Virgin Dog Revolution Vol.1 - Actualité manga
Virgin Dog Revolution Vol.1 - Manga

Virgin Dog Revolution Vol.1 : Critiques

Kakumei Senshi Inudô Sadao

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 19 Décembre 2016

Critique 2

Toujours friand de développer sa collection WTF ?!, Akata s’est récemment tourné vers Virgin Dog Revolution, un diptyque que l’on doit à Shôhei Sasaki, auteur à l’œuvre peu prolifique et surtout composé de courts titres. Virgin Dog Revolution, aka Kakumei Senshi Inudô Sadao, est à l’origine un titre prépublié dans le Young Magazine de l’éditeur Kôdansha, cette même revue qui a édité Akira et qui propose actuellement Prison School, pour ne citer que lui. Avec ce nouveau titre complètement farfelu dans sa formule, Akata se tourne cette fois vers des thématiques écologiques, mais est-ce que le premier tome du délire de Shôhei Sasaki vaut le coup ?

Le genre humain domine la planète, ce qui n’est pas forcément du goût de Sadao Inudô, homme-chien chevauchant son fidèle ami Friender, un doberman géant. Mais le comportement de Sadao est très violent, aussi ce dernier envahit un studio de télévision pour déclarer au monde entier que la fin de l’espèce humaine est proche, envoûtant par la même occasion les différents animaux sauvages afin que ces derniers tuent le plus d’humains possible. Yuri Honda, présentatrice de la fameuse antenne télévisée, et Yûji Nakao, son petit-ami, reconnaissent bien leur ancien camarade de classe sous les traits de l’homme bestial. Aussi la tâche leur incombe de l’arrêter, mais qu’a-t-il bien pu arriver à Sadao ?!

Avec ce concept d’homme-chien à l’esthétique improbable, avide de vengeance sur le genre humain, Shôhei Sasaki promettait une œuvre au ton particulier, violent, mais pourvu d’un côté improbable. Mais aussi, par son synopsis, Virgin Dog Revolution semblait s’orienter vers un message écologique en dénonçant notamment les dérives de l’espèce humaine sur l’environnement. Et c’est en effet tout ce que laisse présager le début du volume qui insiste sur les actions de Sadao au nom d’une idéologie qui prône les bienfaits pour la planète et en ce sens, on se surprend même à prendre le parti de l’homme-chien. Mais il ne faudra pas vraiment chercher plus loin du côté du procès écologique, car la thématique s’arrête ici, laissant place à d’autres orientations pour ce premier volume, et plus particulièrement sur les motifs de Sadao Inudô. Virgin Dog Revolution, du moins sur ce premier volume, s’impose alors comme un défouloir volontairement exagéré à propos de la revanche d’un individu déphasé et abandonné par la société. Classique, mais il n’en faut pas plus au titre pour se donner des airs de nanar en multipliant les ficelles grotesques qui rendent la lecture volontairement ridicule à chaque instant, et de plus en plus à chaque rebondissement. Voyez donc le mélange savoureux de ce premier opus : de la violence à tout va, quelques plans coquins ci et là, un homme-chien qui se ballade la nouille à l’air en permanence, et un héros qui va endosser l’identité de… Chihuahua Mask pour arrêter le fléau de l’humanité, le tout sur fond de demoiselle en détresse et d’histoire teintée de drame sentimental et de pouvoirs surnaturels. Pour peu qu’on adhère à la formule (à prendre au trente-sixième degré, bien sûr), ce premier tome s’avère globalement très efficace. Il faut dire aussi que le coup de crayon de Shôhei Sasaki joue énormément, l’auteur accomplissant par son trait tout ce que le récit cherche à prouver. La violence est donc visuelle et l’esthétique globale volontairement ridicule, surtout en ce qui concerne le design de Sadao et celui de Yûji en toute fin de volume.

On sent aussi chez l’auteur une volonté de ne pas rendre les personnages lisses, tous étant particulièrement grotesques visuellement. Et si on voulait parler d’un message sincère de ce premier tome, c’est bien là-dessus qu’il faudrait s’appuyer puisque le mangaka cherche ici à dépeindre une humanité qui ne serait pas tellement à sauver. Les quelques portraits, souvent dressés rapidement, parlent alors bien à la place de l’auteur quant à sa vision du genre humain, fait de personnes individualistes et matérialistes dans la plupart des cas. Oui, le message est extrêmement simpliste et ne va pas tellement plus loin, Shôhei Sasaki relativisant par le prisme des héros qui prônent l’amour et l’amitié, mais le fond apporté a pour mérite d’être raccord avec l’idée de base du titre. D’ailleurs, le mangaka cite La Planète des Singes : Les Origines en postface, le remake de 2011 de la saga de Science-Fiction bien connue qui a des thèmes communs. Il ne faudra cependant pas aller plus loin dans la comparaison, le ton et les ambitions des deux œuvres étant bien différents.

On notera le bon travail éditorial d’Akata pour cette courte série. En terme d’édition pure, ce premier gros pavé bénéficie d’un vernis sélectif des plus agréables sur la couverture, et d’un papier de bonne facture. Quant à la traduction, le texte de Jérôme Penet est efficace et s’adapte très bien au ton du titre. Pas de fausses notes, donc, le tout justifie ainsi le prix de 8€50.

La collection What The Fuck ?! d’Akata accueille donc un titre qui colle tout à fait au thème de la gamme. Sur ce premier tome, Virgin Dog Revolution se présente comme un nanar déjanté à souhait, sur fond de fausses thématiques écolo, le tout pour rendre la lecture plus barrée à chaque page tant les ficelles utilisées sont grossières... volontairement. Reste que ce tome pourrait se suffire à lui-même, aussi il y a de quoi être curieux à l’idée de découvrir un deuxième opus.


Critique 1

Un logo impactant et bien trouvé, des reliefs vernis, une créature à la grosse tête mi-humaine mi-canine qui intrigue, et un dos où le corps nu de cette même créature s'exhibe fièrement : le moins que l'on puisse dire, c'est que Virgin Dog Revolution, la nouvelle série WTF?! des éditions Akata, sait attirer l'oeil !
Conçue entre 2011 et 2013 par Shôhei Sasaki, un auteur plutôt discret (depuis ses débuts en 2004 il n'a que trois courtes séries à son actif au Japon, dont la dernière, Salmon, débutée en 2015, a l'air elle aussi bien barrée au vu de sa couverture), cette série bouclée en deux épais volumes (ce premier tome compte 250 pages) nous offre un pitch de départ joliment gratiné et digne de la fameuse collection de titres atypiques développée par l'éditeur.

Le tout commence pourtant avec des premières pages on ne peut plus normales, que l'on pourrait tout à fait trouver dans n'importe quel shôjo : Miku Hayase, 16 ans, a emménagé en ville au printemps et s'apprête à vivre son premier jour de cours dans son nouveau lycée ! Mais le réveil n'a pas sonné, elle risque d'être en retard, et il lui faut se dépêcher. Entre course dans la rue et petit déjeuner pris à l'arrache, les petits clichés sont là... pour mieux être défoncés. Courant sans regarder avant de traverser la route, Miku aperçoit un bolide arriver droit sur elle... Une voiture ? Un camion. Non non. Un chien géant qui la bouffe et la démembre en passant. Le ton est donné : VDR sera gore, bourrin et un brin gratuit sur ce point, mais aussi vecteur d'un humour qui apparaît dès ces premières planches (les lecteurs observateurs souriront volontiers en voyant l'ironie du petit panneau "Regardez la route avant de traverser !").

Mais qu'est donc ce chien géant boulottant les gens se trouvant sur son passage ? Hé bien, c'est Friender, le brave toutou de Sadao Inudo, un étrange bonhomme sorti de nulle part, mi-homme mi-chien, et déterminé à éradiquer l'espèce humaine qu'il estime nuisible à la planète et à la nature qu'il a trop spolié. Fort d'un pouvoir lui permettant de parler aux animaux et de les "éveiller", l'homme-chien puceau révolutionnaire se rend dans les locaux d'une chaine de télévision et, après avoir zigouillé tout le monde sauf une journaliste du nom de Yuri Honda, s'empare de l'antenne pour ordonner à tous les animaux de passer à l'attaque !
Tandis que la situation devient vite chaotique, Yuri Honda ne peut que se demander pourquoi elle a été épargnée. De son côté, Yûjin, ex-catcheur mais aussi copain de Yuri, assiste avec stupeur au discours télévisé d'Inudo... en qui il pense avoir reconnu l'un de ses anciens amis. Que lui est-il arrivé ? Une chose est sûre : le destin de l'humanité pourrait bien reposer sur les épaules de cet ancien catcheur et de la journaliste.

Les mots d'ordre de VDR pourraient être "tout dans l'excès" : sur une base de révolution sanglante joliment perchée, Shôhei Sasaki livre avant tout un récit mené tambour battant et ne faisant jamais dans la dentelle. Pour cela, le mangaka s'appuie sur un trait dense et noir, se voulant assez réaliste dans les instants plus calmes, mais totalement excessif dès que les personnages sont malmenés ou mis à mort dans de jolies gerbes de sang. Sur ce dernier point, on peut donner la mention spéciale à certaines doubles-pages percutantes ! Le mélange de réalisme poussé et d'expressions faciales excessives se ressent aussi parfaitement dans le design de Sadao, assez bluffant dans son genre. L'humour, lui, n'est pas forcément toujours évident à appréhender, car globalement il se veut très noir, un brin cynique... mais il sait aussi offrir quelques purs moments sadiques via certaines morts particulièrement grotesques, à l'image d'un homme se retrouvant avec un canard planté dans l'oeil.

Pourtant, en lisant entre les lignes, VDR est loin de se limiter à de la simple révolution sanglante et brutale, notamment parce que Shôhei Sasaki en profite pour se moquer de certains comportements et de certaines tares, à l'image du directeur de chaine voyant dans le chaos ambiant une bonne opportunité de faire de l'audience, des émissions télévisées ridiculisant les gens sous prétexte d'humour décérébré (coucou Cyril Hanouna), de la pseudo-écologiste retournant vite sa veste pour essayer de s'en sortir égoïstement, des mémères à chiens affublant d'habits ridicules leurs boules de poils... et, surtout, de tout ce qui tourne autour de ce qui a conditionné Sadao dans sa haine envers les humains. Car ses ambitions sont-elles réellement le fruit d'idées écolo, ou trouvent-elles des causes plus personnelles ? Au fil des pages et de ce qu'on découvre du passé du personnage et de ses liens avec Yuri et Yûjin, on découvre un jeune homme étonnamment humain avec ce que ça implique de mauvais et de bon : certes impardonnable et par certains aspects agaçant, mais compréhensible et attachant dans son genre, et qui fut surtout le fruit de certaines cruautés et d'un regard sur lui-même assez dur (manque de confiance quand il était jeune, assumant difficilement sa virginité...).

Malgré tout, certains aspects de la lecture tendent à frustrer pour le moment, essentiellement autour de ce qui a amené Sadao à devenir ainsi. Comment s'est-il retrouvé avec ce visage atypique ? Avec ces griffes à la place des ongles ? Avec cette force lui permettant de décapiter quelqu'un à mains nues ? Et d'où sort Friender, ce chien géant plus grand qu'un cheval ? Autant de questions sur lesquelles l'auteur ne cherche jamais vraiment à intriguer, mais que l'on ne peut s'empêcher de se poser. Reste à voir s'il y aura des réponses dans le deuxième et dernier tome, ou si ce sera au lecteur de se faire ses propres idées.

En en parlant du deuxième tome, on se demande fortement ce qu'il pourra bien raconter, puisque ce premier volume pourrait presque se suffire à lui-même. Une chose est sûre : le ton bien bourrin et excessif et présent jusqu'à la toute fin, où l'on peut se dire que d'une certaine manière Sadao a enfin perdu sa virginité...

Pour le reste, au-delà de la jaquette dont on a déjà parlé, Akata livre une très chouette édition, portée par une traduction efficace de Jérôme Penet, mais aussi par l'immersif travail sur les onomatopées typique de l'éditeur. Le papier est bien épais sans être trop rigide, et l'impression est nickel.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs