliant en couleurs en début de tome offrant un bon récapitulatif là-dessus), et surtout d'apporter une certaine initiation à la façon dont il faut s'occuper des oiseaux blessés et à ce qu'il faut éviter de faire (par exemple, éviter de trop "apprivoiser" ces oiseaux qui doivent rester libres et sauvages). Au fil des cas, l'autrice a surtout le mérite de souligner les possibles difficultés de ce travail (par exemple, il y a toujours un gros pincement au coeur en voyant un animal dont on s'est beaucoup occupé ne pas s'en sortir, ou à l'idée de ne pas savoir comment s'en sortiront ceux qui sont relâchés une fois soignés), et a le don de bien cristalliser l'importance de bien cerner des choses comme les besoins nutritifs des différents oiseaux ainsi que la signification de leurs différents comportement, entre autres choses. Tout ceci permet aussi de souligner la valeur de ces vies, Lonlon trouvant même quelques tournures de phrases assez jolies pour souligner avec philosophie cette essentialité.
Côté dessin, enfin, l'ensemble se veut avant tout didactique, clair et touchant. Comme en attestent les designs humains plutôt basiques voire un peu inégaux, ainsi que les dessins des oiseaux qui sont toujours crédibles sans se vouloir ultra détaillés, Lonlon vise l'efficacité pour que le rendu visuel accompagne soigneusement le propos, et ça fonctionne très bien: le style plutôt passe-partout peut plaire à n'importe qui et toucher tout le monde.
A l'arrivée, Volatiles en péril est assurément une jolie lecture. Purement éducative et didactique, l'oeuvre a de quoi faire découvrir beaucoup de choses à tout un public, jeune comme moins jeune, autour des oiseaux sauvages et de toutes les exigences nécessaires à leur soin, pour une sensibilisation plus que nécessaire à un aspect précis de la protection de la nature et de l'environnement.
Qui plus est, si l'on excepte une erreur dans le très beau dépliant en couleurs (le texte de présentation de la caille du japon a été mis en doublon à la place du texte normalement consacré à la tourterelle tigrine), l'édition française est satisfaisante, avec quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, un papier épais et assez peu transparent, une impression de qualité correcte, une traduction très appliquée d'Emilie Gervaise, et un lettrage convaincant de la part de Séverine Jamet et Alexia Dupont.